Les ministres de l'Environnement des 27 États membres de l'Union européenne se réunissent ce jeudi 27 mars 2025 à Bruxelles pour un Conseil Environnement crucial. Cette réunion intervient dans un contexte marqué par l'incertitude concernant les objectifs climatiques de l'UE pour 2040, dont la proposition a été officiellement reportée au-delà du premier trimestre 2025.

Présidé par Paulina Hennig-Kloska, ministre polonaise du Climat et de l'Environnement, ce Conseil doit notamment aborder la dimension environnementale du "Clean Industrial Deal", une initiative visant à concilier ambition climatique et compétitivité industrielle européenne [1].

Un ordre du jour chargé centré sur le Clean Industrial Deal

Selon le programme indicatif publié par le Conseil de l'UE, la session de ce matin est principalement consacrée à la dimension environnementale du Clean Industrial Deal. Cette initiative, récemment mise en avant par la Commission européenne, vise à réaffirmer l'engagement de l'UE dans la mise en œuvre du Pacte vert européen tout en garantissant la compétitivité des industries européennes.

D'autres points importants sont également à l'ordre du jour, notamment l'efficacité du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (CBAM), les mécanismes de stabilisation des prix des quotas d'émission, ainsi que les expéditions transfrontalières de déchets. Les ministres doivent également discuter des politiques environnementales mondiales cet après-midi.

Le Conseil doit se terminer par une conférence de presse prévue vers 17h00, durant laquelle seront présentées les conclusions de cette journée de discussions.

Un contexte marqué par le report des objectifs climatiques pour 2040

Cette réunion ministérielle se tient dans un contexte particulier, alors que la Commission européenne a annoncé le 21 mars dernier le report de sa proposition d'objectif climatique à l'horizon 2040. Initialement prévue pour le premier trimestre 2025, cette proposition a rencontré des oppositions parmi certains États membres, réticents à l'idée de soutenir l'objectif de réduction de 90% des émissions nettes de gaz à effet de serre d'ici 2040.

Ce report intervient également alors que l'UE, comme la plupart des pays du monde, n'a pas respecté le délai de février 2025 pour soumettre à l'ONU son plan climatique pour 2035, censé être établi sur la base de l'objectif 2040 du bloc européen.

La Coalition pour une ambition plus élevée, qui regroupe des organisations d'entreprises européennes, des réseaux de villes, des gouvernements régionaux et des organisations de la société civile, a récemment appelé les dirigeants européens à s'engager à réduire leurs émissions nettes nationales d'au moins 90% d'ici 2040 et à soumettre sans délai une ambitieuse contribution déterminée au niveau national (CDN) [2]. Dans une déclaration signée le 13 mars 2025, la coalition souligne l'importance d'une vision claire pour 2040 afin de fournir un cadre stable qui permettra de mobiliser les investissements nécessaires à la transformation de l'économie européenne.

Des enjeux cruciaux à l'approche de la COP30

Les décisions qui pourraient être prises lors de ce Conseil Environnement revêtent une importance particulière à l'approche de la COP30, prévue en novembre 2025 au Brésil. L'Union européenne, traditionnellement à l'avant-garde des ambitions climatiques internationales, est aujourd'hui attendue sur sa capacité à maintenir son leadership dans ce domaine.

Certains analystes craignent qu'un manque d'ambition ou un retard supplémentaire dans la définition des objectifs climatiques européens puisse compromettre les négociations internationales, d'autant plus dans un contexte géopolitique tendu marqué par le retrait des États-Unis de l'Accord de Paris.

"Faire progresser la collaboration bilatérale de l'UE sur l'action climatique avec d'autres pays, notamment par le biais d'une CDN ambitieuse et d'un financement équitable, est essentiel pour le progrès mondial", soulignait la Coalition pour une ambition plus élevée dans sa déclaration du 13 mars, ajoutant que "Piloter l'agenda international pour une transition juste aux côtés de la présidence brésilienne de la COP30 renforcera la crédibilité de l'UE en tant que partenaire équitable et fiable".

Les conclusions de ce Conseil Environnement seront donc scrutées de près par les observateurs et acteurs de la politique climatique internationale, dans l'espoir d'y déceler des signaux encourageants concernant l'ambition climatique européenne à moyen et long terme.