Un seuil symbolique franchi en mars 2025
Selon le rapport publié le 4 avril 2025 par le think tank Ember [1], les États-Unis ont atteint un jalon inédit dans leur transition énergétique. Pour la première fois depuis le début des relevés, les centrales à combustibles fossiles ont produit moins de la moitié de l'électricité nationale au cours du mois de mars 2025.
Les données horaires de l'Energy Information Administration (EIA), analysées par Ember, révèlent que le charbon et le gaz naturel n'ont contribué qu'à 49,2 % du mix électrique. Les énergies renouvelables et le nucléaire ont quant à eux fourni 50,8 % de la production totale, marquant un basculement structurel dans le paysage énergétique de la première économie mondiale.
L'essor conjoint du solaire et de l'éolien
Ce renversement s'explique principalement par la croissance exponentielle des énergies intermittentes. Le solaire a enregistré une progression annuelle de 37 % par rapport à mars 2024, générant 8,3 térawattheures (TWh) supplémentaires. L'éolien a pour sa part augmenté de 12 %, ajoutant 5,7 TWh à la production nationale.
Ensemble, ces deux technologies ont atteint un pic de 83 TWh sur le mois, soit 24,4 % de l'électricité américaine. Cette performance dépasse de 11 % le précédent record établi en avril 2024, selon l'analyse croisée des données fédérales et des projections d'Ember.
Le rapport souligne que cette dynamique s'inscrit dans une tendance de long terme. En mars 2015, les énergies fossiles représentaient encore 65 % de la production électrique contre seulement 5,7 % pour l'éolien et le solaire combinés. En une décennie, la part des renouvelables variables a donc plus que quadruplé.
Cette accélération repose sur des investissements massifs dans les capacités de production. L'EIA anticipe une augmentation de 32 gigawatts (GW) de puissance solaire installée en 2025, portant la croissance annuelle de la production photovoltaïque à 33 % [2].
Le développement rapide des renouvelables s'accompagne d'une baisse structurelle de la demande en charbon (-8,5 % sur un an) et en gaz naturel (-1,2 %). Malgré une hausse globale de la consommation électrique liée aux data centers, les fossiles ne parviennent plus à maintenir leur part de marché.
Les experts d'Ember soulignent que ce basculement n'est pas conjoncturel mais traduit une transformation profonde du système énergétique. Les projections indiquent que les renouvelables devraient représenter plus de 60 % de la croissance de la production électrique d'ici 2030.
Ce tournant intervient dans un contexte de forte volatilité des prix du gaz naturel et de durcissement des normes environnementales fédérales. Plusieurs États ont par ailleurs accéléré leurs plans de sortie du charbon, anticipant les nouvelles régulations sur les émissions de CO₂.
La transition énergétique américaine montre ainsi qu'il est possible de concilier sécurité d'approvisionnement et décarbonation, même pour une économie de cette envergure. Ce succès pourrait inspirer d'autres grandes puissances industrielles dans leur propre transition.