Une vague de chaleur exceptionnelle débute ce mardi 13 mai 2025 au Texas, marquant l'un des épisodes caniculaires les plus précoces et les plus intenses jamais enregistrés dans cet État américain. Selon les analyses scientifiques de Climate Central, cette canicule précoce porte clairement la signature du changement climatique, qui en a considérablement augmenté la probabilité et l'intensité.[1]
Le Service météorologique national américain qualifie cet épisode de "l'un des changements de température saisonniers les plus dramatiques et précoces de l'histoire de l'État". Les températures devraient grimper entre 10°C et 25°C au-dessus des moyennes saisonnières dans la majeure partie du Texas, avec des pics atteignant 38°C à 41°C (100°F à 105°F) dans les régions centrales et méridionales dès aujourd'hui.
La chaleur atteindra son paroxysme demain, mercredi, lorsque les températures pourraient dépasser les 43°C (110°F) dans le sud-ouest du Texas. Des records de température quotidiens devraient être battus dans plusieurs villes, et certains records historiques de chaleur pour le mois de mai pourraient également être dépassés entre aujourd'hui et vendredi.
Un événement exceptionnel amplifié par le changement climatique
L'analyse réalisée par Climate Central démontre sans équivoque le rôle du changement climatique dans cet événement extrême. L'organisation a utilisé son indice de changement climatique (Climate Shift Index ou CSI) pour évaluer l'influence du réchauffement d'origine humaine sur cette vague de chaleur. Les résultats sont sans appel.
Plusieurs villes texanes, dont Austin, San Antonio, Waco et Laredo, devraient atteindre un niveau CSI de 5 pendant au moins une journée entre le 13 et le 16 mai. Ce niveau 5, le plus élevé de l'échelle, indique un événement climatique exceptionnel qui aurait été extrêmement rare, voire impossible, sans le réchauffement climatique causé par les activités humaines.
Au total, 9,2 millions de personnes au Texas seront exposées à un niveau CSI 5 durant cet épisode. Plus impressionnant encore, 23,8 millions de personnes - soit 76% de la population de l'État - subiront au moins une journée avec un niveau CSI d'au moins 3, indiquant que le changement climatique a rendu cette chaleur au moins trois fois plus probable qu'elle ne l'aurait été naturellement.
Des risques sanitaires majeurs liés à la précocité de l'événement
Le Service météorologique national a classé cet événement comme présentant un risque "majeur à extrême" pour la santé, en grande partie à cause de son caractère très précoce. En effet, les organismes n'ont pas encore eu le temps de s'acclimater aux fortes chaleurs, ce qui augmente considérablement les risques d'épuisement et de coup de chaleur.
Ce type de chaleur extrême survient généralement par courtes périodes en juillet ou août au Texas. Son apparition dès la mi-mai est particulièrement inhabituelle et dangereuse. Les risques sanitaires comprennent l'épuisement par la chaleur et des coups de chaleur potentiellement mortels, particulièrement pour les travailleurs en extérieur dans les secteurs de l'agriculture ou de la construction.
Le phénomène météorologique est causé par un système de haute pression situé au-dessus du Mexique, combiné à un vaste système de basse pression au-dessus du nord des États-Unis, ce qui canalise un air chaud et sec vers le Texas. Bien que ces configurations météorologiques puissent se produire naturellement, leur intensité et leur fréquence sont désormais amplifiées par le réchauffement climatique global.
L'événement illustre une tendance inquiétante observée ces dernières années : l'apparition de plus en plus précoce des vagues de chaleur extrême, et leur intensification progressive. Ce qui était auparavant considéré comme exceptionnel devient progressivement la nouvelle norme sous l'effet du changement climatique.
Vers une nécessaire adaptation
Cette canicule précoce souligne l'urgence d'accélérer les mesures d'adaptation au changement climatique. En France, le Plan National d'Adaptation au Changement Climatique (PNACC3) publié en mars 2025 prévoit justement 52 mesures pour adapter les territoires aux effets déjà perceptibles du réchauffement.[2]
Si les événements extrêmes comme celui qui touche actuellement le Texas devenaient plus fréquents à l'échelle mondiale, les systèmes de santé, les infrastructures urbaines et les modes de vie devront évoluer rapidement. Les périodes traditionnelles de chaleur estivale s'allongent, commencent plus tôt et peuvent atteindre des intensités sans précédent.
L'événement texan constitue un signal d'alarme supplémentaire pour la communauté internationale, alors que les efforts pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C semblent de plus en plus compromis. La multiplication de ces phénomènes extrêmes illustre concrètement les conséquences déjà visibles du changement climatique et l'urgence d'une action climatique ambitieuse.
Les scientifiques continueront de surveiller cet événement au Texas au-delà du 16 mai, car la vague de chaleur pourrait se prolonger. Climate Central a mis en place une carte interactive de l'indice de changement climatique mondial pour permettre un suivi en temps réel de l'influence du réchauffement sur les températures locales.