Le gouvernement français a officiellement lancé ce vendredi 23 mai 2025 une concertation publique nationale d'envergure intitulée "Agir pour restaurer la nature". Cette initiative, annoncée par Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, lors de son déplacement dans le Pas-de-Calais, marque une étape majeure dans la lutte contre l'effondrement de la biodiversité en France.

Cette concertation s'inscrit dans le cadre du Règlement européen pour la restauration de la nature, adopté le 24 juin 2024, qui impose à chaque État membre de l'Union européenne d'élaborer un plan national ambitieux pour la restauration des écosystèmes. La France doit ainsi transmettre son plan à la Commission européenne en septembre 2026, avec des objectifs précis à l'horizon 2050 et des étapes intermédiaires en 2030 et 2040.

L'enjeu est considérable : il s'agit de restaurer au moins 20% des écosystèmes terrestres et marins d'ici 2030, conformément à l'accord de Kunming-Montréal signé en 2022. Cette ambition répond à l'urgence environnementale actuelle, alors que de nombreux milieux naturels sont fragilisés par l'artificialisation des sols, la surexploitation et la pollution.

Le plan national français ciblera spécifiquement plusieurs types d'habitats naturels identifiés comme prioritaires pour la conservation de la biodiversité européenne. Il s'agira notamment des milieux agro-pastoraux comme les prairies et pelouses, des milieux forestiers, des landes et fourrés, des milieux rocheux et dunaires, ainsi que des rivières, lacs et milieux humides.

Une démarche participative de trois mois

La concertation publique se déroulera sur une période de trois mois, du 23 mai au 23 août 2025, sous la supervision de trois garants désignés par la Commission nationale du débat public (CNDP) : Floran Augagneur, Anne Berriat et Dominique de Lauzières. Ces garants veilleront à la qualité, l'impartialité et la transparence de toute la démarche.

Les citoyens français pourront participer selon plusieurs modalités complémentaires. Un volet numérique sera proposé via un site internet dédié [1], des webinaires thématiques et un forum participatif permettant les échanges entre participants. En parallèle, des événements en présentiel seront organisés sur l'ensemble du territoire.

Ces rencontres physiques prendront notamment la forme d'événements régionaux baptisés "La nature près de chez vous" et de débats locaux. L'objectif est d'amener chaque citoyen à s'interroger sur les enjeux de biodiversité dans son environnement immédiat et à contribuer aux réflexions sur les priorités d'action.

La concertation s'articulera autour de trois axes de réflexion fondamentaux : où restaurer en définissant les priorités territoriales, comment restaurer en identifiant les leviers d'action les plus efficaces, et pourquoi restaurer en précisant le niveau d'ambition souhaité pour la France.

Un enjeu de cohérence avec la stratégie nationale

Ce plan de restauration sera élaboré en cohérence avec la Stratégie nationale biodiversité 2030 adoptée fin 2023, qui constitue le volet biodiversité de la planification écologique française. Cette stratégie prévoit déjà de nombreuses actions de protection et de restauration, ainsi qu'un important volet de mobilisation citoyenne qui contribuera aux objectifs européens.

L'initiative gouvernementale reconnaît que la nature rend de nombreux services essentiels à la société française. La santé publique, l'économie nationale et la capacité d'adaptation aux effets du changement climatique dépendent étroitement de l'état des milieux naturels et des espèces qui les habitent, qu'ils soient marins, aquatiques, forestiers, urbains ou agricoles.

Bien que certains écosystèmes soient aujourd'hui fragilisés, le gouvernement souligne que de nombreuses initiatives locales existent déjà pour redonner vitalité et richesse aux milieux naturels. Le plan national visera à amplifier et coordonner ces efforts dans un cadre cohérent à l'échelle du territoire.

Cette concertation représente donc une opportunité unique pour les citoyens français de participer directement à la définition des priorités environnementales nationales [2] et de contribuer concrètement à la lutte contre l'effondrement de la biodiversité.