Les synergies entre élevage et biodiversité pour une agriculture durable

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Les synergies entre élevage et biodiversité pour une agriculture durable

Introduction

Quand on parle d'élevage aujourd'hui, on en a souvent une vision simpliste : d'un côté, les fermes intensives accusées de polluer et détruire les écosystèmes, et de l'autre, les élevages extensifs vus comme bucoliques et respectueux de la nature. Mais dans la réalité, tout n'est pas si binaire. L'élevage peut carrément devenir un allié précieux dans la protection et même la restauration de la biodiversité, à condition évidemment de faire les choses bien.

On entend souvent que la biodiversité est menacée par l'agriculture. Sauf que certains systèmes d'élevage jouent précisément un rôle inverse. Prends les prairies permanentes, ces espaces entretenus par des troupeaux en pâturage : ils accueillent une diversité incroyable de plantes, d'insectes, d'oiseaux et même de petits mammifères. Sans ces troupeaux, beaucoup de ces milieux seraient envahis par la forêt ou le maquis, et cette biodiversité typique disparaîtrait tout simplement.

Attention toutefois, il ne suffit pas d'avoir trois vaches qui se baladent pour préserver la biodiversité. Ça implique plutôt de repenser complètement certaines pratiques agricoles, avec des approches telles que l'agroforesterie, le pâturage tournant dynamique ou encore les systèmes associant polyculture-élevage. Ça peut paraître technique, mais l'idée derrière est simple : trouver un équilibre entre production animale rentable et maintien des écosystèmes naturels.

Bien sûr, ce portrait serait incomplet si on ne parlait pas aussi des conséquences négatives, énormes, de l'élevage intensif. Uniformisation génétique des pâturages, pollution des eaux, perte d'habitats… les impacts négatifs sont bien réels. La clé, c'est apprendre à distinguer les systèmes qui détruisent et ceux qui, au contraire, rétablissent et entretiennent les équilibres naturels.

Bref, un élevage bien pensé et résolument durable n'est pas seulement compatible avec la biodiversité : il en devient carrément incontournable.

60 des races locales sont menacées d'extinction

La préservation des races locales est essentielle pour maintenir la diversité génétique et culturelle en élevage.

50 %

L'élevage occupe une part importante des terres agricoles, ce qui souligne l'importance de pratiques durables.

68% des espèces menacées en Europe sont liées aux prairies

Les prairies entretenues par l'élevage contribuent à la préservation de la biodiversité en Europe.

80% de la biodiversité terrestre dépend des écosystèmes forestiers

L'agroforesterie, combinant arbres et cultures, peut favoriser la biodiversité et lutter contre le changement climatique.

L’élevage et ses liens avec la biodiversité

Définitions et concepts clés

Quand on parle de biodiversité, on parle tout simplement de la variété des espèces (animaux, plantes, champignons, microorganismes), mais aussi des variations génétiques au sein de ces espèces et des différents écosystèmes qu'elles habitent. Plus concrètement, ça veut dire des vaches Aubrac adaptées aux causses calcaires, des brebis Manech habituées au climat basque ou des prairies très diversifiées en fleurs et insectes.

L'élevage extensif ou pastoral consiste à laisser les animaux pâturer sur de grands espaces naturels comme les prairies permanentes, steppes ou alpages, avec une faible densité en bétail. Ce type d'élevage permet souvent à la biodiversité locale de mieux respirer, car il préserve les habitats.

À l'inverse, l'élevage intensif concentre un maximum d'animaux sur de petites surfaces ou en bâtiment. Là, il n'est plus question d’utiliser les ressources naturelles directement : on importe généralement la nourriture sous forme d'aliments concentrés, produits ailleurs. Résultat : pression accrue sur les terres agricoles, dégradation des sols, pollution des nappes phréatiques par excès de nitrates (ce qu’on appelle d'ailleurs la pollution diffuse).

Le concept d'agroécologie fait beaucoup parler de lui ces dernières années. L'idée, c'est de concevoir une agriculture qui s'inspire des écosystèmes naturels pour produire mieux, tout en respectant la biodiversité. Ça signifie par exemple marier cultures et élevage sur une même exploitation (la fameuse polyculture-élevage) pour recycler les ressources disponibles ou encore planter des arbres en plein pâturage : c’est ça qu'on appelle l'agroforesterie pastorale.

Enfin, le concept de services écosystémiques est utile pour comprendre pourquoi préserver la biodiversité vaut vraiment le coup pour l'être humain. Ces services regroupent tout ce que les écosystèmes nous apportent gratuitement : pollinisation, qualité de l'eau, stockage de carbone, régulation naturelle des nuisibles, fertilité des sols... Une ferme qui préserve son écosystème rend de nombreux services gratuits. Parfois même plus que ce qu'on obtiendrait avec des produits chimiques ou des techniques ultra-mécanisées.

Évolution historique des pratiques

Jusque dans les années 1950, l'élevage reposait essentiellement sur des méthodes extensives, avec des troupeaux libres de circuler et des paysans qui valorisaient surtout les races locales adaptées au terroir. La révolution verte des années 60-70 a tout chamboulé : place au productivisme et à l'industrialisation. On se met alors à miser sur un nombre réduit de races à forte rentabilité, comme la Prim'Holstein en production laitière, ou la charolaise et limousine pour la viande bovine. Ces races deviennent dominantes : en France aujourd'hui, trois quarts des vaches laitières appartiennent ainsi à la race Prim'Holstein, ce qui pose des questions de fragilité génétique.

Avec la création de grandes exploitations intensives, on bascule également vers une forte dépendance aux engrais chimiques et aliments importés. Résultat concret : depuis 1955, en France, les prairies permanentes ont reculé de plus de 30 %, laissant davantage place à des cultures intensives de maïs destiné à l’alimentation animale. Mais depuis une vingtaine d'années, on observe un virage discret mais réel. Petit à petit, certains agriculteurs reviennent à une approche plus extensive, réintroduisent des anciennes races rustiques, comme la brebis solognote ou la vache maraîchine, et réapprennent les techniques pastorales traditionnelles. Un moyen de répondre aux enjeux environnementaux, mais aussi de valoriser économiquement les produits fermiers de qualité grâce aux labels comme Appellation d'Origine Protégée (AOP) ou Label Rouge, de plus en plus appréciés par les consommateurs.

Synergies entre élevage et biodiversité
Synergie Exemple Impact sur la biodiversité Bénéfices pour l'élevage
Gestion des prairies Rotation du pâturage Maintien des écosystèmes prairiaux, protection des sols Amélioration de la qualité de l'herbe, santé animale
Haies et infrastructures agroécologiques Plantation de haies champêtres Abri et corridors pour la faune, lutte contre l'érosion Protection contre le vent, climat micro-local pour les cultures
Agroforesterie Arbres en système silvo-pastoral Diversification des habitats, séquestration du carbone Ombre pour les animaux, réduction du stress thermique
Conservation des races locales Élevage de races rustiques Préservation de la diversité génétique animale Adaptation aux conditions locales, résilience

Les bienfaits de l'élevage pour la biodiversité

Préservation des races et espèces locales

Sélection génétique et biodiversité animale

La sélection génétique dans l'élevage, ça peut être un super levier pour renforcer la biodiversité animale, mais à condition de bien s'y prendre. Aujourd'hui, on mise trop souvent sur quelques races ultra-productives, et résultat : on perd des races locales qui étaient plus adaptées aux conditions locales. Prenons l'exemple de la vache Maraîchine, originaire des marais de l'ouest de la France. Moins productive en litres de lait qu'une Prim'Holstein, elle est pourtant géniale pour les milieux humides. Elle aide à maintenir ouverts les marais, favorise la diversité végétale et accueille plein d'espèces d'oiseaux comme la barge à queue noire ou le râle des genêts.

Pour préserver tout ça, il faudrait que les éleveurs renouvellent un peu leur approche. Plutôt que de viser uniquement la quantité de viande ou de lait, intégrer d'autres critères comme la capacité d'adaptation climatique, la résistance aux maladies ou l'aptitude à valoriser certaines ressources alimentaires locales peut changer la donne pour la biodiversité. Des programmes comme celui mené pour le mouton Mérinos d'Arles, rustique, capable de pâturer efficacement la garrigue provençale, montrent que ça marche bien. Ce type de race hyper-adaptée limite aussi les interventions humaines type médicaments ou apports alimentaires extérieurs.

La bonne pratique côté sélection génétique : penser diversité au lieu de rendement max. Garder plein de races différentes et adaptées à chaque terroir préserve un immense réservoir de gènes utiles pour demain, au cas où les conditions climatiques changeraient encore davantage. Ça, c'est intelligent et durable pour tout le monde, animaux comme éleveurs.

Protection des savoir-faire traditionnels

De nombreux savoir-faire agricoles traditionnels permettent de préserver des races locales particulièrement bien adaptées à leur environnement. Pour exemple, l'élevage pastoral transhumant dans les Pyrénées, pratiqué depuis des siècles, entretient les estives tout en préservant une biodiversité exceptionnelle de plantes et insectes. Même principe avec l’élevage bovin extensif en zone humide (comme la race maraîchine dans le Marais poitevin), très efficace pour maintenir ouvert le paysage et préserver des micro-habitats précis pour de nombreuses espèces d'oiseaux aquatiques. Conserver et valoriser ces méthodes, grâce notamment à des cahiers des charges précis comme les Indications Géographiques Protégées (IGP) ou les Appellations d’Origine Protégée (AOP), permet de soutenir économiquement les éleveurs attachés à ces pratiques. Encourager l’éducation sur le terrain auprès de jeunes agriculteurs par des échanges avec des anciens maîtres éleveurs peut aussi concrètement transmettre ces savoirs spécifiques, évitant leur disparition à chaque génération.

Maintien et entretien des écosystèmes ouverts

Peuplement végétal et richesse floristique

L’élevage extensif sur prairies naturelles permet souvent l'émergence d'une flore diversifiée et parfois rare. Par exemple, dans le Massif Central, certaines exploitations pratiquant un pâturage léger ont permis de préserver des plantes menacées comme l'arnica des montagnes ou certaines espèces d'orchidées sauvages. Une pression modérée exercée par les animaux domestiques évite l’enfrichement rapide tout en empêchant les espèces végétales les plus compétitives de tout monopoliser. Résultat : on obtient un équilibre sympa, où les espèces fragiles trouvent leur place et prospèrent.

Inversement, quand l’élevage est trop intensif, on assiste souvent à une réduction radicale de la diversité des végétaux. Les espèces résistantes au piétinement et à la fertilisation excessive comme le ray-grass anglais finissent par prendre le dessus, réduisant les possibilités pour d’autres plantes plus fragiles mais indispensables à la biodiversité comme le trèfle violet ou le lotier.

Un truc concret : encourager des pratiques simples comme étaler dans le temps la venue des animaux, réduire la densité de bétail ou varier les espèces présentes au pâturage permet directement d’augmenter la richesse floristique. Certaines mesures faciles comme laisser simplement au repos certaines parcelles à tour de rôle chaque saison font très vite la différence côté végétation.

Habitat favorable à la faune sauvage

Les pâtures entretenues par les troupeaux offrent souvent un refuge essentiel à la faune locale, notamment pour certains oiseaux comme la pie-grièche écorcheur ou le courlis cendré qui nichent dans des prairies ouvertes à herbage court. Ces terrains de pâturage diversifiés, avec des zones plus ou moins hautes, créent une variété d'abris et de cachettes pour des espèces comme les lièvres ou les perdrix. Par exemple, préserver des haies bocagères ou des arbres éparpillés au milieu des prairies permet aux hérissons, fouines et autres petits mammifères de circuler en sécurité et d'avoir un habitat privilégié. Éviter de faucher systématiquement toutes les parcelles en même temps, c'est aussi une astuce toute simple pour laisser de quoi se nourrir et se reproduire à plein d'insectes pollinisateurs ou papillons rares. Un élevage bien pensé, ça transforme assez vite une prairie monotone en véritable îlot de diversité pour la faune sauvage.

Agriculture Durable : Biodiversité Agricole
Agriculture Durable : Biodiversité Agricole

70%

Part de la pollution de l'eau en France issue de l'agriculture

Dates clés

  • 1972

    1972

    Conférence des Nations Unies à Stockholm : première conférence internationale sur l'environnement ouvrant la voie aux réflexions sur les liens entre agriculture, biodiversité et développement durable.

  • 1980

    1980

    Création du concept d'agroforesterie moderne intégrant de manière formelle arbres, cultures et élevage, valorisant ainsi les synergies entre biodiversité et pratiques agricoles.

  • 1992

    1992

    Sommet de la Terre de Rio : adoption de la Convention sur la diversité biologique, engagement mondial majeur pour préserver la biodiversité et encourager des systèmes agricoles durables.

  • 2001

    2001

    Reconnaissance officielle du terme 'agriculture multifonctionnelle' par l'OCDE, mettant en avant les rôles environnementaux et sociaux de l'agriculture, y compris l'élevage.

  • 2005

    2005

    Publication du rapport Millenium Ecosystem Assessment : premier rapport d'envergure mondiale soulignant l’importance des services écosystémiques et les impacts des systèmes agricoles sur la biodiversité.

  • 2012

    2012

    Conférence Rio+20 : adoption de nouvelles orientations mondiales vers une agriculture durable respectueuse des écosystèmes, précisant les liens existants entre biodiversité et élevage durable.

  • 2015

    2015

    Adoption par l’ONU des Objectifs de Développement Durable (ODD), incluant spécifiquement le développement d'une agriculture durable et la préservation de la biodiversité.

  • 2018

    2018

    Rapport IPBES sur la dégradation des terres évaluant les interactions entre élevage intensif, pollution des sols et perte de biodiversité, remettant en perspective les pratiques agricoles.

  • 2021

    2021

    Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes (2021-2030), appel mondial à intégrer davantage la biodiversité au sein des espaces agricoles, notamment dans les systèmes d’élevage.

Les pratiques agricoles favorisant la biodiversité

Le pâturage tournant dynamique

Principe et fonctionnement

Le pâturage tournant dynamique, ça consiste concrètement à diviser les parcelles de pâturage en petites zones (souvent appelées paddocks) et à y déplacer régulièrement le bétail. Sur chaque paddock, les animaux restent généralement entre 1 et 3 jours maxi—tout dépend de la croissance de l'herbe, de la taille du cheptel et de la météo. L'objectif, c'est vraiment d'avoir une pression de pâturage intense pendant une courte période, suivie d'une longue phase de repos qui va permettre à l'herbe de repousser tranquillement.

Pour faire ça bien, il faut observer de près la hauteur et la repousse du couvert végétal. L'idéal, c'est une hauteur d'entrée autour de 10-15 cm selon les prairies, et une sortie vers 5-6 cm. Ça garantit que les graminées dominent et pousse vite, tout en limitant les adventices (plantes indésirables quoi !) et en préservant la diversité floristique. Autre point clé, c'est l'eau : chaque paddock doit avoir un point d'eau facilement accessible aux animaux pour éviter piétinement excessif et dégradation des sols à proximité.

Concrètement, certains éleveurs de vaches laitières, comme en Normandie ou en Bretagne, déplacent leur troupeau jusqu'à deux fois par jour en période de pousse rapide (souvent au printemps). Ce rythme très cadencé booste vraiment la repousse des herbes et la qualité nutritive du fourrage par rapport au pâturage en parcelle unique, moins structuré. Un exemple connu en France c'est la ferme expérimentale du lycée agricole du Rheu (Bretagne), qui utilise ce système avec succès depuis plusieurs années maintenant : ils y ont réduit leur recours aux compléments concentrés tout en améliorant la biodiversité sur leurs parcelles.

Ce système demande un peu plus d'organisation et d'attention dans la rotation, mais une fois qu'on a pris le pli, les gains sont nets en rendement fourrager, amélioration du sol et biodiversité.

Avantages pour les sols et la biodiversité

La pratique du pâturage tournant dynamique permet aux sols de récupérer naturellement : en laissant une parcelle au repos suffisamment longtemps, les plantes ont le temps de former des systèmes racinaires plus profonds, ce qui améliore la structure du sol et booste sa fertilité. Concrètement, ça donne une meilleure pénétration de l'eau, moins d'érosion et une vie biologique beaucoup plus riche, notamment en vers de terre, champignons et bactéries utiles.

Côté biodiversité, le bénéfice est palpable : les variations de hauteur et de densité végétales, dues à cette rotation rapide, offrent une grande variété d'habitats pour une foule de petites bestioles utiles comme les insectes pollinisateurs, les araignées prédatrices ou certains coléoptères. Un exemple concret, ce sont les coléoptères coprophages—en clair, les scarabées bousiers—très utiles pour décomposer les déjections animales rapidement, ce qui réduit les parasites présents dans les pâtures.

Sur certaines fermes expérimentales en Bretagne et dans le Massif Central, les agriculteurs qui sont passés à ce mode de pâturage ont constaté après quelques saisons une augmentation franche de la diversité végétale sur leurs prairies : en moyenne, environ 15 à 20 espèces végétales supplémentaires par hectare peuvent apparaître spontanément grâce à cette technique.

L'agroforesterie

Mise en œuvre dans les systèmes d’élevage

L'agroforesterie en élevage, concrètement, ça consiste à associer arbres, haies ou arbustes aux pâturages destinés aux animaux. Par exemple, on plante des essences locales résistantes, style chêne, noyer, érable champêtre ou arbres fruitiers, directement dans les champs où pâturent vaches, moutons ou poules. Pour que ça marche bien, une densité de plantation de 30 à 80 arbres par hectare est souvent suffisante pour équilibrer production et environnement.

On peut aussi créer des haies multi-espèces autour ou au sein des parcelles de pâturage. Dans le bocage vendéen ou normand, par exemple, les agriculteurs utilisent des haies vives composées d’aubépines, sureaux, prunelliers et noisetiers, qui limitent l'érosion et offrent gîte et couvert à plein d'insectes, d'oiseaux et de petits mammifères.

Autre méthode efficace : planter en bandes espacées (entre 10 à 30 mètres selon la taille du champ et l’élevage), en mélangeant arbres fruitiers et feuillus productifs pour du bois-énergie ou d'œuvre. Ça crée des zones d'ombres appréciées par les animaux, ça coupe le vent, et du coup, ça limite le stress thermique du bétail.

En pratique, mieux vaut choisir des arbres adaptés à la région, résistants, qui poussent bien et qui n'ont pas besoin de soins intensifs. Un bon plan : intégrer les animaux progressivement pour leur laisser apprendre à respecter les jeunes plantations. Au démarrage, il faut protéger les jeunes pousses avec des gaines de protection ou des clôtures temporaires. Au bout de quatre ou cinq ans, quand les arbres deviennent suffisamment solides, les animaux peuvent circuler librement.

Dans le Gers et le Tarn, certains éleveurs associent troupeaux de volailles ou brebis avec la plantation de mûriers blancs ou de châtaigniers. Les feuilles servent même de complément alimentaire naturel aux animaux, ce qui réduit les coûts d’alimentation.

Bref, pas de formule magique, mais une approche réfléchie : des arbres adaptés, une plantation soignée avec une gestion progressive des animaux, et tu obtiens un élevage agroforestier qui roule !

Intérêts écologiques et économiques

L'agroforesterie intégrée à l'élevage permet à la ferme d’améliorer sa résilience écologique tout en boostant ses revenus économiques. Côté écologie, planter des arbres dans les pâtures améliore directement la fertilité du sol : racines profondes, meilleure infiltration d’eau, moins d'érosion. Par exemple, selon l’INRAE, une parcelle agroforestière peut capturer jusqu’à 5 tonnes de CO2 par hectare et par an, contribuant concrètement à la lutte contre le changement climatique au niveau local.

Les arbres offrent aussi un habitat concret à quantité d'espèces sauvages locales (oiseaux, insectes pollinisateurs, petits mammifères). Une étude menée en France indique que dans des prairies arborées, la biodiversité aviaire est multipliée par quatre par rapport à celles sans arbres.

Du côté portefeuille, les arbres agroforestiers génèrent des bénéfices pratiques directs : production de bois de chauffage, de fruits ou de fourrage supplémentaire utilisable en élevage. Bref, diversifier ses revenus agricoles devient plus simple en rendant l’exploitation moins dépendante d’une seule production. Une enquête réalisée en Normandie montre que les exploitations agroforestières peuvent augmenter leur revenu net de 15 à 25 % comparé à des systèmes purement herbagers.

Sans compter que les animaux, eux-mêmes, y gagnent : les bovins ou ovins disposent d’ombrages naturels, ce qui réduit le stress associé aux pics de chaleur et améliore directement leur santé et leur productivité.

La polyculture-élevage

Système intégré et recyclage des ressources

En combinant cultures végétales et animaux au sein d'une même exploitation, on crée un cycle bien fichu où les déchets des uns deviennent les ressources des autres. Par exemple, le fumier des vaches ou des moutons est directement utilisé comme fertilisant naturel pour améliorer la structure du sol et nourrir les cultures, réduisant nettement le besoin d'engrais chimiques. À leur tour, les cultures produites à la ferme servent à l’alimentation du bétail, ce qui limite énormément l'utilisation de fourrages importés et donc les coûts. Dans certaines exploitations comme la Ferme du Bec Hellouin en Normandie, ce système hyper-intégré de polyculture-élevage permet de stocker plus efficacement le carbone dans les sols, limitant ainsi son rejet dans l'atmosphère. Autre exemple concret, en Bretagne, certains éleveurs combinent élevage porcin ou avicole et céréales sur la même ferme. Résultat : une baisse significative de la pollution des eaux et une meilleure rentabilité. Un cercle vertueux clair, concret et facile à mettre en place, à condition de bien choisir les espèces cultivées et d'optimiser la taille du troupeau pour maintenir l'équilibre ressources/besoins.

Bénéfices sur la biodiversité agricole

Associer élevage et cultures sur une même exploitation permet de créer une réelle dynamique positive pour la biodiversité agricole. Concrètement, quand un éleveur choisit de planter des légumineuses comme le trèfle ou la luzerne pour nourrir ses animaux, il booste directement les pollinisateurs sauvages en leur fournissant de la nourriture tout en réduisant son besoin en engrais chimiques grâce à la fixation naturelle de l'azote.

Des études menées en Bretagne ont montré que les fermes combinant vaches laitières et céréales présentaient jusqu'à trois fois plus d'espèces d'insectes auxiliaires (comme les coccinelles ou certains coléoptères) que les exploitations spécialisées. On observe aussi une meilleure santé des sols due à la diversité des cultures et au retour du fumier organique. Cela encourage les vers de terre et une kyrielle de micro-organismes essentiels, améliorant rapidement la structure et la fertilité des sols.

Dans le Gers, plusieurs agriculteurs ont adopté ce fonctionnement mixte : céréales, oléagineux et élevage. Résultat net ? Un retour des oiseaux de plaine devenus rares comme l'alouette des champs ou la perdrix grise. Ce genre de démarche simple mais intelligente a des résultats directs, observables et mesurables en quelques années à peine.

Le saviez-vous ?

L'agroforesterie, qui associe arbres et pâturages, peut augmenter jusqu'à 30% la production d'herbe disponible tout en améliorant les habitats pour la faune sauvage.

Près de 25% des races d'animaux domestiques dans le monde sont actuellement menacées d'extinction; leur préservation est essentielle pour maintenir une richesse génétique et culturelle précieuse.

Un seul bovin peut favoriser la dispersion des graines de plus de 100 espèces végétales différentes, contribuant ainsi à la diversité floristique des prairies?

Le pâturage extensif permet de réduire naturellement les risques d'incendie en limitant l'accumulation de biomasse sèche, notamment dans les régions méditerranéennes.

Les impacts négatifs de l'élevage intensif sur la biodiversité

Perte de biodiversité végétale

Uniformisation génétique des pâturages

Une bonne partie des pâturages intensifs tourne autour d'une poignée d'espèces de plantes, souvent des variétés sélectionnées comme le ray-grass anglais ou le trèfle blanc. C'est pratique, ça pousse vite et ça fait de bonnes récoltes. Problème : on finit par avoir une vraie perte de variété génétique parmi les espèces végétales locales—plus que quelques grands classiques, on perd toutes les petites plantes ayant des rôles spécifiques dans l'écosystème, comme assurer l'habitat d'insectes ou améliorer la structure du sol avec des racines variées.

Par exemple, des études réalisées dans l'Ouest de la France montrent que les pâturages traditionnels avec jusqu'à 40-50 espèces végétales différentes chutent souvent à seulement 5 ou 6 espèces dominantes quand on passe en mode intensif. Concrètement, ça veut dire moins d'insectes pollinisateurs, un sol bien moins riche sur le long terme, et du coup, une plus grosse dépendance aux engrais chimiques pour maintenir le rendement. Un cercle vicieux quoi !

Pour inverser ça, une action simple : réintroduire volontairement une grande variété d'espèces locales dans ses prairies et faire une rotation plus fréquente pour que chacune puisse se maintenir à long terme. Ça marche, c'est rentable, et ça aide la biodiversité concrètement.

Diminution des habitats naturels

L'élevage intensif mange beaucoup de surfaces naturelles, surtout à cause du soja ou du maïs cultivés pour nourrir le bétail. Par exemple, en Amérique latine, des zones comme le Cerrado brésilien perdent des pans entiers de végétation originelle chaque année. Concrètement, la culture du soja destinée à nourrir les animaux représente environ 80% des surfaces agricoles dans ce biome, ce qui pousse dehors toute une variété d'espèces végétales et animales uniques. Autre exemple : la destruction d'une partie du Gran Chaco en Argentine et au Paraguay, où la culture de soja entraîne une perte massive d'espaces naturels pour les jaguars ou les tatous.

Pour éviter ou limiter ça chez nous, les stratégies sont pourtant simples : opter pour des approches type polyculture-élevage, faire pâturer les troupeaux sur des prairies naturelles ou semi-naturelles, conserver des haies et des infrastructures agroécologiques diversifiées. Réintroduire ou maintenir ces pratiques est le moyen le plus direct pour garder des morceaux de nature sauvage autour de nos fermes.

Pollution des ressources naturelles

Pollution de l'eau (nitrates, phosphates)

L'élevage intensif balance une sacrée dose de nitrates et phosphates dans les ressources en eau. Comment ? Surtout à cause des déjections animales et d'une utilisation massive d'engrais chimiques sur les cultures fourragères. Les nitrates, par exemple, s'infiltrent facilement dans les nappes phréatiques quand les sols ne peuvent plus tout absorber. Résultat concret : en Bretagne, plusieurs cours d'eau dépassent régulièrement le seuil critique fixé à 50 mg/l en nitrates, ce qui rend l'eau non potable sans traitements coûteux.

Les phosphates, eux, posent d'autres problèmes. En trop grosse quantité, ils provoquent une prolifération d'algues qu'on appelle eutrophisation. Exemple ultra connu : l'apparition régulière d'algues vertes sur les plages touristiques bretonnes, comme à Saint-Brieuc. Ça impacte directement l'économie locale et le tourisme.

Pour limiter ça, certains agriculteurs passent à des méthodes simples mais efficaces : créer des bandes tampons végétalisées aux abords des parcelles pour retenir les polluants avant qu'ils n'atteignent les cours d'eau ou opter pour une meilleure gestion des épandages de lisier (épandre seulement au moment où les plantes peuvent réellement absorber ces nutriments). Ces pratiques réduisent énormément les concentrations dans l'eau, et en bonus, évitent des coûts de dépollution énormes par la suite.

Foire aux questions (FAQ)

Le pâturage tournant dynamique consiste à déplacer régulièrement les animaux sur des parcelles définies, permettant une meilleure régénération de la végétation et une préservation accrue des sols. Cette pratique favorise une diversité écologique en favorisant notamment la présence de micro-habitats variés, essentiels à la biodiversité locale.

Pour limiter les impacts environnementaux de l’élevage intensif, plusieurs pratiques peuvent être envisagées : mise en place de systèmes d’élevage plus durables comme l'élevage extensif, diversification génétique des animaux, recours à des techniques agroécologiques, maîtrise de la gestion des effluents et réduction des intrants chimiques dans les cultures destinées à l'alimentation du bétail.

L’élevage extensif, comme le pâturage tournant ou les systèmes agroforestiers, permet le maintien d'habitats diversifiés bénéfiques pour la faune et la flore. Ces pratiques protègent les races animales locales et favorisent une riche biodiversité végétale, offrant des habitats propices à de nombreuses espèces sauvages.

Oui, les systèmes agroforestiers peuvent être très intéressants économiquement pour les éleveurs. En associant arbres et élevage, ils diversifient leurs productions, bénéficient de revenus complémentaires (bois, fruits) et réduisent certains coûts (alimentation, chauffage, protection contre les intempéries). Cela tout en apportant des bénéfices écologiques majeurs.

L'élevage intensif entraîne des impacts notables tels que la pollution de l'eau et des sols par nitrates et phosphates, la réduction des habitats naturels entraînant une perte significative de biodiversité animale et végétale, ainsi que des émissions importantes de gaz à effet de serre contribuant au changement climatique.

La polyculture-élevage associe plusieurs types de productions agricoles avec l’élevage, ce qui permet un recyclage efficace des ressources naturelles, une amélioration de la fertilité des sols, une réduction de l'utilisation des intrants chimiques et contribue ainsi significativement à la préservation de la biodiversité agricole.

Les races locales sont adaptées aux conditions environnementales régionales, elles valorisent souvent mieux les ressources locales et jouent un rôle essentiel dans la résilience écologique et économique des territoires. Leur préservation contribue directement au maintien du patrimoine génétique global, indispensable à la biodiversité.

Les agriculteurs sont les principaux acteurs de la conservation des pratiques agricoles traditionnelles. Ces savoir-faire, transmis au fil des générations et adaptés aux contextes locaux, participent activement à la gestion durable de l’environnement, à la préservation des écosystèmes et au maintien de la biodiversité.

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