Le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde en 2018.
L'année à laquelle la population mondiale devrait atteindre 9,8 milliards selon les projections des Nations Unies.
Le nombre de personnes dépendant de l'agriculture pour leur subsistance.
La part des émissions de gaz à effet de serre provenant de l'agriculture, de la foresterie et des autres utilisations des terres.
Aujourd’hui, près d'un tiers de nos récoltes principales, comme le blé ou le maïs, connaît déjà des baisses de rendement dues aux vagues de chaleur sévères et aux sécheresses à répétition. Rien que le café, par exemple, pourrait voir la surface adaptée à sa culture diminuer de moitié d'ici 2050, affectant directement des millions de petits producteurs. Autre souci majeur, les sols perdent leur fertilité plus vite à cause d'une hausse des températures et d'une pluviométrie irrégulière, ce qui oblige à recourir davantage aux fertilisants artificiels coûteux.
Côté maritime et pêche, ça ne va pas mieux : les poissons modifient leur zone de déplacement vers des eaux plus fraîches, provoquant des pertes de revenus pour les pêcheurs locaux et rendant certains pays très exposés à l'insécurité alimentaire. À titre d'exemple, au Sénégal, la pêche artisanale, qui nourrit directement plus de 60 % de la population, fait face à des campagnes de pêche de plus en plus courtes à cause du réchauffement des eaux océaniques.
À l'échelle internationale, ce dérèglement entraîne également une volatilité accrue des prix alimentaires. En effet, entre 2007 et 2008, une sécheresse prolongée en Australie couplée à des phénomènes climatiques extrêmes en divers points du globe avait suffi pour faire doubler quasiment le prix mondial du blé en quelques mois seulement. En claire conséquence, les populations les plus vulnérables se trouvent, une fois encore, frappées de plein fouet par la hausse et l'instabilité du coût des denrées alimentaires de base.
Autre effet pervers auquel on ne pense pas forcément : avec des conditions climatiques imprévisibles, les pertes alimentaires à la récolte et tout au long du transport augmentent fortement. On estime aujourd'hui qu'environ 14 % des aliments produits à travers le monde sont perdus entre la récolte et la commercialisation ou l'arrivée sur les marchés. Et ce chiffre risque de grimper encore sous l'impact des épisodes climatiques extrêmes.
Résultat au quotidien : des millions de familles perdent progressivement la sécurité de leurs ressources alimentaires habituelles, les obligeant à migrer vers d’autres régions, souvent urbaines, déjà sous pression. Ce déplacement intensifie ensuite des tensions sociales déjà existantes et crée des poches d'insécurité alimentaire, fragilisant davantage l'équilibre global.
La souveraineté alimentaire, c'est le droit des populations à choisir elles-mêmes la nourriture qu'elles produisent, comment et pour qui. C'est pas juste la sécurité alimentaire qui consiste à avoir, par n'importe quel moyen (y compris importations), de quoi remplir les assiettes : là, on parle de contrôler l'ensemble du système alimentaire, depuis les champs jusque dans l'assiette, localement.
Ce concept a été amené au niveau international au milieu des années 90, notamment par l'organisation paysanne internationale La Via Campesina, qui lutte contre l'industrialisation à outrance de l'agriculture et pour l'autonomie des paysans sur leurs terres et leurs semences.
Les principes de ce mouvement sont simples mais forts : ça inclut la relocalisation des productions agricoles, la priorité donnée aux marchés et aux produits locaux, aux produits de saison, le droit d'accès aux terres agricoles pour les petits producteurs, ainsi que la reconnaissance des savoir-faire paysans et traditionnels face au changement climatique.
Autre principe fondamental : refuser la dépendance envers les multinationales pour se fournir en semences et en intrants chimiques. On mise plutôt sur les semences paysannes, la biodiversité locale, et des méthodes de cultures écologiques. L'idée, c'est de réduire au max la vulnérabilité des systèmes alimentaires locaux face aux perturbations du climat, des marchés internationaux ou même des crises sociales ou sanitaires.
Concrètement, certaines collectivités territoriales françaises comme Mouans-Sartoux dans les Alpes-Maritimes ou des régions entières comme la Bretagne avec son plan pour l'autonomie protéique, adoptent déjà cette approche. Ces initiatives pratiques montrent comment on peut combiner autonomie alimentaire, écologie et économie locale.
L'agroécologie implique de créer un écosystème agricole équilibré, en intégrant directement les dynamiques naturelles pour obtenir une récolte saine tout en limitant les impacts environnementaux. Ça passe par exemple par l'association de cultures différentes dans le même espace, comme les fameux systèmes "maïs-haricot-courge" utilisés traditionnellement en Amérique latine. Chaque plante complète l'autre : le haricot enrichit naturellement le sol en azote en fixant cet élément, la courge couvre le sol pour limiter l'évaporation et les mauvaises herbes, et le maïs sert de support naturel pour que le haricot grimpe.
Les exploitations agroécologiques travaillent aussi beaucoup à renforcer les interactions biologiques bénéfiques. On installe des haies bocagères ou de petites mares sur les parcelles, attirant pollinisateurs et prédateurs d'insectes nuisibles. Résultat : bien moins besoin d'intrants chimiques. En Afrique de l’Ouest, notamment au Sénégal, l’agroécologie a permis aux petits producteurs de mieux supporter les sécheresses grâce à la protection du sol contre l'érosion et une meilleure conservation de l'eau.
Quant à l'agriculture biologique, en plus du refus évident d'utiliser pesticides et herbicides chimiques de synthèse, elle encourage un retour rapide de la biodiversité sur les fermes. Des études concrètes montrent qu'une ferme bio peut héberger jusqu'à 30% d'espèces animales et végétales supplémentaires par rapport à une exploitation conventionnelle. Et contrairement à ce qu'on entend souvent, les exploitations bios peuvent atteindre des niveaux de rendements comparables à ceux qui utilisent des produits chimiques, surtout dans des contextes de climats extrêmes ou imprévisibles.
Sur le plan économique, passer au bio ou à l'agroécologie ne veut pas forcément dire perdre de l'argent. Au contraire, une enquête publiée par la FAO révèle que les agriculteurs adoptant ces pratiques durables améliorent souvent leur indépendance financière, notamment parce qu'ils réduisent fortement leurs frais d'achat en engrais synthétiques et en pesticides. Le bonus : les produits agricoles écologiques trouvent généralement un marché local dynamique et des consommateurs prêts à payer un prix plus rémunérateur.
Avec la variabilité du climat, la flotte devient une ressource super précieuse, pas question de faire du gaspillage. Un exemple concret, c'est le système de micro-irrigation goutte à goutte, qui te permet d'utiliser jusqu'à 50 % moins d'eau par rapport à une méthode classique. Tu balances de l'eau direct aux racines, tranquille sans pertes inutiles et sans arroser le béton.
T'as aussi des pratiques ingénieuses comme la collecte d'eau de pluie dans des réserves souterraines ou des citernes aériennes. Ça, c'est vraiment chouette chez les communautés rurales en Inde : pendant la mousson, ils captent des litres d'eau et peuvent tenir plusieurs mois sans stress hydrique.
Moins connu mais efficace, la technique du paillage (mulching) consiste à couvrir le sol avec des résidus végétaux pour éviter que l'eau s'évapore trop vite. Ça garde aussi la terre fraîche, augmente ses nutriments, et limite l'érosion suite aux intempéries.
Certains projets très cool testent le pilotage intelligent de l'irrigation via des capteurs connectés dans le sol pour mesurer précisément l'humidité. Les agriculteurs surveillent ça directement sur leurs portables : résultat, ils économisent en moyenne 30 % d'eau par an et leurs cultures restent en parfaite santé.
Enfin, dans les Andes péruviennes, les populations restaurent des systèmes ancestraux d'amunas qui dirigent subtilement les eaux de ruissellement montagneuses grâce à des petits canaux de pierre et favorisent leur infiltration en profondeur. Du coup, l'eau ne se perd pas, les sources se régénèrent, et ils assurent leur approvisionnement toute l'année malgré une météo compliquée.
Le labour intensif, c'est loin d'être la solution miracle : ça casse la structure naturelle du sol, réduit la vie microbienne et aggrave l'érosion. Une alternative ? Le semis direct sous couverture végétale par exemple, qui consiste à planter directement dans les résidus végétaux. Pas besoin de tourner la terre, ça garde l'humidité, évite l'érosion et protège les vers et les micro-organismes essentiels à la fertilité.
Utiliser moins d'engrais chimiques, c'est clairement aussi possible avec des techniques simples qui boostent naturellement la fertilité. Un bon exemple : planter des espèces de légumineuses (comme trèfle ou luzerne) qui fixent naturellement l'azote de l'air dans le sol. Résultat, cela enrichit la terre sans aucun produit chimique à ajouter.
Les biostimulants naturels (extraits d'algues ou autres substances naturelles par exemple) renforcent aussi la santé des plantes, améliorent leur absorption des nutriments et remplacent efficacement certaines substances chimiques classiques.
Enfin, réduire les insecticides et herbicides synthétiques n'est pas juste un choix écolo tendance : c'est bénéfique à long terme pour tout le monde. Les agriculteurs misent alors sur des méthodes mécaniques ou biologiques très simples : désherbage manuel ou mécanique précis, couverture du sol avec du paillage organique ou utilisation de prédateurs naturels qui régulent les ravageurs. Moins d'intrants, sols régénérés, agriculture qui tient vraiment la route sur la durée.
Pratique | Impact sur la sécurité alimentaire | Impact sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre |
---|---|---|
Agroécologie | Renforcement de la résilience des cultures face aux changements climatiques | Réduction de la dépendance aux engrais chimiques et pesticides |
Utilisation de semences locales adaptées au climat | Amélioration de la productivité et de la diversité des cultures | Réduction de la consommation d'énergie liée aux importations de semences |
Préservation des variétés anciennes de plantes alimentaires | Conservation de la diversité génétique des cultures | Atténuation de la perte de biodiversité et des émissions de CO2 liées à la production de semences hybrides |
Soutien aux petits producteurs et aux initiatives locales | Renforcement de la sécurité alimentaire des communautés locales | Réduction des émissions de CO2 liées au transport et à la distribution alimentaire |
Diversification des sources alimentaires pour faire face aux aléas climatiques | Augmentation de la résilience alimentaire face aux événements climatiques extrêmes | Réduction de la déforestation et de la pression sur les écosystèmes naturels |
Les semences paysannes, appelées aussi semences anciennes ou traditionnelles, sont des variétés végétales adaptées au terroir où elles poussent. Contrairement aux variétés industrielles, souvent standardisées, ces graines sont issues de sélections naturelles et locales faites génération après génération par les paysans eux-mêmes.
Un exemple concret, c'est le maïs violet du Pérou, une semence ancienne particulièrement résistante à la sécheresse, aux températures extrêmes et aux maladies locales. Du coup, cette variété supporte mieux les imprévus provoqués par le dérèglement climatique. Dans les Andes, elle constitue un levier de sécurité alimentaire essentiel lorsque les autres variétés modernes échouent.
En Afrique de l'Ouest, les agriculteurs préfèrent souvent des variétés localement adaptées d'arachides ou de sorgho capables de mûrir plus vite, ce qui leur permet d'éviter les périodes sèches ou pluvieuses trop intenses. Ces semences traditionnelles, riches de diversité génétique, représentent un véritable réservoir pour faire face aux nouvelles réalités climatiques.
Pour appuyer ça de façon plus concrète, une recherche menée au Sénégal sur les semences paysannes montre une augmentation de rendement allant jusqu'à 30 % durant les années de pluies irrégulières par rapport aux variétés commerciales classiques. Pourquoi ? Elles s'adaptent mieux aux aléas du climat.
Cependant, ça ne suffit pas de seulement conserver ces graines : il faut aussi promouvoir leur retour massif dans les champs. Les initiatives locales de troc et d'échanges de semences entre producteurs rencontrent un énorme succès, car elles remettent les choix de culture entre les mains des producteurs eux-mêmes — et c'est ça qui protège vraiment la souveraineté alimentaire des communautés paysannes.
En gros, un système participatif de garantie (SPG) c'est du concret : au lieu de méthodes de certification classiques lourdes et onéreuses, ce sont les agriculteurs eux-mêmes, avec leurs voisins, consommateurs locaux et acteurs associatifs, qui vérifient directement la qualité et l'origine des semences locales utilisées. On se retrouve sur les exploitations, on discute pratiques agricoles et critères définis collectivement. Souvent ce sont des rencontres ouvertes, simples et conviviales, où chacun peut évaluer ou donner des avis concrets sur la gestion des semences, la diversité préservée et les techniques agricoles respectueuses de l'environnement.
Ces systèmes créent du lien direct entre ceux qui produisent et ceux qui consomment, avec forcément une meilleure compréhension des particularités locales. En France, le Réseau Semences Paysannes utilise cette approche, facilitant l'échange de graines adaptées spécifiquement au climat de chaque région : par exemple, des variétés très résistantes à la sécheresse dans le Midi ou des cultures capables de s'adapter rapidement aux gelées précoces dans l'Est.
En Amérique latine, notamment au Brésil, les producteurs bio et agroécologiques utilisent les SPG comme alternatives concrètes aux certifications officielles coûteuses, permettant une reconnaissance locale rapide et fiable. Cela aide carrément les agriculteurs de petite échelle à valoriser leurs semences locales et traditionnelles. On évite ainsi la dépendance vis-à-vis des semences hybrides ou industrielles, tout en privilégiant une gestion collective transparente et accessible.
La proportion de la nourriture produite dans le monde perdue ou gaspillée chaque année.
Sommet mondial de l'alimentation à Rome : introduction officielle du concept de sécurité alimentaire sur la scène internationale.
Fondation du mouvement international 'La Via Campesina', popularisant le terme et le concept de souveraineté alimentaire.
Adoption du Traité international sur les ressources phytogénétiques pour promouvoir la conservation et l'utilisation durable des semences autochtones.
Publication du rapport de l'IAASTD (Évaluation Internationale des Connaissances Agricoles, Scientifiques et Technologiques pour le Développement), soulignant l’urgence d’une transition agroécologique pour lutter contre le changement climatique et la faim.
Accord de Paris : Reconnaissance explicite de l'importance de l'agriculture durable et de l'adaptation communautaire face aux défis climatiques.
Adoption par l'Assemblée générale de l'ONU de la Déclaration sur les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales, affirmant le rôle clé des savoirs traditionnels et locaux.
Rapport spécial du GIEC liant officiellement sécurité alimentaire et systèmes agricoles à la question climatique, soulignant l’urgence d'une réforme profonde de nos pratiques agricoles.
Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires insistant sur l'importance des pratiques locales, circuits courts et résilience communautaire face aux crises mondiales.
Les terrasses, souvent vues comme des curiosités paysagères, sont en réalité des trésors d'ingéniosité agricole. Dans des régions montagneuses comme les Andes, Bali ou les Cévennes en France, ces constructions maîtrisent l'érosion, mais surtout, créent des microclimats idéaux pour des cultures sensibles comme le riz, les olives ou les vignes. Un bon exemple : au Pérou, les communautés andines cultivent plus de 1 200 variétés de pommes de terre sur des terrasses anciennes, profitant d'altitudes et d'humidités variées pour mieux résister aux aléas climatiques.
Côté irrigation traditionnelle, les qanats, ces incroyables canaux souterrains originaires d'Iran, permettent encore aujourd'hui de transporter l'eau sur des kilomètres, sans évaporation majeure. Ils sont parfaitement adaptés aux climats semi-arides, sans avoir recours à des infrastructures énergivores ou sophistiquées. Dans le même esprit, les systèmes d'irrigation aflaj d'Oman, patrimoine mondial de l'UNESCO, assurent l'accès équitable à une eau rare depuis plus de 2 000 ans. Ces méthodes traditionnelles ne gaspillent quasiment aucune eau, contrairement aux systèmes modernes gourmands en énergie et intrants.
Pour tenir compte du climat, certaines communautés combinent directement les deux approches : terrasses + irrigation traditionnelle. Aux Philippines, les rizières de Banaue possèdent un réseau unique de canaux en pierre datant de centaines d'années, assurant une production alimentaire durable avec juste la dose d'eau nécessaire. Grâce à l'entretien communautaire rigoureux et à la transmission des savoir-faire locaux, ces pratiques restent encore productives et pertinentes aujourd'hui, défendant à la fois la biodiversité locale et l'autonomie alimentaire face aux changements climatiques.
L'agroforesterie, c'est simple : planter des arbres ou arbustes au milieu de plantes agricoles ou de pâturages. Le gros plus ? Ça booste la fertilité du sol et sécurise côté climat. Par exemple, certains arbres comme le févier d'Amérique ou l'aulne sont capables de fixer l'azote de l'air dans le sol, réduisant alors les besoins en engrais chimiques. Niveau hydrique, ces arbres-là stabilisent le taux d'humidité des sols, protégeant les parcelles lors des périodes sèches ou trop humides.
Un autre truc concret : en plantant des arbres correctement choisis, on réduit drastiquement l'érosion des sols, jusqu'à 50 % selon certaines études. Stratégiquement placés, ils ralentissent le ruissellement et fixent la terre grâce à leurs racines. Pas mal, non ?
Côté biodiversité, clairement, ça attire une foule d'insectes pollinisateurs et autres auxiliaires, ce qui réduit les nuisibles sans devoir pulvériser d'insecticides partout. Et niveau rendement alimentaire, c'est tout bénéf : les arbres fruitiers en agroforesterie peuvent rapporter entre 15 et 30 % de revenus en complément de la récolte principale, ce n'est pas rien.
Dernier bonus sympa côté climat : un hectare en agroforesterie stocke en moyenne deux fois plus de carbone qu'un hectare en monoculture. Un atout de taille pour freiner le réchauffement climatique. Autrement dit, adopter l'agroforesterie c'est tout simplement concrétiser son attachement au sol, produire mieux, et faire un joli pied de nez au changement climatique.
Le saviez-vous ?
Les systèmes alimentaires mondiaux sont responsables d'environ 25 à 30 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, renforçant urgemment le besoin d'un modèle alimentaire durable et localisé.
Utiliser des semences paysannes adaptées aux climats locaux peut réduire les besoins en eau des cultures jusqu'à 40 %, ce qui les rend particulièrement pertinentes face aux épisodes de sécheresse plus fréquents.
L'agroforesterie, qui associe arbres et cultures agricoles, peut augmenter les rendements agricoles de 15 à 30 %, tout en limitant l'érosion des sols et en améliorant la biodiversité locale.
Selon la FAO, environ 75 % de la diversité génétique agricole a disparu au cours du dernier siècle, réduisant la résilience agricole face aux changements climatiques.
L'échange direct entre agriculteurs est souvent plus efficace qu'une formation descendante : dans plusieurs régions comme le Burkina Faso ou le Guatemala, les réseaux de fermes-écoles dirigés par des producteurs locaux cartonnent, parce que les paysans apprennent mieux avec ceux qui vivent les mêmes réalités qu'eux. Là-bas, par exemple, les agriculteurs s'échangent des techniques comme le zaï (creuser des micro-cuvettes pour collecter l'eau et le compost dans les terres arides), une pratique qui permet de régénérer des sols pas mal dégradés tout en augmentant les rendements agricoles.
Même chose dans les Andes péruviennes : les communautés indigènes misent sur des systèmes d'échange de savoirs appelés Chacra-huasi, où chacun partage ses astuces pratiques pour cultiver les pommes de terre locales les plus résistantes au gel ou à la sécheresse. Au final, ce type de système communautaire, concret et horizontal, aide à préserver les variétés alimentaires traditionnelles et accélère l'adaptation des producteurs face aux chocs climatiques répétés.
Créer une banque alimentaire communautaire efficace, ça commence par identifier très tôt les producteurs locaux capables de fournir régulièrement des aliments frais et variés. Pas juste accumuler n'importe quelles denrées non périssables, mais tisser un réseau durable avec agriculture locale, jardins communautaires ou producteurs bio du coin. Certaines communautés utilisent une appli smartphone simple, sans prise de tête, pour connecter directement donneurs et bénéficiaires avec les bénévoles qui gèrent les stocks au quotidien.
Exemple concret qui marche bien : au Brésil, l'initiative de Belo Horizonte a concrètement divisé par deux l'insécurité alimentaire locale en combinant circuits courts agricoles et banques alimentaires locales publiques, où les familles peuvent trouver viande, légumes et fruits frais à petits prix ou gratuitement quand c'est nécessaire.
Autre bonne pratique testée et prouvée : dans des régions comme l'Afrique subsaharienne, des banques alimentaires basées sur des systèmes de récoltes collectives ou des "greniers solidaires communautaires" permettent aux familles de déposer une partie de leurs surplus agricoles pendant les bonnes saisons. Ça réduit vraiment la vulnérabilité durant les périodes de sécheresse et autres crises climatiques.
D'ailleurs, pour garantir la confiance, certaines communautés optent pour une gestion très transparente avec des tableaux de suivi accessibles à tous, des réunions régulières et des rotations de responsables pour éviter tout blocage ou mauvaise gestion. Faire simple, être transparent, encourager l'entraide : c'est ça la clé d'une banque alimentaire communautaire efficace face aux coups durs.
La part des variétés de plantes alimentaires qui ont disparu entre 1900 et 2000.
La réduction estimée de la productivité agricole dans certaines régions d'Afrique d'ici 2050 en raison du changement climatique.
La quantité de CO2 équivalents émis annuellement par les systèmes agricoles dans le monde.
La part des aliments consommés dans le monde provenant de petites exploitations agricoles.
La part des investissements mondiaux dans la recherche agricole qui est consacrée à l'agriculture durable et à la résilience climatique.
Pratique locale | Impacts sur la souveraineté alimentaire | Impacts sur l'adaptation au changement climatique |
---|---|---|
Agriculture urbaine et approvisionnement local | Renforcement des circuits courts et soutien aux producteurs locaux | Réduction des émissions de CO2 liées au transport alimentaire |
Programmes éducatifs sur l'agriculture durable dans les écoles | Sensibilisation des jeunes aux enjeux de la sécurité alimentaire | Promotion de pratiques agricoles respectueuses de l'environnement |
Prévention du gaspillage alimentaire à l'échelle locale | Réduction des pertes alimentaires et préservation des ressources | Diminution des émissions de méthane liées aux déchets organiques |
Pratique locale | Impacts sur la souveraineté alimentaire | Impacts sur l'adaptation au changement climatique |
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Agriculture biologique | Diversification des cultures et préservation des sols | Résilience accrue des cultures face aux événements climatiques extrêmes |
Commerce équitable | Amélioration des conditions de vie des producteurs locaux | Renforcement de la stabilité économique face aux perturbations climatiques |
Promotion de l'agroforesterie | Intégration d'arbres dans les systèmes agricoles pour plus de durabilité | Réduction de l'érosion des sols et protection contre les sécheresses |
Ces dernières années, la Bolivie a mis en place une réforme qui réserve l'accès à la terre en priorité aux petits producteurs locaux et aux communautés indigènes. Ça empêche les grandes multinationales ou les investisseurs étrangers de venir accaparer tout le foncier disponible, laissant ainsi aux locaux l’espace nécessaire pour cultiver.
En Equateur, une loi spécifique oblige l'État à accorder aux paysans un accès prioritaire aux ressources en eau ; ça évite que des entreprises privées puissent monopoliser les réserves d'eau pour une agriculture intensive destinée principalement à l'export.
De son côté, le Sénégal développe depuis 2014 des systèmes appelés "Domaines agricoles communautaires" (DAC), où l'État met à disposition gratuitement des terres équipées (irrigation, chemins, bâtiments) à des groupements d'agriculteurs locaux. L'idée : sécuriser l'accès au foncier pour la population rurale, tout en stimulant une économie locale durable.
Et du côté des Philippines, le gouvernement a promulgué une loi en 2019, simplifiant les démarches administratives pour que les petits cultivateurs autochtones puissent obtenir des certificats officiels garantissant leur droit foncier. Avec un papier officiel entre les mains, les communautés sont mieux protégées contre les menaces d’expulsion ou de saisie par des entreprises agro-industrielles.
Au Burkina Faso, le "Code foncier rural" adopté en 2009 reconnaît formellement les arrangements traditionnels entre villageois sur la gestion collective des terres, donnant une sécurité juridique aux accords matrimoniaux ou intercommunautaires informels existants. Les conflits liés à l’accès à la terre ont ainsi sensiblement diminué dans les régions concernées.
Les accords internationaux comme le CETA (traité économique entre le Canada et l'Union européenne) ou les traités de libre-échange du type MERCOSUR-UE ont souvent des impacts directs sur la souveraineté alimentaire locale. En privilégiant le libre-échange à grande échelle, ils facilitent l'arrivée sur nos marchés de produits agricoles venus d'ailleurs aux normes sociales ou environnementales souvent plus basses, comme du soja argentin OGM ou de la viande bovine issue de fermes industrielles brésiliennes. Cela peut affaiblir les agriculteurs locaux, confrontés à une concurrence déloyale et une pression sur les prix les empêchant souvent de produire dans le respect de l'environnement.
Par exemple, selon plusieurs ONG, après l'entrée en vigueur de l'ALENA (l'accord nord-américain signé en 1994), les importations de maïs bon marché des États-Unis vers le Mexique ont explosé, provoquant la disparition de près de 2 millions de petites exploitations agricoles mexicaines incapables de s'aligner sur ces prix cassés. On constate aussi que ces accords poussent parfois à la spécialisation poussée de certaines régions dans des cultures d'exportation uniques—comme la production massive d'huile de palme en Indonésie—au détriment d'une agriculture diverse, locale et résiliente.
Revoir ces accords et leur logique purement commerciale permettrait d'intégrer concrètement la souveraineté alimentaire dans les négociations. Par exemple, imposer systématiquement des gardes-fous environnementaux précis ou des mécanismes de protection pour les agricultures familiales. Aujourd'hui, quelques pays comme la Bolivie ou l'Équateur prennent déjà en compte cette dimension alimentaire locale dans leurs politiques commerciales. Sans revenir complètement en arrière, il faut repenser ces traités pour que l'échange international serve réellement la souveraineté alimentaire et le respect de l'environnement plutôt que le profit à tout prix.
Quand tu choisis d'acheter localement, tu divises en moyenne par trois la distance parcourue par ces aliments entre le champ et ton assiette. Par exemple, une tomate importée parcourt facilement plus de 1 500 km alors qu'une tomate locale, c'est moins de 100 km.
Les marchés paysans permettent aux producteurs de vendre directement leurs récoltes, ce qui booste aussi leur revenu : un producteur gagne en moyenne 25 à 30 % de plus en vendant en circuit court. Et ça ne profite pas qu'à eux, puisque les acheteurs accèdent plus facilement à des produits frais, souvent récoltés la veille.
Un réseau remarquable en France est celui des AMAP (Associations pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne) : les consommateurs y préfinancent une saison de récolte pour garantir un revenu décent au producteur, sans intermédiaires. Une étude réalisée par le Réseau AMAP Île-de-France indique que 90 % des adhérents affirment avoir réduit significativement leur empreinte carbone alimentaire grâce à cette démarche.
Autre exemple concret : une étude dirigée par l'ADEME montre que privilégier les circuits courts et locaux peut réduire de 15 à 30 % les émissions de gaz à effet de serre liées à l'alimentation d'un ménage. Surtout quand ces pratiques sont associées à une réduction du gaspillage alimentaire et une meilleure gestion des emballages.
Du côté des collectivités, ça bouge aussi : des villes comme Rennes ou Nantes mettent en place des politiques actives pour intégrer les producteurs locaux dans les cantines scolaires. Objectif affiché : au moins 50 % de produits locaux et durables d'ici quelques années. Ça paraît simple comme idée, mais ça pèse lourd côté climat, et évidemment, côté santé.
Les filières courtes solidaires, c’est avant tout du concret et du local. Il s’agit d’un circuit alimentaire direct, avec maximum un intermédiaire entre producteurs et consommateurs. Ces filières jouent un vrai rôle côté climat : en moyenne, un repas issu de circuits courts émet environ 17% de CO₂ en moins par rapport aux circuits traditionnels.
Le projet Générateur Bourgogne Franche-Comté, par exemple, aide les fermiers locaux à financer de petits ateliers leur permettant de conditionner directement leurs produits et de maîtriser toute la chaîne. Ça créé des emplois locaux et booste aussi l’économie locale, avec en prime l’assurance de produits frais et de qualité pour les consommateurs.
Dans les Hauts-de-France, des associations comme "Saveurs et Saisons" proposent un accompagnement sur-mesure aux fermiers, avec formation administrative, marketing et numérique. Résultat ? Ces producteurs locaux voient leur chiffre d'affaires grimper en moyenne de 25% à 40% en deux ans seulement, selon des rapports d'organismes d'accompagnement agricole régionaux.
Autre initiative sympa : les AMAP (Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne) mettent directement en contact consommateurs engagés et producteurs locaux, souvent avec paiement d’avance. Ça garantit aux agriculteurs des revenus réguliers leur permettant d’investir dans le durable sans stress financier, tout en limitant nettement le gaspillage alimentaire : seulement 1% à 5% de pertes contre environ 25% dans la grande distribution classique.
Bref, ces filières courtes solidaires, en plus d’être pratiques et écoresponsables, renforcent le lien social et rendent les territoires plus soudés face aux crises.
Les savoir-faire traditionnels en agriculture, tels que les cultures en terrasses ou l'agroforesterie, sont généralement adaptés aux conditions locales, préserve les ressources naturelles, favorisent la biodiversité, et résistent bien aux impacts climatiques extrêmes comme les sécheresses ou les inondations.
Les circuits courts alimentaires réduisent considérablement les distances parcourues par les produits, diminuant ainsi leur bilan carbone. En plus de limiter les émissions de CO2 liées au transport, ils encouragent des modèles d'agriculture durables et créent des emplois locaux pérennes.
Les semences paysannes, issues de sélections locales, présentent une meilleure adaptation aux conditions climatiques spécifiques de leur terroir, une plus grande diversité génétique ainsi qu'une meilleure résistance aux maladies et aux stress climatiques. Elles renforcent ainsi efficacement la résilience alimentaire locale.
L'agroécologie combine pratiques locales, biodiversité et respect de l'environnement afin d'améliorer la résilience face au climat. Elle favorise notamment la conservation de l'eau, la fertilité naturelle des sols et réduit les émissions de gaz à effet de serre liées aux intrants chimiques et aux machines agricoles.
La souveraineté alimentaire se réfère au droit des populations à définir leurs propres politiques agricoles et alimentaires, en privilégiant la production locale, durable et adaptée culturellement. À l'inverse, la sécurité alimentaire met davantage l’accent sur l'accès physique et économique à une nourriture suffisante, indépendamment de l'origine ou du mode de production.
Le Système Participatif de Garantie (SPG) est une initiative communautaire de certification alternative basée sur la confiance et l'échange direct entre producteurs et consommateurs. Ce système favorise la diffusion des semences locales, leur préservation et une agriculture plus durable sans dépendance extérieure à de grandes entreprises semencières.
Des politiques nationales adaptées peuvent faciliter l'accès des petits producteurs à la terre, protéger leur savoir-faire et les ressources naturelles, ainsi qu'encourager les circuits courts et l'agriculture biologique. Ces mesures favorisent une production alimentaire locale indépendante et adaptée aux défis climatiques locaux.
Les banques alimentaires communautaires jouent un rôle essentiel en stockant des denrées durables destinées à être redistribuées en cas de crises alimentaires locales (sécheresses, pénuries, catastrophes naturelles). Elles permettent ainsi une réponse rapide, renforcent la solidarité communautaire et améliorent durablement la sécurité alimentaire locale.
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Question 1/5