S'il y a bien une chose dont on est sûr aujourd'hui, c'est que notre production d'énergie pèse lourd dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Alors forcément, quand on parle de réduire ces émissions, les regards se tournent souvent vers les énergies renouvelables, et notamment vers l'hydroélectricité. Mais concrètement, on peut vraiment se demander : jusqu'à quel point ça marche vraiment ?
L'hydroélectricité, c'est simple : exploiter l'eau pour produire de l'électricité. Pas de combustion, donc pas de CO₂ libéré directement en produisant de l'énergie. Sur le papier, ça semble idéal. Sauf que derrière cette apparente simplicité, il y a quelques détails dont on ne parle pas toujours : par exemple les émissions dues à la construction des barrages, aux travaux réguliers de maintenance, ou encore à la décomposition de la végétation immergée par les retenues d'eau.
Le but ici, c'est de se retrousser les manches et regarder franchement si l'hydroélectricité est aussi efficace que ce que disent les politiques et promoteurs. Du coup, un petit tour d'horizon mondial s'impose, avec des cas concrets et des exemples bien parlants un peu partout sur la planète : du barrage des Trois-Gorges en Chine, gigantesque mais contesté, aux réservoirs du Québec et de Norvège, champions de l'énergie dite « verte ».
On va aussi comparer ça aux autres grandes sources d'énergie qu'on utilise : charbon, pétrole, solaire ou éolien. Parce qu'après tout, réduire les GES, c'est global. Est-ce qu'un grand barrage vaut mieux que quelques champs d'éoliennes, ou une méga-centrale photovoltaïque ?
Enfin, soyons honnêtes : même si l'hydroélectricité a de nombreux avantages, elle est loin d'être parfaite. Les impacts écologiques ne se limitent pas aux simples chiffres de CO₂, on sait tous que barrer une rivière, c'est pas neutre pour les écosystèmes, les poissons ou les zones habitées juste à côté. Tout dépend donc des contextes, de la gestion, de la localisation et même du climat local.
Du coup, le but de cette analyse tranquillement détaillée, sans prise de tête ni jargon trop scientifique, c'est simplement d'y voir plus clair : savoir si l'hydroélectricité tient ses promesses face à l'urgence climatique mondiale, et sous quelles conditions elle peut vraiment être intéressante pour notre avenir.
La part de l'hydroélectricité dans la production mondiale d'électricité
Réduction annuelle estimée des émissions de CO2 par l'hydroélectricité
Production annuelle mondiale d'électricité issue de l'hydroélectricité
Le nombre de personnes travaillant directement dans l'industrie hydroélectrique dans le monde
L'hydroélectricité, c'est simplement produire de l'électricité grâce à la force de l'eau. Concrètement : tu transformes l'énergie mécanique de l'eau en énergie électrique avec des turbines activées par le courant. Ce principe n'est pas tout jeune puisque les Grecs antiques utilisaient déjà la force hydraulique pour moudre du grain autour du IIIᵉ siècle av. J.-C.
Mais produire de l'électricité vraiment à grande échelle avec ça, ça arrive beaucoup plus tard. C'est dans les années 1880 qu'on commence à s'y mettre sérieusement. La toute première centrale électrique à eau du monde est construite à Cragside en Angleterre en 1878, éclairant une maison grâce au débit d'un petit ruisseau local. Plus impressionnant encore : en 1882, la première centrale hydroélectrique américaine est installée à Appleton, Wisconsin, et fournit à peine assez d'électricité pour éclairer quelques ampoules.
Côté grands barrages, ils démarrent vraiment au début du 20ᵉ siècle. Le barrage Hoover aux États-Unis, terminé en 1935 sur le fleuve Colorado, est un symbole fort : 221 mètres de haut et une puissance de près de 2 080 mégawatts. Un peu plus tard, dans les années 1960-1970, les projets explosent partout dans le monde : Brésil, Chine, URSS… Tout le monde s'y met pour produire massivement du courant propre. Le barrage des Trois-Gorges en Chine, lancé en 1994 et terminé en 2012, devient le plus puissant du monde avec une capacité atteignant 22 500 mégawatts.
Aujourd'hui, l'hydroélectricité représente environ 16 % de la production électrique mondiale, soit la première énergie renouvelable sur la planète devant le solaire et l'éolien. Son origine remonte loin, c'est clair, mais son évolution technologique ces deux derniers siècles a radicalement changé l'échelle de son impact.
Ce type de centrale, c'est simple : pas de gros barrage de retenue d'eau, juste la rivière qui traverse la centrale. Donc peu d'eau stockée, moins de perturbations écologiques majeures. Concrètement, tu installes ta centrale là où la rivière a naturellement un bon débit, idéalement avec du courant constant toute l'année. Ce genre d'installation est fréquent sur les fleuves à débit régulier, par exemple le Rhin où tu trouves plusieurs centrales au fil de l'eau côté français et allemand.
Côté avantages, le gros point fort, c'est l'impact écologique réduit et surtout le temps de construction court : aucun barrage bétonné gigantesque à prévoir. Après question prod', c'est constant mais ça reste plutôt limité : la puissance dépend directement du débit naturel. Impossible de réguler l'électricité fournie selon la demande comme avec une centrale à réservoir.
Un exemple parlant en France, c'est la centrale sur le Rhône à Bollène. Elle tourne depuis plus de 70 ans et produit environ 2,2 milliards de kWh par an, soit l'équivalent de la conso électrique annuelle d'environ 815 000 habitants. L'installation profite à fond du débit élevé du Rhône. D'ailleurs, bien pensées, les centrales au fil de l'eau améliorent aussi la navigabilité des fleuves grâce aux aménagements associés (écluses, canaux).
Les centrales à réservoirs sont les installations hydroélectriques avec des barrages qui gardent l'eau dans une retenue artificielle. Quand on a besoin d'électricité, on ouvre les vannes, l'eau descend sous pression et actionne des turbines reliées à des générateurs.
Le truc cool avec ces centrales, c'est qu'elles peuvent produire de l'électricité quand on en a vraiment besoin, comme lors des pics de consommation—genre lorsqu'il fait super froid en hiver ou très chaud en été. Pourquoi ? Parce qu'il suffit simplement d'ouvrir les vannes au bon moment.
Par exemple, le barrage Hoover aux États-Unis, situé à cheval sur le Nevada et l'Arizona, peut stocker environ 35 milliards de mètres cubes d'eau avec son réservoir (le lac Mead). Concrètement, ce type de retenue permet une régulation ultra efficace, c'est comme une immense batterie capable de stocker l'énergie pour plus tard.
Mais le revers de la médaille, c'est que ces grands barrages bouleversent complètement les écosystèmes locaux. On a par exemple observé une baisse significative du nombre de saumons en Colombie-Britannique (Canada) à cause de certains barrages hydroélectriques. La formation des réservoirs entraîne aussi des déplacements de populations humaines : avant la mise en eau du barrage des Trois-Gorges en Chine, 1,3 million de personnes ont dû être relogées ailleurs.
Niveau émissions de gaz à effet de serre, contrairement à ce qu'on pourrait croire, les réservoirs artificiels émettent eux aussi du méthane à cause de la végétation immergée qui se décompose au fond (surtout au début). Certes, ça reste beaucoup moins polluant que les énergies fossiles traditionnelles, mais ce n'est pas zéro émission non plus. Donc attention aux idées reçues.
En gros, une centrale de pompage-turbinage, c'est une grosse batterie. Pourquoi ? Parce que son rôle c'est surtout de stocker l’énergie quand on en produit trop, puis de la libérer quand on en a besoin.
Concrètement, pendant les heures creuses, quand personne ou presque ne consomme d'électricité, ces centrales utilisent l’énergie excédentaire dispo sur le réseau (souvent issue de l’éolien ou du nucléaire) pour remonter de l'eau depuis un bassin situé en bas vers un réservoir placé en hauteur. Puis, dès que la consommation électrique grimpe — genre à 19h quand tout le monde prépare la cuisine — elles libèrent cette eau, qui redescend et passe à travers des turbines, produisant ainsi de l’électricité très rapidement. C'est flexible, rapide, et franchement pratique quand il faut gérer les pics de demande sur le réseau électrique.
Si tu veux un exemple concret, la centrale de Grand'Maison en France, située dans les Alpes près de Grenoble, c’est la référence dans le pays : 1 800 mégawatts, elle se met en route en moins de cinq minutes en cas de besoin.
Maintenant, niveau émissions de gaz à effet de serre, la majorité des émissions viennent surtout de la construction initiale de ces installations (béton, terrassement, métaux...). Mais une fois construites, leur fonctionnement quotidien est quasiment sans émission, à part la faible consommation électrique nécessaire durant le pompage. Donc, niveau efficacité environnementale, c'est plutôt pas mal.
À garder en tête si on veut vraiment intégrer à grande échelle les énergies renouvelables intermittentes (solaire, éolien).
L'hydroélectricité a franchement des atouts à mettre en avant : elle produit une électricité propre avec très peu de gaz à effet de serre directs par kWh produit (en moyenne autour de 24 gCO2eq/kWh contre 820 gCO2eq/kWh pour le charbon selon le GIEC). Autre gros avantage, elle est facilement ajustable : tu peux adapter la production électrique en fonction de la demande, contrairement à l'éolien ou au solaire, plus capricieux. Les centrales hydroélectriques participent donc concrètement à la stabilité du réseau électrique et rendent le stockage inutile sur une partie du mix énergétique.
Par contre, tout n'est pas rose côté hydroélectricité. Par exemple, la construction d'un barrage provoque souvent l'immersion de vastes zones boisées, qui en se décomposant libèrent du méthane, un gaz à effet de serre environ 28 fois plus puissant que le CO2 sur une période de 100 ans. Le barrage Balbina, au Brésil, a émis autant de gaz à effet de serre que certaines centrales à combustible fossile à cause de ce phénomène précisément.
Autre bémol dont on parle moins : la biodiversité prend généralement un sacré coup. La création d'un barrage bouleverse l'écosystème aquatique, bloque les migrations de poissons et peut même amener certaines espèces à disparaître localement. Le barrage du fleuve Yangtsé, en Chine, a ainsi affecté gravement la vie aquatique alentour.
Enfin tu as sûrement entendu parler du déplacement massif de populations : le fameux barrage des Trois-Gorges, toujours lui, a nécessité le relogement forcé de plus d'un million de personnes. Le coût humain et environnemental est donc clairement à prendre en compte.
Bref, l'hydroélectricité, c'est puissant et efficace d'un point de vue émissions, mais franchement complexe et potentiellement destructeur si ça n'est pas bien géré dès le départ.
Pays | Capacité hydroélectrique (GW) | Émissions annuelles de CO2 évitées (millions de tonnes) | % d'électricité de l'hydroélectricité |
---|---|---|---|
Chine | 356 | 1,200 | 18.7% |
Brésil | 109 | 356 | 64.9% |
Canada | 81 | 100 | 59.3% |
États-Unis | 102 | 200 | 7.3% |
Commençons par les gros émetteurs : le charbon, à lui seul, est responsable d'environ 40 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre dans le domaine énergétique. Chaque kilowattheure produit grâce à lui libère environ 820 grammes de CO₂ dans l'atmosphère. Le pétrole et ses dérivés suivent de près, utilisés massivement dans les transports, avec environ 650 grammes de CO₂ par kWh. Le gaz naturel est souvent présenté comme un choix "moins pire", certes, mais il reste important avec près de 490 grammes de CO₂ par kWh produit.
Du côté des énergies renouvelables, la différence est flagrante. Les centrales solaires photovoltaïques n'émettent que 40 à 60 grammes de CO₂ par kWh sur toute leur durée de vie (principalement pendant leur fabrication). L'éolien terrestre est encore plus léger, autour de 12 grammes de CO₂ par kWh. Quant à l'hydroélectricité, elle se place généralement très bas, avec seulement 15 à 25 grammes de CO₂ émis par kWh selon les projets (hors cas particuliers avec inondations majeures et biomasse immergée).
Une autre énergie souvent débattue est le nucléaire. En dehors des controverses connues, il s'agit bel et bien d'une source faible en carbone, produisant typiquement autour de 12 à 20 grammes de CO₂ par kWh sur l'ensemble de son cycle de vie. Ce chiffre monte légèrement si on considère l'extraction et le traitement du combustible fissile, mais reste minime face aux combustibles fossiles classiques.
Depuis la Révolution Industrielle, on estime que la quantité de CO₂ que nous rejetons chaque année dans l'atmosphère a augmenté d'environ 150 fois ! Vers 1850, nos rejets mondiaux n'étaient que d'environ 200 millions de tonnes de CO₂ par an. Vers 1950, le chiffre s'est emballé à environ 6 milliards de tonnes par an. Mais les vraies décennies explosives, c'est surtout à partir des années 1970 : les émissions mondiales passent d'environ 15 milliards de tonnes de CO₂ en 1970, à presque 36 milliards de tonnes par an aujourd'hui.
Ce ne sont pas seulement les quantités totales qui sont intéressantes, mais aussi d'où elles viennent. Longtemps, c'est l'Europe et les États-Unis qui dominaient le classement, mais aujourd'hui l'Asie, Chine en tête, représente près de 50 % de nos émissions mondiales. Pourtant, malgré ces montées en flèche, certains pays—comme la France ou le Royaume-Uni—ont vu leurs émissions domestiques décroître depuis une vingtaine d'années grâce notamment au passage du charbon vers le gaz naturel, et à un usage plus massif des énergies renouvelables et du nucléaire.
On observe aussi des pics particuliers : par exemple, lors de la crise économique mondiale de 2008–2009, les émissions ont chuté temporairement d'environ 1,3 %, soit près de 400 millions de tonnes de CO₂ économisées en un an. Rebelote en 2020 avec les confinements liés au COVID-19, avec une baisse d'environ 7 % en une seule année. Pourtant, ces baisses ponctuelles ne suffisent pas à renverser la tendance générale de long terme, qui reste à la hausse.
Taux de croissance prévu dans la capacité hydroélectrique en Asie d'ici 2030
Mise en service de l'une des premières centrales hydroélectriques au monde à Appleton, Wisconsin aux États-Unis.
Inauguration du barrage Hoover aux États-Unis, symbolisant l'ère moderne des grands projets hydroélectriques.
Mise en activité du barrage de Kariba, sur le fleuve Zambèze entre la Zambie et le Zimbabwe, l'un des plus grands barrages d'Afrique.
Installation de la centrale hydroélectrique de Churchill Falls au Canada, une des plus puissantes d'Amérique du Nord.
Début de la production d'électricité par la centrale hydroélectrique d'Itaipu à la frontière entre le Brésil et le Paraguay, devenant plus tard l'une des plus grandes centrales au monde.
Création de la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), soulignant le rôle des énergies renouvelables dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.
Première mise en service du barrage des Trois-Gorges en Chine, plus grande centrale hydroélectrique mondiale à ce jour.
Accord de Paris (COP21) soulignant l'importance des énergies renouvelables dont l'hydroélectricité pour atteindre la neutralité carbone.
Lancement de la grande renaissance éthiopienne (GERD) sur le Nil Bleu en Éthiopie, centrale majeure en Afrique visant à améliorer la production d'énergie renouvelable.
Prenons l'exemple concret du barrage de Petit Saut, en Guyane française : durant les premières années après sa mise en eau en 1994, le réservoir a émis énormément de méthane à cause des grandes quantités de végétation noyées. Ça avait été sérieusement sous-estimé. Ce phénomène a aussi été observé au barrage de Balbina au Brésil, où les émissions de gaz à effet de serre provoquées par l'immersion de forêts entières ont parfois égalé celles d'une centrale thermique traditionnelle !
Mais alors comment éviter ou au moins limiter ça ? Une solution concrète : préparer correctement les sols avant inondation. Couper et évacuer un max de végétation, faire des brûlis contrôlés, ce genre de trucs réduit considérablement la quantité de biomasse immergée, et donc les émissions de méthane derrière. Autre piste intéressante : investir dans une conception mieux adaptée, avec des réservoirs plus petits qui limitent la surface immergée et donc la quantité de végétation noyée inutilement.
Au final, la gestion correcte de la biomasse immergée, ça change vraiment la donne côté impact environnemental des barrages. Ne pas le prendre à la légère, c'est clairement indispensable.
Quand on construit une centrale hydroélectrique, on ne démarre jamais vraiment avec un compteur carbone à zéro. Pour fabriquer béton, acier et matériaux utilisés dans des barrages, il faut beaucoup d'énergie, souvent issue de sources fossiles. Un exemple concret : la construction du barrage des Trois-Gorges en Chine aurait émis environ 26 millions de tonnes de CO₂, rien que pour les matériaux, les transports et les machines utilisées pendant le chantier.
Ces émissions, qu'on appelle souvent émissions grises, sont donc loin d'être négligeables, et restent présentes même si, après coup, l'électricité est effectivement propre et sans carbone. Ensuite, il y a la maintenance des installations : remplacer les turbines, effectuer des réparations fréquentes et maintenir les systèmes électriques opérationnels implique régulièrement l'utilisation d'engins lourds fonctionnant encore souvent au pétrole.
Une bonne stratégie pour réduire tout ça, c'est simplement d'optimiser le sourcing des matériaux de construction. En Norvège, beaucoup de nouveaux projets misent sur l'acier recyclé et sur des filières de béton bas-carbone (fabriqué avec moins de clinker). Ça permet de faire diminuer sacrément la facture environnementale.
Le point à retenir, c'est que même si l'hydroélectricité devient rapidement propre après sa mise en service, il faut anticiper clairement les émissions liées à sa construction et à son entretien. Des choix réfléchis dès le départ — comme privilégier les filières locales et durables, ou intégrer dès la conception des équipements plus durables — peuvent faire une différence notable quand on fait le bilan total des émissions.
L'hydroélectricité se démarque par des émissions bien inférieures à celles du charbon ou du gaz naturel. Pour te donner une idée plus précise, selon le GIEC, produire un kWh d'électricité à partir de centrales hydroélectriques émet en moyenne entre 4 et 14 grammes de CO₂eq, alors que le gaz tourne autour de 400 à 500 grammes et le charbon dépasse les 900 grammes. Énorme comme écart, non ?
Mais attention, comparée à l'éolien ou au solaire, l'hydro a parfois quelques surprises. Malgré une moyenne plutôt basse, certains gros barrages, surtout tropicaux comme ceux en Amazonie, peuvent relâcher du méthane à cause de la décomposition de la végétation immergée. Résultat : leurs émissions grimpent parfois jusqu’à plus de 100 grammes de CO₂eq par kWh produit, bien au-dessus de l'éolien offshore (autour de 12 grammes) ou du solaire photovoltaïque (autour de 20-40 grammes selon les régions).
Autre point intéressant côté nucléaire : tu pourrais penser que le nucléaire l'emporte largement côté émission carbone, eh bien, souvent oui, mais leur bilan est proche quand même. L'énergie nucléaire affiche environ 12 grammes de CO₂eq par kWh produit. Très comparable à l'hydroélectricité classique en climat tempéré (entre 4 et 14 grammes je rappelle).
Ce qu'il faut retenir, c’est que l’hydroélectricité a un gros avantage en termes d'émissions globales comparé aux énergies fossiles et reste souvent dans les mêmes fourchettes que le solaire ou l’éolien. Par contre, attention aux grosses installations en régions tropicales, elles peuvent plomber le bilan carbone !
Le saviez-vous ?
Saviez-vous qu'une centrale hydroélectrique peut fonctionner pendant plusieurs décennies ? Certaines installations fonctionnent efficacement depuis près de 100 ans, ce qui en fait l'une des énergies renouvelables à la plus longue durée de vie.
Saviez-vous que le barrage des Trois-Gorges en Chine, avec une capacité installée de 22 500 mégawatts, est actuellement la plus grande centrale hydroélectrique au monde ?
Saviez-vous que l'hydroélectricité représente environ 16 % de la production mondiale d'électricité ? Elle est ainsi la plus importante source d'énergie renouvelable utilisée aujourd'hui.
Saviez-vous que certaines centrales hydroélectriques à réservoir, notamment situées dans les régions tropicales, peuvent émettre du méthane, un puissant gaz à effet de serre, en raison de la décomposition de plantes immergées ?
Au Québec, c'est simple : l'hydroélectricité fournit près de 95 % de l'électricité consommée. Ça paraît énorme, et ça l'est vraiment : ça fait de la province un poids lourd en énergie renouvelable en Amérique du Nord. Rien qu'Hydro-Québec, la société nationale, détient une capacité installée d'environ 37 gigawatts (GW) répartie sur une soixantaine de centrales. À elle seule, la centrale Robert-Bourassa (anciennement La Grande-2), située à la Baie-James, génère près de 5 600 mégawatts (MW), ce qui en fait une des plus grandes du continent.
Résultat concret : grâce à l'hydro, le Québec affiche un bilan plus que satisfaisant en émissions de gaz à effet de serre. À titre de comparaison, l'intensité carbone du réseau électrique québécois tourne autour de 21 grammes équivalent CO2 par kilowattheure produit. Aux États-Unis, cette intensité dépasse souvent les 400 grammes. Clairement, l'hydroélectricité donne au Québec une sacrée avance dans le domaine.
En chiffres bruts, si on prend 2020, Hydro-Québec a permis d'éviter près de 50 millions de tonnes de CO2 par an comparativement à un scénario où la même énergie aurait été produite par des centrales au gaz ou au charbon. Les exportations d'électricité verte vers les États-Unis comptent aussi beaucoup pour réduire les émissions chez le voisin américain : en général, le Québec exporte chaque année autour de 30 térawattheures (TWh) d'électricité, participant directement à la réduction des émissions outre-frontière.
Même la gestion des réservoirs est plutôt bien maîtrisée : la plupart ayant été aménagés dans des zones relativement peu végétalisées, l'accumulation de biomasse en décomposition est limitée, réduisant ainsi la production de méthane – un gaz dont l'effet de serre est environ 25 fois supérieur à celui du CO2 sur une période de 100 ans.
Forcément, tout n’est pas rose non plus : la construction des grands barrages dans le Nord québécois a perturbé l'écosystème et touché directement des communautés autochtones. Mais sur le purement climatique, pas de débat : niveau émissions de gaz à effet de serre, le Québec a une longueur d'avance.
La Norvège tire environ 95 % de sa production électrique totale de l'hydroélectricité. Ça en fait le pays européen qui dépend le plus de cette énergie renouvelable, loin devant ses voisins. Le pays a plus de 1 600 centrales hydroélectriques, majoritairement des petites installations, réparties dans les vallées et montagnes. À elle seule, la centrale de Kvilldal, la plus grande du pays, affiche une capacité d'environ 1 240 MW, soit de quoi répondre à la consommation électrique d'environ 650 000 foyers.
Les Norvégiens ne se contentent pas de produire pour leur consommation interne. Grâce à cette production excédentaire en hydroélectricité, le pays exporte régulièrement une partie de son électricité à ses voisins — notamment à l'Allemagne, au Danemark ou à la Suède. Par exemple, via l'interconnexion sous-marine NordLink, ouverte en 2021, la Norvège échange de l'électricité verte avec l'Allemagne. Quand les Allemands produisent trop de solaire ou d'éolien, la Norvège importe cette énergie pour pomper l'eau vers ses retenues d'altitude. Et quand il n'y a pas de soleil ou de vent, elle renvoie de l'électricité hydraulique vers l'Allemagne.
Le résultat ? Un gain environnemental conséquent : la Norvège affiche un taux d'émission pour la production électrique parmi les plus faibles du monde, avec seulement 8 grammes de CO2 par kilowattheure produit (contre environ 300 à 400 grammes en moyenne au niveau mondial). Tout n'est pourtant pas parfait : construire des barrages, ça implique quand même un impact sur les paysages, la biodiversité, et les écosystèmes locaux comme la migration du saumon sauvage. Mais globalement, question bilan carbone, la Norvège reste une référence solide en Europe.
C’est la plus grande centrale hydroélectrique du monde en puissance installée, avec une capacité de 22 500 MW. À pleine capacité, elle génère environ 100 TWh par an, de quoi fournir de l'électricité à près de 80 millions d'habitants. D'un point de vue émissions, la centrale des Trois-Gorges évite chaque année le rejet de près de 100 millions de tonnes de CO₂, en remplaçant surtout des centrales thermiques au charbon très polluantes typiques en Chine.
Par contre, tout n'est pas si rose : les inondations des terres pour construire le barrage ont submergé une quantité énorme de végétation, entraînant la décomposition de biomasse sous l’eau. Résultat : de grosses émissions de méthane, un gaz à effet de serre bien plus fort que le CO₂ à court terme. Dans les premières années après la mise en eau, ces émissions ont atteint un pic. Mais elles diminuent au fil du temps, à mesure que la biomasse immergée se décompose complètement.
Autre détail oublié : la construction du barrage lui-même, pharaonique et bourrée de béton armé, a produit des millions de tonnes de CO₂ liées aux matériaux et à l’énergie utilisée.
Du côté environnement et biodiversité, le bilan est mitigé aussi : poissons perturbés, écosystème aquatique chamboulé, déplacements importants de populations. Les autorités chinoises parlent de presque 1,3 million de personnes relogées. Ces déplacements, avec la construction de nouvelles villes pour accueillir ces personnes, ont également contribué en leur temps aux émissions indirectes du projet.
Au final, oui, les Trois-Gorges c’est un bon exemple pour réduire les émissions — surtout comparé au charbon. Mais l’impact réel sur le climat dépend de nombreux facteurs souvent zappés lorsqu'on parle rapidement d’hydroélectricité "propre".
L'Éthiopie mise à fond sur les barrages pour profiter du Nil Bleu, avec plusieurs grands projets ces dernières années, notamment le fameux Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD). Il est devenu symbole de fierté nationale et d'ambition énergétique pour le pays. Avec une puissance prévue à terme de 5 150 mégawatts, le GERD deviendrait la plus grande centrale hydroélectrique d'Afrique — rien que ça ! Ce projet géant, débuté en 2011, vise à offrir un gros coup de pouce à une économie éthiopienne en pleine expansion.
Mais le GERD n'est pas le seul sur la liste, loin de là. On parle rarement du barrage Gibe III sur la rivière Omo, opérationnel depuis 2016 et d'une capacité d'environ 1 870 mégawatts. Ce barrage permet à l'Éthiopie de réduire considérablement sa dépendance aux combustibles fossiles et au bois. Résultat : moins de fumée dans l'air grâce à une réduction nette des émissions en passant à l'hydroélectricité.
Par contre, ces projets ne font pas l'unanimité. Prenons le cas du GERD : l'Égypte et le Soudan craignent sérieusement une baisse des niveaux du Nil, et donc de leur accès à l'eau. Quant au barrage Gibe III, son énorme réservoir a entraîné la submersion de milliers d'hectares, affectant largement les communautés indigènes locales et les écosystèmes environnants.
Niveau climat, ces barrages sont quand même bien efficaces. En passant à ce type d'énergie, l'Éthiopie a évité le rejet de plusieurs millions de tonnes d'émissions de CO₂ chaque année. Rien que sur la période 2018-2021, le passage à l'hydroélectricité a permis au pays de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de près de 7 millions de tonnes de CO₂ par an. Plutôt convaincant comme bilan.
Bref, même si tout n'est pas rose, l'Éthiopie est clairement en train de devenir un acteur majeur de l'hydroélectricité, montrant qu'une transition énergétique à grande échelle est faisable en Afrique.
Quand on parle d'hydroélectricité XXL en Amérique du Sud, difficile de ne pas penser directement à Itaipu. Construite sur le fleuve Paraná entre le Brésil et le Paraguay, cette centrale imposante a longtemps été la plus grande du monde (jusqu'à ce que le barrage des Trois-Gorges en Chine prenne la relève).
Quelques chiffres percutants : avec ses 20 unités de turbine, Itaipu peut produire jusqu'à 14 gigawatts, soit grosso modo l'équivalent de 10 réacteurs nucléaires de taille moyenne tournant à plein régime. Impressionnant, non ? Elle génère environ 90 térawattheures chaque année, couvrant quasiment toute la consommation électrique du Paraguay (qui en revend la plus grosse partie au Brésil), plus environ 10 à 15 % de celle du Brésil. Résultat concret : une économie annuelle d'environ 80 millions de tonnes de CO₂ par rapport à une production équivalente via des centrales thermiques à combustibles fossiles.
Mais écoute, tout n'est pas rose non plus : construire le barrage a submergé près de 1 350 km² de terres, amenant des déplacements massifs de populations et altérant sévèrement la biodiversité locale. Malgré ces défis environnementaux et sociaux, Itaipu demeure une référence mondiale en matière d'énergie propre, surtout quand on sait que le barrage continue de fournir une électricité renouvelable bon marché après près de 40 ans de fonctionnement.
Fait moins connu mais très intéressant : face aux critiques, Itaipu investit depuis plusieurs années dans la restauration écologique locale. Ils ont notamment lancé un projet de reforestation ambitieux avec déjà plus de 44 millions d'arbres plantés autour du réservoir. Pas mal comme coup de pouce à la planète, non ?
Capacité hydroélectrique installée mondiale
La part de l'hydroélectricité dans la consommation mondiale d'énergie primaire
Hauteur du barrage hydroélectrique le plus haut du monde (barrage de Jinping I en Chine)
Nombre de personnes ayant accès à l'électricité grâce à l'hydroélectricité
Production annuelle d'électricité issue de l'hydroélectricité au Canada
Pays | Capacité hydroélectrique installée (en GW) | Réduction annuelle estimée des émissions de CO2 (en millions de tonnes) |
---|---|---|
Chine | 356.4 | 1 500 |
Brésil | 109.1 | 400 |
États-Unis | 102.7 | 200 |
Canada | 81.4 | 100 |
L'efficacité environnementale de l'hydroélectricité dépend de plusieurs facteurs clés. D'abord, la taille et le type de centrale ont une grande importance : une centrale au fil de l'eau aura moins d'impact sur l'environnement qu'un énorme barrage avec réservoir. Ça paraît logique : pas de grand lac artificiel, pas de végétation submergée, donc moins d'émissions de méthane et de CO2.
Ensuite, la localisation géographique est un point essentiel. Une centrale installée dans une zone chaude et tropicale peut coincer sous l'eau une tonne de biomasse végétale, provoquant une forte décomposition et donc plus d'émissions. À l'inverse, en région froide comme en Norvège ou au Québec, les quantités de gaz à effet de serre produites sont nettement plus basses.
La gestion des terrains et la planification du projet comptent aussi beaucoup. Quand l'impact écologique est bien anticipé dès le départ, tu peux mieux gérer la végétation avant de remplir un réservoir, limiter les émissions et préserver la biodiversité locale.
Autre facteur : la durée de vie de l'installation et son entretien régulier. Plus une centrale fonctionne longtemps sans problèmes, meilleure est sa rentabilité environnementale globale, parce que les coûts énergétiques liés à la construction et à la maintenance se répartissent sur une plus longue période.
Enfin, le fonctionnement optimal du réseau électrique dans lequel s'insère la centrale joue également un rôle fondamental. Une centrale hydroélectrique qui remplace des centrales à charbon ou à gaz permet un gros gain en matière d'émissions. Par contre, si elle complète juste une énergie déjà propre comme l'éolien ou le solaire, son apport à la réduction des émissions est moins évident.
Pour évaluer l'impact environnemental, une analyse du cycle de vie (ACV) est souvent employée, tenant compte des émissions et des incidences environnementales depuis la construction jusqu'au démantèlement éventuel du barrage. Il est également pertinent d'analyser spécifiquement l'impact local sur la biodiversité, les écosystèmes aquatiques et terrestres ainsi que sur les populations locales.
La durée de vie d'une centrale hydroélectrique peut atteindre entre 50 et 100 ans, voire plus. Cette longévité supérieure à de nombreuses autres installations énergétiques permet d'amortir efficacement les émissions liées à la construction initiale.
Les avantages majeurs sont la réduction significative des émissions de GES, la faible consommation d'eau (hors évaporation naturelle) et la contribution à la régularisation des crues. En revanche, les inconvénients incluent la perturbation des écosystèmes aquatiques et terrestres, la modification des cours d'eau, et le déplacement éventuel de populations locales.
Les plus grands producteurs mondiaux d'énergie hydroélectrique sont actuellement la Chine, le Brésil, les États-Unis, le Canada et la Russie. Par exemple, la Chine est numéro un mondial, notamment grâce au barrage des Trois-Gorges qui est la plus grande centrale hydroélectrique au monde.
Même si l'hydroélectricité ne produit pas directement de CO₂ en exploitant la force de l'eau, certaines émissions indirectes existent. Elles proviennent notamment des processus de construction des installations, de la décomposition de la biomasse immergée dans les réservoirs et des activités de maintenance. Toutefois, ces émissions restent significativement inférieures aux énergies fossiles.
L'énergie hydroélectrique, grâce à ses faibles émissions en comparaison aux combustibles fossiles, représente un levier important pour atteindre les objectifs internationaux de réduction des gaz à effet de serre comme fixés lors de l'accord de Paris. Elle constitue aujourd'hui environ 40 % de l'électricité renouvelable produite mondialement, et est essentielle pour tendre vers un mix énergétique bas-carbone.
Les grands barrages entraînent parfois une augmentation des risques locaux, particulièrement en cas d'erreurs de conception ou d'entretien insuffisant. Cependant, lorsque ces aménagements sont correctement réalisés et bien gérés, ils peuvent au contraire contribuer à réduire les risques, par exemple en régulant les crues.
Oui, les centrales hydroélectriques, notamment celles à pompage-turbinage, sont souvent utilisées pour le stockage de l'électricité issue de sources intermittentes comme le solaire ou l'éolien, et permettent ainsi d'optimiser une production électrique d'origine renouvelable intégrée et stable.
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