Le changement climatique, on pourrait croire que c'est un sujet récent, sorti tout droit des années 2000, et pourtant, c'est loin d'être le cas. Ça fait plus d'un siècle que les scientifiques voient venir le truc. On a commencé à analyser les températures mondiales au début du XXe siècle, et très vite, certains chercheurs ont compris que quelque chose clochait.
Dès les premières décennies du siècle dernier, on voit émerger des études pointant du doigt les activités industrielles comme étant directement responsables de l'augmentation rapide du niveau de CO₂. On ne parlait pas encore beaucoup du réchauffement global à l'époque, mais les bases étaient là. À partir des années 1950-1960, les scientifiques commencent à concrètement mesurer et suivre la concentration de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, et franchement, ça ne sentait déjà pas bon.
Durant la deuxième moitié du XXe siècle, les événements climatiques extrêmes se multiplient : canicules historiques, ouragans monstrueux, tempêtes exceptionnelles et sécheresses sévères. Petit à petit, on connecte les points entre ces catastrophes et le climat qui déraille. Et oui, les preuves d'un changement climatique d'origine humaine s'accumulent.
Face à tout ça, les leaders mondiaux créent des grandes conférences internationales. On voit apparaître les premiers accords pour tenter de limiter le réchauffement, comme par exemple la naissance du GIEC en 1988, le fameux Sommet de la Terre de Rio en 1992 ou encore le Protocole de Kyoto signé en 1997. Clairement, dès le XXe siècle, on avait déjà compris l'urgence. Le problème, c'est qu'entre prise de conscience scientifique et décisions politiques concrètes, il y a faible distance à vol d'oiseau, mais un océan à traverser dans la vie réelle.
Cette page retrace les événements clés du changement climatique tout au long du XXe siècle, histoire de comprendre comment on en est arrivé là aujourd'hui, avec un climat qui commence clairement à partir en vrille. On va reparcourir ensemble les découvertes, les catastrophes marquantes, les alertes scientifiques et aussi les grandes décisions internationales. Le but ? Comprendre l'Histoire pour mieux appréhender ce qui nous attend dans les années à venir.
Le niveau record de concentration de CO2 dans l'atmosphère en 2019
L'augmentation de la température moyenne mondiale depuis l'ère préindustrielle
Le nombre de personnes déplacées chaque année en raison de phénomènes météorologiques extrêmes depuis 2008
La population mondiale en 2020
L'idée que les activités humaines pourraient influencer le climat ne date pas d'hier : elle remonte au milieu du XIXe siècle. Dès 1859, le physicien irlandais John Tyndall a démontré expérimentalement comment certains gaz, notamment la vapeur d'eau et le CO₂, retiennent la chaleur. Puis, en 1896, le scientifique suédois Svante Arrhenius pousse l'idée plus loin. Il publie une étude visionnaire chiffrant l'effet d'un doublement du CO₂ atmosphérique : selon lui, ça pourrait faire grimper la température terrestre de 5 à 6°C. Même si ses chiffres étaient un peu élevés comparés aux estimations actuelles (situées plutôt entre 1,5 et 4,5°C selon le GIEC), c'était une sacrée avancée pour l'époque. Il estime alors qu'une combustion massive du charbon, à cause de la révolution industrielle, suffirait à provoquer ce genre d'emballement climatique. À l'époque, Arrhenius pensait malgré tout que ce phénomène prendrait plusieurs milliers d'années à se produire. Bref, dès cette époque, les scientifiques avaient bel et bien identifié le mécanisme physique du réchauffement climatique, bien avant qu'on en parle à la télé.
Déjà à partir de la fin du XVIIIe siècle, les usines britanniques fonctionnaient presque exclusivement au charbon. Rien qu'en Angleterre, vers 1850, près de 30 millions de tonnes de charbon furent extraites en une seule année ; un chiffre multiplié par 7 à peine un demi-siècle plus tard. Les régions industrielles, comme Manchester en Angleterre ou la vallée de la Ruhr en Allemagne, ont très vite vu leur atmosphère saturée de dioxyde de soufre, provoquant des pluies acides sévères dès les années 1870. Un exemple marquant : Londres connut dès 1905 un épisode célèbre de « smog », mélange de fumée et de brouillard, responsable du décès prématuré d'environ 400 personnes. À Pittsburgh, aux États-Unis, pendant les années 1910-1920, les habitants parlaient même d’un « midi sombre », tellement la pollution était dense en pleine journée. Autre conséquence directe, le glacier inférieur du Rhône, en Suisse, a reculé d'environ 1 kilomètre entre 1850 et 1900, traduisant déjà les premiers impacts tangibles sur les systèmes naturels. Dès la fin du XIXe siècle, quelques chercheurs s'intéressaient déjà sérieusement à toutes ces indications d'un climat en modification rapide : le scientifique suédois Svante Arrhenius a même calculé dès 1896 qu'un doublement du CO2 atmosphérique ferait grimper la température terrestre de près de 5 degrés. Pourtant, pendant des décennies, personne n'a vraiment pris ces conclusions au sérieux—elles sont restées quasiment ignorées jusqu'au milieu du XXe siècle.
Année | Événement | Impact |
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1988 | Création du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) | Accroissement de la sensibilisation aux enjeux climatiques à l'échelle mondiale |
1992 | Protocole de Kyoto | Engagements contraignants pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre |
2015 | Accord de Paris | Engagement des pays à limiter l'élévation de la température mondiale |
2018 | Rapport spécial du GIEC sur l'élévation de la température mondiale de 1,5 °C | Mise en évidence des impacts majeurs au-delà de 1,5 °C d'élévation de la température |
Charles Keeling, chimiste américain, a commencé dès 1958 à mesurer précisément la concentration de CO2 dans l'atmosphère depuis l'observatoire du Mauna Loa à Hawaï. Ce lieu était parfait : éloigné des grandes villes, donc idéal pour éviter la pollution locale. C'est ce choix malin qui a permis des mesures hyper fiables et constantes dans le temps.
Grâce à ses relevés précis, on voit clairement une augmentation nette du CO2 dans l'air. Au début, dans les années 1950, il avait repéré environ 315 ppm (parties par million). À la fin du XXe siècle, on était déjà autour de 370 ppm. Un bond énorme en à peine 40 ans !
Ce qui est vraiment malin dans la courbe de Keeling, c'est qu'elle montre aussi des variations saisonnières : chaque année, on observe un petit va-et-vient du niveau du CO2, en lien avec la végétation. Les plantes absorbent du dioxyde de carbone au printemps et en été, ce qui fait baisser temporairement les émissions ; ça remonte ensuite chaque automne et hiver. Au fil des décennies, ces oscillations régulières dessinant une sorte de mini-"respiration" de la Terre n'empêchent malheureusement pas la tendance globale à grimper de manière constante.
Keeling ne s'est pas contenté de publier ses chiffres dans des revues scientifiques : il a rapidement alerté les décideurs politiques en présentant ses résultats au Congrès américain dans les années 1970, avant même beaucoup d'autres chercheurs. Sa courbe a vite été utilisée par les scientifiques et les activistes comme preuve concrète du changement climatique causé par l'homme. Aujourd'hui, cette courbe emblématique est devenue l'un des graphiques les plus célèbres et impactants dans la lutte contre le réchauffement climatique.
En 1972, l'équipe de chercheurs du MIT pilotée par Dennis Meadows sort un rapport assez choc qui met les choses à plat sur nos ressources naturelles. À partir d'un modèle informatique hyper innovant pour l’époque, appelé World3, ils simulent différents scénarios sur l'avenir de la planète en tenant compte de l'exploitation des ressources, la pollution, la démographie et l’économie mondiale.
Ce rapport tire concrètement la sonnette d’alarme : selon leurs calculs détaillés, la croissance exponentielle ne peut pas durer indéfiniment dans un monde fini. Avec les chiffres à l’appui, Meadows montre qu’à continuer comme ça, dès le début du XXIe siècle, on approche dangereusement des limites physiques du système-Terre. Clair, net, précis.
Un des exemples frappants, mentionné précisément dans le rapport initial : la disponibilité de certaines ressources comme le pétrole ou les minerais essentiels pourrait diminuer fortement dans les décennies suivant l'an 2000. Autre prévision spécifique : si on prenait aucune mesure sérieuse rapidement, on se prendrait une forte baisse du niveau de vie moyen autour de 2030 à cause des crises environnementales et des pénuries.
Malgré les critiques à l’époque, le rapport Meadows est aujourd’hui reconnu comme une des premières grosses alertes sur les risques climatiques, énergétiques et environnementaux liés à notre mode de vie. Il a clairement mis en route chez beaucoup de décideurs une prise de conscience : c’est simple, ce document a changé la façon dont certains pays envisagent leurs politiques énergétiques et industrielles. Norvège, Pays-Bas ou encore Nouvelle-Zélande se sont assez vite inspirés de ces préconisations pour développer des stratégies plus durables dès les années 1970-1980. Le rapport posait déjà clairement la nécessité de ralentir la croissance matérielle et prônait le développement de l’économie circulaire — des idées alors visionnaires, mais aujourd’hui bien établies.
La part des émissions de CO2 provenant des 10% de la population mondiale la plus aisée
Guy Stewart Callendar établit le premier lien scientifique entre hausse du CO₂ atmosphérique et réchauffement climatique.
Charles David Keeling entame des mesures régulières du CO₂ atmosphérique à l'observatoire de Mauna Loa, à Hawaï, donnant naissance à la fameuse 'Courbe de Keeling'.
Publication du rapport Meadows 'Les limites à la croissance', alertant sur les dangers environnementaux et la nécessité de repenser la croissance énergétique et démographique.
La grande canicule touche l'Europe de l'Ouest, provoquant une sécheresse exceptionnelle et sensibilisant l'opinion publique à la vulnérabilité climatique.
Création du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), organisme scientifique des Nations Unies chargé d'étudier le changement climatique.
Le Sommet de la Terre se tient à Rio de Janeiro et voit l'adoption de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
Signature du Protocole de Kyoto, premier traité international qui impose des objectifs contraignants de réduction des émissions de gaz à effet de serre à certains pays industrialisés.
L'ouragan Mitch fait plus de 10 000 morts en Amérique centrale et devient symbole de l'intensification potentielle des événements extrêmes liés au climat.
La puissante tempête Lothar traverse l'Europe, causant d'immenses dégâts matériels et humains, soulignant la nécessité de mieux prévoir et s'adapter aux événements climatiques extrêmes.
L'été 1976 reste gravé en Europe comme l'une des périodes les plus torrides jamais enregistrées. Pendant des semaines, une chaleur extrême a frappé des pays comme la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, ou encore la Belgique, avec des températures fréquemment au-dessus des 35°C. À Paris, on a même connu une série incroyable de 15 jours d'affilée avec plus de 30°C à l'ombre. En Angleterre, il faisait si chaud qu'on a constaté des fissures profondes dans les sols et la sécheresse a transformé certains paysages habituellement verts en véritables décors désertiques. Londres a enregistré une température record à l'époque de 35,9°C, un événement rare pour la capitale britannique.
Cette vague de chaleur exceptionnelle a provoqué des pertes agricoles énormes, environ 2 milliards d'euros à l'échelle européenne (équivalent valeur actuelle), notamment à cause des cultures brûlées par le soleil et du manque d'eau. En France, les vendanges cette année-là ont été lancées avec pratiquement deux semaines d'avance du jamais vu depuis plus d'un siècle. Au Royaume-Uni, pour préserver les ressources en eau, des restrictions strictes ont été imposées : arroser les jardins, nettoyer sa voiture ou remplir les piscines devenaient interdits dans beaucoup d'endroits.
Les autorités ont été forcées d'agir vite. En Angleterre, certaines entreprises ont instauré des horaires décalés pour économiser l'électricité pendant les pics d'utilisation liés à la climatisation. Cette crise a aussi servi de déclencheur pour mieux anticiper les épisodes caniculaires suivants, incitant plusieurs pays européens à créer leurs premières politiques publiques dédiées à la gestion des fortes chaleurs et à la prévention des sécheresses.
En juillet 1995, Chicago a connu une vague de chaleur extrême avec des températures jusqu'à 41°C, aggravées par un taux d'humidité élevé qui faisait ressentir jusqu'à 52°C. Pendant cinq jours, les services médicaux ont été débordés : la ville a enregistré environ 739 décès liés directement à la chaleur, touchant principalement les personnes âgées, isolées et à faible revenu. Un facteur clé de ce bilan dramatique : l'îlot de chaleur urbain très puissant à Chicago, avec une différence pouvant atteindre plus de 6°C entre le centre-ville bétonné et la périphérie plus végétalisée.
Cette crise a poussé les autorités locales à changer radicalement leur gestion des périodes caniculaires : installation du réseau "Cooling Centers" accessibles gratuitement pour les habitants, mise en place d'un suivi téléphonique systématique des personnes âgées et vulnérables, et sensibilisation massive par des campagnes médiatiques les années suivantes.
La canicule de 1995 est rapidement devenue un cas d'étude essentiel pour comprendre les vulnérabilités spécifiques des grandes villes face aux épisodes extrêmes de chaleur. Aujourd’hui encore, ses leçons servent à guider les politiques d'adaptation urbaine à travers le monde, notamment l'importance de renforcer les réseaux sociaux locaux et de développer systématiquement des espaces urbains végétalisés, moins favorables à la formation d’îlots de chaleur.
Mitch, c'était l'un des ouragans les plus mortels du siècle dernier, avec des vents dépassant les 290 km/h. Il a frappé violemment l'Amérique centrale en octobre 1998, en particulier le Honduras et le Nicaragua, où les effets ont été dévastateurs. Ce qui a vraiment amplifié la catastrophe, au-delà des rafales puissantes, c'était surtout son extrême lenteur : au lieu de passer rapidement, Mitch est resté presque statique pendant plusieurs jours, déversant des quantités énormes de pluie sur la même zone.
Résultat, des inondations et des glissements de terrain massifs. On estime qu'environ 11 000 personnes ont perdu la vie, et pas moins de 2,7 millions d'habitants se sont retrouvés sans abri. Au Honduras, près de 70 % des routes ont été détruites ou sévèrement endommagées, isolant complètement certaines régions pendant des mois. Le pays a subi tellement de pertes que des estimations ont évalué les dégâts matériels à environ 3 milliards de dollars, soit presque l'équivalent d'une année complète du PIB du pays à l'époque.
Cet événement précis a montré très concrètement comment un cyclone aggravé par les effets du changement climatique, comme l’augmentation des températures marines, peut rapidement se transformer en désastre majeur, surtout quand il frappe des régions vulnérables où infrastructures et prévention n’existent pratiquement pas. Suite à Mitch, plusieurs pays ont entamé de vrais efforts de préparation aux catastrophes, comme des plans d’évacuation améliorés, le renforcement des réseaux routiers pour mieux résister aux intempéries ou encore un système d'alerte plus rapide et accessible aux communautés les plus isolées.
En décembre 1999, deux tempêtes surnommées Lothar et Martin frappent durement plusieurs pays d'Europe, notamment la France, la Suisse, l'Allemagne et le Danemark. Au total, près de 140 décès, dont environ 90 rien qu'en France, et des dégâts astronomiques évalués à environ 15 milliards d'euros, ce qui en fait l'une des catastrophes naturelles les plus coûteuses du siècle en Europe. Niveau vent, ça dépassait parfois les 170 km/h dans les terres, avec un record enregistré à 216 km/h à la Pointe du Raz en Bretagne.
Des forêts entières disparaissent : près de 140 millions de mètres cubes de bois détruits, soit l'équivalent de plusieurs années de récolte forestière normale en quelques heures seulement. Cette catastrophe force les autorités européennes à repenser complètement leurs stratégies en termes de prévention des risques, régulation des constructions et gestion des espaces forestiers. Concrètement, ça a mené à un renforcement massif du réseau électrique français, une meilleure politique locale d'abattage préventif des arbres dangereux près des routes et des habitations, et à une prise de conscience sur l'importance de rétablir rapidement les infrastructures après ce genre de phénomène extrême. Aujourd'hui encore, ces tempêtes de 1999 restent une référence pour tester les nouveaux bâtiments et infrastructures contre des conditions climatiques extrêmes.
Le saviez-vous ?
En 1972, la publication du rapport Meadows intitulé « Les limites à la croissance » prévoyait déjà que l'épuisement des ressources naturelles et l'augmentation des émissions pourraient mener à des crises écologiques majeures, faisant ainsi figure de signal d'alarme historique en matière d'environnement.
La célèbre courbe de Keeling, qui montre l'augmentation continue de la concentration de CO₂ dans l'atmosphère depuis les années 1950, tire son nom du scientifique Charles David Keeling, qui l'a initiée depuis un laboratoire au sommet du volcan Mauna Loa à Hawaii.
La canicule européenne de 1976 a été tellement intense que de nombreuses régions du Royaume-Uni ont dû subir des restrictions d'eau strictes, au point où certains habitants ont même été contraints de recueillir l'eau potable auprès de camions-citerne dépêchés en urgence.
Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), créé en 1988, rassemble désormais plus de 190 pays membres et regroupe les travaux de milliers d'experts internationaux, constituant la plus vaste coopération scientifique jamais consacrée au climat.
À l'été 1998, le fleuve Yangtsé en Chine déborde et provoque l'une des pires catastrophes d'inondation du siècle. La raison concrète : des pluies record, dues au phénomène climatique El Niño, combinées à la déforestation massive en amont du fleuve. Résultat : près de 14 millions de personnes déplacées, au moins 3 700 morts, et des dégâts estimés à environ 30 milliards de dollars.
Un exemple marquant : la ville de Wuhan, point stratégique sur le Yangtsé, s'est retrouvée sous l'eau pendant des semaines, avec une perte énorme d'activités économiques. Ces inondations ont poussé le gouvernement chinois à revoir radicalement sa gestion environnementale en lançant un plan de reboisement massif, connu sous le nom de programme Grain-for-Green, pour éviter de futures catastrophes similaires.
Concrètement, depuis ce drame, la Chine a relocalisé plusieurs millions de personnes hors des zones inondables. Ce fut un tournant dans les politiques environnementales du pays, mettant enfin l'accent sur la prévention par des actions écologiques ciblées plutôt que sur la seule construction interminable de digues.
Dans les années 80, la sécheresse au Sahel a été un désastre concret qui a bouleversé la vie quotidienne de millions de personnes. Dès 1983-1984, des pays comme le Soudan, le Niger, l'Éthiopie ou encore le Tchad ont subi une famine gravissime, aggravée par l'absence totale de récoltes. Au Niger par exemple, près de 500 000 personnes ont été déplacées à cause de cette sécheresse et des conflits locaux engendrés par la rareté des ressources.
Des initiatives pratiques se sont mises en place rapidement : des banques de céréales villageoises créées au Burkina Faso ont permis de sécuriser les approvisionnements alimentaires des populations locales. À grande échelle, plusieurs ONG comme Oxfam ou Médecins sans frontières ont intensifié des opérations ciblées, avec des distributions régulières d'eau potable, des systèmes innovants de culture en terrasses ou la plantation massive d'espèces résistantes à la sécheresse, comme l'acacia.
Pour comprendre concrètement l'ampleur de cette crise, il suffit de jeter un œil aux chiffres : entre le début et la fin des années 80, c'est environ 30 % du bétail sahélien qui a disparu, décimé par le manque d'eau et de nourriture. En Éthiopie, la sécheresse de 1984 a directement causé la mort de plus d'un million de personnes. Cet événement a généré un élan mondial exceptionnel, concrétisé par le concert caritatif du projet Band Aid, qui a récolté environ 150 millions de dollars pour venir en aide aux victimes de la famine.
Cette crise climatique au Sahel a clairement illustré la fragilité du lien entre activités humaines et environnement, poussant les gouvernements africains et les institutions internationales à agir plus sérieusement sur la gestion durable des terres et des ressources en eau.
L'année durant laquelle les émissions mondiales de CO2 ont connu une hausse après un plateau de trois ans
La part des forêts dégradées ou détruites dans le total des émissions de gaz à effet de serre provenant de l'usage des terres
Le montant total, en dollars, des pertes économiques causées par les catastrophes liées au climat en 2016
L'année à partir de laquelle certaines régions pourraient être confrontées à des vagues de chaleur potentiellement mortelles en l'absence d'actions pour atténuer le changement climatique
Le nombre de personnes supplémentaires susceptibles de souffrir de pénurie d'eau d'ici 2050 en raison du changement climatique
Année | Événement | Conséquence | Répercussion |
---|---|---|---|
1880 | Industrialisation | Augmentation des émissions de CO2 | Impact sur les températures mondiales |
1983 | El Niño | Anomalies climatiques mondiales | Sécheresses et inondations |
1930 | Début de l'ère de la grande sécheresse aux États-Unis | Destruction des terres agricoles | Migrations massives |
1985 | Ouverture de la couche d'ozone au-dessus de l'Antarctique | Augmentation des rayonnements UV nocifs | Impacts sur la santé humaine et l'environnement |
Le GIEC, ou Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, voit le jour en novembre 1988, lancé par l'ONU sous l'impulsion de deux organismes spécialisés : l'Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). À l'origine, l'idée est simple mais importante : produire des évaluations crédibles, régulières, et transparentes sur l'état du climat, son évolution, et les solutions possibles.
La particularité cool du GIEC, c'est qu'il ne conduit pas lui-même de nouvelles recherches scientifiques : il passe au crible des milliers d'études déjà publiées dans le monde entier, compile les résultats, et fait une synthèse pour les décideurs politiques. Pour son premier rapport sorti en 1990, environ 170 scientifiques issus d'une vingtaine de pays ont passé au peigne fin les recherches disponibles, résultat d'un phénomène inédit à l'époque. Dès ce premier rapport, le ton était posé : oui, il y a bien eu un réchauffement d'environ 0,3 à 0,6 °C au cours du XXe siècle, et les émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines contribuent probablement à cette évolution.
Dès les débuts, le GIEC se structure en trois groupes de travail : le premier traite des bases scientifiques physiques du changement climatique, le deuxième se concentre sur les impacts, vulnérabilités et adaptation, et le troisième bosse sur les solutions pour réduire les émissions. L'approche du GIEC a marqué les esprits parce qu'il oblige à trouver un consensus entre scientifiques et gouvernements : chaque mot, chaque ligne du résumé destiné aux décideurs politiques est débattu et validé. Ça donne aux conclusions du GIEC un poids énorme dans les discussions internationales sur le climat.
À l’époque, sa création passe relativement inaperçue du grand public, mais son importance va grandir au fil des années jusqu'au célèbre prix Nobel de la Paix en 2007 (avec Al Gore). Aujourd’hui, son travail est devenu incontournable.
Du 3 au 14 juin 1992 à Rio de Janeiro, ce sommet a réuni près de 178 pays, c'était totalement inédit à l'époque. L'événement a permis d'adopter plusieurs textes clés comme la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), le premier grand traité international sur la réduction des gaz à effet de serre, signé par 154 États dès le départ. Autre texte adopté : la Convention sur la diversité biologique, centrée sur la sauvegarde des espèces et des écosystèmes.
Ce sommet était aussi original parce qu'il ne restait pas seulement focalisé sur le climat, il abordait tout un ensemble d'enjeux environnementaux, économiques et sociaux en même temps. Un des résultats concrets : la fameuse "Agenda 21", sorte de manuel pratique avec des recommandations précises pour encourager les gouvernements locaux et régionaux à créer leurs propres plans d'action du développement durable.
Une des grandes nouveautés aussi, c'était la vraie implication des ONG et organisations civiles : environ 2 400 ONG étaient sur place pour réellement peser sur les négociations. L'événement était massivement médiatisé, avec presque 10 000 journalistes présents, ce qui a offert au sujet climatique une visibilité grand public inégalée à l'époque.
Rio 92 a également permis la reconnaissance réelle du principe de "responsabilité commune mais différenciée". Ça signifie tout simplement que tous les pays n'ont pas les mêmes responsabilités ni les mêmes capacités d'action face aux problèmes environnementaux. Ce principe fondamental a influencé toutes les négociations climatiques suivantes. Enfin, ce sommet a clairement posé les bases politiques des futurs accords mondiaux sur le climat, y compris le Protocole de Kyoto en 1997.
Signé le 11 décembre 1997, le protocole de Kyoto marque un vrai tournant dans la manière de gérer la crise climatique dans le monde. C'est le premier accord international qui impose des objectifs chiffrés et juridiquement contraignants pour limiter les émissions de gaz à effet de serre.
Concrètement, le protocole exigeait des pays industrialisés une réduction moyenne de 5,2 % de leurs émissions par rapport aux niveaux de 1990, à atteindre durant la période 2008-2012. Par exemple, l'Union Européenne devait baisser ses émissions de 8 %, les États-Unis de 7 % et le Canada de 6 %. Ce sont les catégories d'émissions suivantes qui ont été visées en priorité : le dioxyde de carbone (CO₂), le méthane (CH₄), l'oxyde nitreux (N₂O) ainsi que des gaz industriels comme les hydrofluorocarbures (HFC) et les hexafluorures de soufre (SF₆).
Ce qu'on connaît moins, c'est que le protocole introduisait aussi des mécanismes flexibles pour aider à atteindre les objectifs sans casser complètement l'économie. Le mécanisme de "permis d'émissions" permettait aux pays industrialisés d'acheter ou de vendre des "droits à polluer" en fonction de leur performance écologique. Ça a lancé un vrai marché international du carbone. Un autre truc intéressant, c'était le "mécanisme de développement propre", qui finançait des projets verts dans des pays moins développés. Un exemple concret, c'est l'installation d'éoliennes ou de centrales hydrauliques dans des régions dépourvues d'infrastructures énergétiques durables, permettant aux pays investisseurs d'obtenir du crédit carbone tout en accélérant un développement écologique ailleurs.
Mais ça n'a pas été facile à imposer : les États-Unis, pourtant un des gros pollueurs mondiaux, n'ont jamais ratifié le protocole, invoquant des raisons économiques. Le Canada, lui, s'est retiré en 2011, reconnaissant qu'il n'atteindrait pas ses objectifs. Malgré tout, Kyoto a posé les premières bases solides d'une coopération climatique internationale contraignante, influençant directement les accords climatiques suivants comme celui de Paris en 2015.
Durant la seconde moitié du XXe siècle, prise de conscience progressive des États face aux enjeux écologiques. Certains pays ont commencé à adopter doucement des législations pour diminuer leurs émissions polluantes : par exemple, les États-Unis avec le Clean Air Act dès les années 1970. À partir des années 1980, l'économie mondiale bouge elle aussi : des pays entiers réduisent leurs industries lourdes, et on voit le début d'une volonté politique vers des énergies plus propres. Notamment, le choc pétrolier de 1973 a poussés certains États à mieux gérer leur consommation d'énergie, avec le développement du nucléaire et de l'efficacité énergétique.
Les années 1990 marquent aussi le début de politiques économiques plus environnementales, avec l'apparition du principe du "pollueur-payeur". Petit à petit, les partis verts gagnent du terrain dans différents pays d'Europe, rendant l'écologie visible dans le débat politique. De leur côté, certaines multinationales commencent à intégrer timidement dans leur stratégie des principes de responsabilité sociale et environnementale (RSE), même si c'est surtout après les années 2000 que ça s'accélérera réellement.
Au niveau politique international, des institutions et des protocoles majeurs apparaissent pour tenter de coordonner l'action mondiale contre le réchauffement climatique, comme le Protocole de Kyoto en 1997, qui vise à engager les gros pays producteurs d'émissions à les diminuer concrètement. Mais les résistances restent fortes, dues aux fort enjeux économiques. Certains grands pays industrialisés traînent les pieds, les mesures ambitieuses étant souvent vues comme trop coûteuses pour l'économie à court terme.
Le Protocole de Kyoto, signé en 1997, constitue un jalon fondamental en étant le premier traité international contraignant obligeant les pays industrialisés à réduire énergiquement leurs émissions de gaz à effet de serre. Il a posé les bases d'une coopération internationale essentielle face au défi du changement climatique.
Le rapport Meadows, publié en 1972, fut pionnier en alertant explicitement sur les conséquences écologiques et climatiques d'une croissance économique exponentielle. Ce rapport a permis une prise de conscience précoce sur les limites des ressources terrestres et sur l’impact à long terme de l’activité humaine, stimulant le débat international autour de l'environnement et du climat.
Durant l'été 1976, l'Europe a connu une sécheresse et une canicule exceptionnelles, entraînant une forte baisse des rendements agricoles, de violents incendies de forêt ainsi qu'une augmentation notable de la mortalité due à la chaleur. Cet événement a marqué l'opinion publique en Europe, montrant clairement les vulnérabilités face aux variations climatiques extrêmes.
La reconnaissance scientifique du rôle du CO2 dans le réchauffement climatique remonte au début du XXe siècle, mais ce sont surtout les travaux précis de Charles Keeling dans les années 1950, et son relevé désormais célèbre (courbe de Keeling débutée en 1958), qui ont prouvé clairement une augmentation régulière du CO2 atmosphérique et son lien avec les activités humaines.
La création du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) en 1988 a constitué une étape décisive en matière de climat car elle a créé pour la première fois une référence scientifique consensuelle faisant autorité à l’échelle internationale sur le réchauffement climatique et ses conséquences, permettant ensuite aux gouvernements de prendre des décisions éclairées.
Même s'il est souvent complexe d'attribuer un seul événement météorologique au changement climatique, de telles inondations majeures révèlent une tendance cohérente avec les modèles climatiques prédisant une augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes. L'intensification et la fréquence accrues des précipitations extrêmes sont d'ailleurs l'un des résultats attendus du réchauffement climatique global.
Les catastrophes naturelles du XXe siècle ont engendré des pertes économiques considérables se chiffrant en centaines de milliards de dollars, impactant infrastructures, agriculture et développement. Par exemple, l'ouragan Mitch en 1998 a entraîné des dégâts estimés autour de 6 milliards de dollars en Amérique Centrale, freinant pendant de nombreuses années le développement économique et social des pays concernés.
Les sécheresses extrêmes du Sahel dans les années 1980 résultent d'une combinaison complexe de facteurs, incluant des variations naturelles du climat, une gestion insuffisante des ressources naturelles, ainsi qu'une exacerbation des conditions climatiques liée à l'effet incontestable du réchauffement climatique global. Ces sécheresses ont provoqué des famines majeures et attiré l'attention internationale sur la vulnérabilité spécifique de certaines régions au changement climatique.
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Question 1/5