Quantité de CO₂ injectée dans le réservoir du projet Sleipner en Norvège depuis son lancement en 1996 jusqu'en 2022.
Capacité mondiale cumulée de stockage géologique du CO₂ par an estimée à l'horizon 2030 avec les projets annoncés.
Contribution potentielle des technologies de captage et stockage de CO₂ (CCS) à la réduction des émissions mondiales nécessaires à l'atteinte des objectifs de neutralité carbone d'ici 2050.
Estimation de la capacité totale potentielle mondiale de stockage géologique du CO₂ dans les aquifères salins profonds.
Le stockage souterrain du CO₂, c'est une méthode qui vise à emprisonner le dioxyde de carbone (CO₂) sous terre pour pas qu'il finisse dans l'atmosphère. Son objectif principal : réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) responsables du changement climatique. Le principe, c'est plutôt simple. On capture d'abord le CO₂ directement à la source, comme à la sortie d'une usine ou d'une centrale thermique. Après capture, on transporte ce gaz comprimé vers différents sites de stockage. Là-bas, on l'injecte profondément sous terre, souvent à des profondeurs allant de 800 à plus de 2000 mètres, où il est censé rester piégé pendant des milliers d'années.
Les endroits adaptés au stockage sont principalement des formations géologiques spécifiques, comme des roches poreuses recouvertes de couches imperméables. Ça peut être d'anciens réservoirs pétroliers et gaziers épuisés, des aquifères salins profonds, des couches de charbon inexploitées ou encore certaines roches volcaniques. Une fois injecté, le CO₂ est immobilisé grâce à plusieurs mécanismes naturels : il peut rester enfermé sous une couche de roche étanche (piégeage structural), se coincer dans les petits pores de la roche (piégeage résiduel), se dissoudre dans l'eau souterraine (piégeage par dissolution), ou même se solidifier en formant des minéraux (piégeage minéral).
Cette approche technologique fait partie d'un ensemble plus large de solutions appelées capture et stockage de carbone (CSC ou CCS en anglais), considérées comme importantes par de nombreux scientifiques et gouvernements pour respecter les objectifs climatiques internationaux. Pourtant, même si ça semble prometteur, ça soulève quand même pas mal de questions techniques, économiques et environnementales qu'il faut évaluer sérieusement pour savoir si c'est vraiment viable à grande échelle.
Le stockage souterrain du CO₂ est aujourd'hui une technologie clé pour limiter le réchauffement climatique. Pourquoi ? Parce que réduire les émissions de dioxyde de carbone (CO₂) rapidement et efficacement devient urgent : selon le GIEC, on doit absolument limiter la hausse de température à moins de 1,5 à 2 °C d'ici 2100 pour éviter les pires scénarios climatiques. Mais même avec beaucoup d'efforts pour passer aux énergies renouvelables, certaines industries, comme la cimenterie ou l'acier, continueront d'émettre du CO₂ pendant plusieurs années encore.
C'est là que le stockage géologique entre en jeu : on capte directement ces émissions industrielles, on les injecte profondément sous terre dans des formations géologiques adaptées, et on empêche ainsi leur retour vers l'atmosphère. Une étude de l'Agence Internationale de l'Énergie (AIE) indique que la technologie de Capture, Stockage et Utilisation du Carbone (CCUS) pourrait représenter jusqu'à 15 à 20 % des réductions d'émissions de gaz à effet de serre nécessaires d'ici à 2050.
Le stockage géologique du CO₂ permet aussi de gagner du temps pour mieux décarboner l'économie mondiale. C'est un complément aux énergies renouvelables et à l'efficacité énergétique, pas une solution miracle. Sans cette technologie, atteindre la neutralité carbone – objectif fixé par de nombreux pays d'ici 2050 – risque d'être très compliqué.
Attention toutefois : si le potentiel est énorme, le stockage géologique doit être réalisé avec prudence. Ça suppose des contrôles rigoureux et un suivi très précis sur le long terme. La sécurité environnementale est essentielle pour éviter les fuites de CO₂ vers les nappes d'eau souterraines ou vers l'atmosphère. Aujourd'hui, des projets de référence, comme Sleipner en Norvège, ont démontré l'efficacité et la sûreté de cette approche quand elle est bien maîtrisée.
Site ou Projet | Pays | Technologie utilisée | Quantité estimée de CO₂ stockée (en millions de tonnes par an) |
---|---|---|---|
Sleipner | Norvège | Injection géologique offshore (aquifères salins) | ~1 Mt/an depuis 1996 |
Quest (Alberta) | Canada | Injection onshore dans des formations salines profondes | ~1 à 1,2 Mt/an depuis 2015 |
Illinois Basin-Decatur | États-Unis | Injection dans des couches géologiques profondes (aquifères salins) | ~1 Mt (total injecté sur toute la durée du projet, 2011-2014) |
Le captage à la source, c'est choper le CO₂ directement là où il est produit, souvent dans les centrales électriques ou les grosses industries comme la sidérurgie, la cimenterie ou la pétrochimie. Plusieurs méthodes super intéressantes existent. L'une des plus utilisées, c'est le procédé à base d'amine : on utilise des solutions chimiques capables de capturer sélectivement le CO₂ dans les gaz de combustion. L'absorption chimique avec des solvants à base d'amines (comme la monoéthanolamine - MEA) peut atteindre jusqu'à 90 % d'efficacité, mais attention, c'est énergivore pour régénérer le solvant après utilisation.
Il y a aussi le captage par oxycombustion, une technique rusée où l'on brûle le combustible dans de l'oxygène pur, au lieu d'air, ce qui donne un gaz riche en CO₂ très facile à récupérer. Par contre, produire cet oxygène pur nécessite pas mal d'énergie, environ 15 à 20 % de la production électrique brute d'une centrale thermique classique.
Autre piste prometteuse : les membranes sélectives. Ces membranes, souvent fabriquées en polymères ou en céramique, agissent un peu comme un filtre à café très précis qui laisse passer seulement certaines molécules telles que le CO₂. Aujourd'hui, leur performance est encore limitée en grande échelle industrielle, mais la recherche avance vite et l'objectif est clair : gagner en efficacité et diminuer les coûts énergétiques.
Enfin, il existe des procédés de capture par adsorption physique à haute pression (Pressure Swing Adsorption, PSA). Cette approche utilise des matériaux adsorbants solides, comme les zéolithes ou les charbons actifs modifiés, qui piègent le CO₂ et peuvent le libérer ensuite sous forme concentrée en modifiant simplement la pression. Ces systèmes sont particulièrement adaptés aux flux gazeux relativement concentrés, typiquement dans certaines installations industrielles où le CO₂ représente plus de 15 à 20 % des gaz émis.
Bref, chaque techno a ses avantages et ses inconvénients. Aujourd'hui, le grand défi n'est plus seulement technique, il est surtout économique : comment capter un max de CO₂ tout en restant rentable et en limitant la consommation énergétique ?
Une fois capté, le CO₂ doit voyager vers son lieu de stockage, généralement par pipeline, parfois par voie maritime sur des navires spécialisés. Les pipelines restent l'option numéro un : aux États-Unis, par exemple, il existe déjà plus de 8 000 kilomètres de conduites pour transporter le CO₂ principalement utilisé en récupération assistée du pétrole (Enhanced Oil Recovery - EOR). Mais ces infrastructures doivent être adaptées, car le CO₂ est transporté sous forme comprimée, généralement à une pression supérieure à 80 bars, pour faciliter son acheminement en état supercritique (ni gazeux ni liquide, mais un peu des deux à la fois). Ce transport à haute pression permet de déplacer de gros volumes avec un minimum de pertes, mais implique des conduites résistantes à la corrosion : le CO₂ humide réagit avec l'acier et peut accélérer l'usure. On utilise donc souvent des revêtements spéciaux ou un acier inoxydable adapté.
Le transport maritime, lui, est utilisé quand les distances deviennent très grandes (plusieurs centaines de kilomètres), car il devient plus économique que les pipelines sur ces trajets. Le CO₂ est alors transporté sous forme liquide, refroidi autour de -50 °C et à une pression d'environ 7 bars. Les bateaux ressemblent un peu à ceux qui transportent du gaz naturel liquéfié (GNL), mais avec des adaptations spécifiques pour le CO₂. Par exemple, le Northern Lights Project en Norvège prévoit de transporter du CO₂ capté industriellement à travers l'Europe vers des sites de stockage en mer du Nord par bateau.
Chaque moyen de transport a ses avantages, mais aussi ses défis : risques de fuites, consommation énergétique pour maintenir pression ou température, coût des infrastructures (pompes, compresseurs, réservoirs isolés), et acceptabilité sociale des pipelines traversant des zones habitées ou sensibles écologiquement. D'où l'intérêt de bien calculer les trajets, optimiser les infrastructures et surveiller rigoureusement tout le long du parcours.
Le truc avec le piégeage structural, c'est que c'est la méthode la plus simple à comprendre dans le stockage géologique du CO₂ : on injecte le CO₂ supercritique (ni totalement gaz, ni totalement liquide, mais un peu des deux avec une très forte densité) dans des formations rocheuses profondes qui ressemblent un peu à des réservoirs naturels. Là-dedans, y'a souvent des roches imperméables, appelées roches-couvertures, comme les schistes ou les argiles, qui forment une barrière étanche et empêchent la remontée du CO₂ vers la surface. C'est exactement le même processus naturel qui permet au pétrole et au gaz naturel de rester coincés sous terre depuis des millions d’années.
Par exemple, dans le projet Sleipner en Norvège, le CO₂ est injecté depuis 1996 dans une formation de grès sous-marine située environ à 1000 mètres sous le fond marin. Résultat : depuis le début du projet, plus de 20 millions de tonnes de CO₂ ont été stockées sans aucune fuite notable. Ce genre de réservoir, on en trouve aussi fréquemment dans des champs pétroliers ou gaziers épuisés, parce qu'on sait déjà qu'ils ont tenu des hydrocarbures pendant très longtemps sans fuite.
Pour bien choisir un site, il faut absolument vérifier la présence et la continuité de ces roches-couvertures ainsi que leur résistance mécanique, histoire d'être certain que le CO₂ restera tranquille là-dessous pour des milliers d'années. Les études géologiques poussées (imagerie sismique haute résolution, forages exploratoires, entre autres) sont donc indispensables avant de se lancer.
Le piégeage résiduel, c'est quand du CO₂ reste coincé sous forme de petites gouttelettes dans les pores de la roche. Imagine une éponge mouillée : même après l'avoir essorée au maximum, il reste toujours quelques gouttes d'eau coincées dedans. Ici, c'est pareil : après injection, une partie du CO₂ injecté se disperse sous forme de bulles minuscules, isolées au milieu de l'eau présente naturellement dans les formations géologiques.
Ce phénomène survient grâce à la tension superficielle entre le CO₂ et l'eau qui empêche les bulles de CO₂ de migrer librement vers la surface ou vers d'autres endroits. D'après les tests effectués sur le site d'injection de Cranfield au Mississippi (USA), le piégeage résiduel pourrait immobiliser environ 10 à 30 % du volume total de CO₂ injecté à long terme.
Pour optimiser ce mécanisme, certaines équipes scientifiques travaillent sur des techniques d'injection spécifiques, dites "par cycles d'injection et extraction d'eau" (technique appelée "Water Alternating Gas"). En alternant des cycles d'injection de CO₂ et d'eau, elles augmentent significativement la quantité de CO₂ retenue sous forme résiduelle. Ce procédé a montré des résultats prometteurs lors de projets expérimentaux aux États-Unis et au Canada.
C'est une bonne nouvelle, car plus le CO₂ reste piégé sous cette forme, moins il risque de fuite à long terme. Cela signifie donc une sécurité accrue pour le stockage géologique.
Ce type de piégeage consiste à dissoudre directement le CO₂ dans l'eau salée présente dans les aquifères souterrains. En gros, le gaz injecté réagit rapidement avec l'eau, ce qui génère une solution plus lourde que l'eau environnante. Cette eau chargée en CO₂ plonge petit à petit vers le bas, empêchant ainsi le gaz de remonter et limitant fortement les risques de fuite.
Un exemple concret, c'est le projet CarbFix en Islande. Là-bas, on injecte du CO₂ dans des formations basaltiques profondes, où il se dissout rapidement. La bonne nouvelle, c'est que ce type de roche facilite la dissolution et accélère même la transformation du CO₂ dissous en minéraux solides en quelques années seulement (moins de 5 ans selon les résultats observés). C'est hyper efficace et sécurisé.
Pour maximiser la dissolution, une astuce très pratique est de choisir soigneusement le point d'injection : une injection au bas de l'aquifère permet une dissolution optimale dès le départ. Autre point important, injecter de l'eau déjà gazeuse (enrichie en CO₂ avant injection) favorise davantage ce mécanisme de piégeage. L'idée derrière, c'est tout bonnement d'éviter que le CO₂ reste en phase gazeuse pure et cherche à remonter vers la surface.
Ce mécanisme reste quand même lent à grande échelle, mais son efficacité est garantie à très long terme (des milliers d'années, voire plus), car une fois dissous, le CO₂ ne peut plus migrer ou s'échapper.
Le piégeage minéral, c'est peut-être la forme ultime et la plus stable pour piéger du CO₂ sous terre. En gros, le dioxyde de carbone injecté réagit chimiquement avec les minéraux présents dans la roche pour former des composés solides et stables, comme les carbonates. Le gros avantage, c'est que c'est quasi permanent et sans risque significatif de fuite — le CO₂ est solidement "verrouillé" sous forme minérale.
Un bon exemple concret, c’est le projet CarbFix en Islande. Là-bas, ils injectent du CO₂ dissous dans de l’eau sous la couche basaltique, riche en calcium, magnésium et fer. Résultat : 95 % du CO₂ injecté s’est minéralisé en carbonate en moins de deux ans (contre plusieurs milliers d’années normalement attendues). Ce projet a prouvé qu'on pouvait accélérer considérablement la formation des carbonates grâce à la bonne combinaison de roche et d'eau injectée.
Mais attention, ce n’est pas faisable partout. Ce processus marche super bien dans des formations géologiques comme les basaltes — des roches volcaniques très réactives et riches en minéraux appropriés. Ça veut dire que pour répliquer le succès de CarbFix, il faut sélectionner soigneusement les sites avec les bons types de roches et conditions hydrologiques.
Point actionnable : si on envisage une solution de stockage minéral rapide, il est indispensable de faire une caractérisation géologique fine du site choisi, en vérifiant que la roche possède bien les minéraux nécessaires pour provoquer ces réactions à grande vitesse. Et si l'endroit convient, alors ça devient une super alternative pour fixer définitivement le CO₂ sur le long terme.
Quantité annuelle de CO₂ captée et injectée par le projet Quest CCS en Alberta, Canada, depuis sa mise en opération en 2015.
Premier projet de captage et injection souterraine de CO₂ aux États-Unis dans le champ pétrolier de Terrell, Texas pour la récupération assistée du pétrole (Enhanced Oil Recovery, EOR).
Début du projet Sleipner en Mer du Nord par la société norvégienne Statoil, premier projet commercial de stockage géologique de CO₂ dans un aquifère salin profond.
Inauguration du projet Weyburn-Midale au Canada, combinant stockage géologique de CO₂ et récupération assistée de pétrole.
Lancement du projet In Salah en Algérie, premier projet de stockage de CO₂ à grande échelle en Afrique dans un réservoir gazier épuisé.
Publication du rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), intitulé 'Piégeage et stockage du dioxyde de carbone' présentant les bases scientifiques et techniques du stockage géologique de CO₂.
Démarrage du projet Boundary Dam au Canada, première centrale électrique thermique équipée d'un système de captage et stockage du CO₂ à pleine échelle industrielle.
Lancement du projet Quest CCS en Alberta, Canada, permettant le stockage géologique industriel d'environ 1 million de tonnes de CO₂ par an dans des formations géologiques profondes.
Lancement du projet CarbFix en Islande, démontrant avec succès le stockage minéral accéléré du CO₂ dans les formations basaltiques.
Publication du rapport du GIEC affirmant la nécessité d'augmenter drastiquement la capacité de captage et stockage géologique du CO₂ pour atteindre les objectifs climatiques de l'Accord de Paris.
Les champs pétroliers et gaziers épuisés sont souvent des cibles prioritaires pour le stockage géologique de CO₂, parce qu'ils ont déjà prouvé leur capacité à maintenir piégé sous terre du gaz ou du pétrole pendant des millions d'années. Ces sites présentent l'avantage d'avoir été très étudiés au fil des années d'exploitation. Du coup, les scientifiques possèdent déjà une quantité impressionnante de données sur leur structure géologique, leurs caractéristiques, leur étanchéité et leur capacité maximale de stockage. Tout ça permet de réduire les incertitudes et les risques de fuite du CO₂.
Ces réservoirs épuisés contiennent souvent des infrastructures existantes : forages, pipelines ou installations de surface. Ça représente un énorme atout économique, car ça limite les frais d'installation. C'est d'ailleurs exactement ce qui se passe dans la Mer du Nord, où le projet Sleipner injecte chaque année environ 1 million de tonnes de CO₂ dans une couche saline profonde à proximité de réservoirs anciens. Aux États-Unis également, le Département américain de l'Énergie (DOE) estime que les réservoirs épuisés représentent un potentiel de stockage total d'environ 186 milliards de tonnes de CO₂.
Par contre, il ne suffit pas d'envoyer le CO₂ sous terre et de s'en laver les mains. Il faut surveiller ces sites en continu pour vérifier que le gaz reste bien piégé, et anticiper tout risque éventuel lié à l'intégrité des anciens puits. Une fuite non détectée pourrait non seulement annuler les bénéfices environnementaux du projet, mais aussi entraîner des risques locaux pour la santé. Des techniques modernes comme la surveillance sismique 4D ou l'utilisation de traçages isotopiques nous permettent heureusement aujourd'hui d'avoir un œil très précis sur ce qu'il se passe réellement sous terre.
Enfin, certains réservoirs épuisés offrent un avantage bonus assez intéressant : ils peuvent bénéficier du concept de récupération assistée d'hydrocarbures (Enhanced Oil Recovery - EOR). En injectant du CO₂, non seulement on le piège durablement, mais en prime on peut booster la récupération des restes de pétrole difficiles à extraire — ce qui rend l'opération économiquement viable même sans grosses subventions publiques. Un projet typique d'EOR peut augmenter de 10 à 15 % le pétrole récupérable dans un réservoir donné. Toutefois, cette option reste controversée, car elle rallonge indirectement l'utilisation d'énergie fossile, une question donc à bien peser selon les objectifs climatiques fixés.
Les aquifères salins profonds, c'est tout simplement des couches souterraines remplies d'eau très salée (bien plus salée que l'eau de mer), situées généralement à plus de 800 mètres sous terre. Pourquoi on s'y intéresse pour stocker le CO₂ ? Déjà parce qu'ils sont très répandus : rien qu'en Europe, leur capacité de stockage est estimée à plusieurs centaines de milliards de tonnes de CO₂, de quoi couvrir totalement les émissions industrielles européennes actuelles pendant des décennies.
Autre avantage : ces aquifères ne servent pas à grand-chose actuellement, vu la salinité trop élevée de l'eau qui les rend inutilisables pour la consommation humaine ou même l'agriculture. Donc les risques de conflits d'utilisation sont très faibles, ce qui les rend particulièrement intéressants pour un usage massif.
Sur le plan technique, lorsqu'on injecte du CO₂ dans ce type d'aquifère, il remonte naturellement vers le haut (car plus léger que l'eau salée) jusqu'à ce qu'il bute sur une couche rocheuse imperméable — appelée roche-cap — qui le bloque et empêche sa remontée jusqu'à la surface. Avec le temps, une partie du CO₂ va se dissoudre dans l'eau salée, le rendant encore plus stable et limitant davantage les risques de fuite.
Un exemple concret ? Le projet Sleipner en Norvège stocke depuis 1996 environ 1 million de tonnes de CO₂ chaque année dans un aquifère salin profond sous la Mer du Nord, avec des résultats très rassurants : les données récoltées montrent que l'essentiel du gaz reste là où il faut, stable et bien piégé. C'est typiquement le genre de réussite qui donne confiance en cette solution.
Les couches profondes de charbon non exploitées peuvent être une chouette piste pour le stockage du CO₂. Pourquoi ? Parce que le charbon a une particularité intéressante : il peut fixer naturellement le CO₂ à sa surface grâce à un phénomène nommé adsorption. Grosso modo, les molécules de CO₂ viennent se coller à la surface des micropores du charbon. Et puis cerise sur le gâteau, en se fixant, le CO₂ chasse le méthane naturellement présent dans le charbon. Ça s'appelle l'Enhanced Coal Bed Methane Recovery (ECBM). Autrement dit, en injectant du CO₂, on pourrait récupérer du méthane utilisable comme énergie tout en stockant le CO₂ sous terre.
Évidemment, toutes les couches de charbon ne se valent pas. Il faut des conditions précises : une profondeur généralement située entre 500 et 1500 mètres, une porosité adéquate, ainsi qu'une perméabilité suffisante pour pouvoir injecter facilement le gaz. Certaines expériences donnent des chiffres concrets : par exemple, selon différentes études, 1 tonne de charbon peut fixer jusqu'à 10 à 25 mètres cubes de CO₂, suivant sa composition chimique et sa texture.
Une limite quand même : injecter du CO₂ dans le charbon peut parfois provoquer un gonflement et réduire la perméabilité, rendant plus difficile l'injection en continu. Il reste donc quelques bugs à régler côté technique avant de généraliser le procédé. Pour l'instant, c'est surtout une solution explorée à petite échelle et en développement, mais les résultats préliminaires sont plutôt encourageants.
Les roches basaltiques sont des formations volcaniques très prometteuses pour stocker efficacement le CO₂. Elles ont l'avantage de réagir chimiquement assez rapidement avec le gaz injecté pour former des minéraux stables comme la calcite et l'ankerite. Contrairement aux autres types de réservoirs, où le CO₂ reste souvent sous forme gazeuse pendant des milliers d'années, le basalte accélère son piégeage sous forme minérale.
Pourquoi c'est cool ? Parce que ça limite fortement les risques de fuite à long terme. Un exemple concret : en Islande, le projet Carbfix a démontré en conditions réelles dès 2016 qu'environ 95 % du CO₂ injecté dans les basaltes s'est minéralisé en seulement deux ans. C'est hyper rapide à l'échelle géologique !
Autre atout intéressant : on trouve du basalte en grandes quantités dans plusieurs régions du monde comme en Inde, au nord-ouest des États-Unis, en Islande ou encore en Éthiopie. Cela ouvre clairement plusieurs pistes pour déployer à grande échelle cette approche au niveau mondial. Par contre, faut être réaliste, injecter massivement du CO₂ dans le basalte nécessite beaucoup d'eau, car il faut dissoudre le gaz avant de l'injecter. Ça demande donc pas mal de réflexion sur la gestion de cette ressource, surtout dans les régions arides.
Dernier point sympa : les expériences actuelles permettent de mieux comprendre comment le basalte vieillit après injection du CO₂. On commence à avoir des modèles précis pour prévoir le comportement à long terme de ces réservoirs atypiques. Pas mal pour rassurer sur la sécurité !
Le saviez-vous ?
Le site de stockage de Sleipner, en mer du Nord, est en activité depuis 1996 et stocke environ 1 million de tonnes de CO₂ par an. C'est l'un des plus anciens et des plus étudiés projets de stockage souterrain de CO₂ au monde.
Selon le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), la capture et le stockage du carbone (CCS) pourrait contribuer à environ 15 % de la réduction totale requise des émissions mondiales de gaz à effet de serre pour maintenir le réchauffement climatique sous la barre des 2°C.
Les aquifères salins profonds représentent le plus grand potentiel mondial de stockage géologique du CO₂. Leur capacité de stockage estimée est comprise entre 1 000 et 10 000 milliards de tonnes de CO₂, soit suffisamment pour accueillir les émissions mondiales annuelles pendant plusieurs décennies.
Grâce à la technologie de surveillance innovante « sismique 4D », les scientifiques peuvent surveiller en continu l'évolution du CO₂ injecté sous terre. Cette technique permet de détecter même des mouvements minimes de gaz, garantissant ainsi la sécurité et l'intégrité du stockage.
Aujourd'hui, les chercheurs et entreprises innovent sérieusement sur la façon dont on attrape le fameux CO₂ à la source, histoire de limiter les impacts environnementaux. Jusqu'à récemment, la méthode la plus courante était le bon vieux procédé d'amines, où on utilise des solvants liquides pour capturer chimiquement le CO₂. Mais le problème avec ce truc, c'est qu'il est assez gourmand en énergie pour la régénération des solvants. Du coup, des scientifiques bossent sur des alternatives plus efficaces, et ça commence à prendre forme.
Par exemple, les membranes polymères poreuses deviennent de plus en plus performantes : elles laissent passer préférentiellement le CO₂ par rapport aux autres gaz, sans avoir besoin de trop chauffer ou refroidir. Une entreprise comme MTR (Membrane Technology & Research) a réussi à capter jusqu'à 90 % du CO₂ sur certains sites industriels grâce à ces membranes. Plus simple, moins gourmand en énergie.
Autre méthode qui intrigue pas mal en ce moment, c'est l'utilisation de matériaux dits à adsorption solide, comme les structures métallo-organiques (les fameuses MOFs). Ces sortes de "cages moléculaires" peuvent piéger sélectivement le CO₂ selon leur structure moléculaire hyper précise. Les équipes de recherche obtiennent de bons rendements expérimentaux, avec une efficacité de captage potentiellement supérieure à 85 % pour certaines MOFs étudiées en laboratoire.
Et puis, il y a aussi des innovations plus originales comme la cryogénie, qui consiste à refroidir très fortement les gaz industriels pour séparer directement le CO₂ en glace sèche. Simple conceptuellement, mais jusqu'ici trop cher et énergivore pour une vraie utilisation industrielle. Sauf que maintenant, grâce à l'amélioration de systèmes de refroidissement en cascades, le procédé devient moins coûteux énergétiquement. Certaines startups, comme l'américaine Sustainable Energy Solutions, annoncent diminuer de 30 à 50 % la consommation énergétique par rapport aux procédés traditionnels avec cette approche cryogénique.
Bref, le captage industriel du CO₂ évolue vite : entre membranes innovantes, matériaux solides ultra-sélectifs et nouvelles techniques cryogéniques, on voit clairement émerger des méthodes plus réalistes et plus économiques pour réellement faire baisser les émissions industrielles.
Les dernières avancées dans l'injection souterraine reposent sur des solutions techniques très concrètes qui améliorent directement l'efficacité du stockage. Par exemple, l'injection alternée d'eau et de CO₂ (technique appelée WAG, «Water Alternating Gas») permet de mieux répartir le CO₂ dans le réservoir, ce qui augmente la capacité de stockage totale tout en réduisant les risques de fuites.
Une autre méthode sympa est l'utilisation de puits horizontaux ou dirigés. Ces puits permettent d'injecter le gaz de manière beaucoup plus étendue et uniforme dans la formation géologique cible. Résultat: meilleure utilisation de l'espace souterrain disponible, moins de pression localisée excessive, et donc une sécurité renforcée.
On voit aussi émerger l'injection sous forme de CO₂ supercritique chauffé, c'est-à-dire à haute pression et température. Ce procédé facilite la pénétration du CO₂ dans les pores minuscules des roches et améliore la rapidité avec laquelle le gaz se dissout dans les fluides souterrains. Un bon moyen d'accélérer le piégeage par dissolution et minéralisation.
Certains chercheurs travaillent aussi sur l'ajout d'agents chimiques spécifiques pendant l'injection. Ces agents optimisent l'interaction chimique du CO₂ avec les minéraux de la roche. On forme ainsi plus vite des carbonates solides totalement inoffensifs sur le plan climatique.
Enfin, des approches intelligentes couplent maintenant l'injection de CO₂ avec la récupération assistée de ressources comme la géothermie ou le pétrole. Cela permet d'améliorer la rentabilité de la filière tout en optimisant les capacités de stockage durablement.
La sismique 4D, c'est une technologie qui permet de suivre précisément le comportement du CO₂ injecté sous terre en réalisant des mesures sismiques à intervalles réguliers. En gros, c'est prendre plusieurs "photos" sismiques en 3D à différents moments pour créer un film montrant comment le CO₂ évolue dans les réservoirs souterrains. Ça rend possible l'identification précise d'éventuelles fuites, d'anomalies ou de déplacements non prévus du gaz piégé.
Un exemple concret, c'est le projet de Sleipner en Norvège. Depuis 1996, la sismique 4D est utilisée pour observer et comprendre la migration du CO₂ injecté à plus de 800 mètres sous le fond marin. Grâce à cette méthode, les scientifiques ont pu vérifier que le gaz restait bien confiné dans la formation géologique initialement prévue, rassurant ainsi sur l'efficacité et la sécurité à long terme de leur stockage.
Concrètement, la sismique 4D aide à mieux cibler les interventions en cas de problème car elle rend visible en quasi temps réel tout ce qui se passe sous terre. C'est une sorte de système d'alerte avancé pour protéger l'environnement et assurer le bon déroulement des projets de stockage géologique.
La détection par fibre optique, c'est un peu comme utiliser un immense réseau nerveux pour écouter la Terre en profondeur. La technique clé pour ça, c'est la détection acoustique distribuée (DAS). Concrètement, une fibre optique placée dans un puits ou souterrain peut détecter les changements minuscules, genre vibrations ou mouvements du terrain, sur des kilomètres. Chaque mini mouvement crée une légère variation dans la lumière circulant dans la fibre. Et hop, ça permet de surveiller précisément où et comment le CO₂ injecté bouge sous terre, ce qui aide à éviter les fuites et à assurer la sécurité des projets.
Un exemple concret : sur le site Aquistore au Canada, ils utilisent une fibre optique DAS de plusieurs kilomètres pour suivre précisément comment évolue le panache de CO₂ injecté dans un aquifère salin profond. Ça leur permet de détecter en continu les mouvements même infimes du gaz souterrain. L'énorme avantage, c'est qu'on obtient des données en temps réel, sans devoir déployer des tonnes de capteurs classiques partout. Résultat : une meilleure sécurité, une réactivité accrue en cas de problème, et moins de coûts de maintenance.
Autre point concret intéressant : ce genre de monitoring génère beaucoup de données très vite. Alors pour être efficaces et interprétables rapidement, on couple aujourd'hui ces systèmes DAS à des algorithmes d'intelligence artificielle (machine learning). Ces algos extraient automatiquement les signaux utiles dans le flot massif d'informations récoltées, facilitant une prise de décision rapide et ciblée sur le terrain.
Le traçage isotopique, concrètement, ça marche comment ? Simple : on utilise des isotopes naturels ou artificiels, par exemple le carbone 13 (¹³C) ou le carbone 14 (¹⁴C), en les injectant avec le CO₂ lors du stockage souterrain. Pourquoi ? Parce qu'ils agissent exactement comme des "étiquettes" reconnaissables permettant de suivre précisément le gaz injecté.
Par exemple, le projet de stockage de Sleipner en Norvège utilise ce type de technique pour vérifier le mouvement et la stabilité du CO₂ injecté. En suivant ces isotopes, on vérifie exactement où est passé le CO₂, si jamais il migre ou s'échappe vers la surface ou d'autres formations souterraines. Ça permet aussi de savoir si le gaz injecté réagit chimiquement avec le milieu environnant, ce qui pourrait impacter sa sécurité à long terme.
Le vrai avantage de cette méthode est sa sensibilité : même des fuites minimes peuvent être détectées. Par exemple, une fuite de seulement quelques grammes par jour peut être repérée en surveillant l'évolution de la composition isotopique dans les eaux souterraines ou dans les sols au-dessus du site de stockage. Bref, non seulement ça rassure sur la sécurité du stockage, mais ça contribue aussi à optimiser la gestion du réservoir sur le long terme. Un outil vraiment précis, fiable, et super utile pour rendre le stockage géologique du CO₂ sûr et durable.
La modélisation numérique, concrètement, c'est simuler sur ordinateur comment le CO₂ va se comporter une fois injecté sous terre. Ça permet aux chercheurs de visualiser ce qui pourrait arriver dans 10, 100, même 1 000 ans après l'injection. Ces outils prennent en compte plein de facteurs précis, comme la porosité des roches, leur perméabilité ou encore la composition chimique du fluide injecté et des minerais en place.
Un gros défi, c'est d'anticiper au mieux les mouvements et les réactions chimiques à long terme. Par exemple, prévoir précisément comment le CO₂ dissous interagissait avec les minéraux pour former des carbonates solides peut être compliqué, mais c'est primordial pour comprendre la sécurité du stockage sur plusieurs siècles. La bonne nouvelle, c'est que les chercheurs améliorent constamment ces modèles, notamment grâce à l'augmentation rapide de la puissance informatique mais aussi grâce aux données de terrain accumulées depuis des dizaines d'années.
En combinant simulations informatiques poussées avec observations réelles déjà en cours dans des projets existants comme Sleipner ou Quest CCS, les scientifiques affinent leur compréhension. Cela permet aussi de détecter rapidement les risques éventuels, comme les fuites potentielles ou l'impact sur les eaux souterraines. C'est une science encore jeune mais qui progresse vite, et elle est absolument essentielle pour juger sérieusement de l'efficacité et de la sécurité du stockage géologique du CO₂ sur le très long terme.
Longueur approximative du plus grand réseau de transport par pipeline de CO₂ aux États-Unis (notamment dans la région du Permien Basin).
Montant total investi par l'Union européenne dans des projets liés à la capture, au transport et au stockage géologique du CO₂ via le Fonds pour l'innovation entre 2020 et 2021.
Pourcentage moyen de réduction des émissions de CO₂ réalisable par les techniques modernes de capture du CO₂ industrielles.
Capacité totale des projets de CCS actuellement opérationnels ou en construction à l'échelle mondiale, en 2022.
Émissions mondiales annuelles de CO₂ issues de la combustion d'énergies fossiles et de l'industrie en 2022.
Technologie de stockage | Principe | Exemple de site | Avantage / Risque identifié |
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Stockage en aquifères salins profonds | Injection du CO₂ dans des réservoirs d'eau salée souterrains | Sleipner, Norvège (depuis 1996) | Grande capacité mais risque faible de fuite vers aquifères potables |
Stockage dans des réservoirs pétroliers ou gaziers épuisés | Utilisation des anciennes réserves fossiles comme réservoirs étanches | Weyburn-Midale, Canada (depuis 2000) | Étanchéité éprouvée mais nécessite surveillance constante |
Minéralisation du carbone | Réaction du CO₂ avec des minéraux pour former des carbonates stables | Projet CarbFix, Islande (depuis 2012) | Stockage permanent mais processus coûteux et lent |
Le projet Sleipner, lancé en 1996 par la compagnie norvégienne Equinor (ex-Statoil), est le premier et le plus ancien site industriel de stockage géologique de CO₂ à grande échelle au monde. Situé en mer du Nord, il injecte environ 1 million de tonnes de CO₂ par an dans un aquifère salin profond appelé la formation d'Utsira, à plus de 800 mètres sous le fond marin.
Le CO₂ provient directement de l'extraction de gaz naturel, où il est naturellement présent en trop grande quantité. Avant l'injection, le gaz extrait contient une forte proportion de CO₂, qui doit être réduit à environ 2,5 % pour être commercialisable. Plutôt que de relâcher ce CO₂ dans l'atmosphère (ce qui occasionnerait des taxes élevées d'émissions en Norvège), Sleipner le sépare directement sur place via une technique d'absorption et le réinjecte sous terre.
Grâce à Sleipner, on a accumulé plus de 25 années d'observations scientifiques précises sur le stockage de CO₂. Le site est suivi de près par des méthodes avancées comme la sismique 4D (des images en 3D captées régulièrement dans le temps pour visualiser la répartition du CO₂). Ces données révèlent que le CO₂ injecté migre lentement vers le haut, mais reste bien confiné sous une épaisse couche rocheuse imperméable appelée "couvercle" ou "couverture argileuse".
Une des grandes contributions du projet est de montrer concrètement que le stockage souterrain de CO₂ peut être à la fois efficace et sûr sur le long terme. Grâce aux résultats de Sleipner, d'autres projets industriels à travers le monde ont pu se lancer, basés sur ses retours d'expérience et les techniques de suivi employées sur ce pionnier norvégien. Aujourd'hui encore, le projet continue à fournir des informations clés pour améliorer les modèles de prévision et mieux comprendre comment le CO₂ se comporte une fois injecté sous terre.
Le projet Quest CCS mené en Alberta par Shell est l'un des plus gros sites industriels de stockage souterrain de CO₂ au monde. Depuis son ouverture en 2015, il a injecté plus de 7 millions de tonnes de CO₂ dans une formation saline profonde, située à 2 km sous la surface du sol. C'est comme retirer environ 1,5 million de voitures de la circulation chaque année.
Le CO₂ provient de la raffinerie Shell Scotford, qui transforme du bitume dense en pétrole plus léger (hydrocraquage). Les gaz sont captés à leur sortie, puis comprimés et envoyés par pipeline sur 65 kilomètres. Arrivé sur le site, le CO₂ est injecté directement sous forme liquide dans les roches poreuses.
Quest se démarque par l'utilisation de techniques de monitoring de pointe. Ils surveillent en permanence le sous-sol avec des capteurs sismiques, des puits d'observation et la technologie des fibres optiques. C'est ultra précis : s'il se passe quoi que ce soit à 2 km sous terre, l'équipe est informée immédiatement.
Côté financier, le projet a coûté environ 1,35 milliard de dollars canadiens, avec une partie des fonds venant du gouvernement d'Alberta (745 millions de dollars) et du gouvernement fédéral du Canada (120 millions de dollars). Shell partage publiquement les données de Quest, ce qui est plutôt rare dans ce domaine. Ces données permettent aux équipes de recherche et aux autres projets similaires d'apprendre et de mieux gérer leurs propres sites de stockage ailleurs dans le monde.
Le stockage souterrain du dioxyde de carbone (CO₂), aussi appelé stockage géologique, consiste à capturer le CO₂ émis par différentes activités humaines (industrie, énergie, etc.) pour le stocker dans des formations géologiques souterraines sûres et profondes. Cela permet de diminuer les émissions atmosphériques de gaz à effet de serre, contribuant ainsi à limiter le réchauffement climatique conformément aux objectifs climatiques internationaux comme l'Accord de Paris.
Le risque existe, mais il est généralement considéré comme faible quand les sites sont soigneusement sélectionnés, surveillés et gérés selon les meilleures pratiques scientifiques et technologiques. Des techniques avancées, telles que la sismique 4D ou le monitoring par fibre optique, permettent de surveiller l'intégrité du site en temps réel, réduisant significativement les risques de fuite potentielle.
Les formations géologiques les plus adaptées incluent les aquifères salins profonds, les réservoirs pétroliers et gaziers épuisés, les couches de charbon non exploitées et les formations basaltiques. Ces formations offrent des conditions optimales de profondeur, pression et perméabilité qui garantissent une capacité et une sécurité élevées pour le stockage du CO₂ sur de longues périodes.
Le stockage géologique du CO₂ vise une durée de stockage permanente, de plusieurs milliers à plusieurs millions d'années. Le CO₂ injecté réagit progressivement avec les roches et l'eau environnante, passant par différentes étapes (piégeage structural, résiduel, dissolution puis minéralisation) qui le rendent de plus en plus stable à long terme.
Il existe plusieurs exemples notables, comme Sleipner en Norvège qui stocke environ un million de tonnes de CO₂ par an depuis 1996 dans des aquifères salins sous-marins profonds, ou encore Quest CCS au Canada qui a déjà stocké plus de 6 millions de tonnes de CO₂ depuis son lancement en 2015. Ces projets fournissent des données importantes pour améliorer les technologies et régulations liées à cette pratique.
L'économie du stockage géologique du CO₂ varie selon les contextes industriels et les réglementations locales. Actuellement, les coûts de captage et stockage varient entre 50 et 120 euros par tonne de CO₂ environ. Cependant, ces coûts tendent à diminuer grâce à l'innovation technologique et aux politiques climatiques incitatives telles que les taxes carbone ou les subventions publiques.
Le stockage souterrain du CO₂ représente une solution complémentaire importante, mais ne peut suffire à lui seul à résoudre totalement le problème du changement climatique. Il doit être associé à d'autres stratégies comme la réduction des émissions à la source, l'amélioration de l'efficacité énergétique et le développement accru des énergies renouvelables pour parvenir à une décarbonation efficace de nos sociétés.
Avant la mise en place d'un projet de stockage, des études d'impact environnemental rigoureuses sont réalisées, ainsi que des analyses géologiques détaillées. Une fois le projet opérationnel, des techniques avancées de monitoring (surveillance sismique, géochimique et par fibre optique notamment) sont utilisées pour suivre l'évolution du CO₂ stocké en temps réel et garantir ainsi la sécurité environnementale du site choisi.
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