La séquestration du carbone dans les mangrovesUn allié méconnu dans la lutte contre le changement climatique

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La séquestration du carbone dans les mangroves : un allié méconnu dans la lutte contre le changement climatique

Introduction

La lutte contre le changement climatique, on en parle beaucoup. On évoque souvent les forêts amazoniennes, les panneaux solaires ou les éoliennes. Mais franchement, il y a un allié hyper puissant dont presque personne ne parle : les mangroves. Ces étranges forêts entre terre et mer, faites d'arbres aux racines tordues, sont en réalité des championnes lorsqu'il s'agit de capturer le carbone présent dans l'atmosphère et de le garder sous clé. Oui, tu as bien lu, ces arbres qui poussent les pieds dans l'eau marine sont des pros en séquestration de carbone.

Les mangroves, ce ne sont pas seulement de jolis paysages dignes des cartes postales au bout du monde. Ces zones humides tropicales jouent un rôle important dans l'équilibre écologique des régions côtières : abri pour quantité d’espèces, nurserie naturelle pour poissons et crustacés, barrière contre les tempêtes, l'érosion et les inondations. Mais l'un de leurs principaux super pouvoirs reste leur capacité exceptionnelle à capturer et à stocker le CO₂ atmosphérique pendant des siècles, bien plus efficacement que les forêts tropicales classiques.

Seulement voilà, malgré leur efficacité prouvée, elles restent méconnues du grand public. Pire, elles diminuent dramatiquement en raison de la déforestation, de l'expansion urbaine sur les côtes ou encore des pollutions agricoles et industrielles. On perd alors non seulement un précieux puits de carbone naturel, mais aussi tout un écosystème essentiel à la biodiversité et à la vie humaine. S'il y a une urgence, c'est bien celle-ci : protéger et restaurer ces petits bijoux naturels qui méritent largement leur place sous les projecteurs.

Alors, qu'est-ce qu'on attend pour mettre enfin les mangroves au cœur des actions pour le climat ? Voici pourquoi ces forêts pas comme les autres méritent clairement toute notre attention.

200 tonnes/hectare

Capacité de séquestration de carbone des mangroves, bien supérieure à celle des forêts tropicales

35 %

Pourcentage de déforestation mondiale provenant des zones côtières, dont une grande partie est due à la disparition des mangroves

200 millions de personnes

Nombre de personnes dépendant directement des mangroves pour leur survie et leurs moyens de subsistance

46 milliards de dollars

Valeur économique annuelle des services écosystémiques fournis par les mangroves, y compris la protection des côtes, la pêche et le tourisme

Qu'est-ce qu'une mangrove ?

Définition et caractéristiques

Une mangrove, en gros, c'est une forêt tropicale qui s'éclate à pousser les pieds dans l'eau salée, le long des littoraux protégés des vagues. Elle forme une zone tampon entre terre et mer, où certains végétaux hyper spécialisés résistent sans broncher au sel, aux vagues, à l'envasement et aux conditions pauvres en oxygène. Le secret de ces végétaux champions du stress? Des racines aériennes qui sortent du sol (appelées pneumatophores) pour absorber direct l'oxygène de l'air quand y en a pas assez dans la boue. Ces arbres et arbustes, les palétuviers surtout, ont développé d'autres adaptations incroyables, comme des filtres dans les racines pour virer le sel de l'eau. Certaines espèces expulsent même le sel en trop directement sur leurs feuilles. Dans cet écosystème, tu peux trouver des sols boueux saturés en matières organiques en décomposition, et ces sols capturent et conservent du carbone hyper efficacement. Les mangroves représentent 0,1 % des terres émergées mais stockent jusqu'à cinq fois plus de carbone au mètre carré que les forêts tropicales terrestres : une vraie prouesse vu leur petite surface mondiale. Autre détail frappant : elles jouent un rôle essentiel contre l'érosion côtière en attrapant les sédiments dans leurs racines, ce qui stabilise les côtes et les protège naturellement lors des tempêtes. Pour résumer le visuel, imagine des arbres aventuriers à moitié immergés formant un labyrinthe de racines aériennes, le tout grouillant de vie marine et terrestre. Un décor fascinant, ultra résistant, et super utile face au changement climatique, et pourtant encore sous-évalué par beaucoup.

Importance écologique des mangroves

Les mangroves jouent le rôle de véritables nurseries pour une large variété de poissons, crustacés et mollusques. En clair, de nombreuses espèces marines y commencent leur vie, protégées des prédateurs par les racines entremêlées des palétuviers.

Ces zones abritent aussi des animaux en danger critique d'extinction, comme le tigre du Bengale dans les Sundarbans ou le lamantin en Floride. Sans parler des oiseaux migrateurs — flamants roses, hérons, ibis — qui y trouvent refuge lors de leurs longs voyages.

Une caractéristique moins connue, c'est leur capacité impressionnante à filtrer les polluants. Par exemple, une mangrove peut retenir jusqu'à 80 % des métaux lourds provenant des rejets industriels et agricoles, empêchant ces substances toxiques d'atteindre les océans.

Autre truc fascinant : en atténuant la force des vagues, les mangroves limitent drastiquement l'érosion côtière. Une bande étroite de mangroves peut réduire la hauteur des vagues jusqu’à 66 %, protégeant ainsi les côtes contre les tempêtes violentes et même les tsunamis.

Enfin, ces écosystèmes très spécifiques régulent la salinité, fondamentale pour préserver l'équilibre biologique local. Sans eux, certains littoraux deviendraient vite inhabitables pour bon nombre d’espèces végétales et animales.

Principales espèces végétales et animales typiques des mangroves

Les mangroves ne se limitent pas à une unique espèce d'arbre comme on pourrait le croire. Parmi les variétés végétales stars, tu retrouves le palétuvier rouge (Rhizophora mangle). Celui-là est reconnaissable à ses racines étranges qui ressemblent à des échasses pour le maintenir bien fixé dans la boue. Il partage l'espace avec le palétuvier noir (Avicennia germinans), célèbre pour ses pneumatophores—des racines en forme de tubes sortant de la vase et lui permettant de respirer—plutôt ingénieux ! Pas très loin, pousse aussi le palétuvier blanc (Laguncularia racemosa), et même le boutonnière (Conocarpus erectus), qui résistent tous deux plutôt bien aux eaux salées.

Côté faune, ce n'est pas moins animé : on peut apercevoir le curieux poisson périophtalme, capable de marcher quelques instants hors de l'eau grâce à ses nageoires avant très musclées. Il partage la vedette avec le fameux crabe violoniste qui arbore une pince gigantesque et exagérée unique aux mâles : une vraie curiosité naturelle ! Les mangroves accueillent aussi la discrète mais essentielle crevette peneïde, base économique importante dans plusieurs régions côtières tropicales.

Dans les arbres, les oiseaux abondent : tu croises souvent le superbe héron vert (Butorides virescens) à l'affût sur les racines, toujours prêt à bondir sur une proie. Les mangroves servent également de salle d'attente pour les juvéniles de nombreuses espèces de poissons de récif, où ils grandissent à l'abri des prédateurs avant leur migration vers le large. De quoi mériter largement leur surnom de "nurserie marine".

Menaces pesant sur les mangroves

Déforestation et urbanisation côtière

Les mangroves disparaissent sous nos yeux, surtout à cause des projets immobiliers sur les littoraux. Le béton et les constructions empiètent rapidement et durablement sur ces précieuses forêts côtières. En Indonésie, Java occidental a perdu plus des deux tiers de ses mangroves en seulement 30 ans à cause de l'expansion urbaine et agricole. Autre exemple concret : aux Philippines, la baie de Manille a vu sa couverture de mangroves quasiment disparaître, passant de plusieurs milliers d'hectares à quelques centaines à peine aujourd'hui. Cette perte est irréversible à court terme, sachant qu'il faut environ 15 à 30 ans pour qu'une mangrove puisse pousser de façon mature et recommencer à stocker efficacement du carbone. En pratique, ça signifie que plus on laisse les villes grignoter sur ces écosystèmes, plus on réduit nos chances de capturer du carbone à grande échelle. Une mesure d'urgence concrète à prendre au niveau local est d'appliquer strictement des zones tampons protégées, interdisant la construction à proximité immédiate des mangroves restantes. La mise en place de plans d'aménagement urbains précis et contraignants, couplée à des actions de reboisement encadrées, est ce qu'il reste de mieux pour limiter les dégâts de l'urbanisation galopante sur ces écosystèmes fragiles.

Pollution industrielle et agricole

Dans les régions côtières, les mangroves ramassent directement tout ce que l'humain déverse depuis les usines et les exploitations agricoles. Concrètement, ça veut dire qu'elles absorbent une quantité importante de polluants comme les métaux lourds (mercure, plomb, cadmium), les hydrocarbures et les intrants agricoles (pesticides et fertilisants). Par exemple, en Malaisie, dans la baie de Matang, les mangroves filtrent efficacement les eaux polluées venues des élevages intensifs de crevettes, limitant ainsi la propagation du phosphore et de l'azote vers la mer ouverte. Mais attention : cette capacité de filtrage n'est pas illimitée. Avec trop de polluants accumulés, les arbres dépérissent, la faune marine s'appauvrit, et à moyen terme les mangroves perdent leur efficacité à capturer et stocker du carbone. Au niveau individuel, favoriser des pratiques agricoles raisonnées (moins d'engrais chimiques) ou soutenir les politiques locales anti-pollution sont des leviers très concrets pour freiner cette menace.

Réchauffement climatique et élévation du niveau de la mer

Le réchauffement climatique accélère pas mal la fonte des glaciers, mais ce que les gens savent moins c’est que pour les mangroves, ça devient critique même avec quelques centimètres de hausse du niveau marin. Ces forêts sont capables de suivre l'augmentation du niveau de la mer en accumulant des sédiments sous leurs racines, mais seulement jusqu'à un certain point. Dès que le niveau d'eau monte trop vite, elles n’arrivent plus à compenser, leurs racines étouffent, et elles disparaissent totalement en quelques années à peine.

On voit déjà des exemples concrets comme dans les îles du Pacifique ou encore dans les Sundarbans au Bangladesh, où de larges zones ont été englouties récemment faute de pouvoir suivre le rythme du niveau marin. Très concrètement, protéger ces mangroves passe par rétablir le flux naturel de sédiments depuis les rivières en amont. Ça veut dire stopper ou au moins limiter les barrages en rivière, veiller à limiter la déforestation plus à l'intérieur des terres (pour éviter que les sols nus partent à toute vitesse dans les rivières), et travailler à la restauration active des mangroves qui reculent près des côtes. Tout ce travail en amont est essentiel, car une fois que la mangrove disparaît, pas moyen d'inverser facilement le phénomène.

Ecosystème Capacité de séquestration de carbone (tonnes de carbone par hectare) Source
Mangroves 1 030 Rapport de la FAO sur les forêts (2010)
Forêts tropicales humides 217 Rapport du GIEC (2003)
Forêts tempérées 178 Rapport du GIEC (2003)
Prairies 20 Rapport de l'IPCC (2006)

La séquestration du carbone

Mécanismes de séquestration du carbone dans les mangroves

Absorption du carbone par la végétation

Les arbres des mangroves, comme le palétuvier rouge (Rhizophora mangle), captent le CO₂ grâce à leur croissance rapide, pouvant pousser jusqu’à 60 cm par an dans des conditions optimales. Ce carbone se retrouve majoritairement stocké dans leurs troncs, branches et racines épaisses, mais aussi dans leurs feuilles. Quand ces feuilles tombent, elles ne se dégradent pas complètement sous l'eau. Ça ralentit la décomposition et permet au carbone de rester coincé beaucoup plus longtemps dans le système. Résultat : une capacité hors norme à piéger le carbone : une mangrove peut stocker jusqu’à 4 fois plus de carbone à superficie égale qu'une forêt tropicale classique comme l'Amazonie. Pour vous faire une idée concrète, un hectare de mangrove mature stocke en moyenne entre 600 et 1 500 tonnes de carbone, tandis qu'une forêt terrestre tropicale n’en stocke qu’entre 150 et 400 tonnes. Favoriser la restauration et la protection de ces écosystèmes, c'est donc miser sur des puits de carbone ultra efficients.

Stockage du carbone dans les sédiments

Les mangroves possèdent une botte secrète étonnante pour emprisonner le carbone : leurs sédiments. En gros, ces sols marécageux ultra riches en matière organique accumulent le carbone sur des milliers d'années. Contrairement aux forêts classiques, où le carbone stocké risque d'être relâché rapidement quand les arbres meurent ou brûlent, ici le carbone reste piégé durablement car les sols sont souvent immergés et privés d'oxygène. Le manque d'oxygène ralentit considérablement la décomposition, du coup, le carbone se retrouve comme coincé dans ces couches épaisses de boue. Par exemple, des études ont mesuré que certaines mangroves, comme celles d'Indonésie ou de Colombie, peuvent contenir jusqu'à 5 fois plus de carbone par hectare que les forêts tropicales terrestres. C’est du super stockage, longue durée. Et c’est précisément ce qui rend les mangroves si précieuses et prioritaires pour les projets concrets de restauration écologique et de conservation. Restaurer une mangrove peut littéralement permettre d’emprisonner à nouveau du carbone à grande échelle, de façon durable. À retenir concrètement : renforcer et protéger ces écosystèmes marins en restaurant les flux d'eau naturels (supprimer les digues inutiles, par exemple) ou en réduisant l'érosion par une gestion côtière étudiée fait partie des leviers d'action les plus efficaces pour maximiser leur rôle de stockage carbone.

Comparaison avec d'autres écosystèmes

Mangroves VS forêts tropicales classiques

Les mangroves stockent jusqu’à quatre fois plus de carbone que les forêts tropicales classiques, à surface égale. Là où les forêts tropicales retiennent surtout du carbone dans les arbres, les mangroves, elles, en piègent près de 80 % directement dans leurs sols boueux et submergés. Cette différence est essentielle, car quand une forêt tropicale est détruite par le feu ou la déforestation, quasi tout le CO₂ s’échappe rapidement dans l'atmosphère. En revanche, le carbone enfermé dans les sols profondément inondés des mangroves peut y rester stocké pendant des milliers d’années, à l’écart de l’air et de la décomposition rapide.

Un exemple concret : une étude en Indonésie a montré qu’un hectare de mangrove pouvait retenir environ 1 000 tonnes de carbone dans ses sols, contre seulement autour de 150 à 200 tonnes pour une forêt tropicale humide "classique". Conclusion pratique : pour maximiser ton impact climat en protégeant des zones naturelles, agir sur un hectare de mangrove rapporte bien plus en termes de bilan carbone que préserver la même superficie de forêt tropicale classique.

Mangroves VS prairies marines et récifs coralliens

Les mangroves stockent bien plus de carbone que les prairies marines ou les récifs coralliens. En chiffres, une mangrove peut stocker jusqu'à 4 fois plus de carbone que les herbiers marins et jusqu'à 10 fois plus que certaines zones de récifs coralliens. Pourquoi ? Parce que le vrai potentiel des mangroves, c'est ce qui est sous leurs racines : les couches épaisses de sédiments où le carbone reste piégé pendant des centaines, voire des milliers d'années. Alors que les prairies marines sont excellentes pour absorber du carbone via leurs feuilles et racines, leurs sédiments sont généralement plus fins, moins épais et stockent du carbone à un rythme inférieur sur le long terme. Concernant les récifs coralliens, leur super-pouvoir réside dans la protection côtière contre les vagues et l'érosion, mais leur capacité à capturer le carbone est beaucoup plus limitée. Très concrètement, protéger ou restaurer ne serait-ce qu'un hectare de mangrove peut fournir autant de résultats qu'une opération similaire couvrant plusieurs hectares de récifs coralliens ou de prairies marines. Ça veut pas dire pour autant que les autres écosystèmes ne valent rien, bien au contraire. Idéalement, la solution optimale, c’est une gestion intégrée où les mangroves, les herbiers marins et les récifs coralliens se protègent et se renforcent mutuellement, ce qu’on appelle une approche écosystémique intégrée.

Forêts et Sylviculture
Forêts et Sylviculture

200 000
hectares

Superficie en hectares de mangroves détruite chaque année dans le monde

Dates clés

  • 1971

    1971

    Convention de Ramsar : Première convention internationale axée sur les zones humides, incluant les mangroves, pour leur conservation et utilisation durable.

  • 1992

    1992

    Conférence des Nations Unies sur l'environnement (Sommet de la Terre à Rio) : reconnaissance internationale de l'importance des mangroves et des zones humides dans la conservation de la biodiversité et la lutte contre le changement climatique.

  • 2005

    2005

    Première estimation mondiale précise des surfaces de mangroves par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), mettant en évidence la disparition rapide de ces écosystèmes.

  • 2011

    2011

    Publication d'une étude majeure démontrant la capacité exceptionnelle des mangroves à séquestrer et stocker le carbone (données clés sur le rôle majeur des mangroves dans la lutte contre le changement climatique par Donato et al., Nature Geoscience).

  • 2015

    2015

    Accord de Paris (COP21) : première mention explicite des mangroves dans un accord international majeur pour leur contribution à l'atténuation du changement climatique par la séquestration naturelle du carbone.

  • 2018

    2018

    Création de la Global Mangrove Alliance : une initiative mondiale pour accélérer la protection, la restauration et la gestion durable des mangroves, afin de mieux lutter contre les changements climatiques.

  • 2021

    2021

    Début de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes (2021-2030), avec les mangroves identifiées comme écosystème clé pour restaurer le climat et protéger les communautés côtières.

Les mangroves et le changement climatique

Impact du changement climatique sur les mangroves

Érosion côtière et submersion

L'élévation du niveau des mers combinée à l'intensification des événements météo extrêmes agit comme un véritable cocktail explosif pour les mangroves. Les vagues et les marées de tempêtes sapent leurs racines, affaiblissant leur ancrage et provoquant un recul accéléré du trait de côte. Exemple concret: au Vietnam, dans le delta du Mékong, certaines zones perdent jusqu'à 50 mètres par an à cause de l'érosion ! Ce recul rapide rend les communautés locales vulnérables, les obligeant à déplacer leurs habitations vers l'intérieur ou à trouver des moyens coûteux de protection artificielle.

Les mangroves jouent justement un rôle tampon clé en amortissant l'énergie des vagues, ce qui réduit nettement les dégâts des tempêtes et des inondations. Des études ont montré qu'une bande de seulement 100 mètres de mangrove peut diminuer la hauteur des vagues jusqu'à 66 % ! Autrement dit, protéger ces écosystèmes est souvent plus économique et efficace que la construction de digues ou d'autres ouvrages de protection bétonnés.

Mais attention, elles doivent être maintenues en bonne santé pour assurer efficacement cette protection. Des actions simples mais concrètes existent : limiter la déforestation côtière, reboiser les zones dégradées, préserver les flux naturels d'eau douce et salée indispensables à leur équilibre. Sans ces mesures pragmatiques, leur disparition accélère directement le risque réel de submersion permanente des zones côtières peu élevées.

Modification des conditions environnementales locales

Avec la hausse des températures et du niveau de la mer, les mangroves vivent des changements concrets sur le terrain. Par exemple, le taux de salinité dans certaines régions comme au Bangladesh et au Sénégal a fortement augmenté ces dernières années, atteignant parfois des niveaux toxiques pour plusieurs espèces végétales typiques de ces écosystèmes. Ce surplus de sel influence non seulement la croissance des arbres mais aussi la reproduction des poissons, crevettes et crabes, qui y trouvent habituellement refuge et nourriture. Autre problème majeur, la modification du régime de précipitations : dans des endroits comme l'Australie du Nord, saison sèche prolongée et pluie intense brève modifient clairement la répartition des espèces végétales, certaines deviennent dominantes alors que d'autres disparaissent carrément du coin. Au niveau local, si on veut agir efficacement, la restauration active des flux d'eau douce et la mise en place de canaux de drainage pour réguler la salinité sont des solutions très concrètes qui fonctionnent bien, comme en témoigne l'initiative réussie dans le delta du Mékong au Vietnam.

Apport des mangroves dans la lutte contre le changement climatique

Réduction des impacts des tempêtes et des inondations

Les mangroves constituent une barrière naturelle hyper efficace contre les tempêtes et les inondations, et c'est pas juste du blabla. Elles absorbent l'énergie des vagues et ralentissent les courants grâce à leurs racines intriquées et solides. Par exemple, en 2004, après le tsunami en Asie du Sud-Est, les zones protégées par des mangroves ont subi beaucoup moins de dégâts que celles sans cette couverture végétale. Une étude en Inde a même montré que des villages situés derrière des mangroves denses avaient enregistré jusqu'à 90 % de décès en moins par rapport aux régions sans mangrove.

En Floride, notamment dans le parc national des Everglades, les mangroves ont réduit significativement la force de l'ouragan Irma en 2017, évitant des millions de dollars de dégâts supplémentaires. Même chose aux Philippines lors du passage du typhon Haiyan en 2013 : les zones côtières entourées de mangroves ont mieux résisté, ce qui montre concrètement leur utilité.

Côté action pratique, préserver ces écosystèmes coûte souvent 2 à 5 fois moins cher que construire et entretenir des digues artificielles, tout en offrant un habitat naturel à la vie sauvage. Clairement, investir dans la restauration et la conservation des mangroves, c'est à la fois malin financièrement et vital pour protéger les communautés côtières.

Contribution significative à l’atténuation du changement climatique

Les mangroves capturent environ 4 fois plus de carbone à surface égale que les forêts tropicales classiques. Ça signifie que préserver et restaurer ces écosystèmes, c'est carrément une des solutions les plus efficaces que l'on ait sous la main pour absorber et stocker le carbone. Par exemple, une mangrove mature en Indonésie peut stocker jusqu'à 1 000 tonnes de carbone par hectare. En pratique, maintenir ces espaces naturels intacts pourrait compter autant pour réduire nos émissions qu'arrêter de brûler des millions de tonnes de charbon. Et concrètement, restaurer des mangroves dégradées peut rapidement rétablir leur capacité à séquestrer du carbone : au Sénégal et en Inde par exemple, un reboisement ciblé a permis de récupérer des milliers d'hectares, renforçant ainsi significativement le stockage de carbone local en seulement quelques années. Investir dès aujourd'hui dans leur préservation ramène donc des bénéfices à court terme, et pas seulement théoriques.

Le saviez-vous ?

Dans certaines régions, les mangroves agissent comme une barrière naturelle contre les tempêtes et les tsunamis, réduisant la puissance des vagues jusqu'à 66% avant qu'elles n'atteignent la terre ferme et protégeant ainsi des millions de vies humaines.

Des études montrent que la protection et la restauration des mangroves pourraient éviter l’émission annuelle d’au moins 31 millions de tonnes de CO₂, soit l’équivalent des émissions annuelles de plus de 6,5 millions de voitures.

Les mangroves couvrent seulement 0,1% de la surface terrestre, mais elles stockent jusqu'à 4 fois plus de carbone par hectare que les forêts tropicales classiques. Elles jouent donc un rôle clé dans l'atténuation du changement climatique.

Saviez-vous qu’environ 75% de toutes les espèces de poissons commerciaux des zones tropicales passent une partie de leur cycle de vie dans les mangroves ? Ces écosystèmes garantissent donc aussi la sécurité alimentaire et économique des populations côtières.

Les bénéfices socio-économiques des mangroves

Protection des communautés côtières

Les mangroves agissent comme des barrières naturelles ultra-efficaces contre les phénomènes climatiques violents comme les ouragans, les cyclones ou les tsunamis. Des études montrent que les forêts de mangroves peuvent réduire la hauteur des vagues jusqu'à 66 % sur une distance de seulement 100 mètres. Au Bangladesh par exemple, en 2007, les villages protégés par une mangrove dense ont subi significativement moins de dégâts et de pertes humaines lors du cyclone Sidr que les zones non protégées. En atténuant l'énergie des vagues et en limitant l'érosion côtière, elles protègent directement habitations, infrastructures essentielles, terres agricoles et activités économiques locales telles que la pêche artisanale. À long terme, maintenir des espaces de mangroves en bon état coûte souvent bien moins cher que de construire et entretenir des infrastructures artificielles, comme les digues. De nombreuses communautés rurales en Asie du Sud-Est et en Afrique misent justement sur la régénération des mangroves pour sécuriser leur littoral tout en soutenant leur économie locale.

Foire aux questions (FAQ)

Les mangroves fournissent d’importantes ressources économiques locales, notamment via la pêche durable, la récolte de bois et d'autres produits naturels. Elles favorisent le tourisme écologique et créent des emplois liés à la conservation et à la recherche environnementale.

Oui, en particulier dans les territoires ultramarins français comme en Guyane, à Mayotte ou encore en Guadeloupe et en Martinique. Là-bas, les pressions urbaines, agricoles et industrielles continuent d'affecter ces précieux écosystèmes côtiers.

Les principales menaces comprennent la déforestation liée notamment au développement urbain côtier, l'agriculture intensive (comme les cultures de crevettes), la pollution chimique et le réchauffement climatique qui entraîne une élévation du niveau des mers, mettant en péril ces écosystèmes délicats.

Les mangroves agissent comme une barrière naturelle contre les tempêtes, l’érosion côtière et les tsunamis. Leurs racines complexes ralentissent le courant, stabilisent les sols et limitent ainsi considérablement les dégâts subis par les communautés côtières en cas de catastrophes climatiques.

Les mangroves sont particulièrement efficaces car elles disposent de racines denses et profondes où les sédiments, riches en matière organique, capturent et stockent le carbone à long terme. Leur taux de séquestration est souvent plus élevé que celui des forêts terrestres classiques.

Oui, la restauration est possible ! De nombreux projets internationaux montrent qu’il est faisable de restaurer des zones dégradées grâce au reboisement par des espèces de palétuviers adaptées et à la mise en place de stratégies de conservation durables.

Vous pouvez soutenir financièrement des organismes œuvrant pour la préservation des mangroves, sensibiliser votre entourage aux enjeux environnementaux liés à ces écosystèmes, favoriser une consommation de produits issus d'une agriculture durable et éviter de consommer des produits issus de zones forestières littorales défrichées.

Forêts et Sylviculture : Changement Climatique et Forêts

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