Ce vendredi 28 mars 2025, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche, s'est rendue à Lens dans le Pas-de-Calais pour présenter la nouvelle feuille de route du gouvernement visant à améliorer la qualité de l'eau potable en France. Cette initiative intervient dans un contexte préoccupant où près de 100 captages sont fermés ou abandonnés chaque année en raison de diverses pollutions.[1]

La visite ministérielle a débuté par la clôture du Forum national de la gestion durable des eaux pluviales au Stade Bollaert, suivie d'une visite du point de captage à Wingles et d'une présentation des dispositifs mis en place pour favoriser l'infiltration des eaux de pluie à Liévin. Ce déplacement de terrain souligne l'importance accordée par le gouvernement à cette problématique qui touche directement la santé publique et l'environnement.

Une stratégie ambitieuse face à des enjeux croissants

« Je publierai vendredi ma feuille de route pour améliorer la qualité de notre eau potable. Mon objectif est de protéger les captages les plus sensibles », avait annoncé la ministre dans une interview accordée à La Tribune Dimanche quelques jours plus tôt. Elle y soulignait que « l'accès à l'eau devient un sujet régalien » en raison des impacts du changement climatique sur la ressource hydrique.

La France dispose de près de 33 000 points de captages sur son territoire, qui fournissent deux tiers du volume d'eau consommé par la population. Pourtant, sur ces milliers de points d'approvisionnement, seuls 1 500 ont été sécurisés jusqu'à présent. L'ambition affichée par Agnès Pannier-Runacher est claire : « Je veux changer d'échelle et en sécuriser au moins 3 000 de plus », représentant ainsi un effort considérable pour garantir l'accès à une eau potable de qualité.

Olivier Sichel, directeur général par intérim de la Caisse des Dépôts et des Consignations (CDC), a accompagné la ministre durant ce déplacement. Sa présence témoigne de l'engagement financier nécessaire à la mise en œuvre de cette feuille de route, notamment à travers le dispositif des Aqua prêts, considéré comme essentiel à l'amélioration de la qualité de l'eau.[1]

Une méthode en deux temps pour protéger la ressource

La feuille de route présentée aujourd'hui s'articule autour d'une méthode en deux phases. Dans un premier temps, il s'agira de délimiter précisément et par arrêté les captages menacés et les parcelles sensibles. Cette cartographie fine permettra d'identifier les zones prioritaires nécessitant une intervention rapide et ciblée.

Dans un second temps, le plan prévoit de définir les actions susceptibles d'avoir le plus d'impact sur la qualité de l'eau. Parmi celles-ci figurent l'amélioration de l'assainissement, la dépollution des sites contaminés, et la réduction de l'utilisation de produits phytosanitaires, particulièrement dans les zones agricoles proches des captages.

La ministre a insisté sur l'importance d'une approche territoriale : c'est au niveau des territoires que la discussion doit se tenir, « en mettant tout le monde autour de la table ». Elle a ainsi cité différents acteurs concernés : opérateurs de stations d'assainissement, collectivités locales, agriculteurs et industriels. Cette concertation large doit permettre de trouver des solutions adaptées aux spécificités de chaque territoire.

Des cycles hydrologiques perturbés par le changement climatique

Ce plan s'inscrit dans un contexte climatique préoccupant. Même si 60% des nappes phréatiques affichent actuellement un niveau supérieur aux normales mensuelles, certaines régions comme le Massif central ou le Massif armoricain connaissent des tensions hydriques importantes. « On est rentré dans des cycles de 'pas assez d'eau' l'été et de 'trop d'eau' l'hiver qui ne permettent plus de recharger notre système », a expliqué Agnès Pannier-Runacher.

Cette nouvelle réalité climatique renforce la nécessité de préserver les ressources en eau potable, qui sont soumises à des pressions croissantes : pollutions diverses, surconsommation et perturbations des cycles naturels de recharge des nappes. La protection des captages apparaît donc comme une mesure d'adaptation essentielle face aux effets du dérèglement climatique.

Les premières concertations territoriales seront lancées avant l'été, a promis la ministre. Une échéance rapprochée qui témoigne de l'urgence de la situation et de la volonté gouvernementale d'agir concrètement pour protéger cette ressource vitale.[2]

Pour rappel, cette feuille de route s'inscrit dans un ensemble plus large d'initiatives gouvernementales en faveur de la transition écologique. Elle fait suite notamment au Plan de transformation écologique de l'État présenté le même jour par Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, en présence du Premier ministre Gabriel Attal au Muséum national d'Histoire naturelle.

Avec cette nouvelle stratégie pour la protection des captages d'eau, le gouvernement entend répondre à un enjeu majeur de santé publique et d'environnement, tout en préparant le territoire français aux défis hydriques que pose le changement climatique. Les prochains mois seront décisifs pour concrétiser cette ambition et mobiliser l'ensemble des acteurs concernés autour de cet objectif commun.