Une coalition internationale de 111 organisations environnementales a publié ce mercredi 2 avril 2025 une lettre ouverte appelant les États du monde entier à interdire toute nouvelle exploration pétrolière et gazière en mer. Cette initiative, menée par l'ONG OceanCare, intervient à deux mois de la troisième Conférence des Nations unies pour l'océan (Unoc 3) qui se tiendra du 9 au 13 juin 2025 à Nice.

Les signataires demandent spécifiquement que cette interdiction figure explicitement dans la déclaration finale du sommet, alors que le projet actuel ne fait aucune mention des énergies fossiles, pourtant principales responsables du changement climatique.

Nicolas Entrup, directeur des relations internationales d'OceanCare, a déclaré : "Si nous voulons vraiment protéger l'océan, il faut mettre fin immédiatement à la pratique destructrice de l'exploration pétrolière et gazière dans les milieux marins. Ces activités sont à l'origine des bruits les plus intenses dans nos mers et ont des conséquences graves, voire mortelles, sur la vie marine, du plus petit plancton aux grandes baleines".

Des impacts dévastateurs sur la biodiversité marine

La lettre ouverte souligne les effets néfastes des techniques d'exploration pétrolière, notamment l'utilisation de canons à air comprimé pour la prospection sismique. Ces méthodes produisent des ondes sonores extrêmement puissantes qui se propagent dans l'environnement marin, perturbant la communication, l'orientation et l'alimentation de nombreuses espèces.

L'appel des ONG s'inscrit dans un contexte alarmant pour les océans. Selon les données scientifiques citées par les organisations, l'océan absorbe 90% de l'excès de chaleur produit par les activités humaines et a enregistré des températures record l'année dernière, ce qui menace gravement les écosystèmes marins et accélère la montée du niveau des mers [1].

Malgré ces constats alarmants, "des milliards de dollars continuent d'être investis dans la recherche de pétrole et de gaz dans les fonds marins, en dépit des preuves scientifiques plaidant en faveur d'un arrêt urgent du développement des énergies fossiles", déplore OceanCare dans son communiqué.

Vers une élimination progressive des forages en mer

Au-delà de l'interdiction immédiate des nouvelles explorations, les ONG plaident pour l'élimination progressive de tous les forages pétroliers et gaziers en mer. Cette demande s'appuie sur les engagements pris lors de la COP28 de Dubaï en 2023, où les États du monde entier s'étaient accordés sur une "transition" vers la sortie des énergies fossiles.

Plusieurs pays européens ont déjà pris des mesures concrètes en ce sens. La France, l'Espagne et le Portugal ont interdit l'exploration pétrolière dans leurs domaines maritimes respectifs, tandis que le Danemark a pris "des mesures sérieuses" pour limiter ces activités.

En France, la question de l'exploitation des hydrocarbures reste néanmoins un sujet de débat au sein même du gouvernement. En février dernier, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, avait exprimé sa volonté "d'ouvrir le débat" sur l'interdiction de l'exploitation des hydrocarbures en France, notamment en Guyane, une position qui avait suscité l'opposition de la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher.

Un enjeu crucial pour la conférence de Nice

La publication de cette lettre ouverte vise à influencer les discussions de l'Unoc 3, considérée comme un moment clé pour la protection des océans à l'échelle mondiale. Les 111 organisations signataires espèrent que leur appel incitera les États à prendre des mesures plus ambitieuses pour protéger les milieux marins.

L'Unoc 3 de Nice sera la troisième édition de cette conférence des Nations unies consacrée aux océans, après celles de New York en 2017 et de Lisbonne en 2022. Elle réunira des représentants gouvernementaux, des scientifiques, des ONG et des acteurs économiques du monde entier.

La protection des océans représente un enjeu majeur pour l'atteinte des objectifs climatiques mondiaux, les écosystèmes marins jouant un rôle crucial dans la régulation du climat. Si le projet de déclaration finale ne mentionne pas encore les énergies fossiles, les ONG espèrent que leur mobilisation permettra de corriger cette omission.

Cette initiative s'inscrit dans un mouvement plus large visant à aligner les politiques de protection des océans avec les objectifs climatiques, deux aspects souvent traités séparément dans les négociations internationales malgré leur interdépendance évidente [2].