Tu le savais peut-être pas, mais l'agroforesterie est aujourd'hui l'une des solutions les plus prometteuses face aux défis écologiques. Ces pratiques consistent simplement à associer des arbres et des cultures agricoles (ou de l'élevage) sur un même espace. L'idée : faire cohabiter tout ce beau monde pour profiter des atouts naturels de chacun. En clair, c'est une forme d'agriculture où on laisse la nature jouer en équipe plutôt que de la combattre.
Pourquoi on s'y intéresse autant, aujourd'hui ? Parce que les sols et la biodiversité vont mal, tout simplement. Chaque année, on perd environ 24 milliards de tonnes de terre fertile à travers le monde à cause de l'érosion. Oui, 24 milliards de tonnes, laisse ce chiffre-là traîner un peu dans ta tête. Moins de sols fertiles, c'est moins de nourriture produite, donc on comprend vite l'urgence à trouver des solutions efficaces.
La biodiv' est dans le rouge elle aussi : selon l'IPBES (l'équivalent du GIEC pour la biodiversité), près d'un million d'espèces animales et végétales risquent de disparaître dans les prochaines décennies si rien ne change sérieusement. Ça file le vertige, non ?
Et justement, là intervient l'agroforesterie. Ni produit miracle, ni retour en arrière, juste une manière intelligente de faire pousser des plantes en utilisant le meilleur du vivant. Ainsi, elle améliore la qualité des sols, limite leur érosion, booste la biodiversité en attirant toutes sortes d'espèces utiles et favorise même la productivité des cultures.
Alors si t'as envie d'en savoir plus sur ce que l'agroforesterie a vraiment à offrir à notre environnement, nos agriculteurs et notre alimentation, viens donc, je vais t'expliquer tout ça en détail.
L'agroforesterie peut réduire l'érosion des sols de jusqu'à 30% grâce à la présence d'arbres et de cultures associées
Un arbre planté en agroforesterie peut vivre en moyenne jusqu'à 25 ans de plus qu'un arbre isolé en monoculture
Les pratiques agroforestières peuvent entraîner jusqu'à 20% d'augmentation de la biodiversité par rapport aux monocultures
L'agroforesterie peut stocker jusqu'à 5 tonnes de carbone par hectare et par an, aidant ainsi à lutter contre le changement climatique
L'agroforesterie, en gros, c'est l'art de combiner arbres, cultures agricoles et parfois même des animaux sur une même parcelle pour profiter des interactions positives entre eux. Ce n'est pas juste planter quelques arbres au milieu d'un champ : l'idée, c'est d'avoir un réel mélange organisé qui ressemble à la façon dont les écosystèmes naturels fonctionnent. Un exemple clair, ce sont les vergers-pâturages où moutons ou volailles paissent tranquillement sous les arbres fruitiers. Autre cas typique : alterner des rangées d'arbres comme les noyers ou chênes avec des bandes céréalières ou maraîchères, histoire d'optimiser l'espace et profiter d'un microclimat favorable. Au-delà de la simple définition technique, l'objectif principal est de créer un système productif cohérent et durable, capable de préserver le sol, améliorer les rendements à long terme et accueillir une vraie biodiversité.
Quand on parle des origines de l'agroforesterie, il ne faut surtout pas croire que c'est une invention récente. Au contraire, elle remonte à plusieurs milliers d'années. Les Mayas en Amérique centrale, par exemple, pratiquaient déjà des formes très pointues d'agroforesterie avec les jardins-forêts. Là-bas, les cultures comme le maïs, l'avocat ou le cacao côtoyaient des arbres plus hauts afin de créer des microclimats protecteurs hyper efficaces.
En Asie également, l'agroforesterie est pratiquée depuis l'antiquité : en Chine ancestrale, on associe depuis très longtemps l'élevage de vers à soie sur des mûriers plantés dans les champs agricoles. C'est une technique âgée d'au moins 2500 ans, documentée dès la dynastie Zhou (1046-256 av. J.-C.).
Chez nous, en Europe, la pratique prend vraiment de l'ampleur vers le Moyen Âge, notamment le long du bassin méditerranéen, où des méthodes dites de "dehesa" ou "montado" mélangent pâturages et arbres comme les chênes-lièges ou les chênes verts. À ce jour, la Dehesa espagnole couvre plus de 3,5 millions d'hectares, un bel exemple concret d'agroforesterie traditionnelle qui subsiste encore.
Même si au 20ème siècle, l'industrialisation agricole avait fait un peu oublier ces pratiques, l'agroforesterie connaît maintenant un retour en force à cause des problématiques environnementales et climatiques actuelles. En France, l'agroforesterie moderne commence vraiment à prendre racine dans les années 1990-2000 grâce à des agronomes comme Christian Dupraz, chercheur à l'INRAE, qui remet cette méthode ancienne au goût du jour avec des études scientifiques sérieuses et des expérimentations de terrain. Aujourd'hui, en France, environ 200 000 hectares sont considérés comme agroforestiers et cet espace est en pleine expansion.
L'agroforesterie repose d'abord sur l'association délibérée entre arbres, arbustes et cultures agricoles ou élevage. Il ne s'agit pas simplement de juxtaposer végétaux et animaux, mais bien de créer des interactions bénéfiques en exploitant habilement différents étages végétaux. La clé des systèmes agroforestiers réside clairement dans leur architecture spatiale: en jouant sur l'espacement entre les rangées d'arbres, leur densité ou leur hauteur, on influence directement l'accès des cultures au soleil, à l'eau et aux nutriments. Par exemple, implanter des arbres à croissance rapide comme l'acacia albida, qui perd ses feuilles pendant la saison humide et les retrouve pendant les périodes sèches, permet de limiter efficacement la concurrence avec les cultures tout en apportant un apport régulier en feuilles sèches, riches en azote, au sol.
Un autre principe central, c'est la sélection réfléchie et stratégique des essences végétales. On privilégie souvent des espèces locales ou adaptées au climat et aux sols de la région. Elles sont plus résistantes aux stress locaux (parasites, sécheresses, maladies), et offrent des bénéfices directs aux agriculteurs (production de fruits, bois-énergie ou fourrage pour les animaux). L'idée, c'est donc d'obtenir de multiples récoltes issues d'un même espace cultivé, étalées dans le temps, à différentes hauteurs et périodes de l'année.
Enfin, dernier élément clé : la gestion attentive des processus naturels dans le système agroforestier. Encourager le recyclage naturel de matière organique, préserver les auxiliaires de culture, favoriser la pollinisation croisée... Tout cela participe directement au bon fonctionnement écologique global en limitant les besoins en intrants chimiques, ce qui améliore à terme la rentabilité économique des exploitations.
Aspect | Bénéfices pour la préservation des sols | Bénéfices pour la biodiversité |
---|---|---|
Protection du sol | Diminution de l'érosion grâce à la couverture végétale | Offre des habitats variés et corridors écologiques pour la faune |
Qualité du sol | Amélioration de la structure et de la fertilité des sols via l'apport de matière organique | Augmentation de la diversité microbienne et des organismes du sol |
Gestion de l'eau | Meilleure infiltration et rétention d'eau, réduction du ruissellement | Soutien des écosystèmes aquatiques par la régulation des cours d'eau |
Les racines des arbres en agroforesterie constituent un vrai bouclier vivant contre les glissements de terrain et la perte de sol. Certaines espèces comme le frêne ou le chêne rouge d'Amérique possèdent des racines pivotantes puissantes qui descendent à plus de 2 mètres sous terre et maintiennent efficacement le sol. En parallèle, les racines superficielles plus fines, comme celles du saule ou du peuplier, forment un réseau dense qui retient les premiers centimètres du sol, les plus exposés à l'érosion. Des études pratiques comme celles menées dans la vallée de la Durance montrent que l'intégration de rangées de peupliers dans les champs cultivés réduit jusqu'à 80 % la perte annuelle de sol. Pour agir concrètement chez toi ou sur ton exploitation, il suffit souvent d'implanter des bandes d'arbres ou d'arbustes espacées intelligemment dans la pente, en sélectionnant des espèces à racines complémentaires (pivotantes ET superficielles). Cela renforce directement la stabilité du terrain tout en évitant les affaissements et les coulées boueuses.
Les arbres et les haies en agroforesterie captent la force des gouttes de pluie avant que celles-ci ne frappent directement le sol. Selon une étude de l'INRA réalisée en France, une couverture d'arbres peut réduire jusqu'à 60 à 80 % l'énergie cinétique des précipitations, limitant ainsi le phénomène de battance (formation d'une croûte dure en surface).
Concrètement, des essences comme le frêne, le tilleul ou les arbustes tels que le noisetier créent une sorte "d'écran végétal" protecteur. Ça évite que le sol ne soit tassé ou que sa structure ne soit détériorée. Résultat : une meilleure infiltration de l'eau et moins de ruissellement.
Dans les vignobles du Sud-Ouest, par exemple, en réintroduisant des rangées d'arbres espacées entre les lignes de vigne, certains vignerons ont réduit significativement le ravinement causé par les fortes pluies d'été.
En passant, ça marche aussi en hiver : l'agroforesterie atténue l'effet des grosses averses hivernales qui abîment les sols agricoles laissés trop longtemps à nu. Pratique, simple et plus écolo qu’utiliser des bâches en plastique ou multiplier les travaux mécaniques pour casser la croûte des sols devenus imperméables.
Planter des arbres fixateurs d'azote comme l'aulne glutineux, le robinier faux-acacia ou le caroubier est une très bonne idée pour booster la fertilité de tes sols agricoles. En gros, ces arbres ont à leurs racines des petites bactéries (Rhizobium, Frankia, etc.) qui captent l'azote de l'air (qui représente quand même 78 % de l'atmosphère !) et l'injectent direct dans le sol sous une forme assimilable pour les plantes voisines (ammonium, nitrate). Par exemple, un robinier mature peut fixer à peu près 40 à 80 kg d'azote par hectare et par an, gratos ! Concrètement, intégrer ces espèces dans tes cultures permet de réduire sérieusement ton besoin en engrais chimiques. Autre avantage concret : rajouter des légumineuses arbustives comme le gliricidia ou le leucaena en systèmes « alley cropping » améliore nettement les rendements des cultures adjacentes – au Mali, par exemple, on observe des rendements céréaliers jusqu'à 40 % plus élevés dans ces configurations. C'est gagnant-gagnant : moins de coût pour toi, un plus pour l'environnement.
Les parcelles agroforestières affichent souvent des taux de matière organique augmentés jusqu'à 50 à 70 % par rapport aux champs cultivés de manière classique. Pourquoi ça marche si bien ? Tout simplement parce que les arbres perdent feuilles, branches et racines régulièrement : tout ça nourrit le sol en le saturant de débris végétaux qui se décomposent lentement. Concrètement, si tu veux booster rapidement ta matière organique, pense à intégrer des espèces à croissance rapide et feuillage abondant, comme les légumineuses arborées (gliricidia, robinier faux-acacia) ou encore des essences locales adaptées à ton climat. Regarde du côté du projet de la ferme du Bec Hellouin en Normandie, ils associent arbres fruitiers, haies et cultures maraîchères : résultat ? Un sol vivant blindé de matière organique (+72% en 5 ans) sans aucun produit chimique. Autre idée très efficace sur laquelle miser : pratiquer le mulch agroforestier, c'est-à-dire disperser directement feuilles et rameaux broyés de tes arbres sur le sol cultivé. C’est simple, économique, et les résultats arrivent dès la première saison.
Les arbres agroforestiers agissent un peu comme des éponges géantes : leurs racines profondes (parfois au-delà de 3 mètres pour certaines espèces comme l'Albizia) créent des canaux naturels pour que l’eau puisse pénétrer facilement et profondément dans le sol. Résultat concret : si tu prend une parcelle agroforestière bien aménagée, elle peut absorber jusqu’à 60% d’eau de pluie en plus comparée à une parcelle cultivée classique sur sol nu.
Par exemple, dans le Gers, des chercheurs ont montré qu'une terre agricole plantée de frênes et de noyers retenait beaucoup plus efficacement l'eau lors de fortes pluies, diminuant ainsi les risques d'inondation dans les villages environnants.
Autre truc utile : grâce au couvert végétal permanent, le sol agroforestier sèche plus lentement, ce qui permet de mieux gérer les périodes de sécheresse, très pratiques quand les étés deviennent caniculaires. Certains agriculteurs utilisent ainsi l'association Luzerne – peuplier, un duo efficace pour préserver l’humidité du sol pendant les mois chauds. Plus d'eau retenue, c'est aussi moins besoin d'irrigation artificielle et une belle économie pour l'agriculteur.
Lorsqu'on combine des arbres et des cultures, les arbres servent naturellement de pare-soleil et limitent pas mal l'évaporation de l'eau contenue dans le sol. En gros, tu gardes les précieuses réserves d'eau plus longtemps, surtout pendant les périodes de chaleur ou de sécheresse estivale.
Des études montrent que l'agroforesterie peut réduire jusqu'à 30 à 50 % l'évaporation du sol par rapport à un champ classique sans ombrage. Par exemple, dans l'Hérault, des rangées de noyers associées à des cultures céréalières arrivent à préserver efficacement l'humidité des sols pendant les pics estivaux.
Pratiquement, pour limiter efficacement l'évaporation, il te faut sélectionner des arbres à feuillage large, comme les mûriers blancs ou les noyers, qui laissent quand même assez de lumière pour les cultures en dessous. Penser aussi à bien orienter tes rangées d'arbres nord-sud optimise l'ombrage sans nuire à la croissance de tes cultures.
Les systèmes agroforestiers peuvent réduire jusqu'à 40% la consommation d'eau comparativement aux monocultures intensives
Création du terme 'agroforesterie' par J. Russell Smith dans son livre 'Tree Crops: A Permanent Agriculture', ouvrant la voie à la réflexion moderne sur des pratiques agricoles plus durables.
Création de l'ICRAF (Centre mondial d'agroforesterie) à Nairobi, au Kenya, pour promouvoir les pratiques agroforestières à l'échelle mondiale.
Sommet de la Terre à Rio où l'agroforesterie est reconnue comme une approche efficace pour concilier agriculture durable, biodiversité et préservation des sols.
Lancement du Programme National Français pour le développement de l'agroforesterie visant à encourager les agriculteurs à intégrer les arbres dans leurs systèmes agricoles.
Reconnaissance officielle par la Politique Agricole Commune (PAC) européenne des pratiques agroforestières avec des programmes spécifiques de financement.
Accord de Paris (COP21) soulignant l'intérêt des pratiques agroécologiques, incluant l'agroforesterie, pour l'atténuation et l'adaptation face au changement climatique.
Rapport spécial du GIEC sur l'utilisation des terres, mettant en avant l'agroforesterie comme pratique-clé contre la dégradation des sols et la perte de biodiversité.
L'agroforesterie joue un rôle clé dans la reconnexion des espaces naturels fragmentés. Concrètement, planter des arbres et arbustes entre les parcelles agricoles constitue des corridors écologiques, qui permettent aux animaux de circuler librement entre les habitats. Pourquoi c'est important ? Parce que plein d'espèces sauvages refusent de traverser des paysages complètement dégagés, type champs cultivés ou zones urbaines : ils deviennent alors isolés et ça provoque une réduction drastique de leur patrimoine génétique.
Par exemple, des études récentes ont observé qu'en France, les parcelles agroforestières permettent aux chauves-souris, comme la pipistrelle commune, de se déplacer bien plus loin depuis leurs gîtes que sur des zones agricoles sans arbres. De leur côté, des mammifères emblématiques tels que le campagnol amphibie ou le discret blaireau européen trouvent grâce à ces corridors biologiques des itinéraires sûrs pour accéder à leurs zones de nourriture et de reproduction. Même certains insectes pollinisateurs spécialisés, incapables de franchir facilement de vastes zones cultivées, bénéficient directement de ces aménagements paysagers.
Autrement dit, ces corridors sont loin d'être juste des haies ou des arbres esthétiques placés au hasard. Ils offrent un pont vital entre les habitats fragmentés, soutiennent la génétique des espèces sauvages locales et permettent la survie de petits animaux dont dépend en grande partie la robustesse des écosystèmes agricoles.
Installer des bandes agroforestières variées dans les parcelles agricoles attire et retient des pollinisateurs tels que les abeilles sauvages, bourdons et papillons. Au lieu de simplement planter des arbres au hasard, tu peux sélectionner des espèces florifères comme le merisier, le pommier sauvage, le robinier faux-acacia ou certains arbustes comme le sureau. Ces végétaux procurent à la fois nectar, pollen et abris naturels pour les insectes utiles.
Petit conseil concret : intégrer des arbres à floraison précoce comme le saule marsault, ça offre une ressource alimentaire précieuse dès le début du printemps, quand peu d'autres plantes fleurissent.
Autre truc à garder en tête : réserver certaines zones en herbes hautes non fauchées toute l'année pour abriter durablement les auxiliaires des cultures (coccinelles, chrysopes, syrphes) qui régulent les pucerons et autres ravageurs. Le top, c'est de laisser ces bandes protégées à proximité directe des cultures sensibles, type céréales ou cultures maraîchères.
Si tu veux aller plus loin, ajoute aussi quelques tas de bois mort ou des haies denses et touffues à des endroits stratégiques, ça attire carabes, hérissons et oiseaux insectivores comme la mésange bleue qui font un vrai taf en régulant naturellement les insectes nuisibles sans pesticides.
Les systèmes agroforestiers offrent un habitat varié à plein d'animaux sauvages comparé aux monocultures classiques. Par exemple, les haies composées d'arbustes épineux comme l'aubépine et le prunellier attirent les oiseaux nicheurs (comme les bruants ou les fauvettes) parce qu'elles leur fournissent nourriture et protection contre les prédateurs.
Le fait d'associer arbres, haies et cultures crée plusieurs étages de végétation. Ça multiplie littéralement les refuges pour les espèces animales. Par exemple, garder sur place les arbres morts debout et les branches tombées au sol peut paraître négligé, mais ça sert énormément à abriter et à nourrir insectes, amphibiens ou petits mammifères.
Pour attirer la faune, il est bien d'intégrer différentes espèces d'arbres et d'arbustes fruitiers dans les parcelles—pommier sauvage, noisetier ou sureau noir—qui produiront à différents moments de l'année, assurant ainsi une nourriture continue aux animaux. Installer quelques tas de pierres, mares temporaires, ou simplement laisser pousser certains coins sans entretien, renforce aussi carrément l'accueil d'espèces comme hérissons, chauves-souris, tritons ou renards. En adoptant ces pratiques simples, ton champ devient rapidement un véritable point chaud de biodiversité locale.
Quand on laisse place à l'agroforesterie, on obtient rapidement des îlots essentiels pour protéger des milieux fragiles comme les zones humides ou les coteaux calcaires. Prenons le cas des bandes boisées en bordure de rivière : en filtrant les excès nutritifs agricoles, elles maintiennent une eau claire, favorable aux poissons sensibles comme la truite fario ou le chabot. Idem pour les tourbières, ces milieux précaires où planter certaines espèces adaptées permet d'éviter leur assèchement et de stopper leur régression—pratique très répandue en Scandinavie par exemple. Dans le sud de la France, les oliveraies associées aux amandiers et autres buissons alternant soleil et ombrage participent à protéger un milieu typique appelé garrigue, habitat précieux pour de nombreux reptiles comme le discret lézard ocellé. Enfin, l'agroforesterie recrée aussi des ponts biologiques permettant aux espèces isolées, telles que les chauves-souris ou certains rapaces protégés comme le faucon crécerelle, d’occuper de nouveau leurs anciens territoires. En clair, réintroduire des arbres et arbustes dans les terres agricoles, c'est redonner une chance à tous ces écosystèmes vulnérables.
Le saviez-vous ?
Certaines essences d'arbres utilisées en agroforesterie, comme l'aulne ou l'acacia, contribuent naturellement à enrichir les sols grâce à leur capacité à fixer l’azote atmosphérique.
Les systèmes agroforestiers peuvent héberger jusqu'à deux fois plus d'espèces d'oiseaux et d'insectes utiles que les cultures agricoles traditionnelles sans arbres.
Une étude scientifique menée en France a démontré que l'agroforesterie pouvait réduire jusqu'à 90% l'érosion du sol par rapport aux monocultures classiques.
D'après la FAO, les systèmes agroforestiers sont capables de stocker jusqu'à 40 % de carbone en plus par rapport aux systèmes agricoles conventionnels, jouant ainsi un rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique.
Dans l'approche taillis-sous-futaie, on mélange deux étages de végétation sur une même parcelle agricole. D'en haut, tu as les grands arbres (futaie), qui sont généralement destinés à produire du bois de qualité destiné au sciage (chênes, hêtres, merisiers). En-dessous, le taillis est composé d'arbustes ou d'arbres plus petits, coupés régulièrement tous les 10 à 15 ans pour le bois de chauffage ou la biomasse énergie.
Le résultat ? Un double bonus productif : le bois noble du grand arbre et une ressource régulière tirée des arbustes. Mais surtout, cette organisation booste la biodiversité en créant différentes niches écologiques, idéales pour certaines espèces animales ou végétales à forte valeur écologique. Ça permet aussi aux sols de mieux gérer l'eau, grâce à un enracinement diversifié. La dynamique entre différentes espèces d'arbres et arbustes contribue au stockage carbone dans les sols à un niveau nettement supérieur aux monocultures classiques. En gros, tu produis mieux, tu accueilles plus de vie sauvage, et tu prends soin du climat en même temps. Pas mal comme système, non ?
Cette pratique consiste à alterner des bandes d'arbres ou arbustes avec des bandes de cultures annuelles, comme des céréales ou des légumes. Entre les rangées d'arbres espacées généralement de 6 à 20 mètres, les agriculteurs cultivent normalement leurs plantes, profitant à la fois de l'ombre, de la présence d'insectes utiles et des feuilles tombées au sol.
Dans la pratique, on choisit souvent des variétés d'arbres adaptées au climat local et apportant des bénéfices précis : les noyers apportent du bois précieux, les fruitiers offrent une récolte supplémentaire, et des espèces comme le gliricidia fixent l'azote dans le sol, améliorant sa fertilité directement.
Un détail intéressant, c'est que la disposition régulière des arbres sert aussi à moduler le microclimat des cultures. Concrètement, ça veut dire que la température peut être jusqu'à 2 à 5°C plus clémente autour des cultures protégées par les arbres, ce qui les rend moins vulnérables aux pics de chaleur en été.
Question biodiversité, ces lignes d'arbres fonctionnent comme de véritables "avenues vertes", facilitant la circulation d'espèces utiles, d'oiseaux insectivores ou encore de petits mammifères.
Enfin, côté rentabilité, même si on voit moins de rendement par hectare sur la monoculture pure de céréales, on compense largement en diversifiant les productions : bois de chauffe, fruits secs, fourrage et même plantes médicinales dans certaines parcelles bien pensées.
Lors des premières années, la mise en place et l'entretien d'une parcelle agroforestière peuvent demander un effort supplémentaire, notamment pour la taille, la gestion ou la protection des arbres jeunes. Toutefois, sur le long terme, l'agroforesterie peut réduire certaines tâches agricoles, par exemple en limitant la nécessité d'épandages d'intrants chimiques ou en facilitant la maîtrise des adventices.
Certains bénéfices, comme la protection du sol contre l'érosion et l'amélioration de la rétention d'eau, peuvent être visibles assez rapidement, dès les premières années suivant l'implantation des arbres. En revanche, les bénéfices liés à l'amélioration significative de la fertilité du sol ou à la biodiversité sont généralement observés sur le plus long terme, souvent après 4 à 8 ans.
La plupart des cultures agricoles traditionnelles peuvent bénéficier de l'agroforesterie : céréales, maraîchage, élevage, cultures fruitières. Le choix des arbres et arbustes dépend cependant des caractéristiques locales du sol, du climat et des objectifs précis recherchés (ombre, fixation d'azote, production fruitière, bois d'œuvre, etc.).
Oui, tout à fait. L'agroforesterie s'intègre parfaitement dans les systèmes agricoles biologiques puisqu'elle contribue naturellement à la fertilisation des sols, à la lutte contre les ravageurs et maladies, et à la préservation de la biodiversité. Beaucoup d'agriculteurs biologiques adoptent déjà cette approche pour améliorer la durabilité de leurs exploitations.
Oui, les systèmes agroforestiers bien conçus peuvent améliorer les rendements agricoles à moyen ou long terme grâce à l'amélioration de la fertilité du sol, la régulation des cycles hydriques et une réduction de l'érosion. Cependant, cet avantage dépend souvent du choix pertinent des arbres et de leur gestion adéquate associée aux cultures.
Oui, dans plusieurs régions en France et en Europe, des aides ou subventions sont mises en place pour accompagner techniquement et financièrement les agriculteurs souhaitant pratiquer l’agroforesterie. Ces aides peuvent concerner la plantation, l’entretien initial des arbres ou la formation des agriculteurs à cette pratique agricole durable.
Absolument : l'intégration des animaux d'élevage en agroforesterie, souvent appelée sylvopastoralisme, est même très fréquente. Les arbres procurent aux animaux abris, ombre et alimentation diversifiée, tandis que les animaux contribuent à contrôler naturellement la pousse des herbes et des buissons, favorisant ainsi un équilibre écologique intéressant sur les parcelles.
Le choix des espèces d’arbres doit prendre en compte plusieurs facteurs : climat et sol locaux, objectifs agricoles et économiques, biodiversité recherchée ou encore les destinations des produits (fruit, bois, fourrage). Consulter des experts locaux ou des structures spécialisées en agroforesterie peut permettre de réaliser un choix pertinent et adapté à chaque contexte.
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Question 1/5