Découvrez comment la recherche collaborative aide à protéger les espèces marines en voie de disparition

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Découvrez comment la recherche collaborative aide à protéger les espèces marines en voie de disparition

Introduction

Enjeux actuels face à la disparition d'espèces marines

Sur les 126 000 espèces marines évaluées par l'UICN, environ 10 % sont menacées. Parmi elles, plus de 41 % des amphibiens marins, 37 % des requins et raies et près de 33 % des récifs coralliens. Problème supplémentaire : le manque d'informations fiables sur des milliers d'espèces marines rend difficile l'identification précise des niveaux de menace et l'adoption d'actions concrètes.

Le changement climatique perturbe directement la chimie de l'eau, en acidifiant progressivement les océans : ils ont absorbé environ un quart du CO₂ produit par l’homme depuis le début de l'ère industrielle. Résultat, des espèces comme le ptéropode, petit escargot marin parfois surnommé le "papillon des mers", voient leurs coquilles dissoutes dans des eaux trop acides.

Autre conséquence néfaste : l'augmentation des températures océaniques décale les aires de répartition de nombreux animaux marins. Le thon rouge, par exemple, a migré vers des eaux bien plus fraîches entraînant un déséquilibre dans les chaînes alimentaires habituelles et de nouveaux conflits de pêche internationaux.

La réduction des populations de prédateurs clés, comme les requins, crée aussi un bouleversement profond. Aux Bahamas, les scientifiques ont par exemple observé que la diminution des requins provoquait une augmentation incontrôlée de prédateurs intermédiaires, modifiant complètement les écosystèmes sous-marins locaux.

Niveau déchets, ce n'est pas mieux. Près de 640 000 tonnes de matériel de pêche perdu ou abandonné en mer chaque année piègent dauphins, tortues et oiseaux marins, causant leur mort inutilement. C'est ce qu'on appelle la pêche fantôme.

La biodiversité marine ne concerne pas seulement la faune : 3 milliards de personnes dépendent directement des océans pour leur alimentation et leur survie économique. La disparition progressive des espèces met donc en péril à la fois les écosystèmes marins et les communautés humaines.

1500 milliards de dollars

La valeur économique totale des écosystèmes marins et côtiers dans le monde, comprenant la pêche, le tourisme et la régulation du climat. Cette valeur met en évidence l'importance de la conservation des espèces marines.

34 %

Le pourcentage des stocks de poissons capturés dans le monde qui sont surexploités, épuisés ou en voie de l'être. Les efforts mondiaux sont nécessaires pour inverser cette tendance.

3 milliards

Le nombre d'habitants qui dépendent directement des ressources marines pour leur alimentation et leurs moyens de subsistance. La protection des espèces marines est essentielle pour garantir leur sécurité alimentaire et leurs conditions de vie.

50 %

La proportion estimée de coraux dans le monde déjà détruits ou gravement endommagés en raison du changement climatique, de la pollution et d'autres activités humaines. La recherche collaborative peut contribuer à inverser cette tendance inquiétante.

Qu'est-ce que la recherche collaborative ?

La recherche collaborative, c’est quand plusieurs acteurs scientifiques bossent ensemble sur un même sujet, souvent depuis plusieurs endroits du monde. Ça regroupe des labos de recherche publics ou privés, des ONG environnementales, des gouvernements et même parfois des citoyens.

Concrètement, ça passe par des échanges constants de données, d’expertises techniques ou encore de matériel scientifique. Par exemple, des équipes en Australie vont partager leurs relevés satellites avec des chercheurs japonais pour suivre les déplacements des baleines à bosse. Ce type de travail groupé permet d’accéder à des ressources généralement hors de portée individuelle, comme des technologies d’imagerie avancée, des bases de données ضخمة, ou encore des outils informatiques partagés tels que les plateformes web accessibles à tous les chercheurs.

Un truc cool, c’est que chacun amène ses compétences spécifiques. Une équipe fournit ses connaissances pointues en génétique marine, l'autre ses modèles de prédiction écologique, une troisième se charge de traiter les données avec des logiciels spécialisés type logiciels SIG (Systèmes d'Information Géographique). C’est donc aussi une histoire de complémentarité et d’efficacité accrue.

La recherche collaborative permet aussi de réaliser des économies substantielles. Pour info, l’Union Européenne estime que la coopération internationale réduit les coûts de recherche jusqu’à 30 % grâce aux risques partagés et à l’unification des efforts. Pas négligeable, non ?

Et puis il y a autre chose : cette approche facilite la prise de décisions au niveau politique. Quand tu as plusieurs pays ou institutions reconnus qui aboutissent aux mêmes conclusions scientifiques, c’est plus facile d’obtenir un consensus international sur des mesures concrètes de conservation. C’est notamment le cas dans des initiatives comme le projet Global Ocean Observing System (GOOS) qui rassemble des centaines d'acteurs pour fournir des données fiables aux décideurs mondiaux.

La collaboration scientifique au service des océans

Partage de données entre institutions internationales

Outils et méthodes de partage des données

Concrètement, les chercheurs utilisent souvent des plateformes numériques ouvertes appelées Open Science Frameworks qui leur permettent de publier en temps réel leurs résultats, données brutes et méthodologies. Comme ça, tout le monde gagne du temps et accède directement à ce dont il a besoin sans attendre des mois de publications officielles. Autre point important : des standards communs comme le format Darwin Core, très utilisé en biologie marine, facilitent vraiment la compréhension rapide des données par les équipes internationales. Parmi les outils pratiques, on trouve aussi des API ouvertes (interfaces de programmation simplifiées) qui permettent aux scientifiques de connecter directement leurs bases de données pour synchroniser automatiquement leurs recherches, sans prise de tête. Un exemple top, c’est l’initiative OBIS (Ocean Biodiversity Information System) : un portail mondial qui recueille en continu des milliers d'observations provenant des communautés scientifiques marines partout dans le monde, gratuitement et facilement accessibles en quelques clics. Ces méthodes simples mais précises rendent franchement le boulot plus rapide et plus efficace.

Plateformes internationales de données maritimes

Plusieurs plateformes internationales facilitent le partage concret et rapide des données maritimes entre chercheurs du monde entier. Parmi les plus reconnues, tu as par exemple OBIS (Ocean Biodiversity Information System), une plateforme efficace qui regroupe des millions de données de biodiversité marine, issues directement du terrain. Autre outil très pratique : EMODnet (European Marine Observation and Data Network), qui offre gratuitement des infos précises sur l'état des fonds marins, la géologie maritime ou encore la distribution des espèces marines. Plus accessible encore, la plateforme MARINE GEO, coordonnée par la Smithsonian Institution, centralise les résultats de surveillances scientifiques menées aux quatre coins du monde, y compris des détails hyper précis comme les évolutions d'écosystèmes côtiers ou la santé des récifs coralliens. Ces plateformes tournent généralement sur des formats de données standardisés (CSV, XML, NetCDF) pour faciliter leur intégration rapide dans différents logiciels d'analyse environnementale. Avantage pratique : toutes ces données sont ouvertes et consultables librement par n'importe quel laboratoire ou chercheur, ce qui booste clairement la coordination et la réactivité en cas de crises écologiques.

Mises en réseau des ressources scientifiques

Aujourd'hui, les grands projets scientifiques ne bossent presque plus chacun de leur côté. On a compris qu'en regroupant plein d'experts sur des plateformes communes, le taf avançait mieux et plus vite. Un exemple marquant : la plateforme OBIS (Ocean Biodiversity Information System). Elle regroupe plus de 30 millions d'enregistrements de biodiversité marine venant d'environ 500 instituts différents. Autre exemple concret : la mise en réseau réussie des observatoires marins européens à travers EMODnet (European Marine Observation and Data Network). Le truc cool ici, c'est que les chercheurs peuvent croiser rapidement des infos de régions et disciplines variées. Ça veut dire qu'un biologiste marin en Espagne peut facilement bosser avec un océanographe situé dans les fjords norvégiens. En regroupant observations, équipements et navires de recherches, on mutualise aussi les ressources financières—bonne nouvelle, car l'océanographie, ça coûte cher. Finalement, ces réseaux facilitent l'accès ouvert aux données : tu peux consulter les résultats même depuis ton canapé, tant que t'as une connexion correcte. Tout ça accélère les prises de décisions sur la protection des espèces et contribue à des politiques environnementales efficaces.

Projet de recherche Objectif Espèces ciblées
Reef Life Survey Recueillir des données sur les récifs coralliens grâce à des plongeurs citoyens scientifiques Poissons de récif, invertébrés et algues marines
eOceans Utiliser des observations de la communauté scientifique et des amateurs pour comprendre les changements dans les océans Requins, raies, tortues marines, et autres mégafaunes marines
Seabird Watch Analyser les images de caméras installées dans les colonies d'oiseaux de mer pour surveiller leurs populations Oiseaux de mer tels que les albatros, puffins et manchots

Impact de l'analyse des données sur la protection des espèces marines

Identification des espèces prioritaires grâce à une approche analytique

Aujourd'hui, les chercheurs utilisent une méthode appelée priorisation analytique pour savoir quelles espèces marines doivent être protégées en priorité. On ne peut évidemment pas sauver toutes les espèces en même temps, alors l'idée est d'utiliser des modèles statistiques, combinés à des algorithmes de prédiction, pour identifier celles dont la disparition aurait le plus gros impact écologique et qui ont besoin d'une intervention immédiate.

Par exemple, ils évaluent des critères précis comme le risque d'extinction, la rareté génétique, ou encore le rôle central de l'espèce dans son environnement (ce qu'on appelle une "espèce clé de voûte"). Loin d'être flou, ce classement est effectué grâce à des logiciels spécialisés comme Marxan ou Zonation, des outils performants utilisés partout dans le monde scientifique pour décider où focaliser efficacement la conservation.

Avec des techniques avancées comme la cartographie par système d'information géographique (SIG) ou l'analyse spatiale, les chercheurs identifient précisément les habitats critiques où vivent ces espèces prioritaires. Grâce à cette approche, la prise de décision devient concrète : on repère clairement où et comment agir vite pour éviter le pire. Pas de vue approximative ici, uniquement des choix basés sur des données solides pour protéger au mieux les espèces marines les plus menacées.

Exemples d’espèces protégées grâce à la collecte collaborative de données

La baleine bleue

Grâce aux campagnes scientifiques collaboratives, on estime aujourd'hui la population mondiale de baleines bleues à environ 10 000 à 25 000 individus, chiffre certes modeste mais supérieur à celui des années 1960, où elle ne dépassait pas quelques milliers. Comment en est-on arrivés là concrètement ? Des chercheurs internationaux utilisent désormais des puces GPS et des balises satellites fixées sur ces géants pour suivre précisément leurs migrations dans les océans. L'un des projets phares à cet égard, la collaboration entre l'Université de Stanford et la NOAA (Agence américaine pour l'étude des océans et de l'atmosphère), a permis d'identifier les principales aires de nourrissage et de reproduction. Grâce aux données partagées sur des plateformes de science ouverte comme OBIS (Ocean Biogeographic Information System), ces zones stratégiques sont maintenant ciblées prioritairement pour devenir des aires marines protégées.

Autre initiative concrète : une application ouverte et collaborative appelée Whale Alert, mise en place notamment par la NOAA et l'IFAW (Fonds international pour la protection des animaux). Le principe est simple : elle permet aux équipages de bateaux et au grand public de signaler directement sur leur téléphone les positions exactes des baleines bleues observées en temps réel. Objectif ? Éviter les collisions avec les navires commerciaux, qui constituent toujours une des principales menaces pour l'espèce.

En combinant technologie moderne, participation citoyenne et réseaux scientifiques collaboratifs, on parvient donc à mieux protéger précisément les espaces vitaux de ces titans des mers.

Le requin-baleine

Le requin-baleine est un vrai géant cool, le plus grand poisson du monde, mais aussi l'un des plus mystérieux. Grâce à une étude collaborative internationale appelée le Whale Shark Photo-identification Library, les chercheurs utilisent les motifs uniques de points sur leur peau, comme une empreinte digitale, pour identifier chaque individu sans les déranger. Ce projet permet de partager facilement les photos prises par les plongeurs amateurs ou professionnels pour tracer les itinéraires de migration de ces gros poissons, comprendre leurs habitudes et repérer leurs zones de reproduction.

Par exemple, l'utilisation de cette méthode dans les eaux proches des Maldives a permis la création d'aires marines protégées spécifiques au requin-baleine là où la fréquentation touristique menaçait leur tranquillité.

Autre outil utile : les balises satellites. Fixées délicatement sur les requins-baleines, elles ont permis de découvrir que certains individus parcourent plus de 10 000 kilomètres à travers différents océans. Grâce à ces données collaboratives publiées sur des plateformes ouvertes comme Wildbook for Whale Sharks, on protège mieux leurs trajets migratoires contre les dangers comme les collisions avec les navires ou la capture accidentelle.

Résultat concret de cette recherche collaborative ? Aux Philippines, l'identification et le suivi collectif ont entraîné de nouvelles réglementations touristiques à Donsol et Oslob, limitant le nombre de bateaux pour éviter le stress chez les requins-baleines, tout en préservant l'économie locale liée au tourisme d'observation.

La tortue luth

La tortue luth, c'est la géante des océans pesant facilement jusqu'à 700 kilos. Les suivis collaboratifs par balises GPS, comme ceux menés par le projet Sea Turtle Conservancy, ont révélé que certaines de ces tortues parcourent jusqu'à 20 000 kilomètres par an. Rien que ça ! Grâce à ces données partagées entre chercheurs et pêcheurs locaux, il a été possible d'ajuster certaines zones de pêche pour éviter les prises accidentelles, surtout pendant leur migration vers les plages du Costa Rica ou de Guyane française. Des initiatives comme le réseau SWOT (State of the World's Sea Turtles) facilitent ce genre d'échanges en centralisant les données collectées partout dans le monde : résultats concrets, diminution réelle du nombre de tortues prises dans les filets. L'analyse poussée des itinéraires de migration a permis aussi d'identifier précisément les plages essentielles à protéger en priorité. Pas besoin de beaucoup pour participer : une simple application smartphone suffit parfois aux habitants des côtes et aux navigateurs occasionnels pour transmettre leurs observations directement aux chercheurs.

Biodiversité : Biodiversité Marine
Biodiversité

2 fois

L'augmentation prévue de la quantité de plastique dans les océans au cours des prochaines décennies si aucune mesure n'est prise pour contrôler la pollution plastique.

Dates clés

  • 1972

    1972

    Création de la Convention sur la prévention de la pollution marine par les opérations d'immersion des déchets (Convention de Londres), début d'une sensibilisation internationale à la protection des océans.

  • 1982

    1982

    Signature de la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (UNCLOS), définissant un cadre global de gouvernance des océans.

  • 1992

    1992

    Création du Réseau mondial des Aires Marines Protégées pour favoriser la conservation collaborative des écosystèmes marins sensibles.

  • 2000

    2000

    Lancement du programme Census of Marine Life, effort scientifique collaboratif international destiné à documenter les espèces marines pour mieux les protéger.

  • 2001

    2001

    Création du Système mondial d'observation des océans (GOOS - Global Ocean Observing System) pour intensifier la coopération scientifique internationale en matière d'observation marine et de collecte de données.

  • 2008

    2008

    Lancement du projet OBIS (Ocean Biogeographic Information System), base de données mondiale collaborative sur la biodiversité marine.

  • 2010

    2010

    Conférence internationale COP10 sur la diversité biologique à Nagoya, établissement des objectifs d'Aichi, renforçant l'importance de la coopération internationale dans la protection des océans et de la biodiversité marine.

  • 2015

    2015

    Adoption des objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies avec l'ODD14 spécifiquement dédié à la conservation des océans et des ressources marines.

  • 2018

    2018

    Déploiement de nouvelles technologies collaboratives de suivi des espèces marines en danger, associant drones et IA pour une analyse approfondie des populations animales.

La technologie au cœur de la recherche collaborative

Systèmes de surveillance automatisés et suivi GPS

Avant, impossible de suivre précisément chaque individu marin pendant longtemps. Maintenant, grâce au suivi GPS satellitaire, on marque des animaux marins avec des balises ultra légères, souvent inférieures à 15 grammes. Résultat concret : une baleine à bosse peut être suivie sur plus de 8 000 kilomètres de migration. Avec ces données précises, on détermine facilement les zones sensibles à protéger en priorité.

Autre avancée intéressante, les systèmes acoustiques automatisés repèrent en temps réel la présence et les déplacements d'espèces vocales sous-marines (comme certains cétacés ou poissons). En installant des écouteurs hydroacoustiques au fond de l'eau, des équipes scientifiques détectent automatiquement la signature acoustique spécifique de baleines comme la baleine franche de l'Atlantique Nord. Cela permet notamment d'éviter des collisions mortelles avec les navires.

Enfin, des réseaux fixes de bouées intelligentes balisées équipées de plusieurs capteurs (température, acoustique, lumière, caméra infra-rouge) renvoient les informations directement à terre via satellites. Les chercheurs disposent alors rapidement d'un panorama complet, précis et à jour. L'intérêt direct : repérer les comportements inhabituels ou les difficultés d'une espèce pour intervenir immédiatement.

Rôle des drones et des technologies satellitaires

Les drones et les satellites changent totalement la manière dont les chercheurs surveillent les océans. Aujourd'hui, des drones équipés de caméras thermiques et multispectrales repèrent précisément les mouvements des espèces marines rares, leur état de santé, et détectent même le stress lié aux activités humaines. Par exemple, près des Galápagos, on utilise régulièrement ces drones pour identifier les zones où les requins-baleines s'alimentent et observer leur comportement sans les déranger.

Côté spatial, les satellites fournissent chaque jour des cartes ultra-précises des eaux marines : température, courants, densité de phytoplancton, tout ça devient facilement accessible aux chercheurs du monde entier. Le satellite Sentinel-3 de l'ESA livre ainsi des cartes détaillées qui aident à prévoir les déplacements d'espèces migratrices comme les baleines à bosse ou les tortues marines, permettant de mieux cibler les efforts de conservation.

Ces deux technologies, drones et satellites, rendent possible une surveillance beaucoup plus efficace et ciblée que des méthodes classiques comme les expéditions humaines, souvent coûteuses et limitées géographiquement. Résultat : les scientifiques peuvent réagir beaucoup plus vite face aux menaces environnementales imprévues, comme les marées noires ou les blooms algaux toxiques, et prendre rapidement des décisions adaptées sur le terrain.

L'apport de l'intelligence artificielle dans l'analyse environnementale

Grâce aux nouvelles technologies d'intelligence artificielle, aujourd'hui on analyse les images satellites et aériennes automatiquement, ce qui permet de repérer sans effort des espèces marines difficiles à suivre autrement. Le logiciel Wildbook par exemple, utilise des algorithmes de reconnaissance d'image pour identifier individuellement des animaux comme les baleines à bosse ou les requins-baleines, uniquement via leurs motifs corporels uniques ou leurs nageoires. Ça fait gagner énormément de temps aux chercheurs, qui avant devaient comparer des clichés à la main.

Plus poussé encore, l'IA analyse de grandes quantités de sons sous-marins. DeepSqueak, une application basée sur du machine learning initialement développée pour détecter les vocalisations des souris, est aujourd'hui utilisée pour identifier automatiquement les chants des baleines et surveiller leur présence. Et sur le plan prédictif, des systèmes comme le modèle OcéanIA aident à anticiper les zones de déplacement des mammifères marins selon certaines variables environnementales précises (température de l'eau, courants marins, concentration de nourriture par exemple).

Ces avancées technologiques ne facilitent pas seulement le suivi précis des populations, elles permettent vraiment d'améliorer l'efficacité des stratégies de conservation, en agissant exactement là où c'est nécessaire. Aujourd'hui, quand on dit que l'IA vient vraiment en renfort de l'écologie marine, c'est du concret, pas juste un effet d'annonce.

Le saviez-vous ?

Le projet Census of Marine Life, initiative collaborative internationale, a permis, en l'espace d'une décennie, de recenser plus de 6 000 nouvelles espèces marines auparavant inconnues.

Grâce aux balises GPS, certaines espèces marines comme les baleines bleues, peuvent être suivies sur des milliers de kilomètres, permettant ainsi d'adapter les zones de navigation commerciales pour éviter les collisions.

Près de 90% des grands poissons prédateurs, comme les thons et les requins, ont disparu de nos océans au cours des 50 dernières années (selon la FAO). La recherche collaborative permet justement de mieux comprendre cette diminution pour agir efficacement.

Les données issues de satellites sont utilisées par les scientifiques pour surveiller en temps quasi réel les océans à l'échelle mondiale, facilitant ainsi la localisation rapide et la protection d'espèces marines sensibles ou menacées.

Les initiatives collaboratives majeures pour la préservation marine

Le projet Global Ocean Observing System (GOOS)

Le Global Ocean Observing System (GOOS) est un réseau mondial qui réunit une flopée de laboratoires, stations marines et experts de partout sur la planète pour surveiller l'état des océans en temps réel. Le GOOS mesure des trucs bien précis comme la température de l'eau, la salinité, l'acidité, le niveau de la mer ou encore la concentration d'oxygène. Tout ça, ça se fait via des systèmes automatisés très variés : bouées flottantes équipées de capteurs, stations océaniques fixes, ou engins autonomes comme les planeurs sous-marins (gliders) qui font de l'exploration sous l'eau sans âme qui vive à bord.

Ces données précieuses sont ensuite rassemblées dans des bases ouvertes à tous — scientifiques, ONG, gestionnaires de territoires marins et même parfois au grand public. Et là où le GOOS marque vraiment des points, c'est sur la rapidité de diffusion de l'info : en cas d'événement soudain et important, par exemple une anomalie thermique marine associée à un phénomène climatique sévère de type El Niño, le système distribue l'alerte presque immédiatement, permettant aux organisations compétentes d'agir plus vite pour protéger écosystèmes et espèces marines sensibles.

Autre particularité utile du GOOS : la fiabilité maximale de ses mesures partout dans le monde grâce à des protocoles techniques standardisés. Peu importe qu'on soit en Australie, aux Caraïbes ou dans le Pacifique Nord, toutes les équipes collectent les infos de la même manière. Du coup, la comparaison mondiale devient nettement plus fiable et précise.

Côté concret, grâce aux analyses précises permises par GOOS, des zones critiques comme des aires d'alimentation ou de reproduction d'espèces menacées (requins, tortues, baleines) ont pu être identifiées et être prioritaires dans divers plans de conservation. Le GOOS, c'est un peu devenu les "yeux et les oreilles" collectifs qui guettent en permanence ce qui se passe sous l'eau partout sur Terre.

Le programme Census of Marine Life

Pendant 10 ans (de 2000 à 2010), Census of Marine Life a mobilisé plus de 2700 scientifiques issus de 80 pays. Objectif : dresser un inventaire global de la biodiversité marine. Ces chercheurs ont réussi à identifier environ 6000 nouvelles espèces, des véritables trouvailles comme des crabes poilus aux alentours des sources hydrothermales ou des pieuvres vivant à de très grandes profondeurs. Ils ont regroupé leurs découvertes dans une immense base de données en libre-accès, nommée Ocean Biogeographic Information System (OBIS). Cette plateforme fournit aujourd'hui près de 50 millions de données sur la localisation et l'abondance des espèces marines partout sur le globe. La force du Census, c'est son approche collaborative : tout était partagé ouvertement entre équipes internationales. Le travail effectué sert aujourd'hui encore aux gestionnaires de zones protégées pour repérer les points chauds de biodiversité marine. Un vrai legs scientifique pour la conservation marine moderne.

Réseau mondial des aires marines protégées (AMP)

Le réseau mondial des AMP, c'est environ 8 % des océans aujourd'hui (contre seulement 0,7 % en 2000). Mais attention, seulement 2,5 % bénéficient d'une protection stricte où la pêche et l'exploitation minière sont totalement interdites. Le réseau s'appuie sur des critères scientifiques précis pour définir quelles zones sont prioritaires à protéger : richesse de la biodiversité, nurseries importantes pour la reproduction des espèces, routes migratoires vitales ou hotspots fragiles menacés par l'activité humaine.

Il existe des cas concrets où ces zones jouent un rôle décisif. Par exemple, l'AMP de Cabo Pulmo au Mexique : après sa création en 1995, la biomasse de poissons y a explosé de près de 460 % en 10 ans de protection intégrale. Autre exemple parlant : l'AMP des îles Phœnix, en plein Pacifique, préserve quelque 120 espèces de coraux et plus de 500 espèces de poissons ; une véritable bouée de sauvetage pour les récifs coralliens vulnérables face au changement climatique.

Un des vrais défis actuels reste pourtant d'assurer une réelle protection : beaucoup d'AMP restent des "paper parks", c'est-à-dire des lieux figurant sur papier mais mal surveillés dans la réalité. L'essor de la surveillance par satellite et des technologies collaboratives de géolocalisation est d'ailleurs en train d'améliorer nettement ce problème.

Une cible ambitieuse a été fixée par la communauté internationale : protéger efficacement au moins 30 % des océans d'ici 2030, c'est la fameuse initiative "30x30". Atteindre ce but nécessitera non seulement d'étendre le réseau mais surtout d'améliorer la gestion, l'efficacité réelle des AMP et l'implication directe des communautés locales pour que la protection ne reste pas qu'une intention sur papier.

240,000 espèces

L'estimation du nombre total d'espèces marines répertoriées à ce jour.

25 %

La part des médicaments actuellement dérivée d'organismes marins, avec un potentiel encore inexploré de découvertes de nouveaux médicaments et traitements. La préservation des espèces marines est cruciale pour la recherche médicale future.

40 %

La réduction estimée de la population mondiale de certaines espèces de mammifères marins au cours des dernières décennies en raison de la pêche excessive, de la pollution et des changements environnementaux. La recherche collaborative est fondamentale pour la protection de ces espèces en danger.

10 milliards de dollars

Le montant en dollars américains consacré chaque année par les États-Unis à la recherche et à la gestion des océans. La collaboration internationale peut amplifier l'impact de ces investissements pour la préservation des écosystèmes marins.

2050

L'année à laquelle il est prévu que la masse de plastique dans les océans dépasse celle des poissons si des mesures drastiques ne sont pas prises pour réduire la pollution plastique. La recherche collaborative peut contribuer à éviter cette perspective désastreuse.

Problématique Chiffres Source Action
Surpêche 1/3 des stocks de poissons surexploités FAO Mise en place de quotas de pêche durable
Plastique dans les océans 8 millions de tonnes de plastique déversées annuellement Fondation Ellen MacArthur Développement de technologies pour le nettoyage des déchets plastiques
Changement climatique Augmentation de 1,4°C de la température des océans depuis 1880 NOAA Protection des habitats sensibles et sensibilisation aux émissions de carbone
Pollution chimique 23 000 tonnes de déversements de produits chimiques en mer par an Agence Européenne pour l'Environnement Renforcement des réglementations sur le contrôle des rejets industriels

Cas pratiques et réussites remarquables

Le sauvetage de la baleine franche de l'Atlantique Nord

La baleine franche de l’Atlantique Nord fait partie des cétacés les plus menacés au monde, avec environ 350 individus seulement recensés en 2023. L’une des grandes menaces : les collisions avec les navires qui évoluent dans les couloirs migratoires fréquentés par ces géants marins, notamment au large des côtes américaines et canadiennes. Pour diminuer ces accidents, chercheurs, pêcheurs et autorités maritimes collaborent activement en partageant leurs données GPS de localisation des baleines. Par exemple, quand une baleine est repérée près d'une voie maritime très fréquentée, un système d'alerte en temps réel nommé Whale Alert informe directement tous les navires de ralentir ou de modifier leurs itinéraires.

Autre menace importante : les empêtrements dans les filets et cordages de pêche, qui représentent 85 % des individus blessés chaque année. Les équipes internationales ont développé une solution innovante, les systèmes de pêche sans corde ("ropeless fishing"). Avec cette technique, les pêcheurs retrouvent leurs casiers grâce à un signal acoustique qui déclenche une libération automatique à distance, éliminant ainsi la nécessité des longues cordes verticales dans l’eau. Un vrai progrès testé avec succès en Nouvelle-Écosse depuis 2019.

Les drones sont également devenus des alliés précieux. Grâce à ces engins pilotés à distance, les scientifiques arrivent à réaliser des prélèvements biologiques non invasifs (mucus, souffle), à évaluer la santé des baleines et à suivre l’évolution des jeunes individus en difficulté. Les résultats concrets de ces efforts collaboratifs s’observent déjà : des individus blessés ou empêtrés ont pu être détectés plus rapidement et traités sur place, augmentant significativement leurs chances de survie.

Tout ça combiné, ça a permis une diminution importante des accidents mortels ces dernières années, ralentissant le déclin dramatique de cette espèce emblématique.

La coopération internationale pour protéger les coraux

Pour protéger les récifs coralliens, des scientifiques du monde entier s'associent sur différents plans, au-delà des frontières politiques. Une des collaborations concrètes qu'on voit aujourd'hui, c'est l'initiative ICRI (International Coral Reef Initiative). Grâce à ce programme, des spécialistes océaniques de plus de 60 pays échangent leurs données collectées sur l'état des coraux, leurs facteurs de risques réels comme la hausse des températures, l'acidification des océans ou encore la surexploitation locale. Et surtout, ils publient chaque année des rapports précis sur la santé des récifs mondiaux.

Un exemple bien parlant est le partenariat entre l'Australie, l'Indonésie et les Philippines, appelé le projet Coral Triangle Initiative. Cet espace marin abrite environ 76 % des espèces de coraux mondiales connues, du lourd donc. Les trois pays collaborent sur la surveillance et les stratégies régionales pour enrayer la disparition des récifs menacés.

L'ONU fait aussi sa part, avec des actions comme la campagne Glowing, Glowing Gone, en partenariat avec des chercheurs et la société civile, qui sensibilise concrètement le public en montrant comment les coraux "s'illuminent" sous le stress climatique — un phénomène appelé la fluorescence du corail.

Et ça marche. La création, grâce à cette coopération, de réserves marines dans les Caraïbes dans les années récentes a réduit notablement le blanchiment des coraux dans la région, montrant que les efforts communs aboutissent à des résultats réels.

Foire aux questions (FAQ)

Les données sont généralement partagées au moyen de plateformes numériques sécurisées et accessibles internationalement, via des formats de données standardisées et ouvertes à un large réseau scientifique mondial. Cela favorise une meilleure cohérence des recherches et un suivi efficace des espèces marines protégées.

Il est possible de participer en s'impliquant dans des programmes citoyens de science participative, en signalant ses observations sur des plateformes dédiées, ou en soutenant financièrement ou bénévolement les organismes engagés dans la sauvegarde des espèces marines en danger.

Les organismes impliqués incluent des instituts de recherche marine, des agences gouvernementales, des universités, des ONG environnementales internationales comme la WWF ou Oceana, ainsi que des entreprises privées spécialisées dans la technologie environnementale et les sciences des données.

La recherche collaborative est une approche scientifique qui regroupe plusieurs institutions et experts afin de partager ressources, données et analyses. Dans le domaine marin, elle joue un rôle crucial pour réunir des données globales, standardisées et exploitables, nécessaires à une conservation efficace des espèces marines et à une gestion optimale des écosystèmes océaniques.

Grâce à la recherche collaborative, des espèces telles que la baleine à bosse, le requin-baleine ou la tortue luth ont pu profiter de plans spécifiques de conservation basés sur des données solides. On constate, par exemple, une augmentation du nombre de baleines à bosse grâce à des mesures fondées sur des études collaboratives sur leur migration et leur reproduction.

Les drones sous-marins autonomes, les suivis satellitaires (GPS), l'intelligence artificielle appliquée à l'analyse des comportements marins, ainsi que les capteurs environnementaux connectés sont à la pointe actuelle des technologies utilisées pour mieux comprendre et protéger efficacement les espèces marines menacées.

Les critères les plus utilisés incluent le degré de menace d'extinction d'une espèce (évaluée par exemple par la liste rouge de l'UICN), le taux de diminution de leur population, leur niveau d'importance dans l'équilibre marin, ainsi que leur vulnérabilité aux perturbations environnementales et activités humaines comme la pêche ou la pollution.

Oui, par exemple, la collaboration internationale a permis une meilleure protection de la Grande Barrière de corail en Australie et des récifs coralliens des Caraïbes, grâce à des initiatives globales qui combinent recherche scientifique collaborative, sensibilisation publique et réglementation adaptée pour réduire les pressions humaines sur ces habitats sensibles.

Biodiversité : Biodiversité Marine

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