La situation des tortues marinesQue faire pour les sauver ?

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La situation des tortues marines : que faire pour les sauver ?

Introduction

Les tortues marines, ça fait plus de 100 millions d’années qu’elles nagent tranquillou dans nos océans. Des dino vivants, quoi ! Pourtant, aujourd'hui, elles sont clairement à la bourre sur l'échelle de la survie. Sur les 7 espèces existantes, presque toutes sont menacées, certaines même en danger critique d'extinction. La faute à qui ? T'as tout compris : surtout à nous !

Chaque tortue marine a ses particularités. T'en as des énormes comme les tortues luth, qui peuvent peser jusqu'à 700 kilos (impressionnant, non ?) ou des plus petites comme la tortue de Kemp, véritable petite timide qu'on observe rarement. Question style, y'en a pour tous les goûts : l'imposante tortue caouanne, la charmante tortue verte ou encore l'élégante tortue imbriquée, très recherchée pour ses écailles. Bref, menu varié niveau tortues, mais aussi varié niveau soucis.

Le réchauffement climatique, le plastique partout, la pêche illégale, le tourisme non contrôlé... tous ces trucs abîment grave la vie de nos copines à carapaces. Et franchement, si t'apprends à quel point ces tortues marines se tapent des milliers de kilomètres, traversent les océans pour juste venir pondre sur la plage où elles sont nées, tu peux pas t'empêcher de te dire qu'elles méritent mieux que notre bazar plastique et nos filets de pêche.

Heureusement, partout dans le monde, des groupes de gens sympas tentent de sauver tout ce petit monde. Nombreux projets fleurissent un peu partout : protection des plages de ponte, programmes anti-braconnage, sensibilisation à fond. Alors si tu veux toi aussi filer un coup de main à ces magnifiques créatures, comprendre la situation et savoir quoi faire concrètement, t'es clairement au bon endroit !

100 nids

Nombre estimé de nids de tortues marines détruits par heure dans le monde

8 millions de tonnes

Poids estimé de déchets plastiques déversés dans les océans chaque année

7 espèces

Nombre d'espèces de tortues marines présentes dans le monde

80 ans

Durée de vie moyenne d'une tortue marine en liberté

Les différentes espèces de tortues marines

La tortue luth (Dermochelys coriacea)

La tortue luth est la plus grande tortue marine au monde : certaines peuvent mesurer jusqu'à 2,9 mètres et peser jusqu'à 960 kg. Elle se distingue aussi par sa carapace atypique : pas d'écailles dures, juste une peau épaisse et flexible semblable à du cuir, recouverte de petites plaques osseuses. Contrairement à d'autres tortues, elle régule bien sa température corporelle et plonge souvent très profondément, parfois à plus de 1 000 mètres pour trouver ses proies favorites — essentiellement des méduses. Chaque jour, une tortue luth adulte consomme jusqu’à 200 kg de méduses, jouant ainsi un rôle important dans l'équilibre marin. Ses principales zones de nidification incluent les côtes du Gabon, de Guyane française ou encore du Costa Rica. Malgré leur taille impressionnante, leur population a chuté de plus de 40 % en trois générations à cause notamment des prises accidentelles dans les filets de pêche et des déchets plastiques confondus avec leur nourriture favorite. Aujourd'hui, la tortue luth est classée comme vulnérable selon l'UICN.

La tortue verte (Chelonia mydas)

Cette grosse tortue marine peut vivre super longtemps, facilement entre 60 ans et jusqu'à plus de 80 ans. Elle peut atteindre 1,5 mètre et peser dans les 200 kg en moyenne, avec des spécimens records frôlant les 400 kg. Un truc intéressant chez elle, c'est que les adultes deviennent plutôt végétariens. Contrairement aux autres tortues marines qui restent sur un régime carnivore ou omnivore, elle adore brouter les herbiers marins et les algues. En gros, elle participe activement à entretenir les fonds marins !

Une particularité sympa et problématique à la fois, c'est que la température du nid influence directement le sexe des petits. Plus c'est chaud, plus les bébés seront des femelles. Du coup, avec le réchauffement climatique, il y a un risque important de déséquilibre dans les populations—et les scientifiques tirent déjà la sonnette d'alarme dans certaines régions comme en Australie ou aux Caraïbes, où des plages entières donnent naissance presque exclusivement à des femelles ces derniers temps.

Cette tortue se balade beaucoup. Elle peut migrer sur des milliers de kilomètres entre les endroits où elle pond ses œufs et ses zones de nourriture. Une tortue verte suivie par satellite a parcouru près de 4 700 kilomètres entre l'île de l'Ascension (au milieu de l'océan Atlantique) et la côte du Brésil en seulement 35 jours ! Ces parcours impressionnants les rendent vulnérables à de nombreux dangers pendant leurs longs trajets, comme la pêche accidentelle ou la pollution des océans.

Malheureusement, la tortue verte est actuellement classée comme espèce en danger sur la liste rouge de l'UICN. Malgré les efforts de conservation, il y a encore beaucoup à faire pour éviter qu'elle ne disparaisse définitivement.

La tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata)

Cette tortue marine est facile à reconnaître grâce aux motifs écaillés et imbriqués de sa carapace, d'où son nom. Elle mesure généralement autour de 70 à 90 cm de long et pèse entre 40 et 80 kg. Franchement remarquable par la finesse et la brillance de ses écailles, elle a longtemps été chassée pour fournir la matière première nommée "écaille de tortue" utilisée en bijouterie et en décoration, pratique aujourd'hui interdite mais malheureusement toujours présente au marché noir.

Elle préfère nettement vivre dans les récifs coralliens peu profonds, où elle trouve facilement ses repas préférés : éponges marines, coraux mous, anémones de mer et méduses urticantes qu'elle consomme sans être affectée par leurs toxines. Son régime alimentaire spécifique en fait une espèce particulièrement importante pour maintenir l'équilibre des récifs coralliens, car elle limite ainsi la prolifération de certaines éponges invasives et fait la place aux coraux.

Malgré l'interdiction mondiale depuis 1992 (Convention CITES), le braconnage reste une vraie menace pour cette espèce classée comme « en danger critique » par l'UICN. Aujourd'hui, il resterait seulement environ 25 000 femelles adultes reproductrices dans le monde selon les estimations récentes. Les Caraïbes, l'océan Indien et les régions Pacifique Ouest sont des lieux clés où elle nidifie. Son cycle reproducteur est lent : une femelle pond tous les 2 à 4 ans en moyenne, déposant plusieurs fois par saison entre 120 et 200 œufs par ponte. Une fois adultes, ces tortues voyagent parfois plusieurs milliers de kilomètres entre leurs lieux de ponte et leurs zones d'alimentation régulières, montrant des capacités d'orientation fascinantes encore partiellement inexpliquées par les chercheurs.

La tortue caouanne (Caretta caretta)

La caouanne est une espèce de tortue marine super robuste, reconnaissable à sa grosse tête et ses puissantes mâchoires. Elle peut mesurer jusqu'à 1,2 mètre et peser autour de 130 kilos. Son régime alimentaire ? Elle adore croquer des trucs coriaces comme les coquillages, crabes ou méduses grâce à ses impressionnantes mandibules. Plutôt voyageuse, on la trouve fréquemment en Méditerranée, dans l'Atlantique et même en Floride, où elle a ses plages préférées de ponte. En fait, la Floride concentre à elle seule plus de 80 % des sites de nidification en Atlantique Nord.

Petit truc sympa à savoir : pendant la saison de ponte, une femelle peut pondre entre 80 et 120 œufs par nid, et ce, plusieurs fois durant la saison. Mais ses bébés, une fois sortis de l'œuf, galèrent sérieusement pour atteindre la mer, victimes de nombreux prédateurs sur les plages comme les oiseaux ou les crabes.

La tortue caouanne est aussi badass qu'elle est vulnérable. Elle est classée comme espèce vulnérable par l'UICN, principalement à cause de la pêche accidentelle, de la destruction de ses habitats de ponte, et des plastiques qu'elle ingère régulièrement. Protéger ses lieux de nidification et sensibiliser les pêcheurs, c'est essentiel pour espérer la voir tranquille encore longtemps.

La tortue olivâtre (Lepidochelys olivacea)

La tortue olivâtre doit son nom à sa carapace vert olive. C'est l'une des plus petites tortues marines, mesurant environ 60 à 70 cm pour seulement 35 à 45 kg. Elle est célèbre pour ses rassemblements de ponte massifs, appelés "arribadas". Lors de ce phénomène incroyable, des milliers de tortues débarquent simultanément sur les plages, principalement au Costa Rica, au Mexique ou en Inde. Une seule "arribada" peut réunir jusqu’à 150 000 tortues en quelques jours seulement. Et ce mouvement collectif synchronisé serait déclenché par des conditions environnementales précises comme les phases lunaires ou les changements de température de l'eau.

Les tortues olivâtres nagent généralement au large, dans les eaux chaudes tropicales et subtropicales. Elles se nourrissent surtout d'invertébrés marins comme des méduses, des crabes ou des crevettes et jouent ainsi un rôle primordial dans l'écosystème marin en régulant ces populations.

Mais malgré leur grand nombre lors des pontes, elles sont classées comme espèce "vulnérable" par l'UICN. Elles sont en effet gravement touchées par le prélèvement des œufs sur les plages de nidification, une pratique toujours courante dans certaines communautés locales. Autre problème, elles sont fréquemment victimes de captures accidentelles dans les filets de pêche, surtout dans les chaluts à crevettes qui piègent de nombreuses tortues olivâtres chaque année.

La tortue de Kemp (Lepidochelys kempii)

Parmi les tortues marines, celle-là est à part : la plus petite et aussi la plus rare. On la trouve surtout dans le golfe du Mexique, où presque toutes viennent pondre sur les mêmes plages de Tamaulipas, au Mexique, près de Rancho Nuevo. Les scientifiques appellent ces pontes massives des arribadas : imagine des milliers de tortues débarquant presque toutes en même temps pour pondre leurs œufs—impressionnant !

Côté physique, elle mesure environ 60 à 70 cm pour un poids moyen de 35 à 45 kg. Mais malgré cette petite taille, elle est rapide et agile sous l'eau : excellente pour capturer crabes, mollusques et crevettes, ses plats favoris.

Dans les années 1940, on estimait les arrivées massives (arribadas) à environ 40 000 individus simultanément sur un seul jour. Ça donne une idée de ce que ça pourrait être sans les activités humaines destructrices. Malheureusement, à cause des captures accidentelles, de la chasse excessive passée et de la dégradation de leurs lieux de ponte, leur nombre a chuté dramatiquement. Aujourd'hui, elle est classée en danger critique d’extinction par l'UICN.

Bonne nouvelle quand même : des programmes stricts de conservation existent depuis les années 60. Avec parfois du succès : entre 1985 et maintenant, la population nicheuse annuelle est passée de quelques centaines seulement à plusieurs milliers, autour de 7 000 femelles en moyenne aujourd'hui. C’est loin d’être gagné, mais c’est encourageant.

La tortue à dos plat (Natator depressus)

Moins connue que ses cousines vertes ou luths, la tortue à dos plat est unique à bien des égards. Elle vit exclusivement dans les eaux peu profondes du plateau continental australien, principalement au nord du pays. Rarement observée en pleine mer, elle préfère les eaux côtières sablonneuses ou boueuses.

Sa carapace aplatie lui offre une sacrée efficacité : elle nage plus vite et manœuvre mieux dans les zones peu profondes et envahies d'obstacles. Autre particularité originale : elle est plutôt friande d'invertébrés marins à corps mou, comme les concombres de mer, les méduses ou les éponges de mer, contrairement à d'autres tortues davantage herbivores.

En matière de reproduction, elle ne fait pas non plus comme tout le monde. Elle niche généralement de jour, contrairement à la majorité des tortues marines favorisant la nuit. Ses principaux sites de ponte sont situés sur des plages isolées et peu fréquentées, surtout au large du Queensland. Petite curiosité biologique supplémentaire : ses œufs et ses petits possèdent une température d'incubation idéale légèrement inférieure à celle d'autres espèces, ce qui joue sur la proportion mâles-femelles à la naissance.

Côté conservation, même si elle est actuellement classée "vulnérable", ses effectifs précis restent difficiles à évaluer en raison de son mode de vie discret et éloigné des regards. Sa courte aire de répartition, limitée à l'Australie, la rend cependant particulièrement sensible à toute dégradation locale du milieu marin, comme les pollutions chimiques ou les changements induits par l'activité maritime humaine.

Menaces pour les tortues marines Conséquences Actions de conservation
Pêche accidentelle (bycatch) Réduction des populations Utilisation de dispositifs d'exclusion des tortues (DET)
Pollution plastique Indigestion et empoisonnement Actions de nettoyage des plages et réduction de l'usage du plastique
Destruction des habitats de ponte Baisse des taux de reproduction Protection et restauration des sites de nidification

Les menaces qui pèsent sur les populations de tortues marines

Les prédateurs naturels

Sur mille bébés tortues sortant du nid, seulement une ou deux arriveront à l'âge adulte, le reste étant surtout victime de prédateurs. Parmi les chasseurs les plus efficaces, les crabes fantômes (Ocypode sp.) qui rodent sur les plages, capturant très rapidement les jeunes nouveau-nés avant même qu'ils n'atteignent l'eau. Une fois dans la mer, les petites tortues restent vulnérables face aux poissons carnivores, comme les carangues ou certains requins juvéniles. Les tortues adultes, avec leur carapace robuste, sont moins menacées naturellement mais pas totalement à l'abri : elles doivent éviter les gros requins-tigres, friands de tortues marines dont la puissante mâchoire parvient à broyer les épaisses carapaces comme si de rien n'était. Certaines orques opportunistes, en particulier sur la côte pacifique du Mexique, peuvent aussi de temps en temps s'attaquer à des tortues adultes isolées. Enfin, les œufs enterrés sur les plages subissent les attaques répétées des ratons laveurs en Amérique du Nord ou encore des varans sur les plages australiennes, habiles pour détecter un nid fraîchement pondu et tout rafler.

Le changement climatique

Le réchauffement des océans réduit clairement les chances de survie des bébés tortues marines, car la température du sable durant l'incubation détermine leur sexe. Pour être précis, quand la température se situe en dessous d'environ 29 degrés Celsius, c'est plutôt des mâles qui naissent, alors qu'au-dessus, ce sont majoritairement des femelles. Résultat : dans certaines plages australiennes, on observe déjà jusqu'à 99 % de femelles chez les tortues vertes, ce qui fragilise sérieusement l'équilibre des populations.

Autre effet du changement climatique : la montée du niveau des océans. Elle entraîne la disparition de certaines plages de ponte, particulièrement dans des régions comme les Caraïbes ou les îles du Pacifique. Des études affirment que des plages importantes pour la ponte pourraient perdre entre 20 et 30 % de leur surface d'ici à 2050, obligeant les tortues à pondre dans des endroits moins adaptés, réduisant donc les chances d’éclosion et de survie des bébés.

Enfin, les courants marins modifiés par le climat perturbent carrément les itinéraires migratoires des tortues comme la tortue luth, dont toute la stratégie d'alimentation repose sur le suivi précis et régulier des courants chargés en méduses, son repas préféré. Les tortues doivent donc migrer plus loin ou dépenser plus d'énergie pour avoir à manger suffisamment, affaiblissant encore un peu leur état général et leur capacité à se reproduire normalement.

La destruction des habitats

Chaque année, des milliers de kilomètres de littoraux sablonneux fréquentés par les tortues disparaissent à cause de l'agrandissement des villes côtières, des marinas ou des hôtels touristiques. Rien qu'au Mexique, la côte du Yucatán a perdu près d'un tiers de ses plages naturelles clés pour la nidification ces 40 dernières années. Même scénario dramatique observé à Bali en Indonésie : constructions anarchiques d'hôtels, lumières artificielles perturbatrices et bruit constant repoussent progressivement les tortues.

Sous l'eau non plus, la situation n'est pas joyeuse. Les herbiers marins, essentiels à l'alimentation de la tortue verte, reculent de 7 % chaque année dans certains coins de Méditerranée à cause des rejets chimiques et du trafic maritime incessant. En Australie, la Grande Barrière connaît une perte massive de sa couverture corallienne — habitat important pour les juvéniles de tortue imbriquée qui y trouvent nourriture et abri. La dégradation des récifs a dépassé les 50 % sur certaines zones en seulement deux décennies.

Les aménagements côtiers comme les digues, les ports ou les promenades bétonnées changent radicalement les courants marins et accélèrent l'érosion des plages avoisinantes. Des plages historiques de ponte disparaissent complètement sous l'eau. Exemple flagrant en Floride, où les protections artificielles installées contre les ouragans ont fortement réduit les espaces disponibles pour la ponte des tortues caouannes.

Au Costa Rica, la disparition progressive de la mangrove, rasée au profit de la crevette industrielle depuis les années 80, a directement touché la survie des tortues olivâtres juvéniles, qui y trouvaient une protection naturelle contre les prédateurs.

Conséquence directe et inquiétante : face à ce bouleversement rapide de l'environnement local, les femelles tortues sont déboussolées, changeant fréquemment leurs sites de ponte au détriment du taux de réussite des nouvelles générations. Sans mesures rapides pour préserver ces habitats, la reproduction efficace des tortues marines sera durablement compromise.

Biodiversité : Biodiversité Marine
Biodiversité : Biodiversité Marine

87 pays

Nombre de pays où les tortues marines sont présentes

Dates clés

  • 1973

    1973

    Création de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES), incluant les tortues marines pour limiter leur exploitation commerciale.

  • 1981

    1981

    Adoption de la Convention sur la Conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (Convention de Bonn), protégeant les tortues marines comme espèces migratrices menacées.

  • 1990

    1990

    Première Journée Mondiale de la Tortue Marine, initiée pour sensibiliser le public mondial à la conservation de ces espèces menacées.

  • 2001

    2001

    La tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata) est classée « En Danger Critique d'Extinction » sur la liste rouge de l'UICN.

  • 2004

    2004

    Interdiction complète du commerce international d'objets fabriqués à partir d'écailles de tortues marines par la CITES.

  • 2015

    2015

    Une étude alarme sur la pollution plastique en mer : plus de 50% des tortues marines observées ont ingéré du plastique.

  • 2018

    2018

    Découverte scientifique préoccupante démontrant l'impact du changement climatique sur le sexe ratio des nouveaux-nés tortues marines en Australie : plus de 99% de femelles dans certaines populations suite au réchauffement des plages de ponte.

  • 2021

    2021

    Annonce par l'UICN estimant que six des sept espèces de tortues marines sont toujours en voie de disparition, malgré des décennies de conservation.

Les zones de nidification et de migration des tortues marines

Identification des principales zones mondiales

Parmi les zones les plus fréquentées par les tortues marines, Tortuguero, au Costa Rica, est un véritable spot mondial incontournable : chaque année, environ 20 000 tortues vertes y pondent leurs œufs. En Australie, la plage de Raine Island, au large du Queensland, constitue le lieu de nidification le plus important pour la tortue verte, avec jusqu'à 60 000 femelles qui viennent y déposer leurs œufs chaque saison. Un autre refuge important, peu connu du grand public : Gahirmatha, sur la côte indienne de l'État d'Odisha. Ici, jusqu'à un demi-million de tortues olivâtres débarquent pour une ponte massive impressionnante appelée "arribada".

Dans l'arc des Caraïbes, l'île mexicaine de Cozumel abrite une grande concentration de tortues caouannes, tandis que la plage de Zakynthos, en Grèce, est un site privilégié en Méditerranée où 2 000 femelles caouannes viennent pondre chaque année. Côté Pacifique, le littoral du Mexique, notamment Playa de Escobilla, voit débarquer régulièrement plusieurs centaines de milliers de tortues olivâtres dans une arribada spectaculaire.

Enfin, pour les tortues luth, les plages du Gabon, particulièrement Pongara et Mayumba, représentent l'une des plus importantes zones de ponte au niveau mondial, accueillant jusqu'à 30 % de la population reproductrice totale de l'Atlantique.

Rôle écologique de ces zones

Ces zones précises où les tortues marines pondent ou migrent jouent un rôle d'incubateur biologique en boostant la biodiversité locale. Étant donné que des milliers d'œufs sont pondus chaque année sur une même plage, les futurs bébés tortues servent de nourriture à toute une série de prédateurs : crabes, oiseaux, mammifères et poissons. Ça équilibre sacrément bien la chaîne alimentaire locale. D'autre part, grâce à leurs déplacements sur des milliers de kilomètres, les tortues aident à acheminer des nutriments vitaux depuis l'océan vers les plages, enrichissant ainsi les sols côtiers. Ce transfert constant est essentiel pour la croissance végétale des écosystèmes littoraux, qui, à leur tour, préviennent l'érosion. Enfin, les herbiers marins et récifs coralliens à proximité des zones de ponte sont entretenus par certaines espèces comme les tortues vertes. En se nourrissant d'algues, elles freinent la prolifération excessive susceptible d'étouffer les récifs. Elles jouent donc directement les jardinières des océans. Sans leur présence, ces écosystèmes sensibles se dégradent vite et perdent leur richesse biologique.

Le saviez-vous ?

Les tortues marines existent depuis environ 110 millions d'années, ce qui signifie qu'elles ont côtoyé les dinosaures et survécu à l'extinction massive du Crétacé ? Pourtant, elles sont aujourd'hui menacées principalement en raison des activités humaines.

Les tortues marines jouent un rôle écologique crucial en entretenant les herbiers marins et les récifs coralliens ? Par exemple, la tortue verte limite la prolifération d'algues grâce à son régime herbivore, favorisant ainsi un environnement sain pour d'autres espèces marines.

Certaines tortues marines sont capables de parcourir plus de 16 000 kilomètres par an pour migrer entre leurs zones d'alimentation et leurs plages de nidification ?

La température du sable où les œufs de tortue marine sont incubés détermine le sexe des bébés ? Une température inférieure à environ 27,7°C donne plus de mâles, tandis qu'une température supérieure à 31°C produit essentiellement des femelles.

L'impact des activités humaines sur les tortues marines

La pollution plastique

Impact sur l'alimentation et la santé des tortues

Les tortues marines prennent souvent les déchets plastiques comme des proies comestibles (les sacs plastique sont confondus avec les méduses, par exemple). Résultat : le plastique avalé provoque des blocages intestinaux et des lésions internes, menant souvent à une mort lente, de faim ou d'infection. En 2018, une étude australienne a révélé que seulement 14 morceaux de plastique ingérés suffisent à augmenter considérablement le risque de mortalité d'une jeune tortue marine.

En plus, certains plastiques contiennent des composés chimiques toxiques comme les phtalates ou le bisphénol A, perturbateurs endocriniens qui dérèglent les systèmes hormonaux des tortues marines. Cela entraîne des anomalies de croissance, des troubles de la reproduction voire la stérilité. Et comme si ça ne suffisait pas, la pollution plastique favorise aussi l’absorption de polluants organiques persistants (POP), qui s’accumulent alors dans les tissus des tortues et altèrent leur immunité, les rendant vulnérables aux maladies et parasites.

Concrètement, on a déjà retrouvé une tortue caouanne, récupérée au large de la Floride, avec plus de 100 morceaux de plastique dans l'estomac. Sans une action rapide pour réduire drastiquement ces déchets, on continuera de perdre de façon silencieuse mais dramatique un nombre important de ces reptiles exceptionnels.

Chiffres sur le plastique en mer

Chaque année, environ 8 millions de tonnes de plastique finissent dans nos océans. Ça correspond à peu près à vider un camion-poubelle toutes les minutes. Aujourd'hui, on estime qu'il y a jusqu'à 51 mille milliards de morceaux de plastiques flottants, toutes tailles confondues, éparpillés sur les mers du globe.

Le truc dingue, c'est le fameux "continent plastique" dans le Pacifique nord, appelé Great Pacific Garbage Patch. C'est pas vraiment une île plastique solide, mais plutôt une soupe hyper concentrée qui flotte à la surface, avec une superficie évaluée à environ 1,6 million de kilomètres carrés, soit quasiment trois fois la taille de la France. Impressionnant non ? C'est la plus grande zone d'accumulation de plastique marin au monde.

Plus proche de chez nous, en Méditerranée, les concentrations de plastique sont aussi critiques, avec environ 230 000 tonnes supplémentaires chaque année. Résultat : les tortues, poissons et autres animaux marins en consomment accidentellement jusqu'à saturation, parce qu'ils confondent souvent ces fragments plastiques avec leur nourriture.

Si rien n'est fait, d'ici à 2050, il pourrait y avoir plus de plastique que de poissons en poids dans nos océans.

La pêche illégale

Techniques de pêche dangereuses pour les tortues

Première chose à pointer du doigt : les filets dérivants. Ces filets géants, parfois kilométriques, traînent en mer sans distinction, attrapant tout ce qui croise leur route. Les tortues, incapables de remonter respirer une fois prises dedans, se noient rapidement.

Autres pièges mortels : les palangres. Imagine une gigantesque ligne de pêche, couverte de milliers d’hameçons appâtés. Les tortues mordent souvent à l’hameçon, pensant trouver une proie facile, mais finissent blessées ou noyées.

Quant au chalutage de fond, là aussi, ça pose problème. En raclant les fonds marins, ces immenses filets capturent accidentellement tout un tas d'espèces, dont les tortues qui s’y reposent ou qui cherchent leur nourriture.

Exemple concret : en Méditerranée, près de 150 000 tortues se retrouvent prises chaque année dans les filets et lignes de pêche. Pour réduire ces dégâts, certains pêcheurs testent des hameçons circulaires ou posent des dispositifs d'exclusion spéciaux sur les filets (TED – Turtle Excluder Device). Ces TED, obligatoires dans certains pays comme les États-Unis, permettent aux tortues de sortir facilement des filets avant qu'il ne soit trop tard.

Statistiques sur la pêche illégale et ses victimes

Chaque année, la pêche illégale cause la mort accidentelle de près de 300 000 tortues marines dans le monde. Rien qu'en Méditerranée, environ 44 000 tortues sont capturées involontairement chaque année par des filets destinés à d'autres espèces, comme les crevettes ou le thon. Au large des côtes mexicaines, la pêche illégale au filet maillant est une vraie catastrophe : par exemple, la petite tortue de Kemp, l'une des espèces les plus menacées, voit souvent ses effectifs chuter à cause de ces filets « fantômes » abandonnés en mer. Ces pièges invisibles dérivent et continuent à capturer des tortues pendant des années après leur abandon. Une étude internationalement reconnue estime que près de 640 000 tonnes d'équipements de pêche sont abandonnés chaque année dans les océans, piégeant sans arrêt de nombreuses tortues marines. Pour faire simple, agir pour enlever ces filets perdus ou imposer des contrôles stricts sur l'utilisation d'engins de pêche, c'est clairement essentiel et ça peut sauver rapidement des milliers de tortues.

Le tourisme irresponsable

Chaque année, de nombreuses régions touristiques organisent des activités comme les baignades avec les tortues ou l'observation rapprochée pendant la ponte. Si ça paraît cool sur Instagram, ces pratiques perturbent beaucoup les tortues marines. Des études montrent par exemple que la présence humaine à proximité des zones de ponte peut causer une diminution jusqu'à 60% du succès des éclosions. En Floride, le flash répété des appareils photo et des smartphones peut désorienter les bébés tortues : ils confondent les lumières artificielles avec les reflets de la lune sur l'océan et s'éloignent de l'eau, ce qui augmente leur mortalité.

Prendre des selfies en manipulant les tortues peut provoquer chez elles un stress énorme et perturber leur cycle naturel, notamment leur comportement alimentaire ou reproductif. Pareil pour les embarcations touristiques sans régulation : elles augmentent le risque de collision, une cause majeure de blessures graves ou mortelles pour les tortues en Méditerranée et aux Caraïbes notamment.

Certains lieux comme Akumal, au Mexique, ont tenté de réglementer ces approches en créant des zones réservées avec guides certifiés, limitant le nombre quotidien de visiteurs. Malgré tout, ces règles sont très souvent ignorées ou mal appliquées, laissant l'écosystème local sous pression.

0.1 kg

Poids moyen du plastique retrouvé dans l'estomac d'une tortue marine

80 %

Pourcentage de tortues marines menacées d'extinction

2200 km

Distance maximale parcourue par certaines tortues marines pour pondre

73 pays

Nombre estimé de pays impliqués dans le trafic illégal de tortues marines

100000 tortues marines

Estimation du nombre de tortues marines affectées par la pêche illégale et les déchets plastiques chaque année

Menaces pour les tortues marines Conséquences Actions de conservation
Pollution plastique Ingurgitation de plastique, blessure, mortalité Interdiction des plastiques à usage unique, nettoyage des plages
Pêche accidentelle Prises accessoires, blessures, noyades Utilisation de dispositifs d'exclusion des tortues (DET), réglementation de la pêche
Destruction de l'habitat de nidification Déclin des sites de nidification, baisse de la reproduction Protection des zones de nidification, sensibilisation des communautés locales

Les initiatives de préservation des tortues marines dans le monde

Protéger les tortues marines est devenu une priorité un peu partout dans le monde. Au Costa Rica, par exemple, des volontaires surveillent les plages de nuit pour éviter le braconnage des œufs. Autre bonne idée : le système TED (Turtle Excluder Device), qui permet aux tortues prises accidentellement dans les filets de pêche de ressortir tranquillement. Ce système est devenu obligatoire pour les crevettiers dans certains pays comme les États-Unis.

À La Réunion, des centres de soins recueillent et soignent les tortues blessées ou malades avant de les relâcher. En Australie, les rangers protègent les zones de nidification et sensibilisent activement touristes et populations locales. Certaines îles grecques ont carrément interdit aux voitures de rouler sur les plages pendant les périodes où les tortues pondent leurs œufs.

Plus globalement, des organisations internationales, comme le WWF ou la Sea Turtle Conservancy, organisent régulièrement des campagnes de sensibilisation pour montrer au grand public comment agir concrètement pour les tortues au quotidien. Un bon exemple : dire non aux pailles en plastique jetables, dangereuses pour les tortues marines.

Dans de nombreux pays, comme en Indonésie et au Mexique, les villageois participent désormais activement aux programmes de préservation, gagnant au passage leur vie grâce au tourisme durable plutôt que de chasser les tortues. Enfin, la coopération internationale s'intensifie pour mieux identifier les couloirs migratoires que ces animaux empruntent et les sécuriser davantage.

Foire aux questions (FAQ)

Si vous trouvez un nid, il est crucial de ne pas le toucher ni le déranger. Signalez-le immédiatement aux autorités locales ou à une association spécialisée dans la préservation des espèces marines. Ces structures pourront ensuite mettre en place une surveillance et des mesures de protection adaptées.

Chacun peut agir en réduisant sa consommation de plastique, en participant au nettoyage des plages, en soutenant les associations de protection des tortues marines ou encore en adoptant un comportement responsable lors de voyages touristiques dans les régions de nidification des tortues.

Les tortues marines jouent un rôle clé en régulant certaines populations marines comme les méduses ou en entretenant la santé des herbiers marins et récifs coralliens grâce à leur alimentation sélective et leurs déplacements, contribuant ainsi à préserver l'équilibre des écosystèmes marins.

Oui, malheureusement, sur les sept espèces existantes de tortues marines, plusieurs figurent aujourd'hui sur la liste rouge des espèces menacées de l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Des facteurs comme la pêche illégale, la pollution ou encore la dégradation des habitats naturels mettent sérieusement leur survie en péril.

La pêche accessoire désigne les captures non intentionnelles d'espèces marines non ciblées lors d'opérations de pêche commerciale. Les tortues marines s'en trouvent fréquemment victimes pour des raisons techniques comme la forme et taille des filets, et beaucoup d'individus meurent malheureusement noyés ou blessés après une capture accidentelle.

Effectivement, de nombreux programmes scientifiques utilisent des balises GPS fixées sur la carapace des tortues marines pour mieux comprendre leurs routes migratoires, les lieux essentiels à leur reproduction, leur régime alimentaire et leurs interactions avec différents habitats marins. Ces données sont primordiales afin d'élaborer des plans de conservation efficaces.

Une tortue marine en difficulté peut présenter divers symptômes tels qu'une faible activité, une nage désorientée, des blessures apparentes ou une flotte inhabituelle en surface pendant une trop longue durée. Si vous observez une tortue marine montrant ces signes, n'essayez pas d'intervenir vous-même, mais contactez directement une organisation professionnelle de sauvetage marin ou les autorités locales compétentes.

Oui, le sexe des bébés tortues marines est déterminé par la température du sable pendant l'incubation des œufs. Des températures plus élevées dues au changement climatique entraînent une hausse disproportionnée du nombre de femelles, ce qui déséquilibre à terme les populations et menace la survie future des espèces de tortues marines.

Biodiversité

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