La diplomatie du climatAnalyse des stratégies pays par pays

27 minutes de lecture
La diplomatie du climat : Analyse des stratégies pays par pays

Introduction

La diplomatie climatique, c'est ce grand jeu d'équilibre entre les pays pour gérer un problème commun : le réchauffement climatique. Chaque pays avance ses pions selon ses intérêts, ses moyens économiques, politiques et sa situation géographique. Le changement climatique concerne tout le monde, mais chaque acteur négocie à sa sauce, poussé parfois par des impératifs économiques ou souvent par des contraintes intérieures.

Les stratégies des pays divergent carrément. Tandis que certains prennent les devants avec des politiques ambitieuses (comme l'Union européenne avec son fameux Green Deal), d'autres préfèrent jouer la montre, voire carrément freiner les négociations pour préserver leurs intérêts économiques (comme la Russie et son pétrole). Et puis il y a les États vulnérables comme les îles du Pacifique : eux galèrent vraiment et jouent la diplomatie climatique comme leur principal outil de survie.

Concrètement, ça bouillonne en coulisses : sommets internationaux, accords signés puis remis en cause, affrontements diplomatiques entre grandes puissances comme la Chine et les États-Unis, alliances inattendues autour des énergies renouvelables... Tout ça forme une sorte de grande partie d'échecs climatique, dans laquelle chaque joueur détermine sa stratégie en fonction de ses priorités, de ses capacités et de la pression exercée par les autres.

L'objectif de cette analyse, c'est justement de décortiquer clairement et avec un maximum de pragmatisme comment chaque acteur clé décide d'avancer sur l'échiquier climatique mondial. Au passage, on essaiera de comprendre qui prend au sérieux ses engagements internationaux et qui préfère bluffer, tout en pointant du doigt les vrais enjeux humains, économiques et géopolitiques qui se cachent derrière ce gigantesque bras de fer climatique mondial.

1,2 degré Celsius

Augmentation de la température moyenne mondiale depuis l'ère préindustrielle

417 parties par million

Concentration actuelle de dioxyde de carbone dans l'atmosphère, un niveau sans précédent depuis des millions d'années

200 milliards de dollars

Coût estimé des événements météorologiques extrêmes dus au changement climatique chaque année

1.6 milliard de personnes

Nombre de personnes touchées par des inondations côtières d'ici 2050 si les émissions de CO2 ne diminuent pas

Les enjeux de la diplomatie climatique

Les conséquences du changement climatique

Le changement climatique, concrètement, c'est pas juste quelques degrés en plus. C'est 40 % de la calotte glaciaire de l'Arctique qui a disparu depuis 1980. Résultat : des régions comme le Groenland perdent environ 280 milliards de tonnes de glace chaque année, de quoi augmenter le niveau des mers de presque 1 millimètre par an, rien que pour le Groenland. Facile à penser que ça touche surtout les ours blancs, mais pas seulement. Aujourd'hui, environ 65 % des mégapoles mondiales (comme Jakarta, Tokyo ou New York) sont situées dans des zones côtières à risque d'inondations graves à horizon 2050.

Le changement climatique, c'est aussi l'eau douce qui menace de manquer. Dans le bassin du Mékong, plus de 60 millions de personnes dépendent directement d'un débit d'eau régulier. Maintenant, les saisons sèches s'allongent et les sécheresses deviennent monnaie courante. Résultat ? Les cultures vitales comme le riz s'effondrent et des millions de gens risquent leur sécurité alimentaire.

Côté santé, ça rigole pas non plus. Rien que la pollution de l'air due aux combustibles fossiles provoque environ 8 millions de décès prématurés par an dans le monde, selon la dernière étude sérieuse d'Harvard. Les moustiques tropicaux, responsables du paludisme ou de la dengue, remontent de plus en plus vers le nord : des cas de dengue apparaissent désormais dans des régions auparavant épargnées de France et d'Espagne.

Dernier truc vraiment perturbant, les migrations. La Banque mondiale estime qu'en 2050, environ 216 millions de personnes pourraient être contraintes de quitter leur chez-soi à cause du climat. C'est l'équivalent de la population actuelle du Brésil. Et ça, ce n'est pas un futur lointain, c'est déjà là.

Les objectifs internationaux de lutte contre le changement climatique

La Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC)

La CCNUCC, née au Sommet de la Terre à Rio en 1992 et entrée en vigueur dès 1994, c’est vraiment la base internationale pour coordonner les efforts contre le réchauffement climatique. Concrètement, c’est le cadre dans lequel tous les pays discutent de leurs engagements et de leurs stratégies. L'idée centrale, c’est que chaque pays prenne ses responsabilités mais avec une logique de solidarité : on appelle ça les principes de "responsabilités communes mais différenciées".

Un truc intéressant, c'est le mécanisme des COP (Conférences des Parties), ces grandes réunions annuelles qui réunissent près de 200 pays. Ça a permis de créer des accords concrets comme le fameux Protocole de Kyoto en 1997 (réduction des émissions pour les pays développés) ou l'Accord de Paris en 2015, qui a embarqué quasiment tout le monde avec l'objectif net de contenir le réchauffement sous les 2°C.

Pour agir plus efficacement, la CCNUCC a aussi déclenché des initiatives très concrètes, comme le financement de la lutte contre la déforestation (programme REDD+), ou encore le mécanisme de transfert d'activités propres pour inciter des projets écologiques pratiques dans les pays en développement. Ces outils permettent aux entreprises et aux ONG d’avoir un rôle actif : financer des puits de carbone naturels au Brésil, installer des énergies renouvelables en Afrique… Bref, l'action climat au concret.

L'Accord de Paris et les engagements nationaux

L'accord signé en 2015 engage chaque pays à présenter ses propres objectifs appelés contributions déterminées au niveau national (CDN). Ces objectifs sont revus tous les 5 ans, avec l'idée que chaque gouvernement relève progressivement ses ambitions climatiques.

Par exemple, l'Union européenne a augmenté récemment sa cible de réduction des émissions à -55 % d'ici 2030 par rapport à 1990, contre un précédent objectif de seulement -40 %. De son côté, les États-Unis visent désormais à atteindre environ 50 à 52 % de réduction d'émissions d'ici 2030 par rapport à leur niveau de 2005, sous l'administration Biden. À l'inverse, certains pays comme le Brésil n'ont pas relevé suffisamment leurs ambitions et sont même accusés de « rétrograder » leurs objectifs, notamment en comptant sur des jeux de chiffres liés à la déforestation et à l'Amazonie.

Un des points essentiels de l'Accord de Paris, c'est cette liberté donnée aux pays pour définir leurs objectifs, avec cependant un système de transparence commun : chaque état doit expliquer précisément comment il va atteindre ses promesses, sans pouvoir se cacher derrière des déclarations floues.

Concrètement, ces engagements nationaux déterminent tout ce que les pays feront dans les années qui viennent en matière d'énergie, de transport, d'agriculture ou de déforestation. Ça impacte aussi directement les investissements privés, car les décideurs économiques adaptent leurs stratégies aux engagements précis des pays – donc c'est loin d'être juste symbolique.

Pays Engagement de réduction des GES Initiative spécifique
France Réduction de 40% des émissions de GES d'ici 2030 par rapport à 1990 Plan Climat incluant la fin de la vente de voitures à essence et diesel d'ici 2040
Chine Atteindre le pic des émissions de CO2 avant 2030 et la neutralité carbone avant 2060 Investissement massif dans les énergies renouvelables et l'énergie nucléaire
Inde Réduire l'intensité des émissions de GES de 33 à 35% d'ici 2030 par rapport à 2005 Programme National d'Éclairage à LED pour réduire la consommation d'énergie

Les principaux acteurs de la diplomatie climatique

Les grandes puissances

Les pays comme les États-Unis, la Chine ou encore l'Union européenne pèsent lourd dans les négociations climatiques mondiales, clairement parce qu'ils dominent les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi grâce à leur influence politique et économique. Concrètement, une dizaine de pays produisent environ 70 % des émissions de CO₂ sur Terre, parmi lesquels les grandes puissances tiennent les premières places. Ça leur donne un sacré poids au moment de négocier.

Prenons la Chine : premier pollueur mondial niveau émissions totales, mais aussi le plus gros investisseur mondial dans les énergies renouvelables. Ça crée une certaine ambiguïté intéressante quand on parle diplomatie climatique, parce que son attitude alterne entre blocage prudent pour protéger sa croissance, et engagements ambitieux pour devenir leader mondial de la transition énergétique.

Les États-Unis, deuxième plus gros émetteur mondial, ont vu leur politique climatique osciller nettement d'un président à l'autre, entre retrait de l'accord de Paris sous Trump et retour en force avec Biden, qui a lancé des investissements massifs via l'Inflation Reduction Act. Cette instabilité chronique limite leur crédibilité à long terme auprès des partenaires.

Quant à l'Union Européenne, elle vise clairement le leadership climatique mondial avec son Green Deal, un plan à 1000 milliards d'euros pour devenir neutre en carbone d'ici 2050, ce qui en fait l'acteur le plus proactif, mais aussi parfois perçu comme donneur de leçons par les autres puissances. Son avantage, c'est qu'elle négocie comme entité unique, ce qui multiplie son influence par rapport à ses membres pris isolément.

Ces trois-là ne sont pas seuls : on trouve aussi l'Inde, la Russie ou le Brésil qui jouent chacun des rôles clés en fonction de leurs priorités économiques, énergétiques ou géopolitiques respectives. Les discussions climatiques deviennent vite très politiques quand de tels géants entrent en scène.

Les pays en développement

Les pays en développement jouent aujourd'hui un rôle clé dans la diplomatie climatique, et leur approche est loin d'être passive. Beaucoup d'entre eux, notamment le groupe des BASIC (Brésil, Afrique du Sud, Inde, Chine), se font entendre avec des positions fortes et coordonnées, défendant clairement leurs intérêts économiques tout en poussant vers plus de financements et de transferts technologiques.

Le concept majeur qu'ils défendent : la responsabilité commune mais différenciée. Ça veut dire que oui, tout le monde doit lutter contre le changement climatique, mais que les pays riches doivent assurer un soutien financier, technologique et logistique puisque leur responsabilité historique est plus lourde. Pour eux, c'est une question centrale à chaque sommet climat, clairement posée depuis la conférence de Rio en 1992 et constamment rappelée ensuite.

Ces pays montrent aussi de plus en plus l'exemple. Le Costa Rica par exemple, c'est quasiment 100% d'électricité renouvelable depuis plusieurs années, essentiellement grâce à l'hydroélectricité et à l'éolien. L'Éthiopie, elle, mise gros sur les énergies vertes avec le barrage de la Renaissance, espérant devenir un leader régional de l'électricité propre tout en stimulant sa croissance économique. Le Maroc s'affiche aussi avec la centrale solaire Noor, une des plus grandes installations thermosolaires au monde.

Du coup, ces pays ne sont pas seulement demandeurs d'aide : ils expérimentent, innovent, montrent qu'une autre voie de développement est possible. Leur message : nous pouvons contribuer activement à la transition, à condition d'avoir l'argent et les technologies nécessaires. Sans ce soutien concret, difficile de demander davantage aux pays qui font encore régulièrement face à des problèmes de pauvreté énergétique, de sécurité alimentaire ou d'accès à l'eau potable.

Les États insulaires vulnérables

Ce sont les pays du Pacifique et des Caraïbes, comme les Maldives, Kiribati, Tuvalu ou Vanuatu, qui subissent en premier les impacts directs de l'élévation du niveau marin. Sur certains atolls comme Funafuti (Tuvalu), la mer monte en moyenne de 3,9 mm par an, bien au-dessus de la moyenne mondiale d'environ 3,4 mm. Ça paraît peu, pourtant ces quelques millimètres suffisent déjà à contaminer les réserves d'eau douce avec l'intrusion d'eau salée, menaçant la sécurité alimentaire des habitants qui cultivent surtout le taro et la patate douce.

Leurs stratégies diplomatiques sont donc focalisées sur l'urgence existentielle : ces États militent activement à l'international pour une limite de réchauffement climatique à 1,5 °C plutôt que 2 °C. Les Maldives ont même organisé une réunion sous-marine de leur gouvernement en 2009, pour alerter symboliquement la communauté mondiale. Lors des COP, ces pays insulaires font systématiquement front commun dans l'Alliance des petits États insulaires (AOSIS), insistant sur la reconnaissance juridique des « pertes et dommages » liés au climat.

Concrètement, ils réclament aussi des financements mieux adaptés, rapides à décaisser et qui ne les enferment pas dans des processus bureaucratiques interminables. La Barbade pousse ainsi, au niveau international, à repenser carrément les mécanismes financiers liés à la crise climatique—proposant une nouvelle approche globale du financement dans les pays vulnérables.

Bref, ces îles jouent un rôle clé en donnant une voix concrète et humaine aux impacts immédiats du changement climatique, et en tentant de bouger rapidement les lignes diplomatiques.

Changement Climatique : Politiques et Accords
Changement Climatique : Politiques et Accords

45 %

Pourcentage de réduction des émissions de gaz à effet de serre nécessaire d'ici 2030 pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius

Dates clés

  • 1992

    1992

    Sommet de la Terre à Rio : Adoption de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC)

  • 1997

    1997

    Signature du Protocole de Kyoto visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre par les pays industrialisés

  • 2005

    2005

    Entrée en vigueur du Protocole de Kyoto, marquant le début des engagements contraignants pour certains pays industrialisés

  • 2009

    2009

    COP15 à Copenhague : Tentative de formaliser un accord mondial, perçue en partie comme un échec relatif

  • 2015

    2015

    Accord historique signé lors de la COP21 à Paris avec des objectifs ambitieux pour maintenir l'augmentation de la température sous 2 degrés Celsius

  • 2017

    2017

    Annonce par les États-Unis de leur retrait de l'Accord de Paris sous l'administration Trump

  • 2020

    2020

    Réintégration des États-Unis à l'Accord de Paris par l'administration Biden

  • 2021

    2021

    COP26 à Glasgow : engagements supplémentaires des pays pour atteindre la neutralité carbone

Stratégies des principaux pays

États-Unis

Politique intérieure et internationale en matière de climat

Aux États-Unis, la politique climatique est un véritable bras de fer entre les gouvernements fédéral et étatiques. Biden a remis les pendules à l'heure en rejoignant dès son arrivée l'Accord de Paris et en poussant son fameux plan Build Back Better, plein de milliards pour booster les énergies renouvelables, les infrastructures vertes et les transports propres. Mais avec un Congrès divisé, pas évident de faire avancer certains projets trop ambitieux niveau législatif. Du coup, on voit surtout bouger les États : Californie, évidemment, qui pousse ses propres règles hyper strictes sur la réduction des émissions et les véhicules électriques, ou encore New York, Oregon et Washington qui forment une sorte de coalition climatique pour agir sans attendre Washington DC.

Et ça bouge aussi du côté des villes : Boston, San Francisco ou Chicago se sont déjà fixé des objectifs climatiques ultra précis, comme passer à du 100 % énergies renouvelables d'ici 2035. L'administration Biden utilise aussi l'agence fédérale de protection de l'environnement (EPA) pour imposer des normes sévères aux industries fossiles, histoire de limiter le méthane et le carbone des principaux pollueurs. À l'international, les États-Unis sont revenus à la table des négociations à la COP, avec l'envoyé spécial John Kerry qui fait le tour du monde pour vendre la leadership climatique made in USA, surtout face à la Chine. Biden pousse une diplomatie axée sur les partenariats concrets, comme l'accord récent avec l'Union Européenne pour limiter les importations d'acier et d'aluminium trop polluants ou encore les partenariats techniques et financiers en faveur des pays les plus vulnérables, notamment via l'initiative Prepare qui vise à augmenter leur résilience face aux catastrophes climatiques.

Partenariats et oppositions diplomatiques

Les États-Unis jouent à fond la carte du partenariat avec certains pays et groupes bien précis pour pousser leur vision climatique à l'international. Exemple marquant : le groupe High Ambition Coalition, un réseau initié lors des négociations de Paris en 2015 avec l'Europe, le Mexique ou encore certains États insulaires vulnérables pour mettre la pression sur les pays frileux côté climat. Récemment, les États-Unis ont lancé avec l'Union européenne le Global Methane Pledge, signé par plus de 100 pays, pour réduire de 30 % leurs émissions de méthane d'ici 2030—une manière concrète et plutôt maligne d'accélérer la lutte contre le réchauffement à court terme.

Cela dit, niveau oppositions diplomatiques, ça coince sérieusement avec des poids lourds comme la Chine et l'Inde, particulièrement lors des sommets COP récents. Pékin reproche volontiers à Washington un manque de crédibilité, vu que les États-Unis ont parfois tendance à changer radicalement de politique interne selon qui est au pouvoir—Trump avait quand même décidé de quitter l'Accord de Paris avant que Biden fasse marche arrière dès son arrivée. Cette instabilité politique est un frein clair aux négociations efficaces entre ces deux géants.

Autre sujet chaud : les tensions avec le Brésil, en particulier sous Bolsonaro, sur la question de la déforestation en Amazonie. Les États-Unis ont clairement critiqué la gestion de Bolsonaro sur ce dossier, notamment en menaçant de ralentir les investissements économiques si le Brésil n'agissait pas sérieusement pour protéger la forêt—des signaux diplomatiques assez forts et directs peu habituels dans la diplomatie climatique classique.

Chine

Stratégies nationales de réduction des émissions

La Chine s'est fixé un objectif clair : atteindre le pic de ses émissions de CO₂ avant 2030 et devenir neutre en carbone vers 2060. Concrètement ça passe par du lourd niveau renouvelable : aujourd'hui, la Chine est numéro 1 mondial de l'énergie solaire et éolienne. Un exemple marquant, c'est l'énorme centrale solaire flottante dans la province de l'Anhui, construite sur une ancienne mine de charbon inondée, qui produit assez pour alimenter 15 000 foyers.

Depuis 2021, Pékin s'est aussi engagé à stopper le financement international de nouveaux projets charbonniers, ça représente environ 47 gigawatts de nouvelles centrales annulées à l'étranger. En interne, la Chine mise gros sur l'électrification des transports, avec une augmentation fulgurante des ventes de véhicules électriques : près de 6 millions de véhicules électrifiés vendus en 2022, ce qui met la Chine loin devant l'Europe et les États-Unis combinés.

Autre détail concret, le marché carbone chinois lancé en juillet 2021 est aujourd'hui le plus grand marché de permis à polluer de la planète en volume d'émissions traitées, même s'il couvre seulement le secteur de l'électricité pour l'instant. Objectif à terme : étendre ce mécanisme à d'autres secteurs industriels très polluants comme l'acier ou le ciment, mais ça prend du temps. Sur le terrain, certaines villes, comme Shenzhen ou Chengdu, expérimentent des zones neutres en carbone où toutes les nouvelles constructions doivent obligatoirement intégrer des panneaux solaires et respecter des standards ultra stricts en efficacité énergétique.

Diplomatie climatique et nouvelles routes de la soie

La Chine s'appuie sur son gigantesque projet des nouvelles routes de la soie (ou Belt and Road Initiative - BRI) pour étendre discrètement sa diplomatie climatique. Concrètement, elle multiplie les investissements dans des projets d'énergies renouvelables auprès de pays partenaires en développement, ce qui lui permet à la fois de renforcer son influence géopolitique et de forger des alliances autour d'objectifs écologiques communs. Par exemple, au Pakistan, la Chine finance des parcs solaires massifs comme celui du Quaid-e-Azam Solar Park, l'un des plus grands au monde, avec une capacité de 1000 MW, ou encore des projets hydroélectriques au Laos tels que le barrage de Nam Ou.

Mais attention, tout ça n'est pas forcément vert vif partout : selon des études, presque 40 % des projets énergétiques chinois dans le cadre de la BRI étaient encore liés aux énergies fossiles ces dernières années, notamment au charbon, comme c'est le cas en Indonésie ou au Bangladesh. Pourtant, sous les récentes pressions internationales, Xi Jinping a déclaré en 2021 que la Chine arrêterait de financer de nouvelles centrales à charbon à l'étranger, ce qui pourrait accélérer le virage écologique de l’initiative.

En fait, la stratégie chinoise, c'est un équilibre subtil entre développement économique, contrôle des matières premières critiques (comme le lithium ou le cobalt, essentiels pour les batteries électriques) et objectif climatique. C’est une diplomatie pragmatique basée sur les infrastructures et le commerce, qui lui permet d’étendre son influence tout en se posant en partenaire climatique indispensable pour une foule de pays émergents.

Inde

Priorités économiques et transition énergétique

L'Inde est encore très dépendante du charbon, qui représente autour de 70 % de sa production électrique. Mais le gouvernement commence à mettre le paquet sur les renouvelables : il s'est donné l'objectif ambitieux de produire 500 gigawatts à partir d'énergies propres d'ici 2030. Ça représenterait plus de la moitié de son mix énergétique. Ils misent surtout sur le solaire, avec des projets géants comme le parc solaire de Bhadla, au Rajasthan— l'une des plus grandes installations solaires au monde avec ses 2245 mégawatts.

Malgré ces efforts, il y a des gros dilemmes économiques. L'Inde doit sortir rapidement de la pauvreté des centaines de millions de personnes, ce qui impose une consommation énergétique en constante croissance. Le souci, c’est que pour l'instant, le charbon coûte moins cher et il emploie directement et indirectement près de 4 millions de personnes. Donc forcément, la transition énergétique fait mal à court terme, niveau emploi et finances locales.

Pour amortir le choc, le pays investit dans des initiatives de développement industriel autour des nouvelles technologies de stockage d'énergie, comme les batteries lithium-ion produites localement par exemple. Autre exemple concret : l'Etat indien favorise les entreprises étrangères à venir produire des composants solaires sur place, leur donnant des avantages fiscaux intéressants. Bref, l’Inde essaye d’avancer entre modernisation rapide et impératifs économiques concrets que rencontrent les gens au quotidien.

Coopération internationale et défis intérieurs

L'Inde joue un rôle malin sur la scène mondiale côté climat : elle participe activement à la Solar Alliance internationale, lancée avec la France, pour booster l'utilisation de l'énergie solaire et aider les pays en développement à se tourner vers les énergies propres. Sur le plan pratique, par exemple, elle finance et exporte des projets solaires en Afrique et en Océanie.

Cela dit, à la maison, l'Inde doit gérer des défis bien concrets et compliqués. Une grosse partie de son économie repose toujours sur le charbon, qui représente environ 70 % de sa production électrique. Et avec plus de 1,4 milliard d'habitants, certains États comme l'Uttar Pradesh, où vivent plus de 200 millions de personnes, peinent encore à fournir de l'électricité stable à tous. Bref, difficile d'abandonner rapidement les énergies fossiles quand une partie de ta population n'a même pas encore accès à un réseau électrique fiable.

Autre souci, la pollution de l'air dans les grandes villes comme Delhi dépasse très régulièrement les seuils recommandés par l'OMS, surtout en hiver, avec des taux de particules fines atteignant parfois plus de 500 µg/m³ alors que la recommandation journalière de l'organisation est de 15 µg/m³. Résultat : le gouvernement indien est tiraillé entre l'urgence sanitaire immédiate, ses ambitions climatiques et ses contraintes économiques internes. Pas simple à gérer, tout ça.

Union européenne

Le Pacte vert européen (Green Deal)

Le Pacte vert européen, c'est la grosse feuille de route climatique de l'UE lancée fin 2019, avec l'ambition super forte d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Concrètement, ça veut dire zéro émission nette de gaz à effet de serre à cette échéance-là. Pour mettre ça en action, y a plein de mesures très cool, comme par exemple le plan "Fit for 55", sorti en 2021 : objectif ultra précis de réduire de 55% les émissions européennes d'ici 2030 (par rapport aux niveaux de 1990). Ça passe notamment par une réforme profonde du marché européen du carbone (le fameux ETS, système d’échange de quotas d’émissions), où l'UE commence sérieusement à augmenter le prix du CO₂ pour pousser industries et énergies fossiles à se bouger.

Il y a aussi le fonds de transition juste (un nom pas super fun, mais l'idée derrière est cool), doté d'environ 17,5 milliards d'euros, spécifiquement pour aider les régions ultra dépendantes du charbon et des énergies fossiles à basculer vers des énergies propres. Très concrètement, dans des régions comme la Silésie en Pologne ou les bassins miniers d'Allemagne, ce fonds finance directement la reconversion économique, la formation professionnelle et la création de nouveaux emplois verts.

Autre mesure-clé pratique : l'interdiction programmée des ventes de voitures thermiques neuves dès 2035 dans toute l'Europe. Ça va booster le marché de l'électrique et réduire concrètement les émissions liées aux transports. Derrière ça, y a évidemment des investissements massifs dans les bornes de recharge électrique, financés par l'UE.

Enfin, truc peu connu mais hyper significatif : l’UE veut aussi taxer aux frontières les marchandises venant de pays pas sérieux sur le climat, c’est ce qu'on appelle le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF). À partir de 2026, toute importation dans certains secteurs comme l'acier, le ciment ou l'électricité, provenant de pays aux règles climatiques moins strictes, va devoir payer une taxe qui correspond à son empreinte carbone. Le but, c'est d'éviter que les entreprises européennes soient désavantagées par des concurrents étrangers qui polluent plus et paient moins. Bref, l'Europe assume clairement une stratégie offensive sur ce sujet et veut fixer des nouvelles règles du jeu à l'international.

Leadership global et partenariats internationaux

L'Union européenne (UE) cherche clairement à devenir le moteur mondial de la lutte contre le changement climatique. Concrètement, elle finance des projets environnementaux ambitieux hors de ses frontières à travers des initiatives comme le Programme EUROCLIMA+ en Amérique latine, qui soutient directement des solutions pratiques de reconversion énergétique et de résilience au climat sur le terrain. Autre exemple : l'accord bilatéral conclu en 2022 entre l’UE et l’Afrique du Sud pour faciliter une transition énergétique juste et financer l'abandon progressif du charbon grâce à près de 8,5 milliards de dollars de soutien international, dont une grosse partie est fournie par l'Europe.

La stratégie européenne consiste aussi à influencer directement les normes mondiales en matière de réglementation climatique—comme avec son mécanisme carbone aux frontières (CBAM, Carbon Border Adjustment Mechanism), qui oblige les autres pays à tenir compte concrètement des émissions de CO2 s’ils veulent continuer de commercer sereinement avec le continent européen.

L’UE multiplie activement ses partenariats internationaux ciblés : elle a lancé, entre autres, une collaboration étroite avec le Japon pour promouvoir les technologies hydrogène vert et renouvelables. Globalement, en posant ses conditions environnementales comme standard incontournable à l’international, elle tente d'imposer concrètement une "diplomatie climatique de référence" à laquelle le reste du monde doit s'adapter pour accéder au marché européen.

Brésil

Politique environnementale et Amazonie

La politique environnementale du Brésil passe par une grosse dualité : protection de l'Amazonie contre agriculture intensive et industries lourdes. Depuis l'investiture de Lula en 2023, le pays a opéré un vrai virage par rapport à Bolsonaro, en renforçant concrètement la lutte contre la déforestation. Dès janvier 2023, une opération coup de poing a été lancée contre les mineurs illégaux en territoire Yanomami, avec des milliers d'entre eux expulsés en quelques semaines. Autre action phare, le gouvernement a réactivé le Fonds Amazonie, gelé sous Bolsonaro, où la Norvège et l'Allemagne mettent sur la table environ 1 milliard d'euros destinés à financer directement les actions de conservation et de restauration de la forêt. Une vraie équipe de choc est mise en place avec notamment Marina Silva, militante écologiste historique, nommée ministre de l'Environnement. Malgré ces efforts, le défi est loin d'être gagné : rien que sur l'année 2022, l'Amazonie brésilienne a perdu presque 11 600 km² de forêt (chiffres de l’INPE), soit près d'un tiers de la Belgique. Niveau concret, si tu regardes des États comme Pará ou Mato Grosso, l'économie tourne toujours beaucoup autour de l’élevage du bétail et du soja, ce qui complique pas mal l'application sur le terrain des bonnes intentions du gouvernement fédéral. Pour inverser la tendance, Lula prévoit une approche plus inclusive en impliquant directement les communautés locales, les peuples autochtones et en relançant une vraie coopération internationale, notamment avec les Européens et les États-Unis prêts à mettre concrètement la main à la poche.

Ambitions nationales et engagements internationaux

Le Brésil s'est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 50 % d'ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2005, et ambitionne carrément d'atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050. C'est ambitieux, d'autant plus que ça signifie lutter activement contre la déforestation illégale, un sujet chaud quand on sait que l'Amazonie représente environ 59 % du territoire brésilien. Sous le mandat de Lula (depuis janvier 2023), le Brésil revient en mode combat contre la déforestation, avec un plan pour empêcher la destruction illégale d'ici à 2030, via davantage de patrouilles environnementales sur le terrain et une coopération internationale plus poussée.

À l'international, le pays s'est notamment associé à la Norvège et à l'Allemagne via le Fonds Amazonie, qui finance des projets concrets pour préserver la forêt amazonienne. Lula a annoncé vouloir réactiver et renforcer ce fonds, alors qu'il avait été gelé sous Bolsonaro. Et côté diplomatie régionale, le gouvernement brésilien pousse fort pour fédérer les pays amazoniens autour d'une politique environnementale commune, histoire d'avoir plus de poids à l'international. Dernièrement, en août 2023, les leaders amazoniens se sont réunis à Belém pour justement discuter de stratégies communes pour la préservation de la biodiversité et du climat.

Mais soyons réalistes, tout ça implique des défis internes costauds, surtout avec les intérêts économiques et agricoles encore très influents au Brésil. Sans compter que les chiffres récents montrent une tendance encourageante mais fragile : sur les huit premiers mois de 2023, la déforestation en Amazonie brésilienne a chuté d'environ 48 % par rapport à la même période en 2022. Un bon début… mais la route reste longue.

Russie

Approche énergétique et diplomatie climatique

La Russie mise clairement sur son statut d'exportateur majeur d'énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon) qu'elle considère comme incontournable sur la scène internationale. Elle se concentre davantage sur la sécurisation et l'extension de ses parts de marché énergétique, notamment en Asie, qu'à prendre des initiatives climatiques ambitieuses. Mais récemment, sous la pression diplomatique et commerciale (surtout venant de ses gros clients comme l'UE), elle affiche une prise de conscience progressive : par exemple, Moscou cherche à développer plus activement l'hydrogène bleu et même vert, pour garder une bonne image auprès de ses partenaires européens engagés dans le Green Deal. Un exemple concret : Gazprom, géant gazier russe, commence à explorer sérieusement la production d'hydrogène via du gaz naturel associé au captage-stockage de CO₂. Concrètement, ils tentent de convertir leurs pipelines existants en corridors d'exportation d'hydrogène vers l'Europe. Du côté international, la Russie joue aussi la carte diplomatique en poussant des initiatives de compensation carbone basées sur ses énormes forêts boréales, histoire de rester crédible sans forcément réduire drastiquement ses émissions fossiles. Niveau négociations climat internationales, c'est simple : les Russes cherchent à temporiser un max tout en évitant l'isolement, naviguant habilement entre les positions chinoises, américaines et européennes. Pas de révolution verte en vue, mais plutôt une stratégie pragmatique : suivre les grosses tendances énergétiques mondiales en gardant jalousement leur place stratégique.

Position géostratégique sur la scène climatique

La Russie joue clairement au pragmatisme sur la scène climatique. Avec ses énormes réserves de gaz naturel, elle pousse à fond son statut de fournisseur clé d'énergie vers l'Europe et l'Asie, tout en gardant un pied prudent dans les discussions internationales sur le climat. En gros, Moscou mise sur le réchauffement climatique pour ouvrir de nouvelles voies commerciales maritimes—comme la Route maritime du Nord, qui devient navigable plus longtemps chaque année à mesure que les glaces fondent dans l'Arctique. En 2020 par exemple, cette route stratégique a vu transiter près de 33 millions de tonnes de marchandises, un chiffre multiplié par cinq en seulement cinq ans.

La fonte des glaces, ça libère aussi un accès aux immenses ressources énergétiques et minérales enfouies sous l'Arctique—et l'intérêt russe là-dedans c'est tout bonnement colossal. On parle, selon l'US Geological Survey, de potentiels gisements représentant jusqu'à 30% du gaz naturel non encore découvert dans le monde. Concrètement, ça explique pourquoi la Russie investit autant dans la modernisation de sa flotte brise-glace nucléaire, aujourd'hui sans équivalent ailleurs.

Autre point particulier : si Moscou signe les accords climatiques internationaux comme l'Accord de Paris en 2019, c'est aussi par calcul diplomatique. Le pays ne fait pas trop d'efforts supplémentaires, profitant des réductions d'émissions liées à la fermeture d'usines obsolètes héritées de l'URSS pour afficher des résultats encourageants. Bref, les Russes voient le climat davantage comme une carte géopolitique et économique à jouer, plutôt que comme un enjeu purement environnemental.

Foire aux questions (FAQ)

La diplomatie climatique désigne l'ensemble des négociations et discussions internationales visant à coopérer sur les politiques environnementales et de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Elle inclut également les accords internationaux tels que l'Accord de Paris, ainsi que les partenariats bilatéraux et multilatéraux entre États.

Les pays particulièrement engagés sont souvent ceux ayant des politiques climatiques ambitieuses ou ceux qui assument un leadership international sur la question, à l'image de l'Union Européenne à travers son Pacte vert européen ou encore la Chine avec ses investissements massifs dans les énergies renouvelables. Certains États insulaires et scandinaves comme le Costa Rica, l'Islande ou la Finlande sont également très impliqués.

Certains pays hésitent en raison d'intérêts économiques divergents, souvent liés à une forte dépendance aux combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel). D'autres facteurs incluent la crainte d'une perte de compétitivité économique ou industrielle, ainsi que des préoccupations liées à la souveraineté nationale face aux engagements internationaux contraignants.

Le retrait des États-Unis sous l'administration précédente a temporairement affaibli le leadership international américain sur le climat et suscité des inquiétudes sur la capacité collective à atteindre les objectifs mondiaux. Leur réintégration rapide en 2021 sous l'administration Biden a cependant permis de redynamiser les négociations internationales en réaffirmant l'engagement américain envers l'action climatique mondiale.

Les pays en développement jouent un rôle central à double visage : ils sont souvent les plus vulnérables face aux impacts du changement climatique tout en disposant de marges de progression importantes pour éviter l'augmentation de leurs émissions futures. Ils défendent souvent la nécessité d'un financement international accru et d'un transfert de technologies afin d'adopter des trajectoires économiques durables sans compromettre leurs objectifs de développement.

Ces pays gagneraient à diversifier progressivement leur économie en favorisant des secteurs innovants, notamment les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique. La communauté internationale peut fournir du soutien via des fonds d'adaptation et des mécanismes de financement, tout en proposant des technologies bas carbone et des formations techniques pour faciliter la transition économique.

La justice climatique considère que les responsabilités historiques et les capacités économiques varient fortement entre pays, impliquant une répartition équitable des efforts et des financements dans la lutte mondiale contre le dérèglement climatique. Elle souligne notamment que les pays industrialisés doivent davantage soutenir les pays vulnérables en réduisant leurs propres émissions et en offrant des moyens d'adaptation aux autres.

La COP (Conférence des Parties) organisée annuellement par l'ONU constitue le principal forum international pour la diplomatie climatique. Ses enjeux majeurs incluent la vérification des engagements nationaux, la négociation de financements climatiques, l'adaptation aux effets du changement climatique et l'assurance que chaque pays continue de renforcer ses ambitions en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Changement Climatique

Personne n'a encore répondu à ce quizz, soyez le premier ! :-)

Quizz

Question 1/5