Quand on pense pollution, émissions CO₂ ou déchets, on a souvent tendance à imaginer les voitures, des usines qui crachent de la fumée ou encore des tonnes de plastique à usage unique. Pourtant, tu serais probablement surpris d'apprendre que l'industrie de la construction pèse très lourd dans ce bilan écologique. En France, le secteur du bâtiment produit à lui seul environ 42 millions de tonnes de déchets chaque année, soit plus que les déchets des ménages. Oui, rien que ça !
Construire des immeubles, rénover des logements, démolir pour reconstruire, tout ça génère une quantité énorme d'émissions de CO₂. Il faut extraire les matériaux, les fabriquer, les transporter… autant d'étapes qui contribuent fortement au réchauffement climatique. Par exemple, la simple fabrication du ciment est responsable à elle seule d'environ 7 à 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ça fait réfléchir, non ?
L'une des solutions pour diminuer significativement cet impact serait de passer à une approche basée sur l'économie circulaire : réutiliser nos matériaux de construction au lieu de les jeter ou de les gaspiller. Concrètement, ça veut dire récupérer ce qui est encore utilisable, lui donner une seconde vie (ou troisième, ou quatrième…), et ainsi créer une boucle dans laquelle les ressources ne sont plus perdues une fois utilisées.
Réutiliser les matériaux, ça ne veut pas simplement dire moins de déchets et moins d'émissions, ça peut aussi signifier des coûts réduits pour les entreprises du secteur et des emplois nouveaux ou différents. Ce n’est pas encore devenu un réflexe partout, mais les initiatives commencent à émerger, et il y a plein d’opportunités à saisir. On va voir comment tout cela peut se mettre en place concrètement, avec des exemples, des chiffres et quelques défis à surmonter aussi. Prêt à creuser le sujet ?
Quantité annuelle de déchets de construction en France
Pourcentage de réduction d'émissions de CO2 associées à la réutilisation de matériaux de construction
Chiffre d'affaires annuel des entreprises de recyclage des matériaux de construction en Europe
Production annuelle de ciment en France
On dépense beaucoup d'énergie rien que pour produire les matériaux qui servent dans le bâtiment, notamment à cause de procédés de fabrication très énergivores comme celui du ciment Portland. Par exemple, chaque tonne de ciment fabriqué libère à peu près 800 kg de CO₂, c'est quasiment une tonne pour une tonne, c’est énorme. Le béton armé, massivement utilisé partout, représente environ 8 % des émissions mondiales de CO₂ à lui tout seul. C'est plus que les émissions issues du transport aérien mondial.
Un autre coupable, c’est la production d'acier. Fabriquer une tonne d’acier à partir de minerai de fer, ça balance en moyenne 1,8 tonne de CO₂ dans l’atmosphère. À l’échelle mondiale, l'acier est responsable d'environ 7 à 9 % des émissions admissibles pour limiter le réchauffement sous les deux degrés Celsius.
Même les matériaux souvent perçus comme écologiques, comme les briques ou les tuiles en terre cuite, consomment pas mal d’énergie à la cuisson : on parle de températures avoisinant les 900°C, alimentées souvent par des énergies fossiles, et donc avec une empreinte carbone qui pèse lourd sur la balance au final.
Bref, rien qu'en choisissant mieux nos matériaux ou en récupérant ce qui existe déjà, il y a moyen de ne pas aggraver autant la situation.
Dans le monde du bâtiment, les déchets sont souvent bien spécifiques, et pas toujours évidents à gérer. Il y a bien sûr les classiques qu'on connaît tous : les gravats, le béton cassé, les briques, les restes de plâtre, ou encore les morceaux de bois traités. Mais on oublie souvent des déchets moins évidents comme les matériaux d'isolation, souvent composés de mousse synthétique ou de laine minérale, pas géniaux côté environnement et compliqués à recycler. Ou encore, des déchets dangereux, comme les vieux pots de peinture, les solvants ou les agents chimiques utilisés sur chantier (étanchéité, traitement du bois…). À noter également les déchets issus des revêtements de sols : moquettes synthétiques ou lino en PVC, bien plus problématiques à valoriser que ce qu'on imagine. Enfin, un cas particulier vraiment intéressant, ce sont les déchets issus de la démolition sélective, c'est-à-dire qu'au lieu de tout casser sans distinction, on démonte soigneusement portes, fenêtres, câbles électriques, panneaux de façade pour que ce soit facilement réutilisable. Cette démarche permet de récupérer des matériaux intacts directement exploitables sur de nouveaux projets ou à forte valeur ajoutée en recyclage. De nombreux chantiers expérimentaux en France, comme celui de l'ancien siège EDF à Issy-les-Moulineaux, montrent que cette méthodologie sélective permet de recycler, réemployer et valoriser plus de 90 % des matériaux issus de la démolition, au lieu de finir directement à la benne.
Chaque année, la construction génère en France près de 46 millions de tonnes de déchets, ce qui représente environ 70 % de l'ensemble des déchets produits sur le territoire. C'est colossal. Concrètement, ça fait plus de 2 fois la quantité de déchets ménagers produits par tous les Français réunis en un an.
Dans ces 46 millions, le gros du tas se compose principalement de béton (60 à 70 %), suivi du bois, des plastiques, métaux, plâtre et matériaux isolants. Une bonne partie de ces déchets pourrait pourtant être évitée avec des pratiques plus circulaires dès le début : meilleure planification des chantiers pour limiter les surplus, meilleure gestion du stockage pour éviter la détérioration, ou même la revente des excédents via des plateformes spécialisées comme Backacia ou Cycle Up. On gagne sur tous les tableaux : moins de déchets à gérer, moins de coûts et moins d'impact sur l'environnement.
Matériau | Utilisation antérieure | Avantages de la réutilisation |
---|---|---|
Brique | Issu de la démolition de bâtiments | Réduction des émissions de CO2 liées à la production de nouvelles briques |
Bois | Provenant de bois de construction recyclé | Conservation des ressources naturelles et réduction des déchets |
Verre | Récupéré à partir de fenêtres et façades | Économies d'énergie lors du processus de recyclage par rapport à la production de verre neuf |
Acier | Récupéré de structures métalliques démolies | Économies substantielles de matières premières et d'énergie |
Béton | Récupéré à partir de gravats | Diminution des besoins en extraction de matières premières |
L'économie circulaire repose sur plusieurs idées-clés très concrètes. D'abord, on garde les ressources en boucle au lieu de toujours aller taper dans les ressources vierges. Concrètement, ça veut dire que tes matériaux ne deviennent pas des déchets, mais des éléments réinjectés dans de nouveaux bâtiments. On appelle ça le principe du "cradle-to-cradle" (du berceau au berceau), plutôt que le traditionnel "cradle-to-grave" (du berceau à la tombe).
Autre point important : on mise sur l'écoconception, c'est-à-dire concevoir dès le départ des bâtiments facilement démontables et dont les matériaux pourront être facilement réutilisés ensuite. Une toiture ou une façade devient ainsi une sorte de "kit démontable" plutôt qu'une masse de béton condamnée.
Il ne s'agit pas seulement de recyclage, d'ailleurs. L'économie circulaire encourage surtout le réemploi direct des matériaux, avec un minimum de transformation. Ça économise de l'énergie, du CO₂, et souvent aussi de l'argent. On parle souvent de passer à une "économie de la fonctionnalité" où ce qui importe, c'est que le matériau remplisse sa fonction plusieurs fois de suite plutôt que d'être systématiquement remplacé par du neuf.
Enfin, un pilier essentiel reste la coopération locale. On privilégie les échanges entre les entreprises locales, histoire de réduire les coûts de transport et les impacts environnementaux associés. Ça permet aussi de dynamiser toute une économie locale de proximité basée sur l'échange et la réutilisation.
Pour construire une chaîne d'approvisionnement circulaire qui marche vraiment, l'idée c'est d'abord de centraliser l'information sur les matériaux disponibles à proximité. Des plateformes comme Cycle Up mettent en relation directe les entreprises qui cherchent des matériaux récupérés avec celles qui en ont à disposition. Ça évite de chercher partout sans résultats.
Tu peux aussi miser sur des entrepôts locaux spécifiquement dédiés aux matériaux réutilisables. Exemple de réussite : à Bordeaux, le projet Backacia a créé un espace physique pour stocker temporairement les matériaux issus de déconstructions, faciles ensuite à récupérer pour les nouveaux chantiers.
Le gros intérêt, c'est de raccourcir drastiquement les chaînes logistiques en privilégiant les échanges locaux plutôt que les transports de longue distance. Tu économises sur les coûts de transport, tu réduis ta facture écologique, et en prime tu développes des réseaux locaux solides et de nouveaux emplois.
Enfin, un truc souvent négligé mais concret : mets en place un système de "passeport matériaux", comme l'a fait le groupe Bouygues sur certains projets pilotes, pour tracer précisément l'origine, les caractéristiques techniques et l'état de conservation des matériaux. Ça rassure tout le monde sur leur qualité et simplifie leur réutilisation future.
Adopter une logique circulaire sur les chantiers permet direct de faire des économies sur la gestion des déchets. Déjà, moins t’as de déchets à évacuer, moins tu paies en transport et en frais de mise en décharge—qui peuvent vite coûter cher. Exemple concret : sur un projet à Nantes, la boîte Veolia a mis en place un dispositif de réutilisation et de tri poussé directement sur site. Résultat : ils ont réduit de 40 % le volume des déchets produits et économisé environ 30 % sur leur budget gestion des déchets. En plus, certaines plateformes proposent maintenant de récupérer gratuitement tes matériaux réutilisables, ce qui te déleste totalement du coût de traitement—un bonus non négligeable. En gros, si t’es malin sur la réutilisation et la gestion des déchets dès la conception de ton chantier, tu baisses significativement ta facture finale tout en faisant un gros geste pour la planète.
Pourcentage de déchets de construction réutilisables
Publication du rapport 'Les Limites à la croissance' par le Club de Rome, sensibilisant pour la première fois l'opinion publique mondiale aux enjeux de l'épuisement des ressources et ouvrant la réflexion sur l'économie circulaire.
Publication du rapport 'Notre Avenir à Tous' (rapport Brundtland), popularisant le concept de développement durable et posant les bases d’une économie plus respectueuse de l'environnement.
Directive-cadre européenne 2008/98/CE sur les déchets, introduisant officiellement la notion d'économie circulaire dans la législation européenne et notamment dans le secteur de la construction.
Adoption du paquet européen sur l'économie circulaire, établissant des objectifs concrets sur le recyclage et la réutilisation des matériaux, incluant spécifiquement les matériaux de construction.
La COP21 à Paris aboutit à l'Accord de Paris sur le climat, soulignant la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l'ensemble des industries, dont celle de la construction.
Entrée en vigueur de la loi AGEC (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire) en France, introduisant de nombreux dispositifs contraignants pour favoriser la réutilisation, le recyclage des déchets et encourager la construction durable.
Les poutres en acier issues de démolitions sont particulièrement prisées car elles gardent presque toujours leurs propriétés structurelles après leur première vie. Au lieu de fondre ces poutres (ce qui consomme énormément d'énergie), certains projets en France comme celui du bâtiment Pulse à Saint-Denis ont simplement réutilisé directement des poutrelles métalliques récupérées sur un chantier voisin, économisant ainsi 30 à 40% d'émissions carbone par rapport à des structures neuves. Si tu veux faire pareil, il est indispensable de procéder en amont à un audit structurel complet pour vérifier la solidité et la sécurité des éléments réutilisés. Certaines entreprises spécialisées te proposent même aujourd'hui des catalogues complets de structures métalliques démontées de leurs anciens emplacements, testées, répertoriées et prêtes à être intégrées ailleurs. Ce genre de démarche évite non seulement le gaspillage, mais permet aussi de réduire sensiblement les coûts liés à la production et à l'approvisionnement de l'acier neuf.
Le bois de réemploi offre une vraie alternative durable à la déforestation et à l'importation de bois neuf. Par exemple, l'association parisienne Réavie récupère des poutres de charpente et anciennes menuiseries lors de démolitions urbaines pour les revendre ou concevoir du mobilier sympa et responsable. Passer du bois neuf au bois réutilisé réduit les émissions carbone d'environ 70 à 90 %.
Un autre matériau intéressant : la paille de blé comprimée utilisée comme isolant thermique naturel et recyclé dans la construction. La paille est généralement disponible à moins de 50 km du chantier—donc bilan carbone très réduit—et elle possède même une super résistance au feu quand elle est correctement mise en œuvre.
Le chanvre mérite aussi d'être mentionné : incorporé dans du béton (le béton de chanvre), il crée un matériau léger et isolant qui stocke le carbone pendant toute la durée de vie du bâtiment. Plusieurs maisons individuelles en France, comme celles réalisées par l'entreprise IsoHemp, misent déjà sur le combo béton-chanvre, qui peut stocker jusqu'à 110 kg de CO₂ par m³ produit.
Utiliser du béton concassé à la place de gravillons traditionnels pour la construction des routes ou des fondations permet de réduire énormément l'extraction de nouveaux matériaux vierges. En France, certains projets concrets cartonnent déjà comme l'autoroute A10, dont une partie des couches de chaussée a été refaite avec du béton recyclé provenant des dalles d'origine. Cela réduit d'environ 30 à 40% l'empreinte carbone liée aux matériaux utilisés. En plus, ça évite pas mal de déplacements de camions et donc de pollution inutile. Pour que ce soit vraiment rentable, expertise rapide du matériau à recycler : contrôle du taux de contaminants (bois, métal, plastique), résistance et granulométrie précise exigée pour éviter la dégradation précoce. Si ces contraintes sont respectées, bingo : on obtient un matériau performant, durable, économique, et écologique. Autre petite astuce pratique : pensez aux partenariats locaux entre chantiers de démolition et projets de voirie ou bétonneurs prêts à récupérer ces agrégats. Tout le monde y gagne, la planète aussi.
Ces matériaux peuvent parfaitement être réutilisés tels quels, à condition d'être soigneusement démontés et triés. Par exemple, une tuile en terre cuite de qualité a une durée de vie pouvant aller jusqu'à 100 ans. Au lieu de la réduire en gravats inutiles, on peut simplement la récupérer, la nettoyer vite fait, et la poser sur une nouvelle construction ou rénovation.
Pareil pour les briques anciennes : aujourd'hui, plusieurs entreprises en France (comme "Briqueterie du Nord" dans les Hauts-de-France) font commerce de briques de récupération. Ils démontent à la main des bâtiments anciens destinés à la démolition pour récupérer les briques intactes, qui possèdent souvent des qualités esthétiques et patrimoniales recherchées.
Côté céramiques sanitaire, lavabos et baignoires en céramique peuvent être facilement récupérés, reconditionnés et intégrés dans des projets neufs ou rénovés — des plateformes comme Cycle Up ou Backacia facilitent ce genre d'échanges entre pros du bâtiment.
Concrètement, une tonne de briques réutilisées permet d'éviter l'émission d’environ 200 kg de CO₂ par rapport à des briques neuves. Donc, recycler ces matériaux n'est pas seulement un choix esthétique ou économique, c'est surtout un moyen pratique et rapide de réduire l'empreinte carbone d'un chantier.
Réutiliser les matériaux, c’est un gain direct côté émissions de CO₂. Par exemple, chaque tonne d'acier recyclée permet d'éviter jusqu’à 1,8 tonne d’émissions par rapport à l’acier vierge produit en haut-fourneau. Concrètement, tu prends des poutres métalliques en bon état sur un chantier démonté, tu évites de les refondre, et hop, tu coupes sérieusement l'énergie et les émissions associées. Même logique pour les briques : récupérer plutôt que fabriquer neuf te fait économiser environ 0,2 kg de CO₂ par brique réutilisée.
Côté béton, sache que ses granulats recyclés demandent en moyenne 50 % moins d'énergie à produire que leurs équivalents neufs. Pas négligeable quand tu penses au volume gigantesque de béton nécessaire sur les grands chantiers urbains.
Pour les sous, c’est une bonne opération aussi. Certaines entreprises ayant sauté le pas de la réutilisation de matériaux ont constaté une baisse de 20 à 30 % sur les coûts d’achat. Un exemple ? À Strasbourg, plusieurs opérations immobilières ont pu économiser plusieurs centaines de milliers d’euros juste en récupérant à temps des éléments constructifs destinés auparavant à la benne.
Et puis, réutiliser évite de saturer les décharges de déchets de démolition, qui coûte chaque année très cher aux collectivités françaises—près de 3 milliards d’euros par an en gestion et traitement. Ça libère aussi de l'espace et réduit l’impact négatif sur la biodiversité locale lié à l’ouverture de nouvelles carrières ou sites d’enfouissement.
Pas de miracle, juste du bon sens : réutiliser, c’est consommer malin, réduire le gaspillage et limiter les dommages qu’on inflige à la planète.
Le saviez-vous ?
La réutilisation de l'acier issu des constructions permet d'économiser jusqu'à 70 % de l'énergie nécessaire par rapport à une production d'acier neuf.
En France, plus de 40 millions de tonnes de déchets proviennent chaque année du seul secteur du bâtiment, soit environ l'équivalent du poids de quatre tours Eiffel chaque jour !
Réutiliser une tonne de briques plutôt que d'en fabriquer de nouvelles génère en moyenne 0,5 tonne en moins d'émissions de CO₂ ? Un coup de pouce non négligeable pour la planète.
Le secteur du bâtiment est responsable d'environ 38 % des émissions mondiales de CO₂ liées à l'énergie. Adopter des pratiques circulaires dans ce secteur permettrait de réduire considérablement cette empreinte carbone.
En France, la réglementation actuelle freine souvent les acteurs de terrain dans la réutilisation des matériaux. Par exemple, quand vous démontez un bâtiment pour récupérer des poutres bois ou des fenêtres, la législation vous considère comme producteur de déchets, ce qui impose toute une paperasse administrative et agricole compliquée pour les réutiliser directement. Concrètement, même si votre matériau est nickel, vous devez justifier son absence de pollution ou d'amiante avant de pouvoir le remettre en circulation.
À l'échelle européenne, c'est pas toujours mieux : la réglementation REACH sur les substances chimiques exige des tests poussés et coûteux pour certifier les matériaux recyclés ou réutilisés mis sur le marché. Exemple concret : un fabricant belge de dalles recyclées avait dû arrêter temporairement ses ventes transfrontalières parce qu'il ne respectait pas encore totalement ces normes européennes.
Résultat pratique : beaucoup d'acteurs préfèrent éviter ce casse-tête administratif et choisissent de rester sur des matériaux neufs, plus faciles à mettre sur le marché. Pour booster réellement la réutilisation, le défi immédiat serait d'avoir un cadre légal simplifié, clair, qui arrête de considérer les matériaux récupérés uniquement comme des déchets contraignants à traiter.
Pour que les matériaux recyclés puissent réellement entrer dans une logique circulaire, ils doivent répondre à certaines normes spécifiques. Parmi celles-ci, la norme NF EN 12620 concerne directement les granulats recyclés utilisés dans la fabrication du béton. Elle règle des critères essentiels : taux d'impuretés, caractéristiques mécaniques ou stabilité chimique. En France, le marquage CE2+ sur les agrégats recyclés permet de savoir rapidement si le matériau répond bien aux exigences minimales européennes.
Plus intéressant encore, des organismes certifient spécifiquement les matériaux issus du recyclage. Par exemple, la certification Cradle to Cradle (C2C) assure que les matériaux répondent à la fois à des critères environnementaux très stricts et garantissent leur qualité technique. C'est une certification vraiment utile pour les architectes ou les constructeurs qui veulent mettre en avant la durabilité de leurs ouvrages.
Autre exemple concret : le label QB (Qualité pour le Bâtiment), délivré par le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB). Il est utilisé pour les isolants fabriqués à partir de matières recyclées et garantit leurs performances thermiques.
Niveau actionnable : avant d'intégrer un matériau recyclé à un projet, mieux vaut toujours vérifier ces certifications ou labels reconnus. Ça évite les mauvaises surprises sur chantier (et avec les assureurs). Ces labels facilitent aussi la vie des maîtres d’ouvrage pour obtenir facilement certaines aides financières ou validations dans leurs projets labellisés "éco-construction".
Mettre en place un système efficace de collecte sur site est clé pour réutiliser au maximum les matériaux de construction. Concrètement, ça veut dire prévoir des zones dédiées sur les chantiers pour isoler clairement chaque type de déchet dès la démolition ou le démontage. Par exemple, Bouygues Construction teste régulièrement des bennes connectées pour faciliter le tri à la source directement sur chantier, ce qui permet d'éviter que tout finisse mélangé et inutilisable.
Aujourd'hui il existe d'ailleurs des startups comme Hesus qui vont encore plus loin en proposant des solutions numériques innovantes : des applis mobiles aident les équipes terrain à identifier rapidement quels matériaux doivent aller où, et dans quelle benne spécifique, en un clin d'œil. Résultat ? Jusqu'à 60% de valorisation des matériaux, contre seulement 20% si tout était collecté en vrac.
Le tri en aval, dans des plateformes dédiées, reste complémentaire à cette démarche. Des entreprises spécialisées comme Paprec viennent séparer soigneusement ce que le chantier n'a pas réussi à trier parfaitement, via des lignes automatisées qui détectent même les petites erreurs et améliorent encore le taux de réemploi effectif.
Un conseil pratique pour rendre tout ça réaliste sur ton chantier : forme tes équipes très tôt sur le process de tri, affiche clairement les consignes, et utilise des pictogrammes intuitifs sur chaque benne pour éviter les erreurs les plus classiques. Plus tu facilites le boulot des équipes de terrain en amont, plus tu augmentes la qualité des matériaux récupérés et leur valeur à la revente ou au réemploi derrière.
Le problème du stockage et du transport est un gros défi pour réutiliser les matériaux de construction. Côté transport, un truc efficace serait de créer des plateformes logistiques locales, pour réduire les distances et donc l'empreinte carbone. L'idéal est aussi de grouper les livraisons pour remplir les camions à bloc, histoire d'éviter les trajets inutiles. Un exemple sympa : l'initiative belge Rotor DC qui organise toute une filière de transport coordinateur pour éviter les trajets à vide.
Pour le stockage, la clé c'est d'utiliser des espaces existants et inutilisés (friches industrielles ou terrains temporairement vacants) plutôt que de construire de nouveaux entrepôts super chers. À Paris, l'association RéaVie fait exactement ça : elle utilise temporairement des locaux désaffectés pour stocker fenêtres et portes récupérées en attendant leur réemploi. Autre piste : marquer précisément et documenter directement sur place les matériaux récupérés, ça évite de transformer les lieux en casse-tête labyrinthique où personne ne retrouve rien.
Coût moyen de traitement des déchets de construction
Durée moyenne de vie des matériaux de construction réutilisables
Pourcentage de déchets de construction valorisables en Allemagne
Valeur du marché mondial des matériaux de construction recyclés en 2020
Pourcentage d'eau économisée en réutilisant des matériaux de construction
Matériau de construction | Processus de réutilisation | Impact environnemental | Exemple d'application |
---|---|---|---|
Plastique | Recyclage des déchets plastiques en matériaux de construction | Réduction de la consommation de pétrole brut et des émissions de gaz à effet de serre | Panneaux isolants, revêtements de sol |
Terre crue | Utilisation de terre excavée sur le chantier | Moindre consommation d'énergie et préservation des ressources naturelles | Construction de murs en pisé ou en adobe |
Matériaux composites | Réutilisation de fibres de carbone ou de verre dans de nouveaux matériaux | Réduction de la production de déchets non biodégradables | Pièces de renfort dans la construction automobile ou aéronautique |
Argile cuite | Récupération de tuiles ou briques anciennes | Diminution des émissions de CO2 issues de la cuisson des matériaux | Réfection de toitures, décoration intérieure |
Matériau | Origine | Avantages de la réutilisation | Domaine d'application |
---|---|---|---|
Aluminium | Récupération de ferrailles et déchets industriels | Économies d'énergie et de matières premières | Structures légères, revêtements |
Plastique renforcé de fibres | Récupération de matériaux composites | Réduction des déchets non biodégradables | Applications nautiques, équipements sportifs |
Acier galvanisé | Récupération de déchets métalliques | Moindre impact environnemental par rapport à la production de métal neuf | Constructions métalliques, équipements urbains |
Caoutchouc | Recyclage de pneus usagés | Réduction de l'enfouissement des déchets de pneumatiques | Revêtements de sol, isolants phoniques |
Des acteurs concrets existent déjà pour faciliter les échanges de matériaux réutilisables entre pros du BTP. Parmi eux, Cycle Up, lancé par Egis et Icade, met à dispo une plateforme où constructeurs, architectes ou même particuliers peuvent vendre ou se fournir en matériaux issus de chantiers en cours de déconstruction. C’est du concret : par exemple, sur un bâtiment d’Icade récemment déconstruit, 80 % des matériaux ont trouvé preneur grâce à cette interface.
Idem pour Backacia, une startup française qui digitalise le réemploi en proposant une place de marché intuitive dédiée aux pros. Leur truc en plus, c'est qu'ils accompagnent directement les entreprises : visite technique gratuite, inventaire numérique ultra précis des matériaux et même conseils sur les prix de revente.
Hors de France, les Belges avec Rotor Deconstruction ont une sacrée longueur d’avance. Basé à Bruxelles, ce collectif combine récup directe sur chantier et boutique physique où particuliers comme pros viennent trouver portes vintage, planchers massifs ou carreaux anciens récupérés sur des sites voués à la démolition. En moyenne, ils sauvent 25 tonnes de matériaux par semaine.
Ces plateformes apportent une réponse opérationnelle hyper concrète au problème récurrent du manque de disponibilité rapide de matériaux recyclés ou récupérés. Résultat : moins de gaspillage, une réduction de la demande en matériaux neufs à prod ultra polluante, et même des économies financières réelles pour les porteurs de projets.
Cela dépend du contexte réglementaire et du type de projet. En général, il est recommandé voire obligatoire en France d'obtenir une certification ou de suivre certaines normes pour prouver la qualité, la résistance et la conformité des matériaux recyclés utilisés à des fins structurelles et de sécurité.
Parmi les matériaux les plus faciles à réemployer, on trouve notamment les éléments structurels en acier, le bois de charpente et de bardage, les briques et les matériaux de couverture comme les tuiles. Le béton concassé peut également être recyclé en granulats pour d'autres usages.
Les particuliers peuvent privilégier l’achat de matériaux d'occasion ou recyclés, intégrer des matériaux récupérés de leur propre chantier dans la rénovation, faire don des surplus de leur chantier aux plateformes dédiées ou encore solliciter des artisans et des entreprises spécialisées dans le réemploi.
L'industrie française du BTP génère près de 227 millions de tonnes de déchets chaque année, ce qui représente environ 70 % du total des déchets produits en France selon l'ADEME. Cela souligne l'importance cruciale de mettre en œuvre de nouvelles pratiques circulaires dans ce secteur.
Oui, plusieurs plateformes existent déjà en France pour faciliter l’achat, la vente ou le don de matériaux réutilisables. On peut citer, par exemple, Cycle-Up, Backacia ou encore RéaVie, qui mettent en relation vendeurs, acheteurs et professionnels du bâtiment engagés dans une démarche plus écologique.
Les bénéfices économiques incluent une diminution significative des coûts liés à l’achat de matériaux neufs, ainsi qu’une baisse des frais liés à la gestion et au traitement des déchets de chantier. Cela peut également permettre à l'entreprise d'obtenir un avantage concurrentiel auprès de clients soucieux des impacts écologiques de la construction.
L'économie circulaire dans la construction consiste à repenser l'utilisation des matériaux en limitant le gaspillage, en allongeant leur durée de vie et en favorisant leur réemploi ou recyclage. Ainsi, les ressources sont mieux gérées et l'impact écologique diminue fortement.
Personne n'a encore répondu à ce quizz, soyez le premier ! :-)
Question 1/5