L'acidification des océans est responsables d'une augmentation de 30% de l'acidité depuis le début de l'ère industrielle.
Une acidification de 40% peut réduire jusqu'à 50% le taux de survie des larves d'huîtres.
La diminution de 30% du carbonate de calcium, causée par l'acidification, rend la formation des coquilles plus difficile pour les mollusques.
Une baisse de 75% des larves de corail est observée dans des conditions d'acidité élevée.
L'acidification des océans, c'est quand l'eau de mer devient progressivement plus acide, avec une diminution du pH. En gros, ce phénomène commence surtout avec l'excès de dioxyde de carbone (CO₂) libéré par nos activités humaines dans l'atmosphère, et qu'une fois absorbé par l'eau, forme de l'acide carbonique. Aujourd'hui, environ un quart (25-30 %) de notre CO₂ relâché finit dans les océans. Et là, ça devient préoccupant, parce que l'acide carbonique se dissocie rapidement en ions bicarbonate et en ions hydrogène. L'augmentation des ions hydrogène rend l'eau plus acide, et c'est ce petit changement de chimie qui bouleverse l'équilibre marin. Résultat, la concentration en ions carbonate, essentiels à de nombreux organismes pour fabriquer leurs coquilles ou leur squelette, diminue nettement. En deux siècles d'activités industrielles, les océans sont devenus environ 30 % plus acides, avec une baisse moyenne du pH marin qui est passée d'environ 8,2 à environ 8,1— ça a l'air faible, mais c'est suffisant pour mettre en péril plein de formes de vie marine.
Le gros coupable dans tout ça : le dioxyde de carbone (CO₂) issu principalement de nos activités humaines. Concrètement, pas loin d'un tiers du CO₂ produit par les humains depuis le début de la révolution industrielle a été absorbé par les océans. Ça représente environ 600 milliards de tonnes de CO₂ rien qu'entre 1750 et aujourd'hui. Et forcément, tout ce carbone qui finit dans l'océan, ça modifie profondément la chimie de l'eau, en faisant grimper l'acidité.
En regardant de plus près, on voit que les combustibles fossiles, principalement pétrole, charbon et gaz naturel, sont en première ligne. Chaque fois qu'on conduit une voiture thermique, qu'on chauffe des maisons au fioul ou qu'on utilise de l'électricité produite par des centrales à charbon ou au gaz, on rajoute du CO₂ qui finit régulièrement par se dissoudre dans la mer.
Autre grosse source, moins connue mais tout aussi problématique : le ciment. Et oui, produire du ciment entraîne une grosse émission de CO₂ : pour chaque tonne de ciment produite, environ 0,6 à 0,9 tonne de CO₂ est libérée dans l'atmosphère.
Enfin, la déforestation pèse aussi lourd dans le problème. Quand on détruit des forêts, leur capacité naturelle à capter et absorber le carbone disparaît. Moins de forêts, ça veut dire moins d'arbres pour absorber notre surplus de CO₂, et donc plus d'acide carbonique dans les océans.
Bref, pétrole, charbon, cimenteries et bulldozers qui abattent la forêt amazonienne, tout ça est derrière l'acidification inquiétante de nos océans aujourd'hui.
La situation actuelle n'est pas réjouissante : le pH moyen des océans est passé d'environ 8,2 à 8,1 depuis l'ère préindustrielle. Ça semble pas énorme ? Pourtant, sur l'échelle logarithmique du pH, ça représente déjà une augmentation de près de 30 % de l'acidité. Un chiffre parlant : chaque jour, les océans absorbent environ 22 millions de tonnes de CO₂. Résultat, on estime que depuis le début de la révolution industrielle, les océans ont absorbé entre 30 et 40 % du dioxyde de carbone que nous avons rejeté dans l'atmosphère.
Les zones les plus affectées par cette acidification intense sont les eaux froides des régions polaires ; elles absorbent davantage de gaz carbonique. D'après certaines études récentes, l'océan Arctique pourrait atteindre un état critique dès 2030, avec des niveaux d'acidité tellement élevés que certains organismes marins n'arriveront plus à former correctement leurs coquilles ou leurs squelettes.
Aujourd'hui, environ 95 % des récifs coralliens mondiaux ont connu une détérioration notable due à la combinaison du réchauffement de l'eau et de son acidification. La Grande Barrière de corail australienne, icône mondiale de la biodiversité marine, a perdu à elle seule environ la moitié de ses récifs depuis les années 1980.
Dans les eaux européennes non plus, les nouvelles ne sont pas géniales : la mer Méditerranée s'acidifie rapidement. Certaines études mesurent une diminution du pH à un rythme pouvant atteindre environ 0,003 unité par an. C'est inquiétant, surtout sachant que cette mer semi-fermée héberge environ 8 à 9 % des espèces marines connues sur moins d'1 % des océans mondiaux.
Des relevés récents montrent que l'acidité en augmentation constante modifie déjà la profondeur à laquelle certains organismes calcaires, comme le plancton marin (notamment les ptéropodes), peuvent vivre et se reproduire. Au large du Pacifique Nord-Ouest, la limite à partir de laquelle leurs coquilles se dissolvent est remontée jusqu'à plus de 100 mètres de profondeur en quelques décennies à peine.
Si on garde cette trajectoire, les experts du GIEC estiment que le pH moyen des océans pourrait baisser encore de 0,3 à 0,4 unités d'ici 2100. À ce stade, difficile d'être optimiste pour une bonne partie des écosystèmes marins.
Avec une eau plus acide, certains organismes marins ont du mal à former leurs coquilles ou leurs squelettes à base de carbonate de calcium. Pas cool pour les huîtres, moules ou étoiles de mer, plutôt dépendantes de ce processus. Ce phénomène s'attaque directement aux espèces clés : les récifs coralliens perdent leur capacité à pousser, menaçant toutes les créatures qui habitent ces récifs. C'est un peu comme si la forêt tropicale disparaissait sous nos yeux, détruisant la maison de centaines d'espèces.
L'acidification chamboule aussi les perceptions sensorielles des poissons, diminuant leur capacité à détecter les prédateurs ou à trouver des partenaires pour la reproduction. Chez certains poissons-clowns par exemple, cette acidification affecte leur odorat, les poussant parfois à nager directement vers leurs prédateurs au lieu de les fuir. Plutôt ironique pour un poisson supposé éviter de devenir un repas.
Certaines méduses profitent paradoxalement de ces conditions stressantes. Elles sont plus résistantes à l'acidité et aux températures plus chaudes, leur permettant de proliférer en profitant du recul de leurs concurrents. Résultat ? Des blooms de méduses qui perturbent radicalement les écosystèmes et les activités humaines, particulièrement autour des zones touristiques de la Méditerranée ou de l'Asie.
La liste rouge de l'UICN estime aujourd'hui qu'environ 25 % des espèces marines évaluées sont menacées, et l'acidification accentue cette pression. On assiste déjà à la réduction de populations spécifiques, comme le ptéropode, un tout petit escargot marin à coquille très fine, ciblé en priorité par ce phénomène et qui constitue pourtant une nourriture essentielle pour certains poissons, comme le saumon.
Moins d'espèces, c'est aussi moins de diversité génétique. Et une faible diversité génétique rend les populations restantes nettement plus vulnérables aux maladies, aux parasites, ou aux autres stress environnementaux. On entre donc dans un cercle vicieux assez préoccupant pour la biodiversité marine.
Les récifs coralliens sont particulièrement vulnérables à l'acidification : leur croissance dépend de la formation de structures calcaires, ralentie lorsque l'eau s'acidifie. Par exemple, en Polynésie française, on observe déjà une perte jusqu'à 15% de calcification chez certains coraux au cours des dernières décennies. Autre fait concret : les coraux d'eau froide profonds, longtemps considérés comme relativement à l'abri, subissent aussi des dégâts, surtout dans l'Atlantique Nord où on observe une diminution alarmante des zones couvertes de Lophelia pertusa, une espèce-clé de ces environnements. En Antarctique, c'est un autre problème qui se pose : certaines espèces fragiles, comme les ptéropodes (petits escargots marins), commencent à voir leurs coquilles littéralement se dissoudre dans des régions déjà très acides, bouleversant toute une chaîne alimentaire locale. Même les poissons des profondeurs comme le grenadier de roche voient leur habitat modifié, car l'acidification entraîne aussi des changements dans la composition chimique et la stabilité de leur environnement, affectant leur survie à long terme. Ces perturbations spécifiques déclenchent une série d'effets domino, menaçant l'équilibre déjà fragile des écosystèmes marins profonds et des récifs, et donc toute une biodiversité unique et irremplaçable.
L'acidification modifie la chimie du carbone dans l'eau, ce qui provoque des changements subtils mais très concrets sur les habitats marins. Dans les herbiers marins par exemple, ces changements peuvent booster provisoirement la croissance d'espèces végétales opportunistes comme certaines algues filamenteuses. Mais ces algues finissent souvent par envahir l'espace, étouffant les plantes natives comme la posidonie, qui doivent alors lutter pour le moindre rayon de soleil.
Autre habitat important : les récifs coralliens. Leur dégradation liée à l'acidification rend difficile pour de nombreuses espèces de poissons et de crustacés de trouver des abris adaptés, les obligeant parfois à migrer vers d'autres zones moins accueillantes ou plus exposées aux prédateurs. Cette situation bouleverse la répartition des espèces et libère parfois de nouvelles niches écologiques pour celles qui étaient jusque-là marginales ou invasives.
Même les sédiments des fonds marins voient leur équilibre chamboulé : une eau plus acide perturbe l'activité des organismes fouisseurs comme certains vers marins, affectant directement la qualité et la structure des fonds sableux et vaseux. Résultat : des communautés entières qui vivent sur ou dans les sédiments se retrouvent à devoir s'adapter rapidement ou risquent de disparaître.
Tous ces effets indirects, pris séparément, semblent limités, mais ensemble ils redessinent totalement la carte de qui vit où sous la mer, entraînant une adaptation forcée ou une disparition discrète mais irréversible d'espèces dépendantes de leurs niches spécifiques.
Espèce | Effet de l'acidification | Référence scientifique |
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Huîtres | Diminution de la survie des larves | Gazeau et al., 2013 |
Coraux | Réduction de la calcification, affectant la formation des récifs coralliens | Hoegh-Guldberg et al., 2007 |
Poissons clown | Altération du comportement et de la capacité à éviter les prédateurs | Munday et al., 2010 |
Sous l'effet d'un pH plus faible, la plupart des embryons marins galèrent vraiment niveau survie : par exemple, chez l'oursin pourpre (Strongylocentrotus purpuratus), des études montrent clairement que dans un océan acidifié, les embryons subissent une mortalité significativement accrue dès les premières heures après la fécondation. Même chose pour certains mollusques, comme l'huître du Pacifique (Crassostrea gigas), dont les larves survivent jusqu'à 40 % moins bien à cause du stress lié à l'acidité de l'eau. L'une des raisons concrètes, c'est la difficulté éprouvée par ces embryons pour réguler leur équilibre acido-basique, ce qui entraîne des perturbations métaboliques sévères. Sur des espèces de poissons comme le cabillaud atlantique (Gadus morhua), certains essais en laboratoire ont observé que l'acidification fait régresser le taux d'éclosion de près de 25 %, les embryons peinant alors à absorber correctement les nutriments vitaux. Chez des crustacés comme les crabes, même constat : une acidité plus élevée entraîne fréquemment une modification du rythme cardiaque embryonnaire, signe clair de stress physiologique et prédicteur d'un taux de mortalité précoce nettement augmenté. Pas étonnant donc que certains spécialistes alertent sur le fait qu'une acidification croissante pourrait fortement réduire la diversité et la robustesse futures des populations marines.
Les huîtres sont parmi les premières victimes : leur développement larvaire est perturbé par l'eau plus acide, ce qui les empêche de former correctement leur coquille. Par exemple, sur la côte ouest des États-Unis, les exploitations ostréicoles ont subi jusqu'à 80 % de pertes par an à cause de ça.
Les oursins (échinodermes donc) prenons l'exemple des oursins verts, galèrent aussi avec l'acidité car leurs larves deviennent plus petites et fragiles, du coup elles ont moins de chances de survivre jusqu'à adulte.
La coquille Saint-Jacques (mollusque très sensible) voit la solidité de sa coquille diminuer fortement. Une étude menée en Bretagne a observé des coquilles si fines que la vulnérabilité aux prédateurs augmente sérieusement. Moins de coquilles résistantes, moins d'adultes en bonne santé, c'est toute la pêche locale qui y perd au passage.
Le ptéropode, une sorte d'escargot marin flottant, voit carrément sa coquille se dissoudre lentement en quelques jours en situation expérimentale simulant une acidification prononcée, alors qu'il est indispensable à l'alimentation de jeunes saumons du Pacifique. Si les ptéropodes craquent, c'est la chaîne alimentaire qui suit derrière.
Chez plusieurs espèces de poissons, une eau plus acide peut carrément perturber l'éclosion des œufs. Chez le poisson-clown (Amphiprion percula), par exemple, des essais en laboratoire ont montré que le taux d'éclosion chute de près de 15 à 20 % sous conditions acides comparé à l'eau normale. Pas rien, surtout quand on sait à quel point ce moment précis du cycle de vie est hyper délicat.
Un autre phénomène observé chez certains crustacés, comme les crevettes et le krill antarctique, c'est que leurs larves ont plus de mal à passer d'un stade de développement à l'autre. Résultat : elles restent coincées à un stade immature plus longtemps, ce qui fragilise la population en entier. Une étude effectuée en Antarctique sur le krill a montré qu'une acidification modérée est suffisante pour retarder le développement larvaire de près d'une semaine. Or, dans un écosystème où tout est calibré pile-poil, ce retard peut coûter cher en termes de chances de survie.
On a aussi constaté des désordres sensoriels préoccupants chez certaines larves soumises à l'acidification : perte du sens de l'orientation, incapacité à reconnaître des prédateurs ou même difficulté à trouver de la nourriture. Concrètement, les larves de cabillaud de l'Atlantique (Gadus morhua) élevées dans une eau acide montrent un comportement complètement désorienté, se dirigeant droit vers des prédateurs plutôt que de les éviter.
Enfin, le moment précis où les juvéniles passent de la vie larvaire libre à la vie fixée ou benthique (sur le fond océanique), appelé "installation benthique", semble très sensible à l'acidité. Plusieurs études montrent qu'une acidification plus élevée pousse certaines larves d'huîtres ou d'oursins à retarder cette installation importante, entraînant une mortalité accrue dans cette phase déjà compliquée.
Environ 1 milliard de personnes dépendent directement des ressources marines pour leur subsistance.
Début de l'ère industrielle marquant la hausse progressive des émissions humaines de CO₂, responsable de l'acidification actuelle des océans.
Début des mesures systématiques de CO₂ atmosphérique à Mauna Loa (Hawaï), donnant lieu à la célèbre courbe de Keeling.
Première étude scientifique majeure démontrant l'effet de l'acidification sur la calcification des récifs coralliens (Kleypas et al., Science).
Rapport de la Royal Society alertant officiellement la communauté scientifique et publique sur les risques majeurs de l'acidification des océans.
Conférence de Copenhague (COP15), première reconnaissance internationale officielle de l'acidification des océans en tant qu'enjeu climatique majeur.
Publication d'une étude montrant les perturbations importantes provoquées par l'acidification sur la fécondité et le développement embryonnaire des mollusques (Barton et al.).
Accord de Paris (COP21), impliquant des engagements mondiaux visant à réduire les émissions de CO₂, indirectement lié à la limitation future de l'acidification.
Publication d'une étude établissant une réduction significative (près de 30 %) des populations de ptéropodes, organismes clés à la base de la chaîne alimentaire marine, attribuée directement à l'acidification croissante (Bednaršek et al.).
Avec l'acidification des océans, beaucoup d'espèces marines changent complètement leur calendrier de reproduction. Par exemple, certaines populations de poissons, comme le hareng, choisissent de se reproduire plus tôt dans l'année quand l'eau devient plus acide. Résultat : ce décalage perturbe leurs interactions avec les espèces prédatrices ou les proies disponibles, qui ne suivent pas forcément le même rythme déphasé.
On a aussi observé que certains invertébrés marins, comme les oursins, raccourcissent leurs périodes de ponte. Moins de jours de ponte, ça signifie moins d'œufs libérés, entraînant potentiellement moins de jeunes capables d'atteindre l'âge adulte. Et donc, une pression supplémentaire sur les populations déjà vulnérables.
Chez certaines espèces sensibles comme le corail, là c'est encore pire : l'acidification génère des irrégularités dans le déclenchement de la ponte massive. Normalement, ça se produit à un moment précis, en synchronisation avec les cycles lunaires ou la température. Mais avec le stress chimique dû au CO₂ dans l'eau, les signaux naturels deviennent confus, et les pontes massives sont plus espacées, réduisant l'efficacité reproductive globale.
Des études menées en laboratoire sur des crabes montrent aussi que leurs cycles reproductifs en milieu acidifié deviennent moins réguliers, avec des périodes où ils arrêtent carrément de se reproduire. Cela s'explique notamment par le fait que le stress métabolique généré par un milieu acide pompe davantage d'énergie, laissant moins de ressources disponibles pour la reproduction.
L'acidification des océans perturbe directement les comportements reproducteurs de nombreuses espèces marines, en modifiant profondément leur manière de s'accoupler. Chez certains poissons, comme le poisson-clown, on constate une baisse significative de la fécondité, avec des femelles pondant moins d'œufs en milieu acide. Chez d'autres, comme la gobie commune, des études montrent qu'en conditions acidifiées, les mâles deviennent moins attractifs pour les femelles parce qu'ils ne parviennent plus à bien construire leur nid. Chez plusieurs espèces de crustacés comme la crevette, l'acidification perturbe la qualité même des signaux chimiques d'accouplement. Résultat : la communication entre mâles et femelles devient brouillée, et les individus peinent à identifier leurs partenaires potentiels. Certaines espèces voient même leurs rythmes de reproduction se décaler complètement. C'est le cas pour l'oursin pourpre, dont le cycle de ponte devient irrégulier, réduisant fortement le succès des larves. Ces modifications entraînent une vraie perte d'efficacité reproductrice, fragilisant durablement de nombreuses populations marines.
L'acidification des océans oblige sérieusement les espèces marines à revoir leurs choix de partenaires. Chez certains poissons, comme les poissons-clowns, l'odorat est un facteur clé pour sélectionner le bon compagnon. Dans un environnement acidifié, ça devient compliqué : ces poissons peinent à détecter correctement les signaux chimiques libérés par leurs partenaires potentiels. Du coup, ils finissent parfois par sélectionner des individus pas franchement idéaux génétiquement, ou pas assez compatibles.
Même constat chez certains crustacés comme les crevettes. Normalement, leurs mouvements complexes et leurs petites "danses" sont essentiels pour signaler aux partenaires qu'ils sont prêts à s'accoupler. Mais l'eau plus acide altère leur comportement : leur gestuelle perd en précision et en clarté, ce qui trouble leur communication. Résultat : ils ratent des occasions, ou choisissent des partenaires peu fertiles ou moins sains.
Chez les mollusques comme certains céphalopodes, ce sont les couleurs flamboyantes de la peau et les motifs qui indiquent clairement la qualité d'un partenaire potentiel. Des études ont révélé que l'acidification cause un stress physiologique qui modifie subtilement ces indicateurs visuels. Ces changements perturbent la perception du partenaire idéal, forçant des compromis sur la santé ou la robustesse des futurs descendants.
Du coup, quand des espèces sensibles choisissent mal leurs partenaires à cause de comportements perturbés par l'acidification, toute la reproduction en prend un coup. À long terme, ça pourrait compromettre sérieusement leur survie, modifiant durablement la biodiversité marine.
Le saviez-vous ?
Environ 25 % des émissions de dioxyde de carbone (CO₂) produites par l'activité humaine sont absorbées par les océans chaque année, jouant ainsi un rôle majeur dans la régulation climatique, mais aussi dans l'acidification des écosystèmes marins.
Certaines espèces marines, comme les huîtres et les moules, montrent déjà une difficulté accrue à former correctement leurs coquilles en raison de l'acidification, menaçant ainsi des secteurs économiques comme l'aquaculture et la pêche.
Depuis le début de la Révolution Industrielle, le pH moyen des océans est passé d'environ 8,2 à 8,1, ce qui correspond à une augmentation de l'acidité d'environ 30 %.
Les récifs coralliens, habitats essentiels pour près de 25 % de la biodiversité marine mondiale, risquent de disparaître presque totalement d'ici à 2050 si la tendance actuelle d'acidification des océans se poursuit.
Face à une acidité croissante des océans, certaines espèces marines montrent déjà, en seulement quelques générations, des signes clairs d'adaptation génétique accélérée. Par exemple, une étude récente menée sur l'oursin violet (Strongylocentrotus purpuratus) prouve que certaines populations possèdent naturellement des variantes génétiques favorisant une meilleure résistance à un pH plus bas. Ces individus résistants produisent une descendance plus robuste, déclenchant ainsi une sélection naturelle ultra rapide.
Chez les moules bleues (Mytilus edulis), des chercheurs ont observé en laboratoire qu'après seulement trois générations exposées à des conditions acides, les descendants développaient des coquilles plus épaisses et solides, preuve d'une réponse génétique adaptative éclair. Du côté des poissons-clowns (Amphiprion percula), des changements génétiques subtils améliorant la régulation de l'équilibre acido-basique dans leur corps apparaissent déjà après dix ans à peine d'expositions expérimentales.
Ces adaptations express impressionnent, bien sûr, mais attention cependant : elles ne concernent pour l'instant que certaines populations spécifiques de certaines espèces. Elles ne sont pas toujours suffisantes face à la rapidité dramatique des changements actuels, ni forcément imitables chez toutes les espèces marines. Et surtout, ces adaptations rapides pourraient aussi entraîner des pertes de diversité génétique, rendant les populations plus vulnérables face à d'autres menaces futures potentielles.
Les océans plus acides poussent certaines espèces à évoluer plus vite, mais attention, évolution rapide ne veut pas toujours dire évolution bénéfique. Par exemple, chez certains poissons, on voit des mutations génétiques accélérées, sauf que ces mutations peuvent être franchement indésirables sur le long terme : baisse de fertilité, croissance plus lente, et même difficultés respiratoires. Une étude menée sur des oursins violets (Strongylocentrotus purpuratus) a montré que même s'ils développent vite des adaptations génétiques à l'eau acide, ces changements viennent souvent avec des coûts cachés sur la longévité ou la capacité de défense face aux prédateurs.
Ces adaptations rapides signifient aussi parfois une perte de diversité génétique. On se retrouve avec des populations plus fragiles, moins capables de réagir face à d’autres changements futurs comme les variations de température ou la pollution. Au final, c’est une vulnérabilité à plusieurs niveaux, qui fragilise l’espèce entière.
Concrètement, même si une espèce semble aujourd’hui s’en sortir face à l’acidification, ces mutations peuvent compromettre ses chances de survie sur plusieurs générations. Les biologistes appellent ça des mutations délétères : ça résout temporairement un problème, mais ça en crée d’autres potentiellement pires pour la survie future de l'espèce marine.
L'acidité des océans s'est accrue de 300% à 400% depuis le début de l'ère industrielle.
Les dommages économiques de l'acidification des océans sont estimés à plus de 4 milliards de dollars par an pour l'industrie de la pêche et de l'aquaculture.
Plus de la moitié des espèces de mammifères marins pourraient être menacées par l'acidification des océans.
Il a été observé une réduction de 15 à 20% de la longévité des poissons en raison de l'acidification.
La grande majorité des récifs coralliens sera menacée par l'acidification des océans si les émissions de CO2 ne sont pas réduites.
Espèce | Effet sur la reproduction | Source de l'étude |
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Huître | Diminution du taux de fécondation | Journal of Marine Science, 2021 |
Corail | Blanchissement et affaiblissement des larves | Global Change Biology, 2020 |
Poisson clown | Altération des comportements de reproduction | Marine Ecology Progress Series, 2019 |
Espèce marine | Effet de l'acidification | Conclusion |
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Algues marines | Réduction de la fertilité et altération des cycles de reproduction | Des études ont démontré que l'acidification des océans peut entraîner une réduction de la fertilité des algues marines, ainsi qu'une altération de leurs cycles de reproduction, avec des conséquences potentielles sur l'ensemble de l'écosystème marin. |
Plancton végétal | Déclin de la biomasse et diminution des capacités reproductrices | Des observations récentes indiquent que l'acidification des océans contribue au déclin de la biomasse du plancton végétal, aux côtés d'une diminution de ses capacités reproductrices, ce qui pourrait perturber les réseaux trophiques marins. |
Echinodermes | Altération du développement embryonnaire et diminution des taux de survie | Des expériences en laboratoire ont révélé que l'acidification des océans entraîne une altération du développement embryonnaire des échinodermes, accompagnée d'une diminution des taux de survie des larves, mettant ainsi en péril la pérennité de ces espèces marines. |
Le phytoplancton, ces mini organismes façon plantes aquatiques microscopiques, est sévèrement touché par l'acidification. Un océan plus acide signifie moins d'ions carbonate, cruciaux pour que ces minuscules bestioles construisent leur carapace calcaire. Sans armure solide, ils sont vulnérables et leur population chute. Et on ne parle pas d'une infime baisse : certaines études menées en Antarctique ont mesuré des réductions allant jusqu'à 30 % des populations de phytoplancton dans des eaux expérimentales plus acides.
Pareil pour le zooplancton, ces petits animaux qui grignotent le phytoplancton, également touchés par une acidification accrue. Une étude de l'Institut océanographique de Woods Hole a montré que, chez le minuscule copépode marin Calanus finmarchicus, l'exposition prolongée à une eau plus acide limite drastiquement la ponte—jusqu'à 50 % moins d'œufs pondus.
Ce genre de déclin, ça inquiète beaucoup parce que, sans phytoplancton ni zooplancton en quantité suffisante, tout l'écosystème marin est chamboulé. Moins de bouffe au menu pour les poissons, les méduses, les baleines et même les oiseaux marins qui en dépendent directement pour leur alimentation.
Dans la mer de Béring, près de l'Alaska, des chercheurs ont noté un changement de composition d'espèces phytoplanctoniques favorisant celles sans coquilles calcaires, ce qui bouleverse sérieusement les habitudes alimentaires des organismes locaux habitués à autre chose. Un petit changement microscopique, carrément lourd de conséquences pour toute la chaîne alimentaire.
Quand les populations de proies se réduisent en raison de l'acidification, ce sont les prédateurs qui en pâtissent. Prends un exemple concret : la ptéropode, une sorte de minuscule escargot marin, voit sa coquille s'affaiblir à cause d'un pH trop bas. Résultat, sa population baisse significativement dans certaines régions. Or, ce petit organisme est au menu principal de poissons commerciaux comme le saumon rose en Alaska. Une étude menée là-bas a montré que lorsque les ptéropodes deviennent plus rares, certains saumons doivent consommer d'autres proies de moindre qualité nutritionnelle, comme le zooplancton non calcifié, beaucoup moins riche en protéines et en lipides. Concrètement pour les saumons, cela veut dire grandir moins vite, avoir un taux de survie diminué et surtout arriver moins forts pour la reproduction. Sur la côte Ouest des États-Unis, un scénario similaire touche aussi les oiseaux marins comme les macareux rhinocéros. Face au déclin des petits poissons riches en calcium, les macareux tentent de compenser avec d'autres types de proies disponibles mais souvent insuffisantes en qualité. Ça entraîne des baisses importantes de leur reproduction : en 2005, en Colombie-Britannique, la reproduction des macareux rhinocéros a chuté de près de 90 % à cause de cette pénurie alimentaire. Même chose pour les grands prédateurs marins comme les baleines franches australes, dont une étude récente en Patagonie argentine a montré une diminution inquiétante des populations de krill, leur principal aliment, lié entre autres à l'acidification croissante. Moins de krill signifie moins de gras accumulé pour la migration et moins de baleineaux mis au monde chaque année. Bref, on voit que la baisse de qualité et de quantité des proies touche directement l'ensemble du réseau trophique, en impactant nettement la santé et la reproduction des prédateurs, jusqu'aux mammifères marins au sommet de cette chaîne alimentaire marine.
Oui, certains organismes marins présentent des capacités d'adaptation rapide à des changements environnementaux tels que l'acidification. Cependant, ces adaptations sont variables selon les espèces et leur rapidité n'est pas toujours suffisante face à la rapidité actuelle des changements environnementaux. À long terme, de nombreuses espèces restent menacées.
L'acidification peut affecter les poissons de multiples façons : elle peut réduire leurs taux de reproduction, altérer leurs sens olfactifs et auditifs essentiels à leur survie, et nuire à leur croissance et développement. Ces changements diminuent les populations de poissons disponibles pour les pêcheries commerciales, affectant directement l'économie et la sécurité alimentaire humaine.
L'acidification des océans correspond à une diminution du pH de l'eau de mer, provoquée principalement par l'absorption de dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique issu des activités humaines, comme la combustion d'énergies fossiles. Ce phénomène entraîne des changements chimiques qui affectent l'ensemble de la vie marine.
Oui, en partie. Certaines études montrent que certaines algues et mangroves absorbent une quantité importante de CO2, permettant localement une atténuation de l'acidification marine. Bien que prometteuses, ces solutions naturelles sont loin d'être suffisantes seules. Il est essentiel de réduire drastiquement les émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Ces deux phénomènes partagent une même origine principale : l'augmentation des quantités de dioxyde de carbone (CO2) émises par l'activité humaine. Alors que le CO2 agit comme gaz à effet de serre en augmentant les températures atmosphériques, une partie du CO2 atmosphérique absorbée par les océans modifie leur chimie, provoquant l'acidification. Les deux phénomènes sont donc étroitement liés mais distincts.
Plusieurs instituts scientifiques et Ong fournissent des cartes mondiales ou régionales avec des mesures quotidiennes ou hebdomadaires du pH océanique. Vous pouvez notamment consulter les données en ligne de l'UNESCO, de la NOAA ou encore l'Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer (IFREMER).
Chaque individu peut agir en diminuant son empreinte carbone quotidienne : réduire sa consommation de viande, privilégier les transports durables, favoriser les énergies renouvelables, éviter le gaspillage alimentaire. En outre, informer son entourage sur cette problématique contribue également à sensibiliser davantage de personnes, amplifiant ainsi les actions individuelles.
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Question 1/5