Gestion des ressources marinesEnjeux pour une économie bleue durable

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Gestion des ressources marines : enjeux pour une économie bleue durable

Introduction

Quand tu penses à la mer, tu imagines sûrement plages, soleil, bronzette, détente... Mais derrière ces clichés un peu cartes postales, il y a autre chose, de bien plus important : la mer, c'est un trésor naturel et économique, qu'on appelle d'ailleurs souvent l'économie bleue. Et crois-moi, la santé des océans ne concerne pas juste les tortues ou les dauphins, mais directement notre quotidien, nos emplois et l'avenir de pas mal de secteurs.

Pour te donner une idée rapide : les océans couvrent près de 70 % de la planète et jouent un rôle clé dans l'équilibre du climat. Ils hébergent une biodiversité folle, dont dépend une grande partie de notre alimentation, mais aussi des ressources énergétiques, des solutions pharmaceutiques innovantes et bien d'autres richesses encore peu exploitées.

Le problème, c'est qu'on gère tout ça plutôt mal. Surpêche, pollution plastique, réchauffement climatique, acidification, destruction des récifs coralliens... c'est la grosse pagaille là-dessous. Et forcément, ça impacte non seulement les poissons et les coraux, mais aussi les populations humaines qui vivent directement de ces ressources. Aujourd'hui, plus d'un tiers des stocks de poissons mondiaux sont déjà surexploités, ça donne une idée du bazar.

La bonne nouvelle, c'est qu'on commence (enfin !) à comprendre que préserver l'océan n'est pas une lubie d'écolo mais une vraie nécessité économique et sociale. Des solutions existent déjà : accords internationaux, gestion responsable des ressources, technologies de pointe pour surveiller et protéger les écosystèmes marins... Bref, avec un peu de sérieux et des pratiques plus durables, on peut encore corriger le tir. Derrière tout ça, l'objectif est simple : construire et maintenir une économie bleue qui soit vraiment durable et bénéfique à tous.

30%

Taux de déclin moyen des stocks mondiaux de poisson

170 millions de tonnes

Production annuelle mondiale de poisson

800 millions de personnes

Nombre de personnes dépendant de la pêche pour leur alimentation et leurs revenus

250 milliards dollars

Valeur économique annuelle de l'économie bleue

Les ressources marines et leur importance

La biodiversité marine

Les océans regroupent plus de 230 000 espèces identifiées selon le registre WoRMS (World Register of Marine Species), et environ 2 000 nouvelles espèces y sont décrites chaque année. Plutôt fascinant quand on pense qu'on connaît mieux la surface de Mars que nos propres fonds sous-marins. Parmi ces espèces, on retrouve évidemment poissons et cétacés, mais aussi des organismes aux capacités incroyables comme l'Osedax, ce ver marin capable de digérer les os de baleines mortes à des profondeurs abyssales.

Les écosystèmes marins les plus riches sont souvent ceux qu’on remarque le moins : forêts de kelp, récifs de coraux profonds—comme ceux de Lophelia pertusa, présents au large de la Norvège à plus de 500 mètres de profondeur. Côté bactéries, ça pullule encore plus : une seule goutte d'eau de mer peut contenir jusqu'à un million de microorganismes, jouant un rôle essentiel pour recycler les nutriments et réguler le climat.

Certaines espèces marines détiennent même des records étonnants. Prenez l’éponge marine Anoxycalyx joubini : elle peut atteindre un âge estimé à plusieurs milliers d’années dans les eaux glacées de l’Antarctique. Le véritable champion d'apnée sous-marine est le cachalot : capable de plonger à près de 2000 mètres de profondeur, il retient son souffle plus de 90 minutes.

Cette biodiversité marine n'est pas là seulement pour le spectacle : presque la moitié des médicaments contre le cancer approuvés ces dernières décennies proviennent ou s'inspirent de composés découverts chez les organismes marins. Bref, les océans n'ont pas fini de nous surprendre, à condition bien sûr qu'on prenne soin d'eux.

Les ressources alimentaires

La mer nous fournit environ 17 % des protéines animales consommées au niveau mondial, selon la FAO. Derrière les poissons et crustacés classiques qu'on voit sur les étals, il y a près de 220 millions de tonnes d'espèces marines pêchées ou élevées chaque année, dont une part croissante provenant de l'aquaculture, devenue essentielle avec la stagnation des captures sauvages. Intéressant à savoir : parmi ces élevages aquatiques, ce sont les algues marines qui connaissent actuellement la plus forte progression, passant de 10,6 millions de tonnes récoltées en 2000 à plus de 35 millions de tonnes aujourd'hui. Elles ne finissent pas toutes dans les assiettes en salade ou en sushi, mais servent aussi d'ingrédients pour les préparations industrielles (gélifiants, épaississants, colorants alimentaires...). Autre chose à noter : près de la moitié du poisson consommé mondialement est issu d'espèces dites "pélagiques", comme le maquereau ou l'anchois, généralement moins populaires que le thon ou le saumon dans les pays occidentaux, mais pourtant importantes pour l'équilibre alimentaire de certaines régions comme l'Afrique de l'Ouest ou l'Asie du Sud-Est. De plus en plus, avec la raréfaction de certaines espèces, on explore des ressources moins conventionnelles : méduses comestibles, oursins, holothuries (oui, les fameux concombres de mer). Ces espèces constituent déjà un marché considérable en Chine ou au Japon, mais restent marginales chez nous. Explorer ces voies alternatives pourrait bientôt devenir une nécessité alimentaire face à l'appauvrissement des stocks traditionnels.

Les ressources énergétiques

Les océans regorgent d'énergie, et certaines ressources commencent à vraiment séduire. À part les classiques plateformes pétrolières offshore, on voit aujourd'hui grimper l'intérêt pour les énergies renouvelables marines, comme l'éolien offshore, qui fournit déjà près de 25 000 mégawatts (MW) de capacité installée en Europe fin 2022, avec en tête le Royaume-Uni et l'Allemagne. Et ça continue de monter vite, car les vents au large sont puissants et constants.

On trouve aussi des initiatives originales sur les courants marins. Exemple sympa : la ferme expérimentale de turbines sous-marines au large des côtes écossaises, où les courants très forts permettent de produire une énergie ultra-fiable, avec des rendements parfois jusqu'à quatre fois supérieurs aux éoliennes terrestres classiques. Ces courants marins, c'est comme un grand fleuve sous l'océan qui ne s'arrête jamais, parfait pour une production régulière d'électricité propre.

Autre ressource à garder en tête : l'énergie thermique des mers, moins connue, mais fascinante. Cette techno exploite la différence de température entre les eaux froides profondes (environ 2-4 °C) et les eaux chaudes en surface (jusqu'à 25-30 °C sous les tropiques). Une centrale pilote installée à Hawaï a déjà prouvé la viabilité du concept, avec une capacité de production modeste (105 kW), mais des promesses énormes à plus grande échelle dans les régions tropicales où l'écart thermique est élevé toute l'année.

Enfin, faut pas oublier l'énergie des vagues. Déjà en cours d'expérimentation en Australie, au Portugal et en Écosse, cette approche tire parti des mouvements incessants de la mer. Les dispositifs WaveRoller au Portugal, par exemple, intègrent des panneaux oscillants sous-marins raccordés à des générateurs électriques. Malgré quelques défis techniques à surmonter côté maintenance et résistance à la corrosion, leur potentiel reste énorme : on estime qu'à terme, les vagues pourraient couvrir environ 10 % des besoins électriques mondiaux.

Les ressources pharmaceutiques

Certains organismes marins produisent naturellement des substances sacrément puissantes pour se protéger ou attaquer leurs proies. Les scientifiques se sont vite rendu compte que ces composés pouvaient être utiles en médecine, surtout pour leur activité anti-inflammatoire ou anticancéreuse. Tiens, par exemple, la molécule Trabectédine, extraite d'une étrange créature marine appelée ascidie (des sortes de sacs gélatineux fixés au fond marin), est aujourd'hui utilisée pour des traitements contre certains types de cancers rares, notamment des sarcomes.

Autre découverte fascinante : les cônes marins, ces mollusques au joli coquillage conique qui injectent un venin paralysant à leurs proies. Ce venin contient un peptide, la ziconotide, mille fois plus puissant que la morphine pour soulager la douleur intense chez certains patients résistants aux traitements habituels.

Les éponges marines sont aussi de véritables mines d'or pharmaceutiques. On extrait d'elles des composés antibactériens, antiviraux et même immunosuppresseurs. Un exemple concret : la molécule Ara-C, dérivée d'une éponge Caraïbe, a permis de développer un médicament utilisé aujourd'hui contre certaines leucémies aigües.

Actuellement, près de 25 000 composés bioactifs issus du milieu marin ont déjà été recensés, et leur nombre ne cesse de croître chaque année. Pourtant, malgré leur potentiel exceptionnel, moins d'1 % des espèces marines ont été étudiées de façon approfondie sur le plan pharmaceutique. Autant dire que l'océan reste un gigantesque labo naturel, encore très peu exploré, qui pourrait bien cacher les prochains traitements révolutionnaires en médecine.

État actuel de la surpêche dans le monde
Pays Tonnage de la pêche Part de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) dans le total des captures Niveau de surpêche
Chine 13 millions de tonnes 20% Surpêche intense
Japon 4 millions de tonnes 10% Surpêche modérée
États-Unis 3 millions de tonnes 5% Niveau modéré de surpêche
Russie 2 millions de tonnes 15% Surpêche modérée

Menaces et défis

La surpêche

Conséquences écologiques

La surexploitation des poissons provoque un déséquilibre profond dans les chaînes alimentaires marines. Un exemple concret : la diminution des populations de grands prédateurs comme le thon ou le requin entraîne une prolifération incontrôlée d'espèces intermédiaires telles que les méduses, qui envahissent alors certaines zones côtières. Résultat ? La biodiversité locale se trouve ultra réduite, et les populations naturellement présentes perdent leur habitat.

Autre conséquence intéressante : certaines espèces diminuent tellement en nombre que leur diversité génétique baisse, les rendant beaucoup moins résistantes aux maladies ou au changement climatique. Un poisson victime emblématique de ça, c'est la morue de l'Atlantique nord, qui s'est quasiment effondrée dans les années 1990 et dont les stocks ont encore aujourd'hui du mal à se remettre.

Enfin, plus étonnant, certains écosystèmes marins auparavant productifs et variés peuvent se transformer radicalement. Par exemple, les récifs coralliens jadis peuplés de poissons colorés deviennent progressivement des espaces dominés uniquement par des algues, tout simplement parce qu'il n'y a plus assez de poissons herbivores pour réguler les algues en question. C'est ce qui s'est produit notamment dans certaines zones des Caraïbes.

Impacts économiques et sociaux

La surpêche, ça tape direct au portefeuille : quand les stocks chutent, les pêcheurs ont du mal à boucler leurs fins de mois, les communautés côtières trinquent et les petits commerces associés culpabilisent bien souvent. Un cas typique ? Terre-Neuve au Canada dans les années 90 : l'effondrement de la pêche à la morue a coûté leur boulot à plus de 30 000 personnes du jour au lendemain, forçant des villages entiers à fermer boutique.

Plus récemment, au Sénégal, la pêche intensive menée par des flottes étrangères a forcé des milliers de pêcheurs locaux à migrer vers les villes ou même à risquer leur vie en tentant de rejoindre l'Europe à bord de bateaux précaires.

Ça pèse aussi sur la sécurité alimentaire : moins de poisson signifie des prix en hausse et moins d'accès aux protéines pour des millions de personnes qui en dépendent au quotidien.

Les décideurs pourraient agir concrètement en soutenant des pratiques de pêche durable (quota de capture, zones de réserve marine, pêche artisanale responsable). Pourquoi ça vaut le coup ? Parce que d'après la FAO, chaque euro investi en gestion durable peut rapporter jusqu'à cinq euros en bénéfices économiques sur le moyen terme. Autant dire que la pêche durable, ce n'est pas qu'une mesure écolo sympa, c'est aussi un choix malin pour l'économie locale.

La pollution marine

Plastiques et microplastiques

Chaque année, environ 8 à 12 millions de tonnes de plastique sont déversées dans les océans. Le truc dingue, c'est qu'une grande partie provient seulement de 10 fleuves majeurs situés principalement en Asie et en Afrique (Yangtzé, Indus, Niger, Mekong...). Autrement dit, agir efficacement sur ces points-là pourrait vraiment changer la donne.

Côté microplastiques—ces minuscules particules de plastique de moins de 5 mm—ils proviennent surtout des vêtements synthétiques (à cause du lavage), des pneus de voiture (usure sur les routes) ou encore des cosmétiques. Un geste simple mais concret consiste à choisir des filtres spéciaux pour ta machine à laver qui filtrent jusqu'à 90 % des microfibres perdues pendant le lavage.

On retrouve aujourd'hui ces microplastiques absolument partout : dans l'Arctique, les profondeurs de la fosse des Mariannes, voire dans le sel de table et même la bière ! En Méditerranée, une étude récente montre que certains poissons comme les anchois ou les sardines ingèrent régulièrement ces microplastiques, ce qui finit directement dans nos assiettes.

L'industrie explore déjà des pistes pour réduire le problème : emballages biodégradables à base d'algues, utilisation d'enzymes capables de dégrader le plastique, ou projets de "ramassage" automatisés dans les zones très polluées comme le projet Ocean Cleanup. Faire attention aux produits qu'on achète (moins d'emballages, cosmétiques naturels, textiles en fibres naturelles) reste une méthode simple et actionnable au quotidien.

Pollution chimique

On pense souvent plastiques quand il s'agit de pollution marine, mais la pollution chimique, c'est un autre niveau bien flippant : pesticides, métaux lourds (mercure, plomb, cadmium) ou perturbateurs endocriniens issus des rejets industriels et agricoles finissent direct dans l’océan. Par exemple, les composés chimiques présents dans les crèmes solaires, comme l'oxybenzone ou l'octinoxate, sont toxiques pour les coraux : ils blanchissent et deviennent plus vulnérables aux maladies. Pas si cool pour ton snorkeling estival à Bali ! Autre cas concret : les rejets d’usines proches de la côte, souvent bourrés de substances comme les PCB (polychlorobiphényles), affectent directement la reproduction et le développement des poissons, des mammifères marins et des oiseaux marins. Manger ces poissons ensuite ? Pas top non plus pour ta santé, puisque ces contaminants s'accumulent dans la chaîne alimentaire. Pour agir concrètement, choisir des produits certifiés sans produits chimiques nocifs ou opter pour des filtres minéraux dans les crèmes solaires est déjà un premier pas pas si difficile. Soutenir les réglementations limitant strictement les rejets industriels en mer, ça compte aussi. Et puis niveau agriculture, encourager les pratiques sans pesticides chimiques ou engrais synthétiques, c’est agir directement sur cette pollution à la source—concret et faisable.

Le changement climatique

Océan et réchauffement global

L'océan, c'est la clim' géante de notre planète. Concrètement, il absorbe environ 93 % de l'excès de chaleur lié au réchauffement climatique. Mais cette capacité incroyable a ses limites. Résultat ? Des épisodes de chaleur marine extrême comme les "vagues de chaleur marine", en hausse de plus de 50 % depuis les années 1980, ont dévasté des écosystèmes entiers. Un exemple marquant : en 2016, la Grande Barrière de corail en Australie a perdu presque un tiers de ses coraux en une seule vague de chaleur marine.

Question climat global, l'océan absorbe aussi une bonne partie (près de 30 %) du dioxyde de carbone produit par les activités humaines. Sauf que quand l'eau chauffe, elle absorbe moins efficacement ce CO₂, ce qui accentue encore davantage le problème du climat.

Le truc concret à retenir ? Protéger les habitats côtiers, restaurer mangroves et herbiers marins (capables de capter jusqu'à 10 fois plus de carbone que les forêts terrestres pour la même surface) ou encore réguler les pratiques de pêche pour faire face à ces perturbations—c'est maintenant qu'on doit se bouger.

Acidification des océans

L'acidification, c'est quand l'océan absorbe trop de CO₂ issu de nos activités humaines, notamment la combustion des carburants fossiles. Depuis le début de l'ère industrielle, l'océan a déjà absorbé presque 30 % de ce surplus de dioxyde de carbone, et résultat : il devient de plus en plus acide.

Concrètement, ce changement affecte directement certains organismes comme les chiffres le montrent clairement autour de la Méditerranée : environ 30 à 40 % des coquillages et crustacés ont de plus en plus de mal à former leurs coquilles et carapaces calcaires en raison de cette acidité accrue. Un exemple bien documenté, c'est celui des huîtres sur la côte nord-ouest des États-Unis, où des ostréiculteurs voient des mortalités massives des larves depuis une vingtaine d'années à cause de l'acidification.

Pour aider à contrer ça concrètement, plusieurs pistes sont possibles : réduire drastiquement nos émissions de CO₂ bien sûr, mais aussi développer la culture d'algues et la restauration végétale marine locale (herbiers marins, mangroves). Ces écosystèmes absorbent naturellement du carbone, agissant comme des éponges efficaces à carbone et diminuant l'acidité en local. Un projet pilote efficace existe déjà au large de la Californie, où on associe cultures d'algues et élevages marins avec de très bons résultats contre l'acidification.

En attendant, surveiller l'évolution du pH marin reste important, grâce à des bouées connectées ou à des petits capteurs autonomes, abordables et faciles à déployer même par des petites communautés littorales. Un bon moyen pour suivre précisément l'évolution du phénomène et adapter les pratiques locales.

La perte d'habitat

Dégradation des récifs coralliens

Les récifs coralliens abritent près de 25% de la biodiversité marine, pourtant ils occupent seulement 0,1% des fonds océaniques. En gros, c'est les forêts tropicales des océans, mais en bien plus fragile. Le problème c'est que depuis les années 1980, environ la moitié des récifs tropicaux ont déjà été perdus ou sévèrement dégradés. Et chaque année, environ 1 à 2% de ces récifs disparaissent définitivement, à cause notamment du blanchissement des coraux : le stress causé par l'eau trop chaude pousse les coraux à expulser leurs algues symbiotiques, sans lesquelles ils blanchissent, dépérissent et meurent.

Un exemple frappant : la Grande Barrière de Corail en Australie a perdu près de 30% de ses coraux en à peine 40 ans, particulièrement suite aux épisodes successifs de blanchissement, notamment celui dramatique en 2016 lié à El Niño. Autre exemple, les récifs des Caraïbes, ils sont dans une sale situation aussi, avec une diminution drastique des espèces emblématiques comme le corail Acropora, qui a perdu jusqu'à 90% de sa population en quelques décennies.

Le truc à savoir : outre la chaleur, les récifs souffrent de pratiques destructrices comme la pêche à la dynamite ou le chalutage destructeur. On les abîme aussi indirectement avec l'agriculture intensive à terre qui relargue des engrais en mer, favorisant le développement d'algues envahissantes— la concurrence qui pourrait bien achever les coraux.

Il existe pourtant des actions concrètes à mettre en place : par exemple, la création de zones marines protégées (ZMP) efficaces peut permettre un rétablissement rapide des récifs coralliens. Sur la Grande Barrière, des études montrent que les zones protégées récupèrent jusqu'à 6 fois plus vite que les autres. Autre solution intéressante : l'utilisation de techniques de restauration active comme l'élevage de coraux en pépinières sous-marines, testé avec succès dans des régions comme aux Seychelles ou en Indonésie.

Bref, sauver les coraux c'est faisable, mais ça implique de prendre des mesures concrètes et rapides, sur le terrain comme dans nos habitudes de production et consommation.

Destruction des mangroves et des herbiers marins

Les mangroves et les herbiers marins, c'est un peu les héros cachés des aides naturelles : ils captent 5 fois plus de carbone que les forêts terrestres et servent de nurseries importantes pour plein d'espèces marines, notamment les poissons à haute valeur commerciale. Pourtant, chaque année, environ 1 à 2 % des mangroves mondiales disparaissent, souvent remplacées par des bassins de crevettes d'aquaculture, particulièrement en Asie du Sud-Est (Indonésie, Vietnam, Philippines). Résultat : perte immédiate de biodiversité mais aussi mise en péril des communautés locales dépendantes des ressources marines.

Côté herbiers marins, ils régressent au rythme effrayant d'environ 1,5 % par an. En Méditerranée, par exemple, l'herbier de posidonie, essentiel à l'écosystème local, est détruit principalement à cause du mouillage des bateaux de plaisance, des chaluts qui raclent les fonds marins et de constructions côtières intensives. Moins d'herbiers, c'est aussi moins de poissons et une érosion accrue des côtes. À court terme, protéger activement ces habitats via des aires marines protégées, interdire des pratiques de pêche destructrices, et réguler strictement l'urbanisme côtier sont des mesures directement réalisables et super efficaces pour inverser rapidement cette tendance négative.

Eau et Océans
Eau et Océans

59.5
millions

Nombre d'emplois directement liés à la pêche et à l'aquaculture dans le monde

Dates clés

  • 1973

    1973

    Mise en place par les Nations Unies de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), protégeant plusieurs espèces marines menacées d'exploitation abusive.

  • 1982

    1982

    Signature de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS), établissant un cadre global pour l'utilisation durable des océans.

  • 1992

    1992

    Déclaration de Rio sur l'environnement et le développement lors du Sommet de la Terre, inscrivant les océans comme une priorité internationale pour un développement durable.

  • 1995

    1995

    Adoption du Code de conduite pour une pêche responsable par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), pour enrayer la surpêche.

  • 2004

    2004

    Création du premier réseau significatif d'aires marines protégées à l’échelle mondiale lors de la Conférence mondiale sur la biodiversité marine (CBD COP7).

  • 2012

    2012

    Déclaration finale de la Conférence Rio+20 incluant l'engagement global vers une économie bleue durable.

  • 2015

    2015

    Inscription de l’Objectif de Développement Durable n°14 par l'ONU : 'Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable'.

  • 2017

    2017

    Première conférence des Nations unies consacrée exclusivement à l'Océan (Conférence sur les océans à New York), renforçant la coopération internationale sur les enjeux océaniques, notamment la pollution plastique.

Politiques de gestion des ressources marines

Les accords internationaux

Convention sur le droit de la mer (UNCLOS)

La UNCLOS, signée en 1982 et entrée en vigueur en 1994, établit clairement les règles du jeu sur les océans. Son principe phare, c'est la définition de zones économiques exclusives (ZEE) qui donnent aux pays le contrôle exclusif sur les ressources naturelles (poissons, pétrole, minéraux) jusqu'à 200 milles marins (environ 370 km) de leurs côtes. Concrètement, ça donne à la France une ZEE énorme grâce à ses territoires ultramarins, faisant d’elle l’un des pays avec la plus grande surface maritime au monde (près de 11 millions de km²).

Autre élément super intéressant : la UNCLOS impose aussi aux États une obligation de protéger et préserver le milieu marin. Par exemple, elle exige des pays la coopération pour gérer les stocks de poissons migrateurs comme le thon, histoire d’éviter que chacun fasse n’importe quoi chez lui en pensant que ça n’aura aucun impact ailleurs.

Enfin, pour les questions techniques ou disputes de frontières maritimes, c’est souvent devant le Tribunal international du droit de la mer (situé à Hambourg) que ça se règle. Exemple réel : en 2012, ce tribunal a ordonné la libération rapide du navire argentin "ARA Libertad" retenu au Ghana en raison d’un différend financier. Cela montre concrètement à quel point la convention UNCLOS apporte des outils utiles pour éviter que chaque problème maritime devienne une crise diplomatique.

Accords sur la biodiversité marine (BBNJ)

Le traité BBNJ (Biodiversity Beyond National Jurisdiction) se concentre sur les zones de haute mer, ces régions hors des frontières nationales, représentant environ deux tiers de l'océan mondial. Pourquoi c'est concret ? Parce qu'avant ce traité, c'était un peu la zone grise, sans règles précises : personne ne pouvait vraiment surveiller efficacement tout ce qui s'y passe.

Le but principal du BBNJ, c'est d’établir des aires marines protégées et d'avoir une gestion réfléchie des ressources génétiques marines, les fameux organismes marins qui peuvent potentiellement devenir des médocs révolutionnaires ou des innovations industrielles. Concrètement, si une boîte pharmaceutique découvre une nouvelle molécule prometteuse dans ces eaux internationales, comment les bénéfices doivent être répartis ? Justement, ce traité cherche à assurer un accès équitable et à éviter la course folle au brevet, qui empêcherait d'autres pays de bénéficier de ces découvertes.

Un exemple concret : dans l'océan Pacifique, on a déjà commencé à identifier des zones à protéger où la biodiversité marine est extrêmement riche, notamment dans les monts sous-marins. Ces sites pourraient bientôt bénéficier d'une gouvernance renforcée grâce à ce traité international.

Pour info, ce traité a été finalisé après quasiment 15 ans de négociations diplomatiques sensibles, avec en jeu la protection de la biodiversité marine dans des régions jusqu'ici laissées sans régulation claire. C'est une étape majeure, mais le plus important reste à venir : concrètement, comment les pays vont-ils appliquer ces nouvelles règles ? Affaire à suivre.

Législations nationales

Les pays ne se contentent pas tous des accords internationaux : certains prennent le taureau par les cornes avec des législations bien précises. Par exemple, la Norvège impose des quotas stricts et ajuste chaque année les limites de capture en fonction des données scientifiques. De son côté, la Nouvelle-Zélande applique depuis 1986 un système original, le Quota Management System (QMS), où les quotas de pêche se vendent ou s'échangent entre pêcheurs, ce qui les rend responsables directement de la ressource. Le Canada, lui, protège spécifiquement certains habitats marins sensibles, comme son initiative sur les aires protégées marines (16,14% de ses eaux protégées en 2023). Côté innovation réglementaire, les États-Unis combinent les Marine Protected Areas (MPA) à des plans locaux de gestion qui impliquent pêcheurs, ONG et collectivités locales pour mieux suivre l'état réel des ressources sur le terrain. Enfin, l’Union Européenne, avec sa Politique Commune de la Pêche (PCP) revue en 2013, impose l'obligation de débarquement (fini les rejets en mer des prises non désirées) et des limites maximales durables pour maintenir les populations de poissons à long terme. Ces exemples montrent qu'au-delà des grandes déclarations internationales, ce sont souvent les actions régionales et nationales bien ciblées qui font bouger les lignes.

Initiatives locales pour la préservation

Un cas sympa, c'est l'initiative communautaire dans le village de pêcheurs d'Anakao, à Madagascar. Ici, grâce à un système de réserves marines gérées localement (LMMA), les villageois décident eux-mêmes des règles de pêche durable, en définissant notamment des zones interdites à certains types de pêche. Résultat : retour spectaculaire du poulpe et hausse significative des prises hors zones protégées. Rien qu'avec ce modèle tout simple, les pêcheurs malgaches ont augmenté leurs revenus de 80%.

Autre exemple concret sur notre littoral français : le cas du Parc naturel marin d'Iroise, au large de la Bretagne. Ici, les habitants participent activement à la conservation des espèces menacées comme les phoques gris et certains oiseaux marins. L'astuce ? Des réunions régulières entre pêcheurs locaux, scientifiques et gestionnaires pour élaborer ensemble des plans sur mesure, comme des installations spécifiques pour réduire les prises accidentelles.

À Mayotte, des femmes du village de Mzouazia prennent directement en main le destin de leurs mangroves, en replantant des milliers d'arbres chaque année pour restaurer cet habitat vital. Le résultat concret est impressionnant : ça protège les côtes de l'érosion, relance la biodiversité locale et crée même de nouveaux revenus grâce à l’essor de l'écotourisme.

De l'autre côté de l'Atlantique, sur l'île colombienne de Providencia, la coopérative locale a lancé une approche innovante appelée "pêche communautaire responsable". L'idée ? Établir volontairement des limites sur les prises, organiser des patrouilles locales bénévoles pour éviter la pêche illégale, tout en améliorant le suivi scientifique des stocks grâce à des applis mobiles développées sur place.

Bref, ces initiatives locales simples mais ultra-concrètes montrent clairement qu’il n’y a pas que les grandes politiques internationales : quand on donne aux habitants les moyens et la capacité de gérer eux-mêmes leurs ressources marines, ça marche vraiment.

Le saviez-vous ?

Certaines espèces marines, comme les éponges ou les coraux, produisent naturellement des composés chimiques utilisés dans les médicaments visant à lutter contre le cancer et d'autres maladies graves.

Selon l'ONU, environ 3 milliards de personnes dans le monde dépendent directement des océans pour leurs moyens de subsistance, faisant de la gestion durable une priorité majeure pour l'équilibre social et économique.

Les océans absorbent près de 30% du dioxyde de carbone produit par les activités humaines, aidant à lutter contre le changement climatique, mais cela entraîne aussi une acidification préoccupante des eaux marines.

Chaque année, entre 8 et 12 millions de tonnes de plastiques rejoignent les océans, soit l'équivalent d'un camion de déchets déversé chaque minute, accentuant encore la nécessité de politiques de gestion durable.

Les technologies au service de la gestion durable

Surveillance et suivi des ressources marines

Systèmes satellitaires

Les satellites sont devenus incontournables pour gérer efficacement les ressources marines, et pas seulement pour prendre de jolies photos vues du ciel. Aujourd'hui, ils peuvent suivre précisément les déplacements des bateaux via le système AIS (Automatic Identification System) et identifier rapidement les pêcheurs qui s’aventurent en zones protégées ou ceux pratiquant la pêche illégale. Initiatives concrètes : le projet Global Fishing Watch, lancé par Google avec Oceana et SkyTruth, utilise justement ces données pour cartographier en temps réel l'activité maritime et repérer les situations suspectes presque instantanément. Autre cas intéressant, Sentinel-3 de l'Agence Spatiale Européenne (ESA) permet de surveiller régulièrement la santé des récifs coralliens, d'évaluer la température et la qualité de l'eau (chlorophylle, pollution) et de prévenir les phénomènes dangereux comme les marées rouges grâce à une détection précoce. Pour des gestionnaires et ONG, ces infos sont précieuses : elles permettent d'agir vite, de surveiller précisément les ressources et de mieux anticiper les crises marines potentielles.

Drones et véhicules sous-marins autonomes

Les drones et véhicules sous-marins autonomes (AUV) révolutionnent clairement la gestion des ressources marines. Concrètement, les drones aériens comme le DJI Matrice 300 RTK, équipés de caméras multispectrales ou thermiques, peuvent rapidement cartographier les zones côtières ou observer les comportements d'espèces marines sans déranger leur habitat.

Sous l'eau, les AUV comme le SeaExplorer de l'entreprise française Alseamar ou encore le fameux modèle américain Bluefin-21 de General Dynamics font un boulot impressionnant. Ils peuvent parcourir jusqu'à des centaines de kilomètres en toute autonomie, plongeant jusqu'à plusieurs milliers de mètres pour étudier les courants, analyser le taux d’acidité des océans, ou encore surveiller les activités de pêche illégale. Par exemple, l'AUV Remus 600 opère régulièrement pour surveiller les récifs coralliens sensibles en Australie, collectant précisément des données sur leur état de santé.

Ce qui est génial avec ces engins, c’est leur capacité à transmettre en temps réel des données exploitables, permettant une réaction rapide sur le terrain. Pas besoin d'attendre le retour d’une équipe humaine pour agir si quelque chose d’anormal est détecté, comme une pollution ou une activité de surpêche. Ils facilitent aussi l’accès à des régions dangereuses ou éloignées, où envoyer des plongeurs serait trop risqué ou trop coûteux. Ces véhicules sont donc devenus indispensables pour faire le pont entre technologie moderne et préservation concrète des écosystèmes marins.

Technologies de pêche durables

Le chalutage intelligent illustre bien la pêche durable innovante : équipé de capteurs, il évite les fonds sensibles et réduit les captures accidentelles jusqu'à 50 % selon certaines études norvégiennes récentes.

Avec les filets traditionnels, beaucoup d'espèces protégées comme les dauphins ou les tortues finissent capturées par erreur. Aujourd'hui, des chercheurs ont mis au point des filets lumineux émettant des LED vertes ou bleues pour éloigner ces animaux sensibles sans perturber les poissons ciblés. Des expérimentations au Pérou ont ainsi montré une diminution de 70 % des prises accidentelles de tortues marines.

Autre innovation intéressante : les hameçons circulaires (circle hooks) dans la pêche à la palangre. Contrairement aux hameçons en forme de J traditionnels, ceux-ci limitent considérablement les blessures profondes chez les poissons, facilitant ainsi leur survie lorsqu'ils sont remis à l'eau. Résultat : ces hameçons augmentent significativement les chances de survie d'espèces protégées comme les requins ou certains thonidés juvéniles.

Enfin, la start-up française SafetyNet Technologies développe un dispositif baptisé Pisces, un éclairage à longueur d'onde spécifique fixé aux filets pour attirer seulement certaines espèces désirées. Cette innovation permet aux professionnels de maximiser leur capture de poissons autorisés tout en limitant les rejets inutiles : les essais en mer du Nord montrent jusqu’à 90 % de réduction des prises accidentelles !

Foire aux questions (FAQ)

L'acidification des océans désigne la diminution du pH des mers, due à l'absorption accrue de dioxyde de carbone atmosphérique. Ses conséquences incluent l'affaiblissement voire la disparition de certains organismes marins – particulièrement ceux possédant des coquilles ou squelettes calcaires, tels que les coraux, mollusques et certaines espèces de plancton.

Les microplastiques affectent toute la chaîne alimentaire marine, depuis les organismes microscopiques jusqu’aux grands mammifères marins. En plus d'être ingérés par les espèces marines, ils peuvent transporter des substances toxiques, perturbant la santé des écosystèmes aquatiques et pouvant même atteindre l'homme via la chaîne alimentaire.

En tant que consommateur, vous pouvez choisir des produits issus de la pêche responsable en privilégiant les labels de certification (par exemple MSC ou ASC). Réduire sa consommation d'espèces menacées, diversifier son alimentation marine et consommer local participent aussi directement à ralentir la surpêche.

L'économie bleue fait référence à l'ensemble des activités économiques liées aux océans, aux mers et aux côtes, tout en veillant à préserver la biodiversité et la durabilité des ressources marines. C'est une démarche essentielle car elle permet de concilier croissance économique, innovation technologique et préservation environnementale.

Les drones et véhicules sous-marins autonomes (AUV) permettent une surveillance précise des écosystèmes marins, en collectant des données détaillées sur la biodiversité, les habitats fragiles ou encore l'état des stocks de poissons. Ces informations sont indispensables pour prendre des décisions de gestion informées et durables.

Oui, plusieurs sources d’énergies marines renouvelables existent déjà et sont exploitées : énergie éolienne offshore, énergie marémotrice issue des marées, houlo-motrice captant l'énergie des vagues ou encore énergie thermique des mers (ETM). Bien exploitées, ces sources peuvent fournir une part significative de notre production énergétique future sans épuisement des ressources naturelles.

De nombreux traités existent, mais les principaux sont la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS), qui régit l'exploitation des mers et océans, et le traité sur la Biodiversité biologique marine au-delà de la juridiction nationale (BBNJ), qui vise la conservation et l’exploitation durable de la biodiversité marine dans les zones internationales.

Eau et Océans : Gestion des Ressources Marines

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