Lutter contre la surpêcheEnjeu majeur pour les océans

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Lutter contre la surpêche : enjeu majeur pour les océans

Introduction

Les océans couvrent une grande majorité de notre planète et sont essentiels à notre survie. Pourtant, ils souffrent d'un énorme problème : la surpêche. Ce phénomène consiste simplement à pêcher plus vite que le rythme auquel les poissons peuvent se reproduire, ce qui met énormément d'espèces en danger.

Pour faire simple, à force de prélever trop de poissons et animaux marins, on vide progressivement les océans. Ça bouscule tout l'écosystème marin qui se retrouve complètement déséquilibré, menaçant la survie même de certaines espèces. Mais la surpêche, c'est aussi un problème qui touche directement des millions de personnes dans le monde. Beaucoup de communautés locales dépendent des océans pour se nourrir et travailler. Dès que les ressources sont épuisées, c'est leur sécurité alimentaire et leur économie qui trinquent.

Les chiffres ne mentent pas : selon la FAO, environ 35 % des stocks mondiaux de poissons étaient surexploités en 2020. Ça fait beaucoup. Derrière ça, il y a des causes assez claires : la course au profit par l'industrie de la pêche, des techniques trop agressives, et aussi le laisser-faire face aux pratiques illégales. Plus on consomme des produits marins sans réfléchir, plus on alimente cette spirale dangereuse.

Heureusement, tout n'est pas perdu. Des solutions existent déjà comme la mise en place d'aires marines protégées, la gestion durable avec des quotas adaptés, ou encore l'utilisation de techniques de pêche plus sélectives et responsables. Ces mesures demandent tout de même de gros efforts à l'échelle internationale, parce que le poisson, lui, n'a aucune idée des frontières.

Bref, il est temps de comprendre vraiment ce que représente la surpêche, ses conséquences, pourquoi on en est là, mais aussi comment chacun peut participer à la lutte. Nos océans ne se répareront pas tout seuls, alors autant plonger tout de suite dans le vif du sujet.

14 %

L'augmentation potentielle du rendement maximum durable des pêcheries avec une gestion améliorée, pouvant générer jusqu'à 14% de stocks de poissons supplémentaires.

80%

Environ 80% des espèces marines sont surexploitées ou exploitées au maximum de leur capacité.

200%

Le taux de pêche actuel est 2 fois supérieur à la capacité de régénération des espèces marines.

30%

Environ 30% des stocks mondiaux de poissons sont surexploités ou en état de surpêche.

Comprendre la surpêche

Définition et contexte mondial

La surpêche, grosso modo, c'est quand on pêche tellement qu'une espèce de poisson ne peut pas se reproduire assez vite pour remplacer ceux qu'on attrape. Techniquement, on parle de surpêche à partir du moment où on dépasse le rendement maximal durable (RMD), c'est-à-dire la quantité maximale de poissons que tu peux retirer d'un stock sans le mettre en danger de s'effondrer.

Aujourd'hui, environ 35 % des stocks mondiaux de poissons sont surexploités (chiffre rapporté par la FAO en 2020). Ça fait un paquet de poissons menacés. Ce phénomène s'accélère surtout dans les régions côtières des pays du Sud, là où la gestion est floue, voire inexistante, et où les eaux sont souvent envahies par des navires étrangers.

La région méditerranéenne se distingue particulièrement : plus de 60 % des espèces commerciales, comme le merlu ou le thon rouge, sont victimes de surpêche. Dans certaines régions d'Asie comme en mer de Chine méridionale ou en Indonésie, la pression sur les ressources dépasse largement les seuils critiques. On y pratique parfois une pêche si intense que certains scientifiques pensent qu'il faudra des décennies pour que les stocks puissent récupérer — s'ils récupèrent carrément un jour.

La consommation mondiale moyenne par habitant a quasiment doublé depuis les années 1960 : d'environ 9,9 kg par an à près de 20,2 kg aujourd'hui. Avec à la clé une production mondiale qui frôle actuellement les 180 millions de tonnes par an (au total, capture sauvage et aquaculture réunies). Derrière ce chiffre il faut garder à l'esprit que les captures sauvages, elles, plafonnent depuis les années 1990 autour de 90-95 millions de tonnes par an, signe clair que l'océan a atteint ses limites.

Résultat concret : la taille moyenne des poissons capturés diminue sans cesse. Aujourd'hui on pêche souvent des spécimens plus petits et plus jeunes qu'avant, ce qui les empêche de se reproduire en quantité suffisante pour reconstituer rapidement les stocks. Ce cercle vicieux accentue la fragilité de pas mal d'espèces, notamment des gros poissons prédateurs comme le thon rouge de l'Atlantique ou certaines espèces de requins, maintenant fortement menacées.

Historique de la surpêche

La surpêche ne date pas d'hier ! Dès la fin du 19e siècle, les bateaux à vapeur équipés de filets mécanisés ont commencé à vider progressivement certaines zones riches en poissons comme les côtes européennes et nord-américaines. À cette époque, peu de gens réalisaient que les stocks pouvaient réellement s'épuiser—la mer semblait infinie.

Le vrai changement se produit vers les années 1950-1960 avec l'essor des navires industriels capables de parcourir de très longues distances, accompagnés de grandes chambres froides à bord, leur permettant de pêcher pendant des semaines sans escale. À titre d'exemple, la pêche mondiale est passée d'environ 20 millions de tonnes en 1950 à plus de 90 millions de tonnes dès les années 80. Ce boom industriel était largement appuyé par des politiques subventionnées qui poussaient toujours à pêcher davantage.

Certains exemples concrets illustrent ce désastre : dans les années 1970, la morue au large du Canada était si abondante qu'on racontait que des navires pouvaient remplir leurs cales en quelques heures seulement. Mais à force d'excès, en 1992, ces mêmes ressources étaient si épuisées que le gouvernement canadien a dû interdire complètement la pêche à la morue de Terre-Neuve, provoquant ainsi un effondrement économique et social majeur pour les communautés côtières locales.

On ne s'est pas arrêté là, malheureusement. Durant les années 80 et 90, la pêche s'est tournée vers les profondeurs océaniques, ciblant notamment des espèces à croissance très lente, comme l'empereur ou l'hoplostète orange. Ces poissons mettent des dizaines d'années à atteindre leur maturité, ce qui signifie que leur recolonisation est extrêmement lente, rendant leur surpêche d'autant plus dramatique.

Malgré des alertes répétées depuis plus de 30 ans—documents scientifiques, campagnes d'associations environnementales—la prise de conscience semble tarder. Certes, des progrès ont été faits au moyen d'accords internationaux et de quotas, mais les efforts restent insuffisants face à l'ampleur planétaire de ce problème.

Chiffres clés et statistiques actuelles

La FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture) estime aujourd'hui que 35% des stocks mondiaux de poissons sont surexploités, contre à peine 10% dans les années 1970. Ça veut dire qu'on pêche plus vite que les espèces ne se reproduisent.

Chaque année, près de 26 millions de tonnes de poissons, prises par la pêche commerciale, finissent gaspillées ou rejetées à la mer, soit environ 30% des captures totales. En gros, presque un poisson sur trois pêché ne va même pas servir à nous nourrir.

Selon le rapport de l'ONG WWF, la surpêche coûte chaque année 83 milliards de dollars à l'économie mondiale, parce qu'on perd des emplois et des revenus liés au secteur marin en voulant trop pêcher à court terme au lieu de préserver les ressources à long terme.

Certaines espèces souffrent particulièrement : aujourd'hui, environ 90% des grands poissons prédateurs, comme le thon rouge, la morue ou le requin, ont disparu par rapport à leur population d'il y a cinquante ans.

Enfin, côté pêche illégale, ça représente quand même entre 15 et 30 % des captures mondiales. C'est énorme : ce sont des tonnes de poissons capturés illégalement chaque année dans nos océans sans que personne n'en rende compte, échappant ainsi à tout contrôle ou suivi scientifique sérieux.

Conséquence de la surpêche Effet sur les écosystèmes Exemple d'espèce affectée Mesures de conservation
Réduction de la biodiversité Déséquilibre écologique Le thon rouge Quotas de pêche
Épuisement des stocks de poissons Collapse des pêcheries La morue de l'Atlantique Aires marines protégées
Prises accessoires Mortalité d'espèces non ciblées Tortues marines Engins de pêche sélectifs
Affaiblissement des communautés locales Perte de moyens de subsistance Communautés côtières en Asie et en Afrique Programmes de gestion durable des pêches

Les conséquences de la surpêche

Impact sur les écosystèmes marins

Déséquilibre écologique et chaîne alimentaire

Quand on enlève massivement certaines espèces des océans à cause de la surpêche, ça provoque souvent un effet domino sur les chaînes alimentaires. Tu prends par exemple la morue dans l'Atlantique Nord : dans les années 90, sa surpêche a boosté la population de ses proies, comme les harengs ou les crevettes, qui à leur tour ont perturbé d'autres espèces dans la région. Résultat, on se retrouve avec des zones marines dominées par une poignée d'espèces, réduisant drastiquement la biodiversité.

Autre exemple concret : près des côtes sud-africaines, la surpêche de sardines et d'anchois a durement touché les manchots du Cap, contraints de se déplacer plus loin pour trouver leur nourriture. Ils reviennent épuisés, avec moins de succès reproductifs, ce qui menace leur survie. À l'inverse, certains prédateurs opportunistes comme les méduses profitent des déséquilibres : moins de poissons prédateurs, c'est plus de place et de nourriture pour proliférer. Du coup, dans certaines mers, on assiste désormais à des invasions de méduses qui affectent directement la pêche et le tourisme.

Ce déséquilibre écologique rejaillit ensuite sur nous : moins de poissons signifie moins d'opportunités économiques pour les communautés dépendantes de la pêche, avec parfois des effets irréversibles. Ces perturbations ne sont pas théoriques, elles changent concrètement la vie dans plusieurs régions côtières.

Extinction et menace sur certaines espèces marines

Aujourd'hui, la surpêche pousse sérieusement certaines espèces marines vers l'extinction pure et simple. Prenons le cas concret du thon rouge, victime numéro 1 de notre surconsommation de sushis et sashimis. En Méditerranée par exemple, les stocks de thon rouge ont chuté de près de 85% depuis les années 70, quasi liquéfiés par la pêche industrielle.

Autre victime moins médiatisée : l'esturgeon européen. Cette espèce sert à produire le fameux caviar sauvage, considéré comme luxe gastronomique. Résultat : l'esturgeon européen a été classé "en danger critique" par l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), à deux doigts de disparaître définitivement.

Quand une espèce-clé s'effondre, tout l'écosystème trépasse. Prenons l'exemple du requin, que certains imaginent uniquement comme le prédateur-le-plus-terrifiant-des-mers, mais la réalité, c'est que la pêche intensive pour leurs ailerons (utilisés en cuisine asiatique) a fait reculer certaines populations de requins de plus de 70% au cours des dernières décennies. Et un océan sans requins, ça veut dire une prolifération incontrôlée d'autres poissons, des maladies accrues et un système marin chaotique.

Alors concrètement, comment agir ? Une première action facile : vérifier si les poissons que l'on achète portent un label de pêche durable, genre MSC ou ASC. Ça évite de contribuer davantage à massacrer des espèces déjà vulnérables. Et mieux vaut éviter certains poissons clairement menacés, comme le sabre noir ou l'empereur, qui mettent beaucoup de temps à se reproduire.

Bref, être consommateur conscient, ça n'est pas juste pour faire joli quand on invite des amis à dîner, ça contribue réellement à inverser la tendance.

Conséquences pour les communautés humaines

Sécurité alimentaire et économie locale

La surpêche représente surtout une vraie menace pour les communautés côtières des pays en développement, là où le poisson constitue souvent plus de 50 % des apports en protéines. Moins de poisson à attraper, c'est tout simplement moins de nourriture sur les tables des familles locales. Un exemple parlant : au Sénégal, le thiof (mérou blanc) a longtemps été un pilier alimentaire et économique. Avec la pression intense des chalutiers étrangers et locaux, ses stocks ont chuté de presque 80 % ces dernières décennies. Résultat ? Un effondrement des revenus chez les pêcheurs artisanaux sénégalais qui reposaient sur cette espèce pour vivre et nourrir leur famille.

Cette réduction des stocks de poisson pousse aussi à devoir importer des produits de substitution plus coûteux, dérègle le marché local, augmente les prix et compromet la sécurité alimentaire. Certaines régions, comme en Afrique de l'Ouest, voient ainsi leurs prix alimentaires grimper sérieusement, en partie parce que leur ressource locale disparaît au large dans les filets des grandes flottes industrielles étrangères.

Pour inverser la tendance, une démarche efficace consiste à renforcer concrètement les marchés de pêche locale, promouvoir directement le produit local à travers des labels indiquant clairement l'origine et la durabilité. Ça permet aux consommateurs de soutenir activement les pratiques durables tout en préservant les emplois et les revenus directement dans leur propre communauté, sans dépendre des exportations qui détruisent leurs ressources naturelles.

Déplacement des populations et crises sociales

Certaines régions côtières voient carrément leur économie locale et leurs communautés bouleversées par la surpêche. Ça a été le cas au Sénégal, où les navires industriels étrangers raclent les fonds et épuisent les stocks de poissons. Résultat : les communautés locales, qui vivent traditionnellement de la pêche artisanale, n'ont plus rien à se mettre sous la dent. Les familles dépendent alors de plus en plus de l'aide alimentaire ou prennent la décision difficile de migrer. Entre 2005 et 2020, plusieurs milliers de pêcheurs sénégalais ont quitté leurs villages, tentant souvent de rejoindre les îles Canaries ou le continent européen sur des embarcations précaires. Ce scénario catastrophe touche aussi d'autres régions comme la côte Est-africaine ou celle du golfe du Mexique. Agir concrètement sur la régulation de la pêche industrielle et soutenir la pêche artisanale durable pourrait vraiment éviter ce genre de drames humains.

Eau et Océans
Eau et Océans

15 %

Environ 15% des prises mondiales de poisson sont capturées illégalement chaque année.

Dates clés

  • 1950

    1950

    Début significatif de l'expansion industrielle mondiale de la pêche, marquant le début d'une exploitation intensive des stocks marins.

  • 1982

    1982

    Signature de la Convention des Nations Unies sur le Droit de la mer (CNUDM), encadrant les droits et responsabilités des États dans les océans.

  • 1992

    1992

    Sommet de la Terre à Rio : prise de conscience internationale sur la nécessité d'une gestion durable des ressources naturelles, y compris les océans.

  • 1995

    1995

    Adoption de l'Accord des Nations Unies sur les stocks chevauchants et les stocks de poissons grands migrateurs, premier accord international ciblant explicitement la surpêche.

  • 2006

    2006

    Publication par la FAO du rapport soulignant que près de 75% des stocks mondiaux étaient exploités à leur capacité maximale ou surexploités, alertant l'opinion sur la gravité de la surpêche.

  • 2010

    2010

    Conférence de Nagoya : adoption des objectifs d'Aichi, entre autres, visant à établir un réseau mondial d'aires marines protégées.

  • 2015

    2015

    L'ONU adopte les Objectifs de Développement Durable (ODD), dont l'objectif 14 visant explicitement à préserver et exploiter durablement les océans et les ressources marines.

  • 2017

    2017

    Première Conférence de l'ONU sur les Océans (New York), renforçant l'engagement mondial notamment contre la surpêche et la pêche illégale, non déclarée et non réglementée.

  • 2020

    2020

    Publication d'un rapport-clé par la FAO indiquant qu'environ 34 % des stocks de poissons mondiaux étaient surexploités, atteignant un niveau historiquement préoccupant.

Les causes de la surpêche

La pêche industrielle

Techniques de pêche destructrices

On parle souvent de techniques destructrices comme le chalutage de fond, qui racle littéralement les fonds marins avec de grands filets lourds. Imagine juste que tu passes un bulldozer dans une forêt pour attraper quelques écureuils : c'est exactement ça dans l'océan. Le problème, c'est qu'en ratissant tout sur son passage, cette méthode dévaste les récifs coralliens et les habitats essentiels à plein d'espèces marines. Après chaque passage d'un chalut de fond, il faut parfois des décennies avant que l'écosystème abîmé retrouve son équilibre.

Autre exemple concret : la pêche à la dynamite, encore utilisée malgré son interdiction officielle. C'est aussi brutal que ça en a l'air : une explosion sous l'eau tue ou étourdit immédiatement tout ce qui nage dans le périmètre. Au-delà des espèces ciblées, cette technique saccage complètement l’habitat marin alentour, laissant des récifs en miettes qui mettront des années à se reconstruire.

On oublie aussi souvent la pêche au cyanure, pratiquée notamment dans certaines parties de l'Asie et du Pacifique pour capturer vivants des poissons destinés au commerce des aquariums. Le truc, c'est que seulement une petite fraction des poissons victimes de cyanure survivent effectivement ; ceux qui meurent immédiatement, ou dans les jours suivants, représentent un énorme gâchis écologique. En plus, ce poison endommage irréversiblement les coraux situés à proximité.

Ces méthodes sont particulièrement dangereuses car elles causent des dégâts à long terme aux habitats marins, bien au-delà des espèces directement visées. La solution immédiate pour agir concrètement, c'est d'encourager fortement la consommation de poissons issus de techniques de pêche sélectives (comme la pêche à la ligne, à la palangre ou les casiers à crustacés). Un geste simple : bien regarder les étiquettes pour privilégier les produits certifiés MSC (Marine Stewardship Council) en poissonnerie ou supermarché, car cette certification exclut toute utilisation de techniques destructrices.

Subventions à l'industrie de la pêche

Chaque année, environ 22 milliards de dollars partent dans les poches des industries de la pêche via des subventions mondiales. Le truc fou, c'est que près de 60% de ces fonds servent à des pratiques qui favorisent directement la surpêche—comme financer le carburant des bateaux, moderniser la flotte pour augmenter sa capacité, ou soutenir artificiellement les prix des prises.

Prenons l'exemple concret de la Chine : son gouvernement verse massivement des subventions pour le carburant des bateaux opérant loin de ses côtes, permettant à ces navires de racler les océans à des milliers de kilomètres, ce qui pourrait être impossible sans cette aide financière. Même chose en Europe, où malgré quelques avancées récentes sur la limitation de certaines subventions nocives, la majorité des aides publiques profitent encore aux gros acteurs industriels plutôt qu'à la petite pêche artisanale durable.

L'astuce utile ici serait de réorienter ces aides vers la transition vers des méthodes de pêche sélectives et respectueuses—comme privilégier du matériel évitant les captures accidentelles ou des systèmes de surveillance électronique pour contrôler vraiment ce qui est pêché. Concrètement, supprimer peu à peu les subventions dites "nocives" et favoriser financièrement les petits pêcheurs locaux, qui pratiquent une pêche plus durable, pourrait faire une sacrée différence sur l'état de nos océans.

La pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN)

La pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) représente aujourd’hui jusqu’à 26 millions de tonnes de poissons capturés chaque année, soit environ 20 % de la pêche mondiale selon une étude de la FAO. C’est énorme, surtout quand on sait que les ressources marines diminuent déjà à vitesse grand V. Concrètement, ces pêches fantômes se font souvent dans des zones protégées ou interdites, comme dans les eaux territoriales de pays vulnérables en Afrique de l’Ouest ou du Pacifique. On y retrouve régulièrement de gros chalutiers clandestins battant pavillon de complaisance, immatriculés dans des pays peu regardants côté réglementation maritime.

Autre détail surprenant : les bateaux clandestins utilisent parfois des transpondeurs AIS — systèmes de suivi satellite — falsifiés ou désactivés pour disparaître des radars. Des ONG, comme Global Fishing Watch, traquent activement ces navires en examinant des images satellites ou des données radar haute définition, pour révéler cette "invisibilité" volontaire. Par exemple, en 2020, une grande flotte chinoise de plus de 300 bateaux pêchant le calamar a été repérée en train de rôder pendant des semaines à la limite des Galápagos. C’est typique de l’INN : des zones riches en ressources naturelles exploitées clandestinement aux frontières des espaces protégés.

Du côté européen, l’Espagne, premier importateur mondial de produits de la mer, joue un rôle involontaire dans l’importation de pêche INN, notamment via les conserves de thon issues de pratiques douteuses en Asie du Sud-Est. Il existe bien le « carton jaune » émis par l’Union Européenne, un avertissement adressé aux pays laxistes sur leur contrôle des pratiques INN (comme récemment, la Thaïlande), mais sa réelle efficacité reste à démontrer. La vraie bataille, elle se passe surtout sur l’éducation du consommateur, et la transparence absolue des chaînes d’approvisionnement en poisson.

La demande croissante en produits de la mer

Chaque année, la consommation mondiale moyenne de poisson dépasse aujourd'hui les 20 kilos par habitant, deux fois plus qu'il y a 50 ans. Rien qu'en Chine, l'appétit pour les produits marins est tel que ce pays représente à lui seul près d'un tiers de la consommation globale de poisson. Avec la multiplication des chaînes de sushis, poke bowls et autres plats tendance à base de poisson cru, des espèces autrefois peu demandées comme le thon rouge ou le saumon sauvage connaissent une explosion de popularité, mettant leur survie carrément en jeu.

Ce qui rend le phénomène inquiétant, c'est que la production d'aquaculture, censée soulager les stocks sauvages, nécessite elle-même d'énormes quantités de petits poissons sauvages broyés en farines pour nourrir les espèces d'élevage. En clair, on épuise les océans pour tenter, paradoxalement, de résoudre leur épuisement !

Autre sujet auquel on ne pense pas forcément : le boom économique de pays comme l'Inde ou le Brésil pousse des millions de consommateurs à accéder fréquemment à des produits de la mer autrefois rares sur leur table, comme les crevettes ou les calamars. Cette nouvelle demande mondiale n'est donc plus seulement occidentale, elle vient désormais des classes moyennes émergentes des pays du Sud, rendant la pression sur les ressources marines encore plus intense.

Le saviez-vous ?

Les aires marines protégées peuvent permettre aux populations aquatiques de se restaurer jusqu'à cinq fois plus vite que dans les zones non protégées, selon une étude réalisée par la revue Nature.

Saviez-vous qu'environ 90% des grands prédateurs marins, comme les thons, requins et espadons, ont disparu depuis le début de la pêche industrielle intensive dans les années 1950 ?

D'après la FAO, environ 34% des stocks mondiaux de poissons sont aujourd'hui surexploités ou épuisés, menaçant directement l'équilibre marin et la sécurité alimentaire mondiale.

La pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) représenterait près de 20% des prises mondiales annuelles, soit environ 11 à 26 millions de tonnes de poissons chaque année.

Les solutions à la surpêche

La régulation et gestion durable de la pêche

Systèmes de quotas et limitations

Les systèmes de quotas, comme le Total Autorisé de Capture (TAC), définissent chaque année combien de poissons chaque pays peut pêcher sur des espèces précises. Par exemple, l'Union Européenne utilise ça pour réguler la pêche au cabillaud ou au thon rouge en Atlantique. Le but, c'est d'éviter d'épuiser la ressource : une fois le quota atteint, on ferme temporairement la pêche, point barre.

Un autre type de quota, les quotas individuels transférables (QIT), permet à chaque pêcheur d'avoir une part précise du quota global, une sorte de permis échangeable entre pêcheurs. L'idée, c'est d'encourager une gestion responsable, puisque plus il y aura de poissons demain, plus leur quota individuel vaudra cher. Ça a déjà montré des résultats au Canada ou encore en Nouvelle-Zélande, où ça a permis à certaines espèces comme la morue ou le hoki de se rétablir.

Par contre, fixer des quotas efficaces n'est pas toujours simple, parce que les estimations de la population marine fluctuent chaque année selon les conditions océaniques, les changements climatiques ou la pollution. Pour que ça marche bien, il faut des évaluations scientifiques régulières et fiables, et stopper les pressions politiques ou industrielles d'augmenter les limites sans tenir compte de la réalité.

Technologies et méthodes sélectives

Utiliser des techniques de pêche plus précises et moins invasives peut vraiment faire la différence. Quelques exemples concrets : les filets sélectifs à mailles carrées qui évitent de capturer poissons juvéniles et non voulus ont montré jusqu'à 50 % de réduction des prises accidentelles comparés aux filets classiques à mailles losangiques. On peut aussi installer des dispositifs d'exclusion des tortues (TED) sur les filets chalutiers ; ces grilles spéciales aident les tortues de mer à s'échapper facilement, réduisant ainsi leur mortalité de 90 %. Côté technologie, l'utilisation de systèmes embarqués comme les caméras sous-marines intelligentes ou la détection acoustique ciblée permet de sélectionner précisément quels poissons attraper, laissant intactes les espèces protégées. Un cas réel réussi ? La pêche australe néo-zélandaise au merlu utilise désormais le chalut semi-pélagique : une méthode où le filet ne touche quasiment pas le fond marin, réduisant les dégâts sur les écosystèmes benthiques sensibles de plus de 90 %. Ces outils et méthodes simples et concrets sont déjà prêts à être mis en pratique à plus grande échelle pour stopper efficacement la surpêche sans forcément tout chambouler dans le secteur.

Les aires marines protégées

Exemples réussis d'aires protégées

Aux Philippines, l'île d'Apo est devenue une référence pour la gestion locale réussie. Dans les années 80, les pêcheurs ont eux-mêmes créé une réserve marine face au déclin dramatique des poissons. Résultat : après seulement quelques années, la biomasse de poissons dans la zone protégée a triplé, profitant directement aux pêcheurs locaux avec des captures meilleures dans les zones voisines de la réserve.

Autre exemple concret : Cabo Pulmo au Mexique. Là-bas, une poignée de familles locales a défendu l'idée de fermer complètement à la pêche une petite zone côtière d'environ 70 km². Aujourd'hui, cette aire protégée accumule une biomasse marine incroyable, près de 460 % plus élevée qu'avant la protection, ce qui en fait l'une des initiatives les plus réussies mondialement.

En Corse, la réserve naturelle de Scandola, créée dès 1975 (l'une des premières en Méditerranée), montre aussi des résultats super positifs. Notamment grâce à une surveillance stricte, la diversité marine, y compris des espèces protégées comme le mérou brun, s'est rétablie de façon spectaculaire.

Ce que ces exemples montrent clairement, c'est que quand les communautés locales sont impliquées directement dans la gestion des aires protégées, ça marche carrément mieux. C'est concret, c'est mesurable, et ça redonne aux pêcheurs une vraie perspective d'avenir. Pas besoin de grands discours politiques ou bureaucratiques, la solution concrète fonctionne déjà sur le terrain.

Défis liés à leur mise en place

Mettre en place une aire marine protégée (AMP), ça paraît chouette sur le papier, mais en réalité ce n'est pas si simple. Déjà, le truc numéro un, c'est la résistance des pêcheurs locaux. Si les communautés ne sont pas incluses dans le processus dès le début, beaucoup verront ça comme une contrainte sur leurs moyens de subsistance. Par exemple, en Colombie, quand ils ont établi l'AMP de la baie de Malaga, les pêcheurs se sont retrouvés exclus des zones traditionnelles sans solutions alternatives claires. Résultat : tensions sociales importantes et non-respect des règles fixées.

Autre problème : le financement durable. Créer une aire protégée, c'est une chose. La surveiller, faire respecter les limites, contrôler la pêche illégale… tout ça coûte cher et nécessite des patrouilles régulières et un équipement adéquat. Aux Philippines, des petites AMP créées par des ONG locales se sont souvent effondrées après quelques années, faute de ressources pour maintenir la surveillance et appliquer les sanctions aux contrevenants.

Dernier gros obstacle : la coordination internationale. Les poissons, eux, ne respectent pas les frontières, et la protection efficace d'une espèce migratrice demande que plusieurs pays travaillent main dans la main. Par exemple, protéger efficacement le thon rouge en Méditerranée nécessite une coopération entre pays européens, nord-africains et ceux du Moyen-Orient, ce qui génère énormément de négociations politiques complexes et interminables.

Donc, pour résumer simplement : embarquer les pêcheurs locaux dès le départ, prévoir dès le début le financement sur le long terme (et pas juste au lancement), et assurer une bonne coopération internationale sont trois conditions indispensables, et franchement pas faciles à réunir, pour que les AMP ne deviennent pas seulement des jolies taches bleues sur une carte.

Encourager la reconversion professionnelle des pêcheurs

La reconversion des pêcheurs, ça marche mieux quand on leur propose du concret. Par exemple, en Bretagne, certains anciens pêcheurs ont monté des fermes aquacoles où ils élèvent désormais coquillages et algues, avec l'appui technique d'associations locales. D'autres suivent des formations professionnelles ciblées, comme celles proposées par l'École des Métiers de la Mer des Sables-d'Olonne, tournées vers le nautisme, la gestion du littoral ou les métiers liés aux énergies marines renouvelables (EMR).

L'Europe s'y met aussi en soutenant directement les reconversions avec des aides financières précises du FEAMP (Fonds Européen pour les Affaires Maritimes et la Pêche). Une enveloppe d'environ 35 millions d'euros entre 2014 et 2020, rien que pour la réorientation professionnelle dans les secteurs liés à l'économie bleue.

Au Canada, une approche originale est menée au Labrador : les pêcheurs sensibilisent les touristes à l'écotourisme responsable, à bord de leur ancien navire reconverti. Ça préserve leur lien avec la mer tout en réduisant la pression sur les ressources.

Réussir une reconversion ne dépend pas que de l'argent : l'accompagnement humain solide est souvent déterminant. D'où l'intérêt d'équipes locales spécialisées capables de guider les pêcheurs en transition. À Saint-Malo, l'association ALFA forme et coache directement les marins pêcheurs vers des métiers tels que techniciens de maintenance en industrie maritime.

Bref, pour que la reconversion soit autre chose qu'une simple théorie, il faut offrir aux pêcheurs des possibilités crédibles, claires et rémunératrices dès le départ.

90%

Environ 90% des stocks de grands poissons prédateurs, tels que le thon et l'espadon, ont disparu en raison de la surpêche.

50 milliards de dollars

La surpêche coûte environ 50 milliards de dollars par an en termes de pertes économiques.

2,7 milliards de personnes

Environ 2,7 milliards de personnes dépendent de la pêche pour leur alimentation et leur subsistance.

33%

Environ 33% des stocks de poissons sont surexploités dans le monde.

Impact de la surpêche et mesures de gestion
Mesures de gestion Exemples d'espèces touchées Conséquences écologiques Initiatives internationales
Quotas de pêche Morue atlantique Réduction de la biodiversité marine Accord des Nations Unies sur les stocks de poissons
Fermetures saisonnières des pêcheries Thon rouge Perturbation des chaînes alimentaires Plan d'action international pour la gestion de la capacité des flottes de pêche
Restriction des techniques de pêche Requin Dégâts sur les habitats marins (fonds marins, coraux) FAO Code de conduite pour une pêche responsable
Création de réserves marines Tortues marines Affaiblissement des fonctions écosystémiques Convention sur la diversité biologique (Aichi Biodiversity Targets)

Les initiatives internationales

Les accords et conventions internationales

Le principal accord international aujourd'hui, c'est la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982 (appelée aussi Convention de Montego Bay), qui établit les droits et devoirs des pays en matière de gestion des ressources marines. Grâce à elle, on a créé les fameux 200 milles marins de Zone Économique Exclusive (ZEE) où chaque État contrôle la pêche et protège ses ressources.

Pour gérer concrètement la surpêche, il y a aussi ce qu'on appelle les Organisations Régionales de Gestion des Pêches (ORGP). Ces agences surveillent la pêche dans des zones précises. Un bon exemple : la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA). Depuis que la CICTA impose des quotas stricts, les populations de thon rouge ont bien rebondi après avoir été quasi au bout du rouleau dans les années 2000.

À côté, t'as la FAO (Organisation des Nations unies pour l'Alimentation et l'Agriculture), qui joue un rôle-clé. Elle propose le Code de conduite pour une pêche responsable depuis 1995. Ce n'est pas obligatoire, mais la plupart des États s'appuient dessus pour fixer leurs lois nationales.

On parle aussi beaucoup du récent traité historique signé en mars 2023 : l'Accord ONU sur la biodiversité marine en haute mer. Celui-là est essentiel puisqu'avant, ce qui se passait en haute mer (en dehors de toutes les ZEE nationales), c'était un peu la jungle juridique. Maintenant, on va enfin encadrer ce qui se passe dans ces espaces internationaux, ce qui devrait bien réduire les abus liés à la pêche illégale.

Dernier fait intéressant, même si on critique souvent leur manque d'ambition, les Objectifs de Développement Durable (ODD) adoptés par l'ONU en 2015 comportent aussi une cible spécifique à la lutte contre la surpêche, sous l'objectif 14 "Vie aquatique". Concrètement, l’objectif 14.4 veut stopper la surpêche d'ici à 2020 (objectif dépassé, clairement... mais au moins, la volonté est affichée).

Foire aux questions (FAQ)

De nombreuses alternatives existent : sources végétales riches en protéines (soja, lentilles, quinoa…), insectes comestibles, ainsi qu'une consommation modérée de poissons d'élevages durables ou provenant d'une aquaculture responsable.

La pêche illégale désigne les activités de pêche se déroulant sans autorisation ou en violation des règlementations en vigueur. La surpêche, quant à elle, fait référence à une exploitation excessive des stocks de poissons, même dans les cas où elle est légale et autorisée.

Pour consommer de manière durable, privilégiez les produits portant des labels tels que MSC (Marine Stewardship Council), ASC (Aquaculture Stewardship Council) ou encore Label Rouge. Ces certifications garantissent une gestion responsable des ressources marines.

De nombreuses espèces sont concernées, notamment le thon rouge, le cabillaud, certaines espèces de requins ainsi que plusieurs variétés de saumon. Ces espèces souffrent particulièrement à cause de la forte demande commerciale et des techniques de pêche intensives.

Chacun peut contribuer en optant pour des produits de la mer certifiés durables, en réduisant sa consommation globale de poissons sauvages en danger, en soutenant les campagnes de sensibilisation et en incitant les décideurs politiques à adopter des mesures fortes contre la surpêche.

Les aires marines protégées sont efficaces mais insuffisantes à elles seules pour régler le problème global. Une combinaison d'actions est nécessaire : réglementation stricte, contrôles renforcés, responsabilisation des consommateurs, soutien à la reconversion des pêcheurs vers d'autres secteurs, etc.

La surpêche a un impact direct : réduction des ressources disponibles, diminution des revenus et de la sécurité alimentaire, favorisant ainsi la pauvreté et des migrations économiques forcées. C'est un enjeu à la fois écologique, économique et social crucial.

Oui, certaines innovations existent pour une pêche plus raisonnée : filets sélectifs réduisant les prises accessoires, technologies de repérage permettant d'éviter certaines espèces sensibles, systèmes de suivi par satellites pour mieux contrôler les lieux et périodes de pêche, etc.

Eau et Océans : Pêche Durable

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