Les conséquences du réchauffement climatique sur la disponibilité en eau potable pour les populations urbaines

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Les conséquences du réchauffement climatique sur la disponibilité en eau potable pour les populations urbaines

Introduction

Définition du réchauffement climatique et des enjeux en milieu urbain

Le réchauffement climatique, c'est une augmentation globale et durable des températures sur Terre, causée principalement par les émissions de gaz à effet de serre dues aux activités humaines (industrie, transports, agriculture...). Concrètement, en un siècle, notre planète s'est déjà réchauffée d'environ 1,1°C, ce qui est gigantesque à l'échelle climatique : c'est comme si un thermostat planétaire avait été remonté un peu trop vite.

Dans les villes, les enjeux sont particulièrement forts : elles concentrent environ 55% de la population mondiale, chiffre qui devrait grimper à 68% à l'horizon 2050 selon les Nations Unies. Cette densité et cette croissance accélérée augmentent la pression sur les ressources et infrastructures urbaines, notamment en matière d'eau potable. Quand il fait plus chaud, les citadins ont tendance à consommer beaucoup plus d'eau, surtout en période de canicule où les pics de consommation explosent (parfois jusqu'à 30% supplémentaires). Et comme les villes sont principalement bétonnées, l'eau ne pénètre pas facilement dans les sols, ce qui pose de vrais défis pour recharger les nappes phréatiques et gérer les ressources en eau douce. C'est un cercle vicieux : plus il fait chaud, plus les besoins en eau grimpent, et plus l'eau vient à manquer.

Sans oublier le phénomène des "îlots de chaleur urbains", ces endroits en ville où la température monte encore plus vite qu'ailleurs à cause de l'artificialisation des surfaces. Une ville comme Paris connaît des températures jusqu'à 10°C plus élevées que les zones rurales alentours pendant certaines nuits d'été. Ça entretient cette demande accrue en eau potable et accélère l'épuisement des ressources disponibles dans les centres urbains.

80%

La part de l'eau mondiale utilisée pour l'agriculture, ce qui souligne la pression exercée sur les ressources en eau

2.2 milliards

Le nombre de personnes dans le monde qui n'ont pas accès à une eau potable sûre à la maison

30%

L'augmentation prévue de la demande mondiale en eau d'ici 2050 en raison de la croissance démographique et du développement économique

2 milliards

Le nombre de personnes qui devraient vivre dans des régions où il y aura un stress hydrique sévère d'ici 2050 à cause du changement climatique

Importance de la disponibilité en eau potable pour les villes

En ville, l'eau potable c'est 90 % des besoins quotidiens et une ressource stratégique pour l'économie locale. Sans une fourniture fiable, impossible de maintenir une activité économique pérenne, du petit café de quartier jusqu'à la grande industrie en périphérie. Selon l'ONU, environ 55 % de la population mondiale vit en milieu urbain aujourd'hui, et ce chiffre pourrait grimper à 68 % en 2050. Ça veut dire concrètement que sans accès à l'eau potable assuré, on condamne la moitié de l'humanité à des défis quotidiens qui vont bien au-delà de se brosser les dents ou de prendre une douche. Les villes, c'est aussi la concentration des besoins : chaque habitant consomme en moyenne entre 150 et 250 litres d'eau par jour en milieu urbain en Europe. Les chiffres varient selon la région du globe, mais la dépendance à l'eau n'est négociable pour personne.

L'eau potable influence directement la santé publique et détermine la qualité de vie urbaine. Un rapport conjoint OMS-UNICEF expliquait dès 2019 que la sécurité sanitaire passe principalement par la disponibilité en eau potable. Dans les villes où la ressource se fait rare, on voit apparaître des maladies hydriques (diarrhées, choléra, dysenterie...) qui semblaient oubliées dans certains pays. La sécurité alimentaire aussi repose sur l'approvisionnement urbain en eau, puisque certaines mégapoles accueillent aujourd'hui des fermes urbaines et des jardins communautaires pour produire une partie de leur alimentation locale. Sans eau potable, ça aussi, ça passe à la trappe.

Le manque d'eau potable peut même freiner la croissance économique des grandes villes. Une étude menée par la Banque Mondiale sur certaines mégalopoles d'Amérique Latine précise que la raréfaction de l'eau a coûté jusqu'à 1 % du PIB local annuel dans certaines régions particulièrement affectées. Voilà pourquoi investir dans l'eau, ce n'est pas juste "une bonne idée", c'est devenu un impératif vital et économique pour nos villes.

Les effets directs du réchauffement climatique sur les ressources hydriques

Modification des régimes de précipitations

Sécheresses prolongées

Avec le réchauffement climatique, les villes encaissent des sécheresses à rallonge qui vident leurs réservoirs et affament leurs nappes phréatiques. Résultat : moins d'eau dans les robinets des habitants. À Melbourne, en Australie, la sécheresse surnommée le "Millennium Drought" (1997-2009) a fait chuter de près de 40 % les réserves des barrages approvisionnant la ville, obligeant à des restrictions sévères comme l'arrosage minimal, les douches limitées en temps, et même la réutilisation d'eaux grises.

La Californie aussi en sait quelque chose : entre 2011 et 2017, elle a traversé une de ses pires sécheresses jamais enregistrées, réduisant les nappes phréatiques à des niveaux historiquement bas. Certaines petites villes y ont carrément vu leurs puits municipaux s’assécher totalement, obligeant l’approvisionnement par camion-citerne.

En pratique, les sécheresses prolongées poussent les villes à investir sérieusement dans la récupération des eaux de pluie, le recyclage des eaux usées ou l'installation de systèmes de dessalement de l'eau de mer — mais ces solutions impliquent des coûts particulièrement élevés, que toutes les villes ne peuvent pas se permettre.

Épisodes pluviométriques intenses et rares

On pourrait croire qu'une bonne grosse pluie suffit pour remplir les réserves en eau, sauf que non : ces grosses averses rares, même intenses, ne compensent pas les longues périodes sèches. Pourquoi ? Parce que quand la pluie tombe trop fort, le sol urbain déjà bétonné ou asphalté n'est pas assez perméable pour absorber l'eau. Résultat, on se retrouve souvent avec du ruissellement excessif, responsable d'inondations plutôt que de remplir efficacement les réservoirs souterrains.

Par exemple, à Houston (Texas), en 2017, l'ouragan Harvey a déversé plus de 1 300 mm de pluie en quelques jours. Pourtant, malgré ces précipitations historiques, la ville a subi de graves inondations sans réellement recharger durablement ses réserves d'eau douce.

Une astuce concrète pour limiter ça en ville, c'est d'intégrer plus d'infrastructures perméables, avec pavés drainants, parkings végétalisés ou encore toitures végétales, qui permettent de capter l'eau au lieu de la laisser filer. Un moyen simple, réaliste, et efficace pour mieux tirer bénéfice de ces épisodes rares mais violents.

Fonte accélérée des glaciers et réduction des réserves d'eau douce

La fonte rapide des glaciers, notamment dans les régions alpines, andines et himalayennes, fait perdre à la planète des milliards de tonnes d'eau douce chaque année. Entre 2000 et 2020, rien que les glaciers alpins ont vu leur volume diminuer de près de 17 %. À court terme, ça libère un surplus d'eau dans les rivières dont dépendent les villes des vallées, comme Lima au Pérou, où plus de 2 millions de personnes dépendent directement des glaciers pour leur approvisionnement. Mais à moyen terme, quand les glaciers auront fondu suffisamment, ces ressources vont se tarir sévèrement.

En Himalaya, d'où provient l'eau potable de centaines de millions d'urbains dans plusieurs métropoles asiatiques telles que Katmandou, Delhi et Lahore, les glaciers perdent environ 8 milliards de tonnes de glace par an. Cette perte représente une vraie bombe à retardement, car les fleuves majeurs (Gange, Indus, Brahmapoutre) dépendent directement des glaciers pour leur débit de base, surtout durant la saison sèche.

Le retrait accéléré crée également de nouvelles menaces : la formation soudaine de lacs glaciaires. Quand ces lacs débordent ou lâchent brusquement, des inondations violentes détruisent tout sur leur passage, infrastructures urbaines comprises. Par exemple, en 2013, la ville de Kedarnath en Inde a subi l'une de ces catastrophes éclair, faisant plus de 5 000 victimes et laissant des milliers d'autres sans accès direct à l'eau potable pendant des semaines.

Bref, là où les villes dépendent directement des glaciers pour s'approvisionner, ce phénomène impose un double défi : gérer les surplus brutaux à court terme et anticiper un manque drastique d'eau douce dans les décennies à venir.

Baisse généralisée des niveaux des nappes phréatiques

Les nappes phréatiques, en gros, c'est la tirelire d'eau douce sous nos pieds : on pioche dedans, la pluie la remplit ; simple, non ? Le souci, c'est qu'avec le réchauffement climatique, les pluies se font plus rares ou arrivent sous forme de grosses averses qui ruissellent sans bien s'infiltrer. Résultat : moins de recharge réaliste de ces réserves d'eau essentielles. En France, par exemple, 64 % des nappes phréatiques présentaient des niveaux inférieurs à la normale en 2022 selon le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières). Dans certaines régions comme en Inde, dans le Pendjab, on pompe chaque année 1,7 fois plus que ce que les nappes arrivent à se recharger. Et ça, c'est clairement pas durable.

Le concret ? Ça signifie que des puits domestiques s'assèchent et que des villes doivent forer toujours plus profond, ce qui coûte évidemment cher et oblige à des travaux complexes. À Ispahan en Iran, l'épuisement critique des nappes phréatiques a entraîné un fameux assèchement du fleuve Zayandeh rud ; ça a chamboulé toute l'agriculture et l'économie locale. Aux États-Unis, en Californie, la baisse drastique des nappes a provoqué l'enfoncement du sol — ce qu'on appelle la subsidence — dans certains endroits de plusieurs dizaines de centimètres par an, endommageant routes, bâtiments et infrastructures.

Ce phénomène touche directement aux ressources en eau potable disponibles dans les grandes villes : la moitié de l'eau potable mondiale provient des aquifères souterrains. Autant dire que si ça baisse significativement et durablement, c'est toute la chaîne d'approvisionnement urbain qui vacille.

Effet du réchauffement climatique Conséquence sur la disponibilité en eau potable Exemple de ville affectée Statistiques
Augmentation des sécheresses Réduction des réserves d'eau souterraine Sao Paulo, Brésil Diminution de 15% de la quantité d'eau potable disponible en 10 ans
Fonte des glaciers et diminution des réserves d'eau douce Réduction des débits des rivières et des sources d'eau Kathmandu, Népal Baisse de 30% des ressources en eau en 40 ans
Évènements météorologiques extrêmes (ouragans, inondations) Contamination des réseaux d'eau potable et perturbation des infrastructures hydrauliques New York City, États-Unis Augmentation de 270% des incidents de contamination de l'eau

Impact du changement climatique sur les infrastructures urbaines d'approvisionnement en eau

Vulnérabilité accrue face aux événements météorologiques extrêmes

Les systèmes d'approvisionnement en eau potable des grandes villes n'ont clairement pas été pensés pour encaisser des événements extrêmes devenus fréquents. Quand des pluies intenses frappent les agglomérations, les réseaux d'assainissement saturent vite, provoquant des débordements d'eaux usées qui contaminent directement les sources d'eau potable à proximité. Par exemple, lors de l'ouragan Harvey en 2017 à Houston, les crues massives ont submergé les stations de pompage avec à la clé une paralysie prolongée du réseau. Autre cas concret : durant le cyclone Idai au Mozambique en 2019, les infrastructures de traitement d'eau de Beira ont été sévèrement endommagées, laissant 90 % de ses habitants sans accès immédiat à l'eau potable.

À l'opposé, quand les sécheresses deviennent sévères, les villes dépendent souvent d'approvisionnements éloignés par camion-citerne, solution coûteuse et insuffisante sur la durée. C'est ce qu'a vécu Chennai en Inde à l'été 2019 : ses principaux réservoirs se sont retrouvés complètement à sec, obligeant ses habitants à patienter des heures pour quelques litres d'eau.

Ces situations poussent les autorités à revoir radicalement leur planification urbaine et à rendre les installations beaucoup plus robustes. Cela passe par des solutions pratiques comme multiplier les stockages tampons temporaires, renforcer les protections des ouvrages ou encore miser sur des technologies intelligentes de contrôle préventif.

Usure prématurée et dysfonctionnement des structures urbaines existantes

Avec la hausse des températures, de nombreuses structures pensées pour un climat stable prennent un coup de vieux avant l'heure. Le béton et surtout les canalisations urbaines n’apprécient pas vraiment les fortes chaleurs à répétition et les brusques changements de température. Ça provoque des fissures précoces, des fuites inattendues, et même des ruptures soudaines sur des réseaux censés tenir des décennies. À Tokyo par exemple, on estime qu'une augmentation d'à peine quelques degrés pourrait réduire la durée de vie des conduites d'eau par plus de 10 ans. Pas seulement une usure physique : quand le niveau des nappes phréatiques baisse trop vite, plusieurs grandes villes, Mexico notamment, subissent carrément des affaissements du sol pouvant dépasser les 20 cm par an, abîmant ainsi les tuyaux souterrains. Il suffit alors d'une petite secousse pour tout casser. Résultat, les coûts de maintenance grimpent en flèche, car les réparations d'urgence coûtent jusqu'à quatre fois plus cher que l'entretien régulier, et ce sont encore les zones urbaines sensibles qui trinquent en premier.

Augmentation du coût de traitement et de distribution de l'eau potable

Avec le réchauffement climatique, les fournisseurs d'eau doivent dépenser bien plus pour traiter et distribuer cette ressource devenue rare. Quand les nappes phréatiques baissent drastiquement, il faut pomper l'eau toujours plus profondément, et ça, c'est nettement plus énergivore. Résultat direct : la facture électrique des réseaux augmente, et c'est évidemment répercuté sur ton portefeuille.

Autre souci concret : qui dit sécheresse dit concentration accrue des polluants dans les cours d'eau et les réservoirs. Dans ces conditions, traiter l'eau pour qu'elle reste buvable devient beaucoup plus compliqué et coûteux. Par exemple, éliminer les nitrates, les micropolluants ou certaines bactéries difficiles peut nécessiter des techniques complexes comme l'osmose inverse ou le charbon actif. Or, ces méthodes, ce ne sont pas juste quelques centimes supplémentaires : on parle de vrais surcoûts, parfois de plusieurs dizaines d'euros par usager chaque année.

Il y a aussi l'investissement nécessaire pour les infrastructures. Moins d'eau fraîche disponible, c'est l'obligation d'aller chercher de l'eau ailleurs et de la transporter sur des kilomètres en construisant de nouvelles conduites ou aqueducs. Ça demande de l'argent, beaucoup même. Mexico dépense des millions chaque année simplement pour acheminer de l'eau potable depuis des sources à des dizaines de kilomètres : une dépense qui explose à mesure que les ressources proches s'épuisent sous la pression climatique.

Bref, le réchauffement, ce n'est pas seulement une question de sécheresse ou de météo, c'est aussi l'augmentation directe et concrète du tarif que tu payes chaque mois pour remplir ton verre au robinet.

Eau et Ressources Hydriques
Eau et Ressources Hydriques : Eau Potable et Assainissement

40%

La proportion de la population mondiale qui, d'ici 2050, devrait être soumise à un stress hydrique sévère en raison du changement climatique

Dates clés

  • 1992

    1992

    Conférence internationale de Dublin sur l'eau et l’environnement qui reconnaît pour la première fois officiellement l'eau comme ressource limitée essentielle.

  • 1997

    1997

    Adoption du Protocole de Kyoto, accord international visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique.

  • 2003

    2003

    Canicule historique en Europe entraînant des sécheresses importantes et une prise de conscience accrue des impacts du réchauffement climatique sur les ressources en eau.

  • 2015

    2015

    Signature de l'accord de Paris lors de la COP21, fixant pour objectif de limiter la hausse des températures bien en dessous de 2 degrés afin de réduire les effets négatifs du changement climatique sur les ressources en eau notamment.

  • 2017

    2017

    Crise grave de l'eau à São Paulo, Brésil, mettant en lumière les défis d’approvisionnement en eau potable dans un contexte urbain et climatique difficile.

  • 2018

    2018

    Le Cap, Afrique du Sud confrontée au 'Jour Zéro', date annoncée à laquelle les robinets pourraient être totalement coupés si aucune mesure drastique n'était prise suite à une sécheresse extrême.

  • 2019

    2019

    Chennai en Inde subit une crise majeure d'eau potable, illustrant la vulnérabilité croissante des grandes métropoles face aux effets du changement climatique sur l'eau douce disponible.

  • 2021

    2021

    Publication du rapport d'évaluation du GIEC confirmant la gravité accrue du réchauffement climatique et de ses impacts sur les ressources en eau douce mondiales.

Conséquences socio-économiques pour les populations urbaines

Renforcement des inégalités d'accès à l'eau potable

Avec le réchauffement climatique, les quartiers défavorisés des grandes villes trinquent en premier face au manque d'eau potable. Par exemple, à Mexico, pendant que les quartiers aisés continuent d'arroser leurs jardins et remplir leurs piscines, certains quartiers populaires subissent fréquemment des coupures d'eau prolongées, les obligeant à dépendre de camions-citernes coûteux. Pareil à Chennai, où les populations pauvres doivent marcher plusieurs kilomètres pour accéder à des points d'eau souvent bondés et à la qualité douteuse. Un rapport de l'ONU en 2021 révélait que les populations urbaines vivant dans des habitats informels paient souvent l'eau jusqu'à dix fois plus cher que les habitants des quartiers centraux mieux desservis. À Nairobi, les habitants des bidonvilles n'ont accès qu'à environ 20 litres d'eau par jour en moyenne, alors que la norme recommandée par l'OMS est de 50 à 100 litres pour couvrir les besoins quotidiens décents. Le manque chronique d'investissements publics dans les infrastructures d'eau potable renforce la fracture: les quartiers riches disposent de réseaux solides et constamment entretenus, tandis que les infrastructures obsolètes ou inexistantes des périphéries basculent au premier stress climatique. Résultat, le changement climatique ne fait qu'accélérer la logique habituelle: quand l'eau se fait rare, ceux qui en manquaient déjà doivent se contenter de moins, voire de rien du tout.

Épisodes de conflits sociaux liés à la raréfaction de l'eau douce

Le manque d'eau potable fait sérieusement monter la tension dans pas mal de villes du globe. À Cochabamba, en Bolivie, ça avait carrément dégénéré en l'an 2000 lorsqu'une privatisation des infrastructures hydrauliques avait rendu l'eau hyper chère pour les habitants. Résultat : grosses manifs, confrontations violentes et même l'état d'urgence décrété pour calmer le jeu. En 2018, à Bassora, dans le sud de l'Irak, lorsque l'eau du robinet est devenue trop salée et polluée à cause des sécheresses prolongées et d'une infrastructure complètement dépassée, des milliers de citoyens furieux sont descendus dans la rue. Bilan : au moins 15 morts et des centaines de blessés dans des événements qui ont secoué la région. Et puis, tu as aussi Bangalore, en Inde : ici, la crise de l'eau sévère conduit parfois à des bagarres de quartier coûteuses humainement et matériellement. L'eau devient un vrai enjeu politique et social, jusqu'à provoquer des affrontements parfois violents là où elle vient à manquer. De plus en plus, cet accès limité exacerbe d'anciennes rancœurs comme l'inégalité entre quartiers riches et bidonvilles, zones agricoles et zones urbaines. Les tensions autour de l'eau ne concernent pas juste les pays déjà vulnérables : même aux États-Unis, en Californie justement, des désaccords intenses opposent souvent agriculteurs et urbains sur qui a le droit prioritaire d'utiliser cette ressource précieuse lors des étés super secs. Voilà le truc : moins d'eau potable disponible, c'est une bombe sociale en puissance partout dans le monde.

Impact sanitaire lié aux pénuries et restrictions d'eau

Maladies hydriques accrues

Quand l'eau potable se raréfie à cause du réchauffement climatique, les maladies liées à l'eau font un sacré bond. Pas d'eau propre dispo ? Les gens finissent souvent par se tourner vers des sources douteuses, favorisant les diarrhées infectieuses (comme le choléra, qui peut tuer en quelques heures si t'agis pas vite). En 2017, par exemple, une sécheresse sévère au Yémen a aggravé l'épidémie de choléra : plus d'un million de cas en quelques mois, c'était juste du jamais-vu.

Autre souci concret : quand il y a pénurie d'eau, l'hygiène personnelle passe souvent à la trappe, du coup on voit des pics d'affections comme la gale ou certaines infections cutanées bactériennes chez les communautés urbaines les plus pauvres.

Un truc à faire d'urgence du côté des villes, c'est de renforcer l'approvisionnement alternatif en eau potable en période de crise (par exemple par des systèmes simples et fiables de récupération et de traitement de l'eau de pluie). Les autorités urbaines devraient aussi penser à des campagnes d'éducation sanitaire pratiques, genre petites astuces faciles (désinfection de l'eau avec des tablettes purifiantes ou méthode artisanale avec rayonnement solaire si nécessaire) pour minimiser les risques. Pas besoin de technologie compliquée— juste une info claire, des solutions simples et le réflexe d'agir vite dès que le problème pointe le nez.

Diminution de la qualité de vie urbaine

La difficulté d'accéder régulièrement à de l'eau potable en ville impacte ta vie quotidienne bien au-delà d'une simple pénurie. Ça signifie par exemple moins d'espaces verts, car les municipalités limitent fortement l'arrosage urbain. Résultat : jardins publics desséchés, places publiques sans ombre, et même des îlots de chaleur accentués. À Madrid, en été 2022, les restrictions d'eau ont transformé plusieurs jardins urbains, pourtant essentiels pour rafraîchir l'air, en pelouses jaunies et poussiéreuses.

Diminuer l'eau accessible affecte aussi directement des habitudes basiques comme prendre facilement une douche, cuisiner efficacement ou encore maintenir une bonne hygiène chez soi. À Chennai, en Inde, en 2019, pendant les crises aiguës de l'eau, des milliers d'habitants ont dû attendre des heures chaque jour devant des réservoirs mobiles juste pour remplir quelques bidons d'eau. Pas top comme expérience, surtout en période de canicule.

Ces pénuries fatigantes entraînent même une tendance majeure aujourd'hui : beaucoup de citadins décident de quitter des grandes villes confrontées au manque chronique d'eau potable, impactant ainsi leur dynamisme économique et leur attractivité générale. C'est d'ailleurs ce qui s'est produit dans certaines parties du sud-ouest des États-Unis, où des ménages entiers préfèrent déménager plutôt que vivre avec une gestion quotidienne complexe et stressante d'accès à l'eau.

Bref, quand ta ville commence à manquer sérieusement d'eau potable, ce n'est pas juste désagréable : toute la vie urbaine se dégrade très concrètement, et les effets se font ressentir directement chez toi et dans ton quartier.

Le saviez-vous ?

En milieu urbain, les fuites d'eau représentent en moyenne 20 à 30 % des volumes d'eau distribués selon l'Organisation Mondiale de la Santé ; réduire ces pertes constituerait un levier efficace pour anticiper les effets du réchauffement climatique sur les ressources hydriques.

La production d'un seul kilogramme de coton nécessite, en moyenne, environ 10 000 litres d'eau potable, soit l'équivalent de ce qu'une personne boit pendant 14 ans.

Selon l'Organisation des Nations Unies, d'ici 2050, près de 5 milliards de personnes pourraient vivre dans des zones exposées régulièrement à des sécheresses sévères.

D'après l'UNICEF, dans certains pays en développement, une femme ou une jeune fille passe en moyenne 200 millions d'heures cumulées par jour à chercher et transporter de l'eau, éloignant d'autant celle-ci des écoles ou du marché du travail.

Cas d'étude : Grandes métropoles confrontées à la crise de l'eau potable

Le Cap, Afrique du Sud

La crise de l'eau potable que Le Cap a vécue en 2018 reste aujourd'hui l'un des cas urbains les plus marquants à l'échelle mondiale. À cette époque, la ville a frôlé le fameux Day Zero, le jour où les robinets auraient été totalement fermés. Ce jour était prévu pour le 12 avril 2018. Tu imagines, presque 4 millions d'habitants sans une goutte d'eau au robinet, obligés de faire la queue devant des points de collecte d'eau publics ? Heureusement, grâce à des mesures drastiques comme une limitation stricte de 50 litres d'eau par habitant et par jour (qui est passée de moitié en seulement trois ans, passant de 2015 à début 2018 de 100 litres à 50 litres), Le Cap a pu éviter de justesse ce scénario catastrophe.

Mais concrètement, pourquoi la crise a été si sévère ? Déjà, le Cap dépend principalement des pluies hivernales, venant remplir six réservoirs principaux, dont Theewaterskloof, qui à lui seul stocke presque la moitié de l'eau de la ville. Sauf qu'entre 2015 et 2017, la région a vécu trois années consécutives de sécheresse extrême, la pire en presque un siècle, entraînant l'assèchement dramatique des réserves. À un moment, fin 2017, Theewaterskloof n'était rempli qu'à environ 12 %. Résultat, les autorités ont dû réduire les débits d'eau, augmenter les tarifs, et inciter les habitants à recycler l'eau "grise" pour les jardins et les toilettes.

Cette crise a aussi mis en lumière de grosses inégalités sociales au Cap. Les quartiers riches ont pu investir dans des systèmes privés de stockage ou de recyclage d'eau domestique, réduisant ainsi l'impact des coupures. À l'inverse, dans les quartiers pauvres comme Khayelitsha, les habitants ont subi durement les effets de la crise avec des conséquences importantes sur la santé et la qualité de vie au quotidien.

Aujourd'hui encore, la ville reste hyper vulnérable malgré l'alerte passée. Elle explore toutefois des solutions innovantes, comme la construction d'usines de dessalement d'eau de mer et la réhabilitation d'aquifères souterrains profonds pour renforcer son approvisionnement et éviter que la panique du Day Zero ne revienne à nouveau hanter ses habitants.

São Paulo, Brésil

À São Paulo, la crise de l'eau a violemment frappé dès 2014-2015, avec une sécheresse intense considérée comme la pire depuis près de 80 ans. Le réservoir du Cantareira, qui alimente environ 45% de l'agglomération pauliste, avait chuté sous les 5% de sa capacité totale début 2015. Résultat : restrictions sévères, coupures tournantes dans des quartiers, et eau rationnée même pour les services essentiels comme les hôpitaux. Tout ça dans une région métropolitaine de plus de 20 millions d'habitants.

L'urbanisation rapide et mal contrôlée aggrave la situation. Beaucoup de surfaces bétonnées empêchent l'eau de pénétrer correctement dans le sol pour alimenter les nappes phréatiques. De plus, une grande partie du réseau d'approvisionnement d'eau de São Paulo est vieillissant, avec des fuites conséquentes : selon certaines estimations officielles, jusqu'à 30% de l'eau distribuée serait perdue en route.

Des projets de récupération et réhabilitation des réseaux ont été lancés, mais ils demandent des années avant de devenir efficaces. Dans l'urgence, les autorités ont parfois exploré des solutions assez radicales, comme pomper des eaux de réserve habituellement laissées intactes pour préserver l'environnement.

La crise de São Paulo marque un tournant : on réalise que même une ville située dans une région pluvieuse, habituée à de fortes précipitations comme le sud-est brésilien, peut se retrouver à court d'eau. Aujourd'hui encore, les habitants restent vigilants, gardant en tête que le scénario catastrophe peut se reproduire rapidement.

Chennai, Inde

Chennai, située sur la côte sud-est de l'Inde, s'est retrouvée sous le feu des projecteurs en 2019 avec une crise hydrique carrément brutale. Les quatre principaux réservoirs qui alimentent la ville se sont retrouvés quasiment à sec, avec à peine 1 % de leur capacité normale en juin de cette même année.

La raison ? Une pluie de mousson incroyablement faible combinée à des températures très élevées. Cette mousson déficiente a résulté en une baisse de près de 55 % de précipitations par rapport à la moyenne habituelle. À force, les lacs de Chembarambakkam et Puzhal, essentiels à Chennai, se sont littéralement transformés en étendues de boue fissurée.

Et pourtant Chennai, c'est pas petit : 11 millions de personnes très dépendantes de ces réserves. Du coup, la fréquence des camions-citernes livrant de l'eau a explosé, devenant une image quotidienne. Un camion-citerne pouvait desservir jusqu'à plusieurs dizaines de familles par jour, une sacrée augmentation comparée aux années précédentes ! Le prix de l'eau livrée par ces camions a grimpé en flèche, certains résidents payant 100 roupies indiennes (environ 1,10 euros) pour 50 litres, soit quatre fois le tarif habituel.

Plusieurs entreprises tech, notamment des filiales locales de grosses boîtes comme Cognizant et TCS, ont dû carrément demander à leurs employés de travailler depuis chez eux pour économiser l'eau. Les hôtels ont eux aussi limité leur consommation de façon drastique, retirant même certaines préparations gourmandes en eau de leurs menus.

Du côté positif, cette catastrophe a mis l'accent sur les projets de récupération de l'eau de pluie et réactivation de réservoirs urbains jusque-là négligés. La ville a revu à la hausse son ambition d'infrastructures d'eau en installant des milliers de nouveaux puits d'infiltration. Un effort nécessaire quand on sait que le niveau des nappes phréatiques était tombé de plus de 60 mètres en quelques années à certains endroits de la région.

Foire aux questions (FAQ)

Le changement climatique perturbe fortement les régimes pluviométriques en modifiant les cycles habituels de précipitations. Cela provoque ainsi des épisodes plus intenses mais irréguliers de précipitation, alternant avec de longues périodes sans pluie, accentuant l'impact des sécheresses et des inondations urbaines.

Les pénuries et restrictions d'eau potable peuvent favoriser l'apparition de maladies hydriques telles que la diarrhée, le choléra, la dysenterie ou encore l'hépatite A, surtout lorsque la qualité de l'eau disponible diminue drastiquement.

Au quotidien, il est essentiel de prendre des douches courtes plutôt que des bains, couper l'eau durant le brossage des dents, réparer rapidement les fuites, utiliser des appareils ménagers économes en eau et réduire l'arrosage excessif des espaces verts privés.

Les villes peuvent adopter plusieurs stratégies comme la mise en place d'infrastructures de récupération des eaux pluviales, la réutilisation des eaux usées traitées, la sensibilisation des habitants à une consommation responsable ou encore l'installation d'équipements plus économes en eau dans l'habitat urbain et les industries.

Bien que le dessalement puisse offrir des quantités importantes d'eau potable, il engendre aussi un coût énergétique conséquent et des émissions élevées en gaz à effet de serre. Pour devenir une solution durable, elle doit être couplée à des technologies reposant sur les énergies renouvelables et complétée par des mesures d'économie et de gestion intégrée des ressources.

De nombreuses régions urbaines dans les pays comme l'Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud ou l'Australie présentent déjà d'importantes vulnérabilités hydriques liées à la pression démographique, au manque de ressources alternatives en eau douce et aux effets directs du réchauffement climatique observés ces dernières années.

L'empreinte eau correspond à la quantité totale d'eau douce utilisée directement ou indirectement pour produire des biens et services consommés par une personne, une ville ou un pays. Mesurer cette empreinte permet d'identifier les surconsommations et aide les responsables urbains à initier des politiques efficaces de gestion durable de l'eau.

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