L'éolien en mer, tu connais sûrement déjà un peu. Des grandes éoliennes posées au large, qui profitent de vents bien plus puissants et réguliers qu'à terre. Aujourd'hui, une technologie pas si nouvelle mais en plein essor promet d'aller un cran plus loin : l'éolien offshore flottant. En gros, plutôt que d'ancrer les éoliennes au fond de la mer, on les installe sur des plateformes flottantes. Pourquoi ? Parce que ça donne accès à plein d'endroits jusque-là inexploitables, des zones très profondes où fixer les éoliennes sur le fond marin est impossible ou trop cher.
Déjà, ça permet d'aller chercher les vents forts et réguliers là où ils soufflent le plus fort et sans trop gêner visuellement depuis la côte (ça plaît bien aux riverains, ça). Autre avantage : la possibilité de fabriquer et d'assembler ces parcs flottants au port, et ensuite de les remorquer simplement vers leur lieu d'installation. Y'a clairement moins de galères techniques et de chantier demandant des grues XXL en pleine mer.
D'un point de vue environnemental, l'éolien flottant pourrait devenir une véritable alternative propre aux énergies fossiles en réduisant sérieusement la pollution carbonée. Et niveau économique, c'est une source ultra prometteuse de nouveaux emplois et d'activités industrielles, notamment pour les régions côtières.
Alors bien sûr, on en est encore au début de l'aventure. Déjà quelques gros projets pilotes réussis (notamment en Écosse et au Portugal) montrent que le principe tient la route techniquement et économiquement. Mais restent encore quelques défis sérieux à relever : faire baisser les coûts de production, affiner les techs, résoudre les questions de réglementation et obtenir l'adhésion du public.
Bref, l'éolien offshore flottant, ça peut vraiment changer la donne pour la transition énergétique. Mais y'a du boulot avant de voir partout des champs d'éoliennes flottantes sur nos horizons.
Investissement annuel dans l'énergie éolienne offshore dans le monde en 2020
Baisse prévue du coût de l'électricité produite par l'éolien offshore d'ici 2030
Puissance maximale d'une éolienne flottante actuellement en méditerrannée
Potentiel de réduction des coûts de l'éolien offshore flottant par rapport à l'éolien offshore fixe
L'éolien offshore, tu crois que c'est récent ? Pas vraiment, les premiers pas datent dès 1991 avec le parc éolien offshore danois Vindeby. Petit joueur à l'époque avec seulement 11 éoliennes et à peine 5 MW de puissance cumulée. C'était surtout une preuve de concept. Ensuite, les choses ont commencé à bouger dans les années 2000, l'Europe du Nord en tête, surtout au Danemark, en Allemagne et au Royaume-Uni.
Mais ces premiers sites utilisaient uniquement des fondations fixes, posées sur le fond marin. Ça limitait donc l'installation aux zones peu profondes, pas plus de 50 mètres de profondeur environ. De quoi imposer de très grosses limites géographiques — les eaux profondes comme celles de la Méditerranée ou de la façade Atlantique restaient inexploitables.
Puis arrive la révolution technologique du flottant dans les années 2000, inspirée largement par l'industrie pétrolière et gazière offshore. Les Norvégiens sont les premiers à sauter dans l'eau profonde avec leur démonstrateur Hywind Demo en 2009. Une turbine de 2,3 MW, fixée sur une fondation flottante de type spar, ancrée à plus de 200 mètres de fond. À ce moment-là, tout le secteur voit que l'éolien offshore flottant apporte concrètement la solution aux limites imposées par l'offshore fixe.
Aujourd'hui, regarder les chiffres, ça impressionne : l'AIE (Agence Internationale de l'Énergie) estime que l'éolien offshore flottant pourrait atteindre 264 GW de capacité totale installée d'ici 2050, contre environ 0,3 GW installés en 2022. On est clairement passé du stade expérimental à une technologie à fort potentiel industriel, capable de révolutionner la production mondiale d'énergie propre.
L'éolien offshore fixe, c'est ambitieux mais plutôt compliqué. Déjà, il faut savoir que ces éoliennes nécessitent des fondations fixées directement au fond de la mer. Ça veut dire qu'on est limité aux zones où la profondeur reste modérée—en général, pas au-delà de 40 à 50 mètres. Résultat, on exploite seulement une petite partie des côtes potentiellement venteuses.
Et puis parlons coûts : installer ces immenses structures au fond des océans, c'est tout sauf simple et bon marché. Souvent, la préparation des fonds marins demande des opérations lourdes comme du dragage ou du battage de pieux, ce qui coûte très cher et peut créer pas mal de nuisances acoustiques néfastes pour la vie marine. Les études montrent même que les bruits liés au battage des pieux peuvent perturber sérieusement les mammifères marins, comme les baleines ou les dauphins.
Ensuite, côté météo, les plateformes fixes encaissent directement tempêtes et grosse houle, ce qui induit une usure plus rapide, des risques de fissures ou de corrosion, et donc forcément des frais d'entretien élevés. La maintenance régulière devient complexe, coûteuse, sans parler de la sécurité des équipes techniques envoyées régulièrement en pleine mer.
Enfin, le déploiement rapide à grande échelle reste délicat : chaque site demande des contraintes géologiques précises, étudiées à l'avance. Ça ralentit énormément le rythme d'installation, ce qui freine un développement massif et rapide de l'énergie offshore fixe.
Avantages | Éolien offshore fixe | Éolien offshore flottant |
---|---|---|
Profondeur de l'eau nécessaire | 20-50 mètres | 50-200 mètres |
Distance par rapport à la côte | Proche des côtes | Éloigné des côtes |
Impact sur la vie marine | Potentiellement négatif | Moindre grâce à la mobilité |
Coûts d'installation et maintenance | Élevés | Réduits par la facilité d'accès |
Potentiel de production d'énergie | Limité par la profondeur | Plus élevé en haute mer |
La structure Spar utilise un grand cylindre immergé verticalement dans l'eau, lesté en partie basse avec du ballast (souvent du gravier ou du béton), pour assurer la stabilité. Le truc intéressant avec la techno Spar, c'est qu'elle est hyper stable, même dans des mers agitées ou avec des vents assez dingues. Côté profondeur, c'est flexible mais efficace surtout au-delà de 100 mètres d'eau, là où l'éolien fixe devient compliqué à installer.
Dans la pratique, t'as par exemple le parc Hywind Scotland, situé au large de l'Écosse, qui utilise exactement ce type-là. Chaque turbine y repose sur une structure Spar qui fait environ 90 mètres sous la surface. Résultat : même lors des tempêtes plutôt violentes de l'hiver écossais, le parc tourne nickel.
Un point à ne pas négliger : le montage et l'installation. Le gros cylindre vertical est construit à terre, puis remorqué horizontalement jusqu'au site. Ensuite on le bascule verticalement en l'inondant progressivement de ballast. C'est une manip qu'on doit prévoir à l'avance parce qu'elle peut être délicate, mais une fois en place, la structure a besoin de très peu de maintenance sous-marine.
Bémol technique : comme c'est une structure profonde et élancée, ça limite parfois le choix des ports d'assemblage, à cause du tirant d'eau nécessaire pour le remorquage. Du coup, les emplacements qui permettent l'installation sont moins nombreux qu'avec d'autres technos flottantes, type semi-submersible.
La plateforme semi-submersible repose sur plusieurs grands flotteurs immergés à mi-hauteur, stabilisés par des ballasts. Comme elle a une surface de flottaison importante, elle offre une meilleure stabilité face aux vagues et aux vents forts, et permet aussi une installation plus simple. Concrètement, ça signifie des assemblages plus faciles à quai et moins d'opérations complexes en pleine mer, ce qui réduit les coûts d'installation et d'entretien.
Un exemple phare : le projet WindFloat Atlantic au large du Portugal. Mis en service en 2020, ses trois turbines de 8,4 MW chacune fournissent assez d'énergie propre pour approvisionner environ 60 000 foyers. Au niveau profondeur, c’est installable à partir d’environ 40 mètres et ça peut aller jusqu’à 150 mètres ou plus. Sa flexibilité lui permet d’être placée loin des côtes, là où les vents sont plus puissants, pour un meilleur rendement énergétique.
Cette technologie consiste à fixer une éolienne flottante sur une plateforme immergée stabilisée par des câbles en tension. Concrètement, la flottabilité de la structure pousse vers la surface, tandis que ces câbles appelés tendons la maintiennent fermement ancrée au fond marin. L'avantage ? Une stabilité optimale même en cas de vents violents ou de houle importante, avec moins de tangage et de roulis, ce qui limite l'usure des équipements mécaniques comme la turbine. Par contre, TLP est surtout adaptée pour des eaux moins profondes (généralement entre 50 et 120 m) à cause de contraintes techniques et économiques. À titre d'exemple, le projet Tetraspar, lancé en Norvège, explore précisément cette solution pour rendre la fabrication moins coûteuse en utilisant des éléments modulaires légers. Principale difficulté : ajuster précisément la tension constante dans les câbles d'ancrage, ce qui complexifie un peu l'installation et la maintenance par rapport à d'autres solutions flottantes.
Le principe de base d'un parc offshore flottant, c'est qu'il faut maintenir fermement la position tout en permettant à la plateforme de bouger légèrement avec les vagues. Le plus souvent, on utilise une combinaison de câbles et d'ancres spéciales implantées au fond marin, pour stabiliser tout ça.
Les systèmes d'ancrage les plus courants sont constitués d'ancres gravitaires, d'ancres à succion ou encore d'ancres à pieux. Chaque type a ses avantages : les ancres gravitaires, lourdes structures posées sur le fond marin, fonctionnent bien sur les sols mous, mais elles occupent beaucoup de place et demandent pas mal de ressources pour leur fabrication. Les ancres à succion, sortes de cylindres creux qu'on ancre par aspiration dans la vase, permettent une installation plus rapide et sont idéales dans les sols argileux profonds. Les ancres à pieux, quant à elles, sont enfoncées en profondeur à l'aide de marteaux pneumatiques sous-marins, efficaces sur des fonds marins plus durs.
Les câbles, appelés aussi lignes d'ancrage, sont souvent composés de chaînes lourdes ou alors, de plus en plus, de câbles mixtes hybrides faits d'acier et de matériaux synthétiques très résistants comme le polyester. Pourquoi hybrides ? Simplement parce que ça permet à la fois robustesse et flexibilité, et ça divise considérablement le poids total des systèmes d'ancrage.
Autre chose intéressante : pour transporter l'électricité produite par l’éolienne jusqu'à la côte, il faut des câbles sous-marins spécifiques. Des câbles haute-tension dynamiques, adaptés pour supporter le mouvement perpétuel dû aux vagues, relient l'éolienne à un câble statique posé sur le fond marin. Ces câbles dynamiques, très techniques, sont renforcés par plusieurs couches protectrices en acier et matériaux composites afin de résister à l'usure permanente et aux contraintes physiques comme la torsion ou la flexion due aux mouvements de la structure flottante.
Enfin, détail souvent oublié : entre ces câbles sous-marins haute tension dynamiques et les câbles fixes qui courent jusqu'à la terre ferme, il y a souvent une petite structure appelée joint de transition. Elle est importante car elle évite la rupture éventuelle du système électrique due aux contraintes mécaniques fréquentes dans cet environnement marin agité.
Contrairement aux turbines fixes limitées à une profondeur maximale d'environ 50 à 60 mètres, les éoliennes flottantes peuvent se trouver dans des eaux allant jusqu'à 1000 mètres ou plus. Résultat : on accède à des vents plus puissants et stables, souvent situés loin des côtes, donc moins sensibles aux perturbations terrestres. La vitesse moyenne du vent au large atteint souvent 9 à 12 mètres par seconde contre seulement 6 à 9 mètres par seconde pour l'offshore proche des côtes. À ces profondeurs, les installations flottantes engendrent des impacts réduits sur les récifs, les fonds marins et les écosystèmes sensibles, grâce à un ancrage simplifié : quelques câbles d'amarrage au lieu de lourdes fondations ancrées au sol. Et même économiquement, sur le long terme, les coûts de maintenance peuvent baisser : les structures flottantes se construisent à quai puis se remorquent en mer. Pas besoin de grues géantes en pleine mer, on évite les opérations coûteuses d'installation offshore. D'ailleurs, techniquement, la conception flottante permet des rotations pour optimiser l'angle des pales face au vent. Ça améliore non seulement la production mais aussi la durée de vie du matériel, car les éoliennes s'usent beaucoup moins en réduisant les contraintes mécaniques. Enfin, sur le plan visuel, les parcs flottants, souvent placés beaucoup plus loin des côtes (entre 20 et 200 km), réduisent les nuisances paysagères et les conflits d'usage des espaces maritimes côtier.
Profondeur maximale à laquelle peuvent être déployées les éoliennes flottantes
Première installation mondiale d'une éolienne offshore fixe au large du Danemark (Vindeby)
Installation du premier prototype d'éolienne offshore flottante Hywind par Equinor (anciennement Statoil) au large des côtes norvégiennes
Mise en service du prototype WindFloat au Portugal, démontrant la viabilité de la technologie semi-submersible
Inauguration du premier parc éolien offshore flottant commercial au monde : Hywind Scotland, situé au large des côtes écossaises
Installation des premières turbines du projet pilote WindFloat Atlantic, premier parc flottant semi-submersible au Portugal
Annonce officielle par la France de la construction du premier parc éolien flottant commercial français au large du sud de la Bretagne (projet pilote Groix-Belle-Île)
Le projet Hywind Scotland, situé au large de la côte d'Aberdeenshire, est le premier parc éolien offshore flottant commercial au monde, opérationnel depuis 2017. Mis en place par Equinor, une entreprise norvégienne spécialisée en énergie, ce parc comprend cinq turbines flottantes de 253 mètres de haut, dont environ 78 mètres émergent au-dessus de la surface de l'eau et 175 mètres se trouvent sous l'eau. Des géants flottants quoi !
Ces turbines sont installées à 25 km au large et produisent suffisamment d'électricité renouvelable pour alimenter environ 36 000 foyers écossais chaque année. Le parc a quand même atteint une impressionnante performance, avec un facteur de capacité moyen de 57,1 % dès sa première année d'exploitation, une belle prouesse par rapport à la plupart des parcs offshore conventionnels, souvent autour de 40-45 %.
Cette bonne efficacité s'explique par l'implantation dans une zone en mer avec des vents constants et plus forts, à des profondeurs de 95 à 120 mètres. Autre point intéressant : des câbles dynamiques sous-marins connectent les turbines à un système d'ancrage solide fixé au fond marin, garantissant stabilité et flexibilité face aux tempêtes.
Côté innovation, Equinor teste depuis 2021 un système de stockage d'énergie par batterie, appelé "Batwind", connecté directement au parc flottant. Grâce à ça, la gestion et la distribution d’électricité peuvent être mieux ajustées quand y a moins de vent. Une belle avancée technologique pour fiabiliser la production renouvelable en mer.
Et résultat concret, d'ailleurs : déjà à la mi-2021, Hywind Scotland avait permis d'éviter plus de 300 000 tonnes d'émissions de CO₂, en comparaison à un mix énergétique classique. Pas mal pour seulement cinq turbines, non ?
Ce parc, opérationnel depuis juillet 2020, est situé à environ 20 km au large de Viana do Castelo, au Portugal. Là-bas, ils utilisent une structure innovante appelée WindFloat (conçue par Principle Power), composée de trois flotteurs semi-submersibles assemblés en triangle, hyper stable, même par mer agitée. L'installation comprend 3 éoliennes géantes, de près de 8,4 MW chacune, fournies par MHI Vestas. Ensemble, elles ont la capacité de produire de l'électricité pour couvrir les besoins d'environ 60 000 foyers par an. Ce projet a validé la faisabilité technique et commerciale de la technologie flottante en eaux profondes (plus de 100 mètres dans ce cas précis). Ce qui est cool aussi, c'est qu'ils ont assemblé l'ensemble des éoliennes à quai (au port de Ferrol en Espagne), puis ils l’ont juste tiré par bateau jusqu'au lieu d'installation. Résultat, coûts et délais réduits, et moins de galère météo pour les équipes techniques sur place. Grâce à ce succès, WindFloat Atlantic est devenu un modèle concret pour d'autres projets flottants attendus prochainement un peu partout en Europe.
Plusieurs projets prometteurs sont en cours en France pour produire de l'éolien offshore flottant à grande échelle. Le projet EolMed, au large de Gruissan en Occitanie, prévoit la mise en service de trois éoliennes flottantes de 10 mégawatts chacune d'ici 2024, avec une capacité totale suffisante pour alimenter environ 50 000 foyers. Autre exemple concret : la ferme pilote Provence Grand Large, en Méditerranée au large de Fos-sur-Mer, avec ses trois éoliennes flottantes de 8,4 MW chacune, installées sur des plateformes semi-submersibles. Sa particularité technique réside dans ses câbles dynamiques innovants, capables d'accompagner les mouvements des plateformes sans risquer de se rompre. Mise en service prévue pour 2023.
La Bretagne n’est pas en reste non plus : le projet de Groix & Belle-Île, porté par EOLFI, vise à installer quatre turbines flottantes de 6 mégawatts chacune sur des plateformes semi-submersibles à ancrage innovant. Ce projet de démonstration permettra de tester à l’échelle réelle de nouvelles solutions techniques et environnementales applicables à plus grande échelle. Objectif : être opérationnel avant fin 2024, avec à terme des impacts positifs en termes d'emplois locaux et de retombées économiques pour la région.
La Norvège, leader européen de l'offshore flottant avec le parc Hywind Scotland, développé par Equinor dès 2017, montre que produire efficacement en haute mer, là où le vent est puissant, c'est du concret : ce parc affiche un facteur de charge moyen autour de 54 %, nettement supérieur aux éoliennes fixes. Ça donne confiance pour la suite.
De son côté, le Portugal mise gros sur le projet WindFloat Atlantic situé à près de 20 km des côtes de Viana do Castelo, un parc flottant totalement opérationnel depuis 2020 avec une capacité de 25 MW, alimentant environ 60 000 foyers. Bon exemple d'une techno mature qui peut être répliquée et étendue ailleurs.
Quant à la France, elle n'est pas à la traîne et accélère clairement : quatre projets pilotes sont à suivre particulièrement près des côtes bretonnes et méditerranéennes, notamment le projet EolMed en Méditerranée entre Gruissan et Port-la-Nouvelle et celui de Groix & Belle-Île au large du Morbihan. Objectif clair : pousser la puissance installée jusqu'à environ 750 MW d’ici 2030, ce qui représenterait une vraie filière industrielle locale avec emplois à la clé.
L'Écosse et la Norvège, elles, avancent vite sur l'idée de créer des hubs offshore intégrés où éoliennes flottantes, stockage énergétique (avec hydrogène vert) et réseau électrique continental fonctionnent ensemble, histoire de mieux gérer l'intermittence du vent. Si cette approche marche bien, elle pourrait très vite être copiée par d'autres pays européens pour booster leur indépendance énergétique.
Aux États-Unis, la Californie souffle clairement le vent en poupe du flottant. Vu la très grande profondeur de ses eaux, cette région est idéale pour développer de l'éolien offshore flottant. Un exemple concret : la zone maritime de Morro Bay, située à environ 30 km au large des côtes, pourrait accueillir jusqu'à 3 GW de capacité éolienne flottante, soit l'équivalent de 2 à 3 réacteurs nucléaires classiques. D'ailleurs, en décembre 2022, le gouvernement américain a mis aux enchères ses premières concessions maritimes dédiées à l'éolien flottant au large de la côte ouest, collectant environ 757 millions de dollars de recettes. Des acteurs comme Equinor, déjà bien rodés avec le parc flottant de Hywind en Écosse, ont remporté des contrats, preuve qu'ils voient un réel potentiel économique dans le coin. Plus au nord, le Maine teste activement le projet pilote New England Aqua Ventus, conçu autour d'une plateforme béton semi-submersible innovante développée par l'université du Maine. Certes modeste avec ses 12 MW prévus à court terme, cette initiative permet de tester les idées grandeur nature avant de passer à l'échelle industrielle et s'annonce prometteuse pour ouvrir la voie à des développements d'envergure sur toute la côte atlantique américaine. Côté Canada, c'est plus timide, mais à Terre-Neuve-et-Labrador, vu les conditions de vents particulièrement musclées, certains commencent sérieusement à lorgner vers des projets d'éolien flottant. Ça reste encore balbutiant, mais le potentiel énergétique est énorme à moyen terme.
Le Japon mise gros sur l'éolien flottant, avec par exemple la ferme pilote de Fukushima Forward, lancée après la catastrophe nucléaire de 2011. Ce projet expérimental a posé les bases d'une industrie japonaise désormais prête à accélérer. Le pays vise jusqu’à 10 GW d'éolien offshore, en grande partie flottant, à l’horizon 2030.
La Corée du Sud se lance aussi sérieusement, avec notamment le projet phare de Donghae 1, porté par Equinor et Korea National Oil Corporation. Objectif : atteindre une puissance installée d'au moins 200 MW d’ici quelques années, puis à terme plusieurs gigawatts au large d'Ulsan.
Taïwan commence à explorer l'éolien flottant pour s'affranchir des contraintes liées au fond marin autour de l'île. Le gouvernement pousse vers un mix équilibré offshore fixe/flottant à partir de 2026, et plusieurs compagnies internationales sont déjà sur les rangs.
Bref, dans cette région où les profondeurs augmentent vite en s’éloignant des côtes, l'éolien flottant peut clairement changer la donne.
Le saviez-vous ?
Le parc éolien flottant Hywind Scotland, installé au large de l'Écosse, a atteint en 2019 une production mensuelle moyenne équivalente à un facteur de capacité record de 57,1%—nettement supérieur à celui des parcs éoliens fixes européens qui oscillent en général autour de 35% à 45%.
La technologie éolienne offshore flottante permet d'accéder à des zones maritimes beaucoup plus profondes (au-delà de 50 mètres de profondeur), où l'éolien fixe traditionnel ne peut être installé, multipliant ainsi par trois ou quatre le potentiel d'énergie exploitable par rapport aux installations fixes.
Un seul tour complet d'une grande éolienne offshore moderne équipée d'une pale de 100 mètres de long permet de générer assez d'électricité pour alimenter une maison moyenne pendant une journée complète.
Grâce à des conceptions avancées d'ancrage, certaines plateformes flottantes semi-submersibles peuvent absorber efficacement les mouvements de vagues, permettant ainsi aux éoliennes offshore flottantes de résister aux conditions extrêmes telles que des vagues supérieures à 15 mètres de hauteur et des vents atteignant 50 mètres par seconde (180 km/h).
Si on entre dans le concret des chiffres, en moyenne sur son cycle de vie complet, l'éolien offshore flottant rejette autour de 12 à 30 grammes d'équivalent CO2 par kilowattheure produit (gCO2e/kWh). À titre de comparaison directe, on est à 800 à 1000 gCO2e/kWh pour le charbon et 350 à 500 gCO2e/kWh pour le gaz naturel. Même par rapport aux autres énergies renouvelables, ça reste compétitif : le solaire photovoltaïque se situe en moyenne entre 20 à 60 gCO2e/kWh, tandis que l'hydraulique tourne aux alentours de 5 à 30 gCO2e/kWh. Donc, clairement, l'éolien offshore flottant rivalise largement avec les autres solutions renouvelables, et bat à plate couture les combustibles fossiles.
D'où viennent ces émissions carbone, au juste ? Principalement de la production et du transport des matériaux (acier, béton, câbles), de la fabrication des turbines et surtout de l'installation en mer, qui mobilise des bateaux massifs à propulsion fossile. À l'inverse, pendant sa phase opérationnelle, le parc ne produit quasiment aucun rejet direct de GES, mis à part quelques émissions liées à la maintenance périodique.
Autre point concret intéressant : plusieurs études récentes estiment pouvoir réduire encore d'au moins 20 % ces émissions dans les quinze prochaines années — essentiellement grâce à des matériaux plus durables et une optimisation des opérations offshore (bateaux hybrides, maintenance par drones). En clair, une technologie déjà performante aujourd'hui pourrait devenir encore plus verte demain.
Les éoliennes offshore flottantes introduisent moins d'impacts directs sur les fonds marins que les structures fixes. Pas besoin de fondations bétonnées, donc moins de destruction d'habitats comme les récifs coralliens ou les herbiers marins. Par contre, les câbles d'ancrage, souvent constitués de chaînes ou de câbles synthétiques, peuvent interférer avec certaines espèces marines : des collisions ou des emmêlements sont possibles pour les gros mammifères marins ou les poissons migrateurs. Certaines études montrent une légère modification locale des habitudes de migration des baleines à bosse autour de ces parcs flottants, mais sans impact critique sur leur population jusqu'ici.
Autre aspect intrigant : ces structures flottantes peuvent agir comme des récifs artificiels, attirant biodiversité marine, petits poissons, invertébrés ou algues. Néanmoins, attention à ne pas y voir qu'un bénéfice : si ça attire certaines espèces, ça peut en éloigner d'autres sensibles au bruit et aux champs électromagnétiques émis notamment par les câbles électriques sous-marins.
Quant au bruit justement, il est moindre pendant l'installation par rapport à l'enfoncement de pieux dans le sol marin des modèles fixes. Mais en opération, le bruit continu des pales et des turbines peut perturber l'ouïe ultra-sensible d'espèces comme les marsouins communs ou certains dauphins sur le long terme.
Malgré tout, avec une implantation raisonnée, des adaptations des techniques d'ancrage et des modifications sur les équipements pour limiter les émissions sonores et électromagnétiques, le bilan écologique peut rester globalement positif, surtout comparé aux alternatives énergétiques fossiles qui ont un impact bien plus lourd sur le milieu marin.
L'éolien offshore flottant génère des emplois directs très variés et souvent non-délocalisables, de l'assemblage des plateformes sur les ports au suivi technique quotidien. Par exemple, pour le projet pilote WindFloat Atlantic au Portugal, environ 1 500 emplois directs et indirects ont été créés localement, avec une majorité liée aux activités portuaires et industrielles autour de Viana do Castelo. En France, le projet pilote du parc flottant de Groix-Belle-Île pourrait générer plus de 300 emplois locaux pendant les phases de construction et d'installation, en impliquant directement les entreprises du territoire breton spécialisées notamment dans les métiers de la métallurgie et des constructions navales.
À l'échelle nationale, la structuration d'une filière industrielle complète pour l'offshore flottant a un fort impact sur le développement économique. Des entreprises comme Naval Group ou Eiffage investissent massivement dans cette filière émergente, avec des répercussions positives sur les chaînes de fourniture et les PME implantées en région. Selon l'ADEME, la filière française de l'éolien offshore flottant pourrait atteindre une production annuelle dépassant les 5 milliards d’euros à l'horizon 2035, avec près de 12 000 emplois à la clé.
Au-delà des chiffres d'emploi, les régions côtières ciblées observent une revitalisation de leurs infrastructures portuaires, industrielles et logistiques en répondant aux besoins spécifiques de cette nouvelle activité, en particulier pour les quais d'assemblage et les navires de maintenance spécialisés.
Enfin, la fiscalité des installations offshore renforce aussi sensiblement l’assiette fiscale des communes littorales impliquées dans les projets, leur fournissant un soutien budgétaire conséquent utile à leur développement local.
Capacité totale des projets pilotes d'éolien flottant prévus en Europe d'ici 2025
Nombre de foyers européens pouvant être alimentés par un parc éolien flottant moyen
Réduction annuelle des émissions de CO2 permise par 1 MW d'énergie éolienne offshore
Part du coût d'installation représenté par la mise en place de fondations pour les éoliennes offshore fixes
Capacité installée d'éolien offshore prévue dans le monde d'ici 2025
Avantages | Éolien offshore fixe | Éolien offshore flottant |
---|---|---|
Adaptabilité au relief sous-marin | Limitée par la fixation au fond marin | Adapté aux fonds marins accidentés |
Résistance aux tempêtes | Moindre | Meilleure grâce à la mobilité |
Impact sur la pêche | Parfois contraignant | Peut être minimisé par la mobilité |
Surface occupée en mer | Importante | Réduite |
Dépendance à la profondeur de l'eau | Forte | Moindre |
Caractéristiques | Modèle classique | Modèle flottant |
---|---|---|
Profondeur de l'eau nécessaire | 20-50 mètres | 50-200 mètres |
Capacité énergétique | Moindre | Plus élevée |
Coût de maintenance | Élevé | Réduit |
Impact environnemental | Conséquent | Limité |
Mise en œuvre | Complexité | Simplicité |
Aire d'implantation | Limitée | Étendue |
Les éoliennes offshore flottantes demandent une attention spéciale côté fiabilité technologique. Elles fonctionnent en pleine mer sur des plateformes mobiles, donc le matos doit être ultra robuste pour encaisser vagues, vents forts et corrosion saline. Par exemple, sur le parc offshore flottant Hywind Scotland, on a intégré des capteurs intelligents qui surveillent en continu l'état des pales et des câbles immergés. Résultat, en cas de souci, l'équipe de maintenance intervient de manière préventive plutôt que réactive : moins de pannes inopinées, moins d'arrêts coûteux.
Côté maintenance, les opérations sont plus complexes qu'à terre (forcément !) et exigent des techniciens formés spécialement. Une pratique efficace, testée notamment par WindFloat Atlantic au Portugal, c'est d'utiliser des drones et robots sous-marins autonomes pour inspecter ancrages, câbles et structures, ce qui fait chuter les coûts d'entretien jusqu'à 30 %. Enfin pour une optimisation maximale, certaines équipes combinent l'inspection à distance (liée aux capteurs et caméras sur place) avec des jumeaux numériques (création d'une version virtuelle des éoliennes pour identifier les soucis avant qu'ils ne causent des dégâts réels). Ces approches permettent déjà aujourd'hui d'allonger la durée de vie prévue des équipement de plusieurs années.
Aujourd'hui, on chiffre le coût moyen du mégawatt-heure (MWh) d'éolien flottant entre 120 et 200 euros, sachant que les premiers projets pilotes dépassaient souvent les 250 euros/MWh. Ces coûts encore élevés s'expliquent par une fabrication complexe : les matériaux nécessaires aux plateformes flottantes doivent résister aux éléments marins, typiquement du béton renforcé ou des alliages métalliques adaptés en milieu marin, ce qui ne simplifie ni la production ni le transport.
Prends le cas du parc WindFloat Atlantic au Portugal : chaque turbine installée sur une plateforme flottante semi-submersible a coûté environ 30 millions d'euros, soit presque deux fois plus cher qu'une turbine offshore fixée au fond marin.
Pour que les coûts baissent vraiment, il faudra aussi améliorer la chaîne logistique : aujourd'hui, il n'y a que peu de ports capables d'accueillir la fabrication, l'assemblage et le remorquage de ces énormes structures flottantes. Créer ou adapter ces infrastructures portuaires représentera donc une dépense initiale importante.
Enfin, à mesure que les matériaux deviennent plus abordables, que les économies d'échelle s'intensifient et que les pratiques d'installation se rodent, le coût est clairement voué à descendre sous la barre des 100 euros/MWh à moyen terme. D'après l'étude réalisée en 2022 par l'ADEME en France, cette baisse devrait être effective dès 2030, à condition toutefois d'une vraie mise en place d'une filière industrielle structurée et d'investissements publics cohérents.
L'éolien flottant, c'est beau techniquement, mais il faut aussi réussir à convaincre les populations locales et autoriser ces projets niveau réglementation. Prenons la France par exemple : dans des régions comme la Bretagne ou l'Occitanie, les habitants craignent parfois une atteinte visuelle au paysage côtier ou un impact négatif sur la pêche locale. Des associations de pêcheurs ont déjà exprimé de sérieuses réserves, car les câbles sous-marins pourraient affecter certaines zones traditionnelles de pêche.
Côté réglementaire, la procédure d'autorisation peut durer des années. Rien qu'en France, l'obtention de permis, y compris l'étude d'impact environnemental et les consultations publiques, prend facilement 4 à 7 ans. C'est long, ça freine les investisseurs et les partenaires industriels. L'État essaie de simplifier ça, notamment depuis une loi de 2018 visant à réduire les délais des procédures, mais dans la pratique ça reste encore lent.
Un exemple intéressant : en Norvège avec le projet Hywind, ils ont réussi à obtenir plus facilement l'adhésion du public grâce à une démarche très transparente et participative tout au long du processus. Pourquoi ça marche ? Parce que quand les gens peuvent exprimer leurs doutes tôt dans le projet, la confiance monte d'un cran. Et puis, avouons-le, les norvégiens sont plus habitués aux infrastructures énergétiques offshore avec leur histoire pétrolière.
Donc, accepter cette techno flottante au large, ça ne dépend pas seulement de critères techniques ou économiques, mais vraiment d'une écoute sérieuse des territoires et d'un boulot administratif simplifié côté autorisations et réglementation.
Comme tout projet industriel offshore, l’éolien flottant peut entraîner des impacts potentiels sur les écosystèmes marins (bruit, mouvement des pales, interactions avec les oiseaux et mammifères marins). Néanmoins, les études environnementales menées jusqu'ici indiquent que ces impacts sont généralement limités et peuvent être fortement réduits grâce à une vigilance particulière lors du choix de l'emplacement, ainsi qu’à un suivi rigoureux des écosystèmes marins avant, pendant et après l’installation.
L'éolien offshore flottant permet de produire de l'énergie à partir de vents plus forts et constants en haute mer, de s'installer dans des zones plus profondes non accessibles aux éoliennes fixes, de réduire l'impact visuel depuis les côtés et potentiellement de limiter les conflits liés à l'utilisation de l'espace maritime côtier (pêche, tourisme, navigation). De plus, cette technologie a le potentiel de réduire progressivement ses coûts grâce aux améliorations technologiques et aux économies d'échelle.
L'éolien offshore fixe utilise des fondations fixées directement au fond marin et est généralement limité aux profondeurs inférieures à 50 mètres. À l'inverse, l'éolien offshore flottant emploie des plateformes flottantes reliées au fond par des câbles d'ancrage, permettant son installation dans des profondeurs bien plus importantes, souvent supérieures à 100 mètres, ouvrant ainsi l'accès à des zones maritimes plus éloignées des côtes et à des vents plus réguliers et puissants.
Les contraintes techniques majeures incluent la stabilité à long terme de la plateforme, la résistance aux conditions météorologiques extrêmes (vents puissants, vagues, corrosion due à l'eau salée), une connexion électrique sous-marine stable et une maintenance souvent complexe en raison de l'accessibilité réduite et de l'éloignement des côtes.
Oui, plusieurs installations pionnières existent aujourd’hui. Parmi les plus connues figurent Hywind Scotland, opérationnel depuis 2017 au large de l'Écosse, et WindFloat Atlantic, situé au large des côtes portugaises. Ces projets pilotes permettent de valider la fiabilité et la rentabilité du concept en conditions réelles.
La France dispose d'un potentiel considérable grâce à ses vastes façades maritimes et ses eaux profondes propices à l'installation de l'éolien flottant. Le développement de cette technologie y constitue une véritable opportunité pour atteindre les objectifs énergétiques et climatiques du pays, tout en renforçant son indépendance énergétique et en créant de nouvelles filières industrielles avec des emplois locaux à forte valeur ajoutée.
Actuellement, le coût de production de l'éolien flottant est plus élevé que celui des éoliennes offshore fixes ou terrestres. Selon l'ADEME (Agence de la Transition Écologique française), en 2022, le coût de l’énergie produite était estimé entre 120 et 150 euros le mégawatt-heure (€/MWh). Cependant, ces coûts devraient fortement diminuer d'ici 2030 grâce au développement technologique, à l’effet d’échelle, et au retour d'expérience résultant des projets pilotes menés à travers l'Europe et ailleurs dans le monde.
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