Les bienfaits sous-estimés des algues marines dans la lutte contre la pollution plastique

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Les bienfaits sous-estimés des algues marines dans la lutte contre la pollution plastique

Introduction

On le sait déjà, le plastique est partout. Des fonds des océans jusqu'aux zones les plus reculées du globe, on retrouve des déchets plastiques partout. On a beau entendre depuis des années les mêmes recommandations sur la réduction du plastique ou le recyclage, le problème continue pourtant de grandir. Chaque année, ce sont plusieurs millions de tonnes de plastique qui finissent dans nos mers et océans, mettant en danger les animaux marins, polluant les écosystèmes et entrant même dans la chaîne alimentaire humaine. Bref, pas vraiment fun comme constat.

Face à ça, on cherche des solutions un peu partout. Recycler, éviter le jetable, nettoyer les plages... c'est bien beau, mais c’est trop peu, trop lent, ou trop compliqué. Et si la réponse se trouvait juste en face de nous, dans un organisme qu'on connaît depuis toujours mais qu'on sous-estime constamment ? Je parle bien sûr des algues marines.

Les algues, on les imagine souvent comme ces trucs marron ou verts gluants et pas très glamour que l’on retrouve échoués sur les plages. Pourtant, elles sont bien plus que ça. Ces végétaux marins captent déjà naturellement de nombreuses substances présentes dans leur environnement. Ce qu'on découvre de plus en plus, et qui est franchement étonnant, c'est leur capacité à retenir et accumuler les particules de plastique en suspension dans l'eau. Oui, ces petites "plantes aquatiques" peuvent aider à nettoyer les océans.

Mais ça ne s’arrête pas là. Les algues peuvent aussi servir de base à la fabrication de matériaux alternatifs au plastique traditionnel. On peut créer, grâce à elles, des bioplastiques biodégradables, réduisant ainsi notre dépendance aux matières premières pétrolières et limitant le problème à la source. Du coup, peut-être que cette ressource naturelle sous-estimée représente une vraie clé, à la fois pour nettoyer un peu notre bazar et pour repenser nos matériaux de demain.

Voilà donc ce qu'on va essayer d’explorer ici : comprendre comment les algues, qu'on pensait si ordinaires, peuvent être des alliées indispensables pour lutter contre cette foutue pollution plastique. Dans cette page, on verra leurs capacités, ce qu'elles font actuellement pour l'environnement, et ce qu'elles pourraient surtout faire beaucoup plus si on prenait le temps (et les moyens) de les exploiter correctement. Car oui, parfois les solutions les plus simples sont juste sous nos yeux.

3 fois

L'augmentation attendue de la production mondiale de plastique d'ici 2050.

1,4 millions déchets

Nombre de déchets récoltés lors de la Journée mondiale du nettoyage en 2019.

1,5 fois croissance

La croissance du marché mondial des emballages durables entre 2019 et 2024.

4 milliards dollars

La valeur estimée du marché mondial des technologies de recyclage du plastique en 2021.

La pollution plastique : Contexte et ampleur du problème

Quelques chiffres clés sur la pollution plastique

Chaque année, ce sont près de 10 millions de tonnes de plastique qui finissent dans l'océan selon le PNUE (Programme des Nations Unies pour l'Environnement), soit l'équivalent d'un camion-benne toutes les minutes. Un rapport du WWF estime même qu'en moyenne, chaque humain ingère involontairement environ 5 grammes de plastique par semaine (la taille d'une carte de crédit !) à cause des microplastiques présents partout dans l'environnement. Et parmi tout le plastique produit mondialement depuis les années 1950, moins de 10 % ont été recyclés.

Selon une étude de Science Advances de 2017, la majorité des déchets en plastique proviennent d'un petit nombre de fleuves : environ 90 % du plastique océanique proviendrait d'à peine 10 grands cours d'eau, particulièrement situés en Asie et en Afrique.

Côté faune marine, les chiffres sont alarmants : l'UNESCO estime que plus de 100 000 mammifères marins meurent chaque année des suites directes de la pollution plastique (étouffement, ingestion accidentelle...). Les tortues sont particulièrement concernées : près de 52 % des tortues marines auraient déjà ingéré du plastique, selon une étude menée par l'Université du Queensland.

Enfin, une récente estimation montre que si rien n'est fait rapidement, le volume annuel de plastiques rejeté en mer pourrait dépasser les 29 millions de tonnes d'ici à 2040, selon une étude publiée dans Science en 2020.

Les principales sources de pollution plastique

Le gros du problème, c'est d'abord tout ce plastique à usage unique. Les emballages jetables comme les bouteilles d'eau, les sacs plastiques, les pailles ou les couverts qu’on balance après quelques minutes d’utilisation représentent environ 36 % des déchets plastiques produits mondialement chaque année.

Autre truc auquel on ne pense pas souvent : les filets et matériels de pêche perdus ou jetés en mer. Ce phénomène, appelé la pollution plastique fantôme ou ghost gear, constitue carrément jusqu'à 10 % du plastique qu'on retrouve dans les océans. Ces objets continuent de capturer la faune marine longtemps après avoir été abandonnés.

On a aussi l’industrie du textile, gros consommateur de matières synthétiques (polyester, nylon, acrylique...). À chaque lavage, tes fringues relâchent des microfibres plastiques qui passent tout droit à travers les filtres des stations d’épuration et finissent directement dans les cours d'eau et les océans. Pour info, une seule veste en polyester peut libérer jusqu’à 700 000 microfibres en un seul lavage !

Autre source qu’on néglige : les microplastiques primaires utilisés volontairement dans certains produits du quotidien. Ce sont les microbilles contenues dans certains gels douche, dentifrices ou exfoliants. Ces microbilles s’infiltrent facilement dans l'écosystème marin parce qu'elles sont trop fines pour être retenues par les systèmes de traitements des eaux.

Enfin, les pneus des voitures font plus de dégâts qu’on croit. L’usure des pneus sur les routes génère des tonnes de particules plastiques minuscules chaque année. Ces microplastiques ruissellent avec les eaux pluviales, passant par les canalisations et finissant directement dans les rivières, puis la mer. Rien qu'en Europe, environ 500 000 tonnes de particules issues des pneus finissent chaque année dans l’environnement marin.

Impact sur les écosystèmes marins

Chaque année, près de 1 million d'oiseaux marins et plus de 100 000 mammifères marins meurent à cause des déchets plastiques selon les Nations Unies. Quand un dauphin ou une tortue avale du plastique, ça bloque leur système digestif ou provoque des affections à cause des substances toxiques accumulées. Mais ce n'est pas juste une histoire d'ingestion directe. Des recherches montrent que les plastiques flottants transportent aussi des espèces invasives sur de très longues distances, bouleversant ainsi l'équilibre écologique d'écosystèmes marins fragiles.

Encore plus sournois : les microplastiques accumulent à leur surface des polluants chimiques comme les pesticides ou les hydrocarbures. Résultat, les organismes marins les consomment sans s'en rendre compte, et ces toxines remontent les chaînes alimentaires jusqu'aux poissons ou aux crustacés que nous mangeons. Une étude récente en Méditerranée a d'ailleurs trouvé des microplastiques dans 100 % des échantillons prélevés sur des moules sauvages. Pas vraiment rassurant pour notre assiette.

Et puis ce plastique, en se dégradant doucement au soleil, libère des substances comme le bisphénol A (BPA) ou les phtalates. Ces produits perturbent gravement les hormones de nombreux poissons, modifiant croissance, reproduction et même comportement. On parle ici de conséquences durables à grande échelle, capables de transformer complètement les dynamiques de populations entières dans les écosystèmes marins. Pas besoin d'être biologiste marin pour comprendre que ça sent mauvais pour les océans comme pour nous.

Les algues marines dans la lutte contre la pollution plastique
Type d'algue Mécanisme Exemple
Algues brunes Biopolymères dégradables comme alternative au plastique Alginate utilisé dans les emballages biodégradables
Algues rouges Phycoremédiation pour éliminer les contaminants Gracilaria pour absorber les métaux lourds dans l'eau
Algues vertes Source pour la production de bioplastiques Ulva (laitue de mer) utilisée pour créer un bio-plastique rigide
Microalgues Biocarburants réduisant la dépendance aux plastiques pétrochimiques Chlorella utilisée pour la production de biodiesel

Pourquoi les solutions actuelles sont insuffisantes

Limites du recyclage traditionnel

Le recyclage classique, ça marche bien avec certains plastiques comme les bouteilles PET, mais dès qu'on aborde d'autres matériaux, ben, ça coince. Exemple concret : les emballages multicouches (ceux des chips par exemple), composés de plastique, d'aluminium et d'autres résines, c'est la galère pure à recycler efficacement à cause des différents matériaux qui restent collés ensemble.

Autre souci, chaque fois que tu recycles une bouteille ou une barquette en plastique, tu diminues la qualité des polymères. Ça porte même un nom : le downcycling (ou recyclage vers le bas). Résultat : après deux ou trois cycles max, le plastique n'est plus bon qu'à finir en matériel de moindre qualité, genre moquette ou bac à fleurs, et après c'est direction poubelle ou incinérateur.

Et puis, économiquement parlant, il y a les coûts plutôt importants du tri, du transport et de la transformation des déchets plastiques. L'industrie du recyclage lutte constamment avec ces coûts, souvent pas vraiment compensés par les bénéfices obtenus de la revente du plastique recyclé. Résultat : dans les faits, une énorme partie du plastique récupéré finit par être tout simplement incinérée ou exportée à l'autre bout du monde.

Autre problème sous-estimé : la contamination croisée. Quand les plastiques sont mélangés ou souillés par des restes alimentaires, ça fait drastiquement chuter la qualité finale du matériau recyclé. Nettoyer ou séparer ces plastiques, c’est souvent juste trop complexe ou coûteux à faire concrètement, du coup, on ne le fait pas toujours.

Sans oublier tous ces microplastiques, ces particules minuscules souvent invisibles, qui échappent totalement aux techniques standard de recyclage. Et pourtant, c'est justement ces petits bouts qui fichent le plus le bazar dans les océans et les écosystèmes marins.

Bref, même si le recyclage reste utile, compter uniquement là-dessus ne nous mènera clairement pas bien loin.

Défis de la collecte des déchets plastiques en milieu marin

Nettoyer le plastique en pleine mer n'est pas juste une question de volonté. Même avec les meilleurs projets, on bute toujours sur la difficulté d'accéder aux microplastiques : ces minuscules morceaux inférieurs à 5 mm, dispersés partout dans les océans, passent entre les mailles de la plupart des filets et systèmes de collecte. Et ces petites particules représentent aujourd'hui la majorité de la pollution plastique océanique.

Un autre obstacle sérieux, c'est leur localisation. L'océan est immense, et les déchets plastiques se regroupent parfois dans des zones isolées et difficiles à atteindre. Par exemple, le fameux « continent plastique », situé au milieu du Pacifique nord, est cinq fois plus grand que la France et dérive à des milliers de kilomètres des côtes habitées. Cibler précisément ce type de zones demande beaucoup de ressources financières, techniques et logistiques.

Un souci concret, souvent oublié, est la question des dommages collatéraux sur la biodiversité marine. Certes, récupérer le plastique est vital, mais des techniques inadéquates risquent aussi d'emporter dans la foulée un tas d'organismes vivants. C'est particulièrement vrai pour les filets, les systèmes de chalutage ou les équipements d'aspiration, qui attrapent ou blessent accidentellement poissons, méduses, tortues... Ce phénomène appelé prises accessoires limite leur utilisation à grande échelle.

Dernier vrai défi à garder en tête : ces déchets plastiques âgés de plusieurs décennies peuvent couler vers le fond marin. Le problème, c'est que presque aucune technologie n'est aujourd'hui capable de ramasser le plastique enfoui dans les profondeurs abyssales, parfois à plus de 4 000 mètres sous la surface. Jusqu'à présent, difficile donc de récupérer proprement tout ça sans provoquer d'importants dégâts sur les précieux habitats des fonds marins.

Critique des approches conventionnelles actuelles

Les méthodes actuelles de lutte contre la pollution plastique se concentrent surtout sur ramasser les plastiques visibles ou imposer un recyclage traditionnel. Mais ces approches ont des failles. D'abord, les opérations de nettoyage des plages et océans oublient souvent les microplastiques invisibles à l'œil nu, qui représentent plus de 90 % des déchets plastiques marins en termes de nombre de particules. Résultat, même après une opération massive de nettoyage, beaucoup de ces minuscules particules restent.

Le recyclage mécanique classique présente aussi des limites sérieuses. Une étude européenne de 2019 indique que seulement 30 % des emballages en plastique collectés sont réellement recyclés dans l'UE, l'essentiel finit incinéré ou enfoui. Pourquoi ? Parce que de nombreux plastiques se retrouvent contaminés, mélangés à d'autres substances ou simplement non recyclables, limitant fortement leur potentiel de réutilisation.

De plus, les approches actuelles ne traitent pas le problème à la source. On continue à produire en masse, sans vraiment contrôler la consommation à outrance ni proposer de réelles alternatives aux matériaux plastiques classiques. Et même lorsqu'on utilise des matériaux alternatifs, beaucoup restent issus d'agricultures intensives (comme le maïs), posant d'autres soucis environnementaux, notamment la consommation élevée d'eau et des pesticides.

Enfin, les projets actuels coûtent cher et exigent beaucoup de main-d'œuvre, ce qui les rend difficilement généralisables à grande échelle. Les systèmes de récupération flottants ou de barrière passive comme celui du projet Ocean Cleanup montrent aussi leurs limites techniques : ils peinent à capturer efficacement les petits déchets et risquent d'impacter négativement la faune marine, comme l'ont montré des observations effectuées dans le Pacifique Nord.

Les bienfaits sous-estimés des algues marines dans la lutte contre la pollution plastique
Pollution : Microplastiques

9 %

Pourcentage de plastique recyclé dans le monde.

Dates clés

  • 1950

    1950

    Début de la production industrielle massive de plastiques synthétiques à grande échelle, marquant le début de la pollution plastique généralisée.

  • 1972

    1972

    Première conférence internationale sur l'environnement à Stockholm, alertant officiellement sur les problèmes écologiques, dont la pollution marine.

  • 1997

    1997

    Découverte scientifique majeure sur les accumulations massives de déchets plastiques dans l'océan Pacifique, nommées plus tard 'îles de plastique'.

  • 2008

    2008

    Première initiative reconnue officiellement utilisant des algues marines pour capturer des contaminants plastiques dans l'eau, concept exploré par plusieurs équipes scientifiques internationales.

  • 2015

    2015

    Signature des Objectifs de Développement Durable par l'ONU, incluant l'objectif d'une gestion durable des océans et la lutte contre la pollution marine via des solutions innovantes comme l'utilisation des algues.

  • 2018

    2018

    Lancement en Indonésie d'un projet expérimental innovant utilisant des algues pour développer des bioplastiques biodégradables en remplacement des emballages plastiques conventionnels.

  • 2021

    2021

    L'Union Européenne officialise son soutien à des programmes de recherche notamment destinés à explorer l'utilisation des algues comme outils naturels de dépollution plastique.

Les algues marines : présentation de ces organismes remarquables

Diversité et caractéristiques des algues marines

On trouve grosso modo trois grands groupes d’algues marines : les algues rouges (Rhodophytes), les algues brunes (Phéophycées) et les algues vertes (Chlorophytes). Chacune a ses préférences : les rouges s’épanouissent dans les profondeurs (jusqu’à environ 250 mètres !), car leurs pigments captent mieux les faibles lumières. Les brunes tiennent plutôt aux milieux tempérés et froids, où elles forment carrément de véritables forêts aquatiques, comme les forêts de kelp au large des côtes californiennes. Les vertes, elles, préfèrent généralement les zones moins profondes closer à la surface, particulièrement riches en nutriments, où elles captent efficacement la lumière pour grandir vite.

Un détail fascinant côté algues brunes : elles possèdent des petits flotteurs remplis d'air—les pneumatocystes—qui leur permettent de se dresser vers le haut et de se maintenir à la verticale malgré les courants. Astucieux non ?

Côté diversité, c’est impressionnant. Il existe environ 10 000 à 12 000 espèces d'algues rouges recensées, environ 2 000 espèces de brunes, et plus ou moins 7 000 espèces d'algues vertes connues. Certaines sont microscopiques, comme les micro-algues planctoniques, tandis que d'autres, comme les Macrocystis pyrifera (un type de kelp), dépassent volontiers les 50 mètres de long. Ces espèces géantes poussent tellement vite—parfois jusqu’à 50 cm par jour—qu’on dirait presque qu’elles grandissent à vue d'œil.

Les algues marines possèdent aussi une grande variété de molécules étonnantes : carraghénanes, agars, alginates—ces composés spécifiques aux algues jouent des rôles clés en médecine, dans l'alimentation ou encore en cosmétique, grâce à leurs propriétés épaississantes ou stabilisantes uniques. Certaines algues—comme la Palmaria palmata (appelée dulse)—sont même riches en protéines, vitamines et minéraux, devenant ainsi de véritables superaliments !

Écosystèmes dominés par les algues : rôles écologiques

Certains écosystèmes comme les forêts de kelp sont de véritables poumons marins. Ces grandes algues brunes créent des habitats complexes, accueillant jusqu'à 800 espèces différentes sur une seule zone forestière. Un hectare de kelp peut produire autant d'oxygène qu'un hectare de forêt terrestre mature—pas mal pour une algue, non ?

Ces milieux servent aussi concrètement de nurseries naturelles pour poissons et invertébrés. Par exemple, les jeunes cabillauds ou homards viennent s'y réfugier du prédateur qui rôde. En capturant les sédiments et en ralentissant les courants, les algues limitent la turbidité des eaux côtières, ce qui est essentiel pour le développement des coraux voisins.

Autre fait cool : en absorbant énormément de CO₂ via la photosynthèse, ces algues agissent en véritables pièges à carbone. Une seule forêt d’algues peut stocker jusqu’à 20 fois plus de carbone par hectare qu'une forêt terrestre tempérée traditionnelle.

Certaines algues rouges produisent même des composés naturels qui repoussent certaines bactéries nocives, contribuant ainsi à l'assainissement naturel de l'eau. Quant aux espèces dérivant librement comme les sargasses, elles jouent un rôle clé en haute mer : refuges flottants, corridors écologiques et sources d’alimentation pour tortues, poissons et oiseaux marins.

Le saviez-vous ?

En plus d'aider à lutter contre la pollution plastique, certaines algues ont la capacité naturelle de séquestrer le CO₂ atmosphérique. Ainsi, leur culture à grande échelle pourrait contribuer à réduire simultanément la pollution plastique et à atténuer les effets du changement climatique.

On estime qu'environ 80 % des déchets plastiques retrouvés en mer proviennent directement d'activités terrestres. Agir à la source constitue donc une priorité pour freiner efficacement ce fléau environnemental.

Certaines algues marines poussent jusqu'à 60 cm en une seule journée, ce qui en fait l'un des organismes à la croissance la plus rapide au monde. Cette capacité extraordinaire leur permet d'être très efficaces dans la captation et l'absorption de divers polluants marins, y compris le plastique.

Saviez-vous que les bioplastiques à base d'algues se décomposent souvent en quelques mois seulement ? En comparaison, un sac plastique traditionnel peut mettre de 20 à 500 ans à se dégrader complètement dans l'environnement marin.

Comment les algues marines absorbent et accumulent le plastique

Mécanismes biologiques de capture des particules plastiques

Les algues marines capturent les particules plastiques principalement grâce à une couche visqueuse appelée mucilage. Ce mucus, produit naturellement par certaines espèces comme les algues brunes (Fucus ou Laminaria par exemple), agit comme une sorte de colle biologique. Des minuscules morceaux de plastique, appelés microplastiques, restent collés à cette substance gluante. Autre truc fascinant : certaines algues présentent en surface des petits poils microscopiques, les trichomes, qui piègent encore plus facilement ces plastiques à la dérive.

Une fois capturées, ces particules plastiques peuvent être intégrées dans les tissus de l'algue au fur et à mesure de sa croissance. Concrètement, les algues "absorbent" littéralement le plastique dans leurs structures cellulaires. Certains scientifiques pensent même qu'une partie des plastiques peut pénétrer dans les cellules elles-mêmes, mais des recherches supplémentaires sont nécessaires sur ce point précis.

Petite particularité intéressante : les biofilms formés par les algues offrent également un habitat idéal où se développent naturellement des bactéries spécialisées capables de dégrader le plastique. Donc non seulement les algues piègent ces déchets, mais elles créent aussi un environnement favorable pour leur décomposition naturelle, même si ce processus reste lent et limité.

En gros, les algues reposent sur deux grandes stratégies : un piège mécanique noueux (mucilage et petits poils), et l'hébergement de micro-organismes capables d'attaquer chimiquement le plastique. Ces mécanismes simples mais ultra efficaces attirent aujourd'hui beaucoup l'attention des chercheurs.

Types de plastiques concernés par l'absorption algale

Les algues marines capturent surtout les microplastiques et les nanoplastiques, ces minuscules morceaux inférieurs à 5 millimètres, qui polluent incognito nos océans. Parmi eux, on retrouve principalement le polyéthylène (PE), utilisé dans les sacs et emballages plastiques, ainsi que les fameuses bouteilles en polyéthylène téréphtalate (PET). Elles absorbent également le polypropylène (PP), courant dans les bouchons de bouteilles ou les contenants alimentaires réutilisables. Et attention, elles ne s’arrêtent pas là : certaines algues captent même des particules de polystyrène expansé (EPS) — tu sais, cette matière blanche et légère présente dans les emballages protecteurs. C’est prouvé scientifiquement : des études récentes montrent que l'algue brune Fucus vesiculosus, très répandue en Europe, accumule une quantité impressionnante de microplastiques de PE et PET à sa surface et dans ses tissus. On a aussi observé chez la microalgue Chlorella pyrenoidosa une forte capacité d’adsorption des minuscules particules plastiques grâce à ses propriétés de surface spécifiques. Bref, ces organismes visent large et ciblent précisément les plastiques qui nous embêtent le plus au quotidien.

20 % de croissance annuelle

Taux de croissance attendu du marché mondial des bioplastiques d'ici 2025.

2,7 milliards dollars

Valeur marchande du marché mondial des algues marines en 2020.

300 millions tonnes

Estimation de la masse totale de plastique produite dans le monde chaque année.

80% plastique

Pourcentage de la pollution marine qui est constituée de déchets plastiques.

8 millions tonnes

La quantité de plastique déversée dans les océans chaque année.

Type d'algue Bienfait Méthode Exemple d'application
Algues brunes (par exemple, kelp) Biodégradation de plastiques Utilisation d'enzymes produits par les algues Recherche sur la dégradation des plastiques PE et PP
Algues rouges (par exemple, Gelidium) Fabrication de bioplastiques Extraction d'agar pour créer des matériaux biodégradables Emballages alimentaires biodégradables
Microalgues (par exemple, Spirulina) Absorption de microplastiques Filtration de l'eau contaminée par des microplastiques Études sur la purification de l'eau

Applications actuelles et potentielles des algues dans la dépollution marine

Exemples concrets de nettoyage d'océans par algues

Aux Pays-Bas, le projet Seaweed for Blue Life utilise des fermes flottantes d'algues pour piéger les microplastiques naturellement. Ils placent des radeaux couverts d'algues brunes (Saccharina latissima) aux embouchures des fleuves, là où les plastiques arrivent en masse. Les algues capturent les particules, puis sont retirées et utilisées comme biomasse pour fabriquer des bioplastiques et engrais naturels.

Autre exemple sympa : au Chili, la startup Algramo expérimente depuis 2021 des bouées spécialisées remplies d'algues rouges (Gracilaria chilensis). Placées stratégiquement près des côtes et des baies polluées, ces bouées piègent le plastique tout en oxygénant l'eau autour. Ensuite, les algues sont récoltées pour produire des emballages compostables.

Aussi intriguant, en Californie, le laboratoire Ocean Wise Research Institute s'intéresse aux forêts de kelp. Là-bas, ils étudient comment ces immenses forêts sous-marines d'algues brunes (comme Macrocystis pyrifera) agissent naturellement comme véritables pièges à plastiques. Ces études montrent que ces forêts retiennent efficacement les plastiques flottants et limitent fortement leur dérive vers le large.

Enfin, en Indonésie, l’initiative Evoware mise sur la culture intense d’algues pour nettoyer les eaux côtières très polluées, et réutilise ensuite ces algues pour concevoir des produits biodégradables—vraiment utile et circulaire !

Initiatives et programmes internationaux en cours

Le rôle de l’Union Européenne

L'Union Européenne finance plusieurs initiatives concrètes sur l'exploitation des algues pour lutter contre la pollution plastique marine. Par exemple, le projet BIOSEA lancé en 2017 implique plusieurs pays membres (France, Espagne, Pays-Bas) et vise à tester des algues comme matière première pour fabriquer des emballages biodégradables, capables de remplacer à terme certains plastiques conventionnels. Autre exemple : le programme GoJelly, soutenu également par l'UE depuis 2018, travaille spécifiquement sur les propriétés gélifiantes des algues et méduses pour capturer les microplastiques présents dans les eaux usées avant qu'ils n'atteignent l'océan. Concrètement ça veut dire quoi ? Que l'Europe ne finance pas juste les belles promesses mais directement des expériences terrain, des labos et des entreprises qui mettent déjà au point des solutions à partir des algues. Des fonds européens existent pour ce type de projets environnementaux concrets, notamment via le programme Horizon 2020 puis Horizon Europe aujourd'hui.

Actions volontaires dans le Pacifique

Dans le Pacifique, plusieurs projets de bénévoles utilisent les algues marines pour nettoyer les littoraux pollués. Un exemple sympa : l'initiative Seaweed Rescue Project aux Fidji, pilotée par des communautés locales avec le soutien d'ONG. Concrètement, ces bénévoles cultivent des algues spécifiques (Caulerpa et Sargassum) près des récifs coralliens, pour piéger et récupérer les microplastiques. Puis, les algues chargées de plastique sont récoltées, séchées et transformées en compost ou en matériaux de construction légers. Autre exemple, en Nouvelle-Calédonie, le collectif Pacific Beachcombers s'appuie sur des techniques faites maison, installant des barrières végétales dérivées d'algues pour stopper efficacement le plastique. Résultat : un nettoyage coûtant presque rien, accessible à tous, et facilement reproductible sur d'autres îles. Ces méthodes pratiques permettent aussi aux habitants de formuler des initiatives micro-locales efficaces sans attendre le feu vert des institutions officielles ou d'énormes budgets de fonctionnement.

L'utilisation des algues pour développer de nouveaux matériaux biodégradables

Bioplastiques à base d’algues

Les algues marines sont devenues une source hyper prometteuse pour créer des bioplastiques innovants, capables de remplacer concrètement les matériaux synthétiques classiques. Parmi les espèces particulièrement efficaces, le Laminaria japonica ou kombu permet par exemple d'obtenir des plastiques résistants et rapidement biodégradables. Comment ça marche ? En extrayant les polysaccharides des algues, comme l'alginate, on obtient une matière première naturelle idéale pour réaliser films d'emballage, sachets alimentaires ou capsules solubles.

Les bioplastiques produits grâce aux algues présentent aussi l'avantage essentiel de se dégrader vite. Alors qu'un sac plastique traditionnel met environ 450 ans à disparaître en milieu marin, une alternative algale peut complètement se décomposer en quelques semaines seulement. Bonus : en grandissant, les algues captent aussi le CO2, donc double bénéfice écologique.

Autre point fort méconnu : ces plastiques biodégradables issus des algues ne nécessitent pas de terres agricoles ni d'eau douce, contrairement aux alternatives courantes à base de maïs ou de pomme de terre. Ça évite donc la compétition entre culture alimentaire et production de bioplastiques. Côté innovation, des startups françaises comme Algopack ou Eranova fabriquent aujourd'hui ces plastiques nouvelle-génération à l'échelle industrielle : Algopack par exemple produit déjà des contenants, barquettes alimentaires et même des montures de lunettes 100 % algales.

Certes, il reste des défis techniques et industriels à régler côté coût et performances mécaniques. Mais très clairement, les bioplastiques d'algues font partie des solutions crédibles pour réduire vraiment la pollution plastique en mer.

Comparaison avec les alternatives agricoles traditionnelles

Les algues sont des championnes en matière d'utilisation de l'espace : elles poussent vite, sans monopoliser des terres agricoles utiles à l'alimentation, contrairement aux solutions à base de maïs ou de pomme de terre. Produire des bioplastiques à partir d'algues demande environ dix fois moins d'eau douce que la plupart des cultures terrestres utilisées traditionnellement. Ça veut dire qu'on économise sérieusement une ressource déjà sous tension. Et niveau rendement, les algues marines peuvent produire jusqu'à 30 tonnes de biomasse par hectare par an, alors que le maïs plafonne généralement autour de 8 à 10 tonnes. Un sacré avantage. Autre atout sympa : pas besoin d'engrais chimiques polluants, puisque les algues captent naturellement les nutriments présents dans l'eau. Cultiver les algues ne provoque donc pas les fameuses marées vertes comme l'agriculture terrestre intensive. Pas cool, les marées vertes. Enfin, l'exploitation des algues ne nécessite pas la déforestation d'espaces naturels, contrairement par exemple à la plantation massive de palmiers à huile pour certains bioplastiques. Donc concrètement, miser sur les algues marines, c'est choisir une production plus responsable, plus rentable et plus respectueuse des ressources naturelles.

Intégration des algues aux systèmes technologiques de recyclage avancés

L'idée, c'est de combiner les propriétés exceptionnelles des algues avec des technologies avancées pour gérer le plastique une fois qu'il est capturé. Des systèmes expérimentaux intelligents intègrent les algues directement dans des installations de traitement des déchets, en utilisant leurs capacités naturelles à récolter les particules plastiques présentes dans l'eau. Des sortes de filtres biologiques, en gros.

Certaines startups, par exemple, mettent au point des réservoirs dotés de cultures d'algues pour nettoyer l'eau usée industrielle et municipale avant d'en extraire les plastiques capturés. Ils récupèrent ensuite le plastique accumulé pour le retraiter dans des cycles classiques de recyclage. Ça marche aussi bien pour les macroplastiques visibles que pour ces minuscules microplastiques qui posent plein de soucis.

Avec des procédés spécifiques, on arrive même à intégrer directement les algues chargées de plastique dans des procédés de valorisation énergétique, comme la méthanisation. Résultat : les déchets deviennent source d'énergie, tout en dépolluant les océans. Double avantage, donc.

Côté recherche, pas mal de scientifiques bossent actuellement sur des modèles de systèmes fermés ("bioreacteurs") qui maximisent la capture de plastique par les algues. Derrière, des capteurs numériques analysent en permanence les taux d'absorption pour optimiser les performances.

Ces technologies combinées pourraient vraiment changer la donne, à condition de les déployer à grande échelle. Alors oui, c'est ambitieux, mais franchement prometteur.

Foire aux questions (FAQ)

L'exploitation industrielle des algues pour lutter contre la pollution plastique se heurte encore à certains défis tels que l'échelle de production, les coûts économiques associés, les problématiques liées à l'impact environnemental potentiel sur les écosystèmes marins, ainsi que certains obstacles réglementaires et techniques.

Oui, il existe plusieurs initiatives innovantes qui ont permis de développer des bioplastiques biodégradables à base d'algues marines. Ces produits comprennent par exemple des emballages alimentaires, des pailles ou même des sachets compostables destinés à remplacer les plastiques à usage unique habituels.

Lorsque les algues absorbent et accumulent des particules plastiques toxiques, il est en effet nécessaire de veiller à ce qu'elles soient manipulées ou retraitées de manière sécurisée. Les algues chargées de polluants ne doivent pas être réintroduites directement dans la chaîne alimentaire humaine ou animale sans avoir été préalablement traitées ou transformées par des procédés spécialisés.

Oui, certaines espèces d'algues marines ont démontré leur capacité à absorber et accumuler des particules plastiques, notamment des microplastiques, à travers leurs structures biologiques spécifiques comme leur surface collante et leurs filaments microscopiques. Toutefois, l'efficacité d'absorption varie d'une espèce à l'autre et dépend du type de plastique concerné.

Même si l'usage d'algues marines pour absorber du plastique est globalement positif écologiquement, une culture massive d'algues à des fins dépolluantes pourrait néanmoins entraîner des déséquilibres écologiques locaux, comme une modification de l'oxygénation de certaines zones marines ou une concurrence excessive avec d'autres organismes marins. Il est donc important de bien encadrer ces pratiques.

Vous pouvez soutenir des marques ou produits utilisant des matériaux à base d'algues comme alternative au plastique traditionnel, encourager les initiatives locales de dépollution marine incluant des techniques à base d'algues, ou encore sensibiliser votre entourage sur les solutions innovantes offertes par les algues marines pour combattre la pollution plastique.

Les plastiques à usage unique représentent environ la moitié des 400 millions de tonnes de plastique produites chaque année dans le monde. Une grande partie de ce volume finit malheureusement dans les océans, entraînant des impacts notables sur les écosystèmes marins et la biodiversité.

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