Épuisement des ressources marinesLes enjeux de la pêche illégale

18 minutes de lecture
Épuisement des ressources marines : les enjeux de la pêche illégale

Introduction

Nos océans, c'est un peu comme un compte en banque qu'on croit sans fin. On pioche dedans depuis toujours, convaincus qu'il y aura toujours assez de poissons pour tout le monde. Sauf que voilà, aujourd'hui, on commence à voir le fond du tiroir. Nos ressources marines s'épuisent et la principale responsable, c'est la pêche illégale.

La pêche illégale, c'est pas simplement quelques bateaux cachés dans un coin sombre. C'est un méga problème mondial, qui contourne les règles, vide les océans, détruit les écosystèmes et met en péril la sécurité alimentaire d'une bonne partie de la planète. Quand certains jouent aux pirates modernes en haute mer, c'est tout le monde qui en paie la facture.

L'impact est énorme. Chaque année, on estime que cette pêche clandestine représente environ 20% à 30% des captures mondiales, soit des milliards d'euros perdus pour les pêcheurs honnêtes, sans compter les dégâts sur la biodiversité marine.

Cette page, c'est justement pour parler de ce problème : comment on en est arrivé là, qui trinque vraiment, et surtout, quelles solutions concrètes existent aujourd'hui. Parce que continuer sans rien changer, c'est aller droit dans le mur marin.

30%

Environ 30% des stocks de poissons sont surexploités, voire épuisés, dans le monde.

23 Md $

La valeur économique annuelle de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée.

8 millions de tonnes en tonnes

Quantité estimée de poissons capturés illégalement chaque année.

20 Md $ en dollars

Pertes économiques annuelles dues à la pêche illégale, non déclarée et non réglementée.

Les ressources marines : une richesse en danger

L'état des stocks marins actuels

Aujourd'hui, environ 34 % des stocks marins mondiaux sont exploités de manière excessive, au-delà de leur capacité à se régénérer durablement. Ça signifie clairement qu'ils risquent de disparaître si la tendance ne change pas rapidement. Le thon rouge de l'Atlantique, victime de la surpêche depuis des décennies, a déjà perdu près de 80 % de sa biomasse adulte. Au niveau mondial, certaines espèces comme le cabillaud de la mer du Nord et l'anchois du Pérou ont subi des effondrements spectaculaires depuis les années 1970, avec des chutes enregistrées de plus de 70 % en quelques décennies à peine. Dans le Pacifique, la situation des requins marteaux est réellement préoccupante : les populations ont fondu de 90 % au cours des dernières années. Côté Méditerranée, ce n'est guère mieux. Cette mer semi-fermée présente un taux inquiétant : environ 75 % de ses stocks évalués sont considérés comme surexploités. Clairement, les niveaux actuels de pêche ne sont pas soutenables, et le rythme naturel de régénération des espèces ne suffit pas du tout à compenser les prélèvements effectués.

Les régions les plus touchées par la raréfaction des ressources

L'Afrique de l'Ouest, notamment les côtes du Sénégal et de la Mauritanie, voit ses stocks halieutiques fondre à vitesse express, surtout côté sardinelles et merlus. Là-bas, les pêcheurs locaux tirent la sonnette d'alarme depuis quelques années à cause des flottes industrielles étrangères qui ne respectent pas toujours les règles du jeu.

L'Asie du Sud-Est, surtout en mer de Chine méridionale, voit ses réserves de poissons tomber dangereusement, avec presque 95% des espèces commerciales confrontées à une surpêche selon plusieurs études récentes. Le triangle de Corail, une des régions les plus riches du globe en biodiversité marine, souffre du pillage systématique par des navires pirates, mettant en péril tout l'écosystème.

Côté Pacifique Sud, des îles comme les Fidji ou Tonga ont récemment constaté une baisse importante des prises de thon. Les navires illégaux viennent surtout d'Asie et profitent du manque de patrouilles et de surveillance efficace.

Enfin, en Amérique Latine, notamment du côté du Pérou et de l'Équateur, la pêche illégale vide les océans : la célèbre réserve marine des Galápagos à elle seule détecte régulièrement des flottes étrangères tentant de siphonner les ressources marines protégées, spécialement les requins et calmars géants.

Espèces touchées Régions concernées Conséquences
Thon rouge Océan Atlantique, Mer Méditerranée Diminution des populations, déséquilibre écologique
Requin Monde entier, particulièrement en Asie Menace sur plusieurs espèces de requins, impact sur la chaîne alimentaire marine
La morue Mer du Nord, Océan Atlantique Nord-Ouest Chute drastique des stocks, restrictions de pêche imposées

Les conséquences de la pêche illégale

Impact sur les écosystèmes marins

Déséquilibre des chaînes alimentaires

Lorsqu'on pêche massivement certaines espèces, ça dérègle complètement les interactions naturelles entre poissons. Par exemple, la surpêche du thon rouge en Méditerranée a fortement réduit sa population, permettant ainsi à ses proies comme les méduses de prospérer sans limite. Résultat ? On voit des explosions importantes de méduses sur les plages en été.

Autre illustration concrète : la disparition de grands prédateurs comme les requins ou le mérou géant sur certaines côtes coralliennes conduit à une surpopulation de poissons herbivores qui, à court terme, surconsomment les algues essentielles à la survie des récifs coralliens. Du coup, les récifs dépérissent et toute la biodiversité locale s'écroule. Protéger strictement certains prédateurs clés permet donc directement de maintenir la santé de ces écosystèmes.

Il est clair que cibler les espèces au sommet de la chaîne alimentaire déclenche des effets en cascade qui bouleversent complètement les écosystèmes marins, souvent avec des conséquences lourdes, irréversibles et plutôt inattendues.

Espèces menacées d'extinction

La pêche illégale pousse certaines espèces marines vers une extinction rapide. Le thon rouge de l'Atlantique, par exemple, a perdu 85 % de sa population adulte depuis les années 1970, à cause d'un marché noir lucratif au Japon, où ce poisson peut se vendre à des prix énormes sur les marchés clandestins. Même problème avec le requin-taupe commun, ciblé par les pêcheurs illégaux pour ses ailerons, appréciés en soupe en Asie : ses effectifs ont chuté de plus de 70 % en Atlantique Nord depuis un demi-siècle. Moins connu, l'esturgeon Béluga, recherché pour ses précieux œufs de caviar, voit sa population quasiment décimée en mer Caspienne, principalement à cause du braconnage. Pour agir concrètement contre ces pratiques, chacun peut favoriser la pêche durable en achetant uniquement des produits marins labellisés (MSC, pêche durable) et éviter de consommer des espèces menacées, en se tenant informé via des applis comme Seafood Watch.

Conséquences économiques

Pertes économiques directes pour les pêcheurs légaux

Une tonne de poisson pêchée illégalement, c'est souvent une tonne vendue moins chère sur le marché, faisant chuter direct les prix pour les pêcheurs légaux. En Afrique de l'Ouest, par exemple, la pêche illégale coûte chaque année environ 2,3 milliards de dollars US aux pêcheurs habilités. Plus proche de nous, en Europe, les pertes se montent à plusieurs centaines de millions d'euros chaque année. Sur les marchés locaux, les produits issus de la pêche pirate rendent quasiment impossible la vente à un prix juste pour les pêcheurs honnêtes. Certains pêcheurs espagnols et italiens rapportent des pertes de revenus atteignant parfois jusqu'à 20% voire 30% du fait de la concurrence déloyale. Ça signifie concrètement moins d’investissement dans du matos sûr, moins de main-d'œuvre embauchée, et des difficultés énormes à rembourser des crédits déjà contractés pour renouveler leurs flottes. Résultat, les pêcheurs réglo se retrouvent souvent pris à la gorge, avec une vraie menace sur leur survie économique à moyen terme.

Effets indirects sur les économies régionales

La pêche illégale ne touche pas seulement les pêcheurs. Tu prends une zone côtière—un coin comme l'Afrique de l'Ouest par exemple—où les poissons disparaissent à cause du braconnage marin. Moins de poissons, c'est moins de boulot sur terre aussi : réparateurs de filets, vendeurs de glace, transporteurs, restaurateurs, commerçants locaux... toute la chaîne en prend un coup. Au Sénégal, notamment, certaines communautés voient leurs ressources halieutiques diminuer fortement, ce qui plombe directement leurs emplois et revenus. En Guinée, par exemple, la perte annuelle causée par la pêche illégale est estimée autour de 110 millions d'euros, avec des dommages économiques en cascade sur toute la région. De plus, quand une région connaît ces difficultés, ça refroidit aussi l'investissement touristique : les touristes cherchent des endroits vivants et authentiques, pas des villages en déclin. Résultat, ce fléau affecte indirectement plein d'activités connexes, aggravant la précarité économique régionale.

La sécurité alimentaire mondiale en danger

Conséquences pour les communautés dépendantes de la pêche

Quand les ressources marines s'épuisent à cause de la pêche illégale, les premières victimes ce sont souvent les petites communautés côtières, notamment en Afrique de l'Ouest ou dans le Golfe du Bengale. Dans ces régions, la pêche artisanale constitue jusqu'à 80% des emplois et assure une grande partie de la nourriture quotidienne des habitants. Concrètement, quand les chalutiers illégaux raflent tout sur leur passage, le revenu des pêcheurs locaux chute parfois de plus de 50%. Résultat, ces familles n'ont plus les moyens d'envoyer leurs enfants à l'école, de payer leurs soins médicaux ou même d'assurer leur propre alimentation.

Par exemple, au Sénégal, la pêche illégale par des bateaux industriels étrangers a provoqué non seulement une baisse dramatique des captures pour les pêcheurs locaux, mais aussi l'exode de milliers de jeunes vers l'Europe poussés par la perte d'emploi et de revenus.

Pour essayer de limiter les dégâts à leur échelle, certaines communautés misent sur des zones marines protégées gérées localement, comme dans certains villages des Philippines où les pêcheurs se coordonnent tout simplement via leur téléphone portable pour patrouiller et surveiller la mer. Ça donne quelques résultats positifs concrets, mais sans interventions gouvernementales et internationales plus strictes, c'est loin d'être suffisant.

Impact sur les pays en voie de développement

La pêche illégale touche directement les pays en voie de développement parce que pas mal de communautés locales comptent énormément sur la pêche pour survivre. En Afrique de l'Ouest par exemple, des bateaux industriels étrangers viennent pêcher en toute illégalité dans les eaux côtières, souvent à peine surveillées. Résultat : les pêcheurs artisanaux galèrent à attraper quelque chose, les stocks diminuent et les revenus des familles chutent rapidement. Au Sénégal, ça a fait grimper les prix du poisson au marché local, rendant cette source essentielle de protéines moins accessible à beaucoup, même s'ils habitent à quelques kilomètres de la côte.

En plus, des endroits comme la Somalie voient carrément émerger des crises sociales à partir de ces situations : les pêcheurs locaux privés de boulot se tournent parfois vers des activités comme la piraterie maritime, faute de mieux. Bref, quand on parle de pêche illégale, c'est toute une réalité économique et sociale qui bascule pour les pays en développement. Pourtant, mettre en place une surveillance améliorée (satellite, radars côtiers, patrouilles communes régionales) a déjà permis à certains pays de récupérer jusqu'à 30 % de leurs ressources marines perdues, comme en Indonésie, où les contrôles renforcés ont permis une vraie remontée des débarquements de poissons et donc des revenus locaux.

Concrètement, soutenir ces pays à mieux contrôler leurs côtes avec les bons investissements techniques—type drones, ou formation à des logiciels de surveillance maritime—et promouvoir des accords d'appui technique inter-régionaux, ce sont des actions prioritaires qui ont déjà montré leur efficacité ailleurs.

Pollution : Pollution de l'Eau
Pollution

200 millions
en nombre

Nombre de personnes dépendant directement de la pêche en tant que moyen de subsistance.

Dates clés

  • 1982

    1982

    Adoption de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM), définissant les zones économiques exclusives (ZEE) et tentant d'encadrer les pratiques de pêche au niveau international.

  • 1995

    1995

    Adoption de l'accord sur les stocks chevauchants et grands migrateurs, fixant des règles pour la gestion durable des espèces marines migratrices à l'échelle mondiale.

  • 2001

    2001

    Création du Plan d'Action International contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN), établi par la FAO (Organisation pour l'alimentation et l'agriculture).

  • 2009

    2009

    Entrée en vigueur de l’Accord relatif aux mesures du ressort de l'État du port de la FAO, renforçant le contrôle dans les ports pour lutter contre la pêche illégale.

  • 2013

    2013

    Interpol lance l’opération 'Scale' afin de poursuivre des acteurs clés impliqués dans des activités de pêche illégales et criminelles au niveau mondial.

  • 2015

    2015

    L’ONU adopte les Objectifs de Développement Durable (ODD), dont l'objectif numéro 14 vise spécifiquement à 'conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines'.

  • 2016

    2016

    L'Union Européenne met en place un premier dispositif global de certification concernant la légalité des prises halieutiques importées sur le territoire européen.

Les causes de la pêche illégale

Défaut de réglementation et de surveillance

Zones maritimes peu contrôlées

Certaines zones maritimes sont comme des terres sans loi : on y pêche tranquille, sans personne pour surveiller. C'est surtout vrai dans les eaux internationales, loin des côtes (haute mer), où les réglementations sont très difficiles à appliquer. C'est aussi galère dans certaines régions côtières, par exemple au large des côtes ouest-africaines comme autour de la Sierra Leone ou encore la Guinée-Conakry, zones souvent ciblées par des flottes industrielles étrangères à cause de contrôles quasi inexistants ou facilement évitables. Un rapport de l'organisation Global Fishing Watch pointe justement du doigt l'océan Indien occidental et le Pacifique sud-est comme des tas de spots où la pêche illicite prospère, justement parce que personne ne surveille vraiment ou parce que les pays concernés n'ont ni les moyens ni la capacité de patrouiller sérieusement ces coins perdus de l'océan. Bref, sans un renforcement concret des patrouilles et de la surveillance techno (comme les suivis en satellite ou les drones), ces coins continueront d'attirer tous ceux qui cherchent à faire du profit facile en ignorant complètement les règles.

Difficultés de contrôle en haute mer

Contrôler ce qui se passe en haute mer, c'est un vrai casse-tête : 60% des océans sont hors zones nationales et donc soumis à des régulations complexes, souvent vagues et difficiles à appliquer. L'obstacle numéro un, c'est l'immensité du terrain : surveiller des millions de kilomètres carrés en continu, c'est virtuellement impossible côté logistique et financier.

Un des gros problèmes pratiques concerne la vérification des bateaux : certains navires éteignent tout simplement leur système d'identification automatique (AIS) pour passer incognito. Exemple concret : en 2020, l'ONG Global Fishing Watch repérait environ 300 navires chinois aux abords des Galápagos, dont beaucoup avaient éteint leur AIS pendant des périodes suspectes, compliquant ainsi fortement leur suivi.

Autre difficulté réelle, l'inspection : pour aller vérifier concrètement un navire isolé en pleine mer sans infrastructure ni personnel sur place, les autorités doivent envoyer des équipes à bord — une opération compliquée et coûteuse qui limite grandement le nombre d'inspections réalisables chaque année.

Enfin, même quand une patrouille attrape un bateau en flagrant délit, les procédures judiciaires internationales sont floues et lentes, ce qui permet souvent aux fraudeurs de se faufiler hors des mailles du filet sans véritables conséquences.

Intérêts économiques

Rentabilité élevée malgré les sanctions

La pêche illégale rapporte gros, c'est ça le problème. Même quand les contrôles attrapent les fraudeurs, les sanctions financières sont souvent ridiculement basses comparées aux bénéfices réalisés. C’est comme recevoir une petite amende après avoir braqué une banque : clairement rentable. Par exemple, selon une étude de l'ONG Oceana, un bateau pris en flagrant délit au large de l'Afrique de l'Ouest peut ramasser en quelques jours jusqu'à 100 000 euros de poissons, alors que l’amende moyenne dépasse rarement 10 000 euros. En pratique, ça incite à recommencer ; on paie vite fait l'amende, et retour en mer pour battre encore des records de profit. Tant que les amendes ne feront pas vraiment mal au portefeuille, cette rentabilité scandaleusement élevée continuera d’alimenter la pêche illégale.

Influence des marchés internationaux illégaux

Les marchés internationaux illégaux jouent un rôle-clé pour motiver les pêcheurs à contourner les règles. Par exemple, au Japon, le thon rouge, très recherché pour les sushis, atteint facilement des prix astronomiques sur le marché noir, pouvant dépasser les 100 000 euros pour un seul poisson de qualité exceptionnelle. La Chine, elle, importe illégalement des milliers de tonnes d'espèces protégées chaque année, comme les holothuries (concombres de mer), adorées pour leurs attributs médicinaux dans la cuisine chinoise traditionnelle. Si ces marchés illegaux continuent de prospérer, c'est aussi parce que le traçage de ces produits reste insuffisant, voire inexistant dans certains pays, rendant quasi invisible toute tentative concrète de sanction. Pour faire changer les choses, il faudrait que des acteurs majeurs — commerçants, restaurateurs et même les consommateurs finaux — exigent des preuves précises d'origine et boycottent clairement les produits issus de la pêche illégale, histoire de couper à la source ce commerce lucratif.

Échec des politiques de conservation

Inefficacité des quotas et régulations actuelles

Les quotas de pêche actuels, même s'ils partent d'une bonne intention, présentent des failles majeures dans leur mise en pratique. Le problème principal, c'est que ces quotas sont souvent calculés à partir de données obsolètes ou incomplètes concernant l'état réel des stocks de poissons. Par exemple, dans le nord-est Atlantique, une étude récente de l'ICES (Conseil International pour l'Exploration de la Mer) montrait que les quotas pour des espèces comme le cabillaud étaient basés sur des évaluations vieilles de trois à cinq ans, ce qui est largement suffisant pour qu'une espèce se retrouve dans une situation désastreuse entretemps.

Autre problème concret : le système de quotas ne tient souvent pas compte des prises accidentelles. Pour être clair, quand les pêcheurs ciblent une espèce autorisée, il leur arrive souvent de capturer des espèces protégées ou dont les quotas sont déjà épuisés. Et malheureusement, une grande partie de ces prises accidentelles finit rejetée à la mer, déjà morte ou agonisante, sans être comptabilisée dans les quotas officiels. Dans les eaux européennes, ces "rejets" accidentels peuvent représenter jusqu'à 30 à 40 % du poisson capturé dans certaines pêcheries.

Enfin, certains pays manquent clairement de moyens pour contrôler efficacement l'application de ces quotas sur le terrain. Un pays comme l'Indonésie, par exemple, dispose pourtant de l'une des plus grandes zones économiques exclusives au monde, mais ne peut compter que sur une poignée de patrouilleurs pour surveiller des millions de kilomètres carrés. Conséquence : les quotas deviennent plus symboliques qu'autre chose, laissant la porte grande ouverte à la fraude.

Corruption et manque de transparence des autorités responsables

La corruption et le manque de transparence des autorités jouent un rôle énorme dans la pêche illégale. Par exemple, au Sénégal et en Guinée, certains cas concrets ont révélé comment des agents gouvernementaux acceptaient des pots-de-vin pour fermer les yeux sur des bateaux qui pratiquent la pêche pirate dans leurs eaux. Résultat : ces bateaux illégaux pillent tranquillement les ressources marines, sans craindre d’être sanctionnés. Un rapport de l'ONG internationale Global Initiative (2020) indique même que dans certaines régions côtières, près d'un agent sur trois pourrait être concerné par ces pratiques douteuses.

Un autre souci : les registres des bateaux de pêche officiels sont parfois volontairement brouillés. Certains bateaux changent de nom, de pavillon ou même falsifient leurs papiers pour passer entre les mailles du filet des contrôleurs. Que faire alors ? Première chose—et ça peut être mis en place rapidement—c'est d'imposer davantage de transparence en utilisant une plateforme numérique accessible au public pour consulter facilement les infos complètes des bateaux : propriétaire, permis, lieu de pêche autorisé, historique des infractions… Bref, miser sur la technologie et la transparence totale pour limiter la tentation et surtout compliquer sérieusement la tâche des équipages illégaux et des autorités corrompues.

Le saviez-vous ?

La pêche illégale ne concerne pas seulement les poissons ; elle impacte aussi fortement d'autres espèces marines telles que les tortues marines, les requins et les oiseaux marins, souvent victimes collatérales des pratiques destructrices comme les filets dérivants.

L'utilisation des technologies récentes telles que les satellites permet aujourd'hui de repérer en temps réel les navires pratiquant la pêche illégale en zones interdites ou protégées.

Certaines espèces de poissons comme le thon rouge du Pacifique ont vu leurs populations chuter de plus de 90% en seulement quelques décennies à cause de la surpêche, en partie alimentée par la pêche illégale.

Selon la FAO, environ 1 poisson sur 5 vendu dans le monde proviendrait de la pêche illégale ou non déclarée, représentant une perte économique mondiale pouvant atteindre jusqu'à 23 milliards de dollars par an.

Les mesures pour lutter contre la pêche illégale

Renforcement des réglementations internationales

Accords internationaux et coopération intergouvernementale

Les pays avancent sur la lutte contre la pêche illégale avec des initiatives concrètes, comme l'Accord sur les mesures du ressort de l'État du port (PSMA), signé par plus de 70 pays, qui oblige les navires à se soumettre à des inspections approfondies avant de débarquer leurs prises dans les ports adhérents. Autrement dit, plus facile d'attraper les fraudeurs avant même que leurs poissons illégaux n'atteignent le marché.

Il existe aussi une base de données mondiale, la Global Record of Fishing Vessels, créée par la FAO. Cette liste répertorie clairement les navires autorisés à pêcher partout sur la planète. Résultat : moins facile pour les navires pirates de passer sous les radars.

Concrètement, certains pays vont encore plus loin, comme l'Indonésie qui a pris la décision radicale de couler des centaines de bateaux clandestins capturés dans ses eaux ces dernières années. Autre exemple, Interpol coordonne régulièrement des opérations internationales ciblées ("Opération Thunder") qui permettent des saisies massives, avec à la clé des arrestations et des amendes conséquentes.

Dernier point intéressant : récemment, de nouvelles techniques comme la surveillance satellitaire (Global Fishing Watch) permettent à plusieurs gouvernements et ONG de traquer en temps réel les mouvements des navires suspects. Impossible désormais de se cacher derrière les grandes étendues océaniques, la pression monte sur les pêcheurs pirates.

Foire aux questions (FAQ)

Des technologies comme les satellites, les drones et les balises GPS permettent de mieux surveiller les navires suspectés de pêche illégale, même en haute mer ou dans des zones isolées, facilitant ainsi la détection et la sanction de ces pratiques illicites.

De nombreuses espèces marines, comme le thon rouge, certaines variétés de requins, le mérou ou la tortue de mer, sont particulièrement menacées à cause de la pêche illégale qui cible soit directement ces espèces, soit leur environnement proche.

Il existe diverses sanctions prévues par les accords internationaux—including des amendes élevées, la confiscation des navires ou l'interdiction d'accès aux ports. Cependant, leur efficacité dépend fortement de la coopération entre les différents pays et de la mise en œuvre stricte des réglementations.

Les régions les plus affectées incluent notamment l'Afrique de l'Ouest, certaines zones d’Asie du Sud-Est, les côtes d'Amérique Latine ainsi que les eaux internationales éloignées, où le contrôle et l’application des lois restent souvent difficiles.

En privilégiant l'achat de poissons et fruits de mer certifiés durables, en vérifiant leurs provenances, et en évitant d'acheter des produits provenant d'espèces surexploitées, vous limitez l'encouragement du marché noir associé à la pêche illégale.

La pêche illégale entraîne des pertes économiques conséquentes pour les pêcheurs légaux en réduisant leurs prises, créant ainsi des difficultés économiques directes. Indirectement, elle affaiblit aussi les économies régionales dépendantes de l'industrie de la pêche et génère des pertes d’emplois.

La pêche illégale désigne toutes les pratiques liées à la pêche qui enfreignent les lois nationales ou les accords internationaux, par exemple la pêche sans licences, le dépassement des quotas ou l'utilisation de méthodes interdites comme la pêche à la dynamite.

Des signes alarmants incluent la diminution du nombre de poissons pêchés, la disparition de certaines espèces, des pêcheries devant aller plus loin en mer pour trouver du poisson, ainsi que des écosystèmes marins devenant moins diversifiés.

Pollution

Personne n'a encore répondu à ce quizz, soyez le premier ! :-)

Quizz

Question 1/5